La saison 2025 de la WNBA a officiellement débuté avec la draft ce lundi, et cette saison s’annonce pleine de promesses. La relève des jeunes joueuses talentueuses va tenter de s’imposer face aux piliers de la Ligue. Paige Bueckers va faire ses débuts tant attendus, Caitlin Clark a passé la phase d’acclimatation, A’ja Wilson et Breanna Stewart comptent encore dominer, et bien d’autres joueuses seront en quête du titre.

Comme dans la vie, il n’y a pas d’égalité des chances en WNBA pour atteindre le graal. Et une équipe ne semble pas désignée pour remporter les Finales en octobre : le Connecticut Sun. La franchise a fait le ménage et a décidé de repartir de (presque) zéro. Retour sur une intersaison intrigante d’une équipe qui jouait le haut de tableau depuis des années.

L’effondrement d’une dynastie sans couronne

Alyssa Thomas, 11 saisons avec le Connecticut Sun. Crédit : AP Photo/Ross D. Franklin
Alyssa Thomas, 11 saisons avec le Connecticut Sun. Crédit : AP Photo/Ross D. Franklin

Elles ont tutoyé les étoiles sans jamais les attraper. Six années consécutives en demi-finales WNBA, deux finales perdues (2019, 2022), et une frustration qui a fini par tout emporter. Le Connecticut Sun entre dans la saison 2025 en morceaux. « On savait qu’un cycle se terminait », admet Morgan Tuck, la directrice générale, en poste depuis peu. La défaite au Game 5 des demi-finales la saison dernière face au Lynx a été l’étincelle : les cinq titulaires de 2024 ont plié bagage, dont trois joueuses n’ayant connu que le Connecticut en WNBA. Alyssa Thomas, l’âme de l’équipe pendant 11 saisons, résume : « Le Sun est à la traîne au niveau des installations ».

Un exode massif

DeWanna Bonner rejoint Caitlin Clark à Indiana. Crédit : Indiana Fever
DeWanna Bonner rejoint Caitlin Clark à Indiana. Crédit : Indiana Fever

L’intersaison a viré au cauchemar. En plus des départs de DeWanna Bonner à Indiana et Brionna Jones à Atlanta, les nouvelles recrues ne veulent pas rester dans la Nouvelle-Angleterre. Natasha Cloud, échangée contre Alyssa Thomas, a refusé de porter le maillot : « À 33 ans, je veux une organisation qui investit vraiment. Je dois protéger ma famille »Marina Mabrey, acquise en cours de saison l’année passée, au prix d’un premier tour de draft, réclame aussi son départ. Son agent, Marcus Crenshaw, fustige un management « incompréhensible ».

Je veux juste la meilleure situation pour moi et ma famille à l’avenir. Et je veux être dans une organisation qui investit vraiment de haut en bas, dans les installations, l’équipe […] Je veux me battre pour gagner des titres »

Natasha Cloud

La première a vu son vœu s’exaucer et s’en va pour New York contre deux premiers tours de draft (le choix 7 en 2025, et celui du Liberty en 2026). Mais pour ce qui est de Marina Mabrey, aucun trade en vue pour celle qui a fini quatrième meilleure 6e femme de l’année. Le Sun, autrefois destination des stars, n’est plus. « Les joueuses veulent des installations de pointe et des titres. On ne peut plus rivaliser », glisse une source interne anonyme.

Une organisation criblée de dettes

La Mohegan Tribal Gaming Authority, maison mère du Sun, affiche 3,1 milliards de dollars de dette, dont 470 millions échéant en 2025. « Cela limite nos marges de manœuvre », reconnaît un rapport interne. Conséquence : pas de facilités personnelles à l’horizon, contrairement à Phoenix, Chicago et bien d’autres franchises WNBA.

Des rumeurs de déménagement à Boston persistent depuis quelques mois. Jennifer Rizzotti, présidente du Sun et figure iconique du Connecticut, tente de rassurer : « La tribu Mohegan nous soutient depuis 23 ans. Notre maison reste ici. » Mais le match à guichets fermés au TD Garden de Boston en août 2024 (19 000 fans) a éveillé les convoitises. « Boston est une opportunité, pas une fuite », tempère la présidente, tout en avouant : « Nous devons nous moderniser. Urgemment ». Pour ce faire, le Sun pourrait s’inspirer du Seattle Storm, qui a vendu 10% de la franchise afin d’investir dans un centre d’entrainement de 64 millions de dollars.

À noter qu’une seizième équipe pourrait voir le jour en WNBA d’ici 2027, et que de nombreux propriétaires de franchises NBA seraient prêts à formuler une offre à la ligue. Dans le lot figurent les proprios des Charlotte Hornets, Cleveland Cavaliers, Detroit Pistons et Houston Rockets, parmi tant d’autres. Bill Chilsholm, nouveau propriétaire des Boston Celtics pourrait vouloir racheter le Sun pour le délocaliser à Boston au lieu de passer par la création d’une équipe. Mais avec son achat récent de la franchise historique, nous ne savons pas si les rumeurs de déménagement du Sun vont s’atténuer… ou s’intensifier.

Une suite qui ne s’annonce pas rose

Morgan Tuck, le business avant les émotions. Crédit : Nathan Oldham/UConn Photo
Morgan Tuck, le business avant les émotions. Crédit : Nathan Oldham/UConn Photo

À 30 ans, plus jeune GM de la WNBA, Morgan Tuck incarne l’espoir, mais aussi les contradictions. Son effectif 2025 ? Un patchwork de vétérans et de rookies inexpérimentées, dont la jeune française Leïla Lacan« Le but est de rester compétitifs », répète-t-elle, refusant de tanker. Pourtant, les choix interpellent : pourquoi avoir laissé partir DiJonai Carrington (MIP 2024) mais garder Mabrey ? « C’est le business », lâche-t-elle, pragmatique.

Le Sun a récupéré Aneesah Morrow et Saniyah Rivers aux picks 7 et 8 cette année en plus de posséder deux premiers tours en 2026. Mais tout le monde regarde déjà 2027, avec une draft qui promet une joueuse extraordinaire en JuJu Watkins. « Nous avons encore du chemin », admet Tuck. En plus, même si la franchise possède deux premiers tours de draft en 2026, elle aura le moins bon choix entre le sien et celui de Chicago. Et le deuxième choix sera celui du New York Liberty, qui, sans prendre de risque dans ma prédiction, ne sera pas dans le top 5 de la draft.

La renaissance ou le naufrage ?

JoueusesÉquipe en 2025
Alyssa ThomasPhoenix Mercury (Sign & trade)
Marina MabreyA demandé son transfert
Brionna JonesAtlanta Dream (Free agency)
DeWanna BonnerIndiana Fever (Free agency)
Tiffany MitchellLas Vegas Aces (Free agency)
Tyasha HarrisDallas Wings (Trade)
DiJonai CarringtonDallas Wings (Trade)
Veronica BurtonGolden State Valkyries (Draft d’expansion)
Rebecca AllenChicago Sky (Trade)
Natasha CloudNew York Liberty (Trade)
Récapitulatif de l’intersaison du Connecticut Sun

Le Connecticut Sun incarne désormais le paradoxe du sport professionnel : comment renaître quand tout s’effondre ? Entre dettes colossales, installations dépassées et joueuses en quête de sens, la franchise doit réinventer son âme. « Je veux croire que notre culture nous sauvera », espère Tuck. Pour les fans, il faudra s’armer de patience. Et croire que le soleil se lèvera après la tempête. En attendant, la saison 2025 s’annonce douloureuse. Le nouvel entraîneur Rachid Meziane, novice en WNBA, devra gérer un effectif en lambeaux et un vestiaire en proie au doute. 

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