Gordon Herbert Bayern Euroleague
Gordon Herbert peut-il permettre au Bayern d'accrocher les playoffs cette saison ? Crédits : Christina Pahnke via Getty Images

Euroleague : Comment le Bayern a déjoué la défense Madrilène ?

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Le Bayern a créé l’exploit de cette première journée d’Euroleague en s’imposant contre le Real Madrid 97 à 89. Les hommes de Gordon Herbert ont montré un jeu offensif léché qui a ravit les fans présents pour l’inauguration de leur nouvelle salle. Retour sur la première surprise de la saison.

La cible Tavares

On a vu les Bavarois cibler dès le début de la rencontre le pivot madrilène Walter Tavares, qui a passé une soirée compliquée de ce côté du terrain. Le joueur capverdien n’est plus vraiment à présenter, lui qui domine les raquettes européennes depuis son arrivée en 2017. Sauf que le géant de 2,20m n’est plus tout jeune puisqu’il aura 33 ans en mars prochain. Il connaît une baisse physique visible depuis la saison dernière qui explique le fait qu’il ne soit plus aussi dominant que par le passé. Et c’est bien quelque chose que Gordon Herbert avait identifié.

Dès le début de match, on a vu l’équipe allemande attaquer le pivot sur pick-and-roll, avec Devin Booker (non pas le joueur des Suns) en screener. Ce dernier, capable de poser quelques dribbles pour aller au cercle afin de martyriser le cercle ou de shooter à trois points (35,6% à trois points en carrière en EL), s’est régalé avec Tavares. Il nous a gratifié d’actions spectaculaires, comme ce magnifique poster sur Eli Ndiaye !

Devin Booker Eli Ndiaye
Eli Ndiaye n’a rien pu faire face à la puissance de Devin Booker. Crédits : Matthias Balk via DPA

Pour empêcher les aides, le Bayern a fait à plusieurs reprises des empty side pick-and-roll afin que ce soit le joueur à l’opposé de l’action qui soit obligé de venir en aide, donnant des tirs ouverts dans les corners ou des paniers au cercle quand ces aides ne venaient pas. Et quand Tavares décidait de rester sur du drop plus classique, cela offrait des tirs ouverts pour les shooteurs. On peut d’ailleurs regretter que le pivot madrilène n’ait pas utilisé davantage son envergure (236cm) pour contester les shoots ou gêner les tentatives de lobs.

Ainsi, même si Tavares a été plutôt bon en attaque (12 points et 9 rebonds), son manque de mobilité et de lecture défensive face à l’attaque de Herbert a obligé son coach à préférer Serge Ibaka en première mi-temps et en toute fin de match. Sauf que ce dernier n’est lui aussi plus tout jeune, et eu du mal à tenir face au spacing Allemand…

Le spacing Bavarois

Avant d’être le coach du Bayern, Gordon Herbert a été le coach de l’Allemagne entre 2021 et 2024, menant la Mannschaft au titre de champion du monde en 2023 en se basant sur un excellent spacing et beaucoup de drive-and-kick. Et on peut dire qu’il a réitéré la formule en proposant là-aussi une excellente occupation du terrain. En ayant toujours des shooteurs dans les deux corners, le Bayern a pu abuser du pick-and-roll central, offrant des espaces aux porteurs de balles. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont fini à 65% de réussite au panier.

À cela, il faut ajouter le très bon mouvement de balle après décalage, offrant de jolies séquences collectives qui ont ravi les fans présents pour le match. Cela a notamment été permis par l’utilisation d’un five-out une grande majorité du match. Devin Booker (11 points) et Johannes Voigtmann (19 points et 10 rebonds à 5/9 de loin) ont alors eu pour rôle d’écarter la défense adverse grâce à leur adresse longue distance. Au final, l’équipe allemande finit à 15 sur 35 de loin, soit une jolie réussite de 42,8% !

Bien évidemment, c’est loin d’avoir été parfait, puisque les Bavarois finissent tout de même la rencontre avec 16 turnovers. Mais cela reste encourageant, surtout quand on sait qu’il n’y a pas vraiment de playmaker d’élite dans l’effectif. Il est tout de même évident que l’équipe ne shootera pas aussi bien à tous les matchs, mais elle a montré ce soir qu’elle pouvait trouver des manières efficaces de scorer dans les moments les plus compliquées.

Johannes Voigtmann Bayern euroleague
Johannes Voigtmann a été un élément majeur de la victoire du Bayern grâce à son adresse extérieure, sans oublier son activité aux rebonds et son passing. Crédits : City Press via Getty Images

Les exploits des créateurs extérieurs

Certes le Bayern n’a pas dans ses rangs un driveur aussi bon que Dennis Schroder, pourtant Herbert s’est appuyé sur les mêmes principes de jeu pour scorer dans des situations délicates. En effet, Shabazz Napier (25 points à 8/12) a réalisé une superbe seconde période, assumant toutes les responsabilités offensives quand son équipe était dans le creux. Que ce soit par ses pull-up à mi-distance ou ses drives sur pick-and-roll, l’ancien 24e choix de la draft 2014 a montré sur cette rencontre qu’il pourra s’épanouir dans ce spacing.

Carsen Edwards a quant à lui connu un soir sans au shoot (14 points à 5/16), mais a continué à peser sur le match grâce à son playmaking (6 assists pour 1 turnover). Celui qui est connu pour être un pétard ambulant en sortie de banc grâce à son shoot a été au contraire plus posé dans son jeu. Il a réalisé quelques lectures intéressantes qui laissent augurer de bonnes choses, même s’il ne sera jamais un playmaker d’élite. Loin de là même !

Par son mouvement off-ball, Andreas Obst a pesé sur la défense madrilène, finissant la rencontre avec 9 points en 13 minutes. Cela a néanmoins été plus difficile en défense, forçant son coach à le laisser sur le banc presque la totalité de la seconde mi-temps afin de privilégier de meilleurs défenseurs, certes, mais surtout de meilleurs créateurs balle en main.

« Les deux équipes ont trouvé leur rythme par séquence. La différence, c’est que nous avons eu un retour des vestiaires difficile et que nos remplaçants ont fait un travail remarquable. Nous n’avons jamais perdu espoir et nos joueurs ont globalement fait un excellent travail« 

Gordon Herbert, après la rencontre

Cette victoire du Bayern Munich est à mettre au crédit de Gordon Herbert, qui a remporté son duel tactique face à Chus Mateo. L’ancien coach de la Mannschaft pourrait faire déjouer les pronostics qui voyaient les Bavarois finir dans les bas-fonds de l’Euroleague. Mais est-ce que ce premier succès va en entrainer d’autres, ou bien sommes-nous devant un épiphénomène ? Réponses dans quelques semaines…

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Lukas Folkowski

Fan des Bulls et du Paris Basket, je suis surtout passionné par l'histoire du basket et l'analyse du jeu.

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