Le Bayern a créé l’exploit de cette première journée d’Euroleague en s’imposant contre le Real Madrid 97 à 89. Les hommes de Gordon Herbert ont montré un jeu offensif léché qui a ravit les fans présents pour l’inauguration de leur nouvelle salle. Retour sur la première surprise de la saison.
La cible Tavares
On a vu les Bavarois cibler dès le début de la rencontre le pivot madrilène Walter Tavares, qui a passé une soirée compliquée de ce côté du terrain. Le joueur capverdien n’est plus vraiment à présenter, lui qui domine les raquettes européennes depuis son arrivée en 2017. Sauf que le géant de 2,20m n’est plus tout jeune puisqu’il aura 33 ans en mars prochain. Il connaît une baisse physique visible depuis la saison dernière qui explique le fait qu’il ne soit plus aussi dominant que par le passé. Et c’est bien quelque chose que Gordon Herbert avait identifié.
Dès le début de match, on a vu l’équipe allemande attaquer le pivot sur pick-and-roll, avec Devin Booker (non pas le joueur des Suns) en screener. Ce dernier, capable de poser quelques dribbles pour aller au cercle afin de martyriser le cercle ou de shooter à trois points (35,6% à trois points en carrière en EL), s’est régalé avec Tavares. Il nous a gratifié d’actions spectaculaires, comme ce magnifique poster sur Eli Ndiaye !
Pour empêcher les aides, le Bayern a fait à plusieurs reprises des empty side pick-and-roll afin que ce soit le joueur à l’opposé de l’action qui soit obligé de venir en aide, donnant des tirs ouverts dans les corners ou des paniers au cercle quand ces aides ne venaient pas. Et quand Tavares décidait de rester sur du drop plus classique, cela offrait des tirs ouverts pour les shooteurs. On peut d’ailleurs regretter que le pivot madrilène n’ait pas utilisé davantage son envergure (236cm) pour contester les shoots ou gêner les tentatives de lobs.
Ainsi, même si Tavares a été plutôt bon en attaque (12 points et 9 rebonds), son manque de mobilité et de lecture défensive face à l’attaque de Herbert a obligé son coach à préférer Serge Ibaka en première mi-temps et en toute fin de match. Sauf que ce dernier n’est lui aussi plus tout jeune, et eu du mal à tenir face au spacing Allemand…
À cause de son manque de mobilité et des rotations hasardeuses, Walter Tavares a été constamment ciblé par l'attaque du Bayern, qui a ainsi pu obtenir de nombreux paniers faciles.
Faut-il s'inquiéter du côté de la Maison-Blanche ? pic.twitter.com/FntLjVaur5
— Lukas (@Lukas_Fkw) October 5, 2024
Le spacing Bavarois
Avant d’être le coach du Bayern, Gordon Herbert a été le coach de l’Allemagne entre 2021 et 2024, menant la Mannschaft au titre de champion du monde en 2023 en se basant sur un excellent spacing et beaucoup de drive-and-kick. Et on peut dire qu’il a réitéré la formule en proposant là-aussi une excellente occupation du terrain. En ayant toujours des shooteurs dans les deux corners, le Bayern a pu abuser du pick-and-roll central, offrant des espaces aux porteurs de balles. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont fini à 65% de réussite au panier.
À cela, il faut ajouter le très bon mouvement de balle après décalage, offrant de jolies séquences collectives qui ont ravi les fans présents pour le match. Cela a notamment été permis par l’utilisation d’un five-out une grande majorité du match. Devin Booker (11 points) et Johannes Voigtmann (19 points et 10 rebonds à 5/9 de loin) ont alors eu pour rôle d’écarter la défense adverse grâce à leur adresse longue distance. Au final, l’équipe allemande finit à 15 sur 35 de loin, soit une jolie réussite de 42,8% !
Bien évidemment, c’est loin d’avoir été parfait, puisque les Bavarois finissent tout de même la rencontre avec 16 turnovers. Mais cela reste encourageant, surtout quand on sait qu’il n’y a pas vraiment de playmaker d’élite dans l’effectif. Il est tout de même évident que l’équipe ne shootera pas aussi bien à tous les matchs, mais elle a montré ce soir qu’elle pouvait trouver des manières efficaces de scorer dans les moments les plus compliquées.
Les exploits des créateurs extérieurs
Certes le Bayern n’a pas dans ses rangs un driveur aussi bon que Dennis Schroder, pourtant Herbert s’est appuyé sur les mêmes principes de jeu pour scorer dans des situations délicates. En effet, Shabazz Napier (25 points à 8/12) a réalisé une superbe seconde période, assumant toutes les responsabilités offensives quand son équipe était dans le creux. Que ce soit par ses pull-up à mi-distance ou ses drives sur pick-and-roll, l’ancien 24e choix de la draft 2014 a montré sur cette rencontre qu’il pourra s’épanouir dans ce spacing.
Carsen Edwards a quant à lui connu un soir sans au shoot (14 points à 5/16), mais a continué à peser sur le match grâce à son playmaking (6 assists pour 1 turnover). Celui qui est connu pour être un pétard ambulant en sortie de banc grâce à son shoot a été au contraire plus posé dans son jeu. Il a réalisé quelques lectures intéressantes qui laissent augurer de bonnes choses, même s’il ne sera jamais un playmaker d’élite. Loin de là même !
Par son mouvement off-ball, Andreas Obst a pesé sur la défense madrilène, finissant la rencontre avec 9 points en 13 minutes. Cela a néanmoins été plus difficile en défense, forçant son coach à le laisser sur le banc presque la totalité de la seconde mi-temps afin de privilégier de meilleurs défenseurs, certes, mais surtout de meilleurs créateurs balle en main.
« Les deux équipes ont trouvé leur rythme par séquence. La différence, c’est que nous avons eu un retour des vestiaires difficile et que nos remplaçants ont fait un travail remarquable. Nous n’avons jamais perdu espoir et nos joueurs ont globalement fait un excellent travail«
Gordon Herbert, après la rencontre
Cette victoire du Bayern Munich est à mettre au crédit de Gordon Herbert, qui a remporté son duel tactique face à Chus Mateo. L’ancien coach de la Mannschaft pourrait faire déjouer les pronostics qui voyaient les Bavarois finir dans les bas-fonds de l’Euroleague. Mais est-ce que ce premier succès va en entrainer d’autres, ou bien sommes-nous devant un épiphénomène ? Réponses dans quelques semaines…