Victor Wembanyama lors du All-Star Game LNB

Comment la LNB peut-elle aborder l’après-Wemby ?

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Lors de la saison 2022-2023, la LNB, ou Ligue Nationale de Basket, qui désigne l’instance en charge du basket professionnel français, a connu un véritable regain d’intérêt auprès des fans de basket en France, et même dans le monde. La raison à cela ? Un joueur : Victor Wembanyama. Le futur first pick de la draft 2023 était un phénomène, et TOUT LE MONDE voulait le voir. Dès que les Metropolitans 92 passaient près d’une salle, elle faisait sold out. En général, les places étaient toutes prises en moins de 30 minutes !

Certains en ont ainsi profité, en mettant en place des sommes astronomiques. Mention spéciale à l’ASVEL, qui a profité du retour de Victor pour proposer des places à minimum… 75 euros, tout en haut de l’Astroballe. D’autres équipes ont été plus honnêtes : à Blois, la place allait de 15 à 45 euros. Mais les prix restaient plus élevés qu’un match classique. Tout cela nous montre que Victor Wembanyama fut, bien malgré lui, un véritable business. Il a été la véritable attraction de la saison dernière.

Victor Wembanyama au contre face à l'ASVEL.
Victor Wembanyama au contre face à l’ASVEL.

Mais maintenant, l’Alien a quitté la France et a rejoint les San Antonio Spurs. Et alors que la Ligue s’est énormément appuyé sur ce dernier pour renforcer l’attrait du championnat de France, que ce soit pour négocier les droits TV, pour attirer du public ou bien dans sa communication sur les réseaux sociaux, elle doit aujourd’hui trouver d’autres solutions afin qu’on continue à regarder la LNB.

Les idées du président Philippe Ausseur

Dans un article sur le média référence du basket français BeBasket datant du 31 juillet dernier, le nouveau président de la Ligue, Philippe Ausseur, a esquissé les chantiers qui attendent le championnat pour les prochaines saisons. Y apparaît ainsi quelques pistes que la LNB envisage pour entamer au mieux l’ère post-Wemby, avec un souhait clair : faire de la LNB « la meilleure ligue européenne ».

L’importance des droits TV

En premier lieu, les droits TV sont très importants pour la championnat. Ils sont la source économique la plus importante, et de loin, pour le championnat. La LNB doit se faire vendre avant tout pour gratter un plus gros chèque lors des négociations. Deux groupes étaient en concurrence pour décrocher les droits TV qui s’étendent de 2023 à 2030 : le duo BeIN Sports et France TV, qui possédaient jusqu’à maintenant les droits du championnat ; et le duo composé de la plateforme Skweek et de la Chaîne L’Equipe. C’est ce second groupe qui décroche les droits, pour un contrat de 2.5 millions par an ! Pas mal quand on sait qu’en 2020, la Ligue n’avait plus de diffuseur.

Pour les fans de basket comme pour la LNB, c’est une excellente nouvelle. Skweek, lancé en 2022, a montré sa capacité à proposer une excellente couverture du basket français, et des spécialistes au commentaire comme David Cozette ou plus récemment Tony Parker. La ChaÎne L’Equipe proposera, pour sa part, une offre gratuite continue avec au moins 1 match par semaine. Mais surtout pour la LNB, c’est la fin des matchs gratuits de Betclic Elite sur LNB TV, tous étant désormais disponibles avec abonnement sur Skweek, et donc plus d’argent dans les poches de la Ligue.

L'offre de Skweek et de la Chaîne l'Equipe comprenant l'ensemble des rencontres de Betclic Elite, ainsi que le All Star Game et la Leaders Cup.
L’offre de Skweek et de la Chaîne l’Equipe comprenant l’ensemble des rencontres de Betclic Elite, ainsi que le All Star Game et la Leaders Cup.

Mais on peut très bien exprimer des doutes, sur le fait que l’offre de Skweek puisse être réservé qu’à seulement des passionnés prêts à payer l’abonnement, et donc que cela ne fasse pas rayonner le championnat au plus grand nombre. Tout le monde n’a bien sûr pas les moyens ou l’envie de payer 10 euros par mois, ou bien 70 euros par an, afin d’avoir l’offre de la plateforme exclusivement tourné vers le basket. Un risque pris mais assumé par M. Ausseur.

Des horaires de match répartis différemment

Avec l’arrivée de ce nouveau contrat TV, les matchs sont donc répartis différemment dans le week-end. La grille horaire sera désormais la suivante :

  • Un match le samedi à 16h
  • Quatre matchs le samedi à 18h30
  • Un match le samedi à 21h
  • Un match le dimanche à 14h30
  • Un match le dimanche à 16h30
  • Un match le dimanche à 19h

Ces nouveaux horaires présentent une grande évolution par rapport aux années précédentes : la fin des grandes soirées du samedi à 21h. Un changement qui inquiète les clubs, ces derniers ayant des inquiétudes légitimes à ne pas pouvoir remplir leur salle pendant l’après-midi. Le contre-argument avancé par le président de la Ligue est de permettre de voir un public plus large venir aux matchs, mais la fréquentation reste une question auquel nous n’aurons de réponse qu’en début de saison.

Garder et mettre en avant les meilleurs prospects en France

Sportivement parlant, un problème est récurrent : le départ de prospects hors de France. Aujourd’hui, les jeunes joueurs décident de signer à l’étranger dans des pouponnières, tels que Pacôme Dadiet à Ulm, en Allemagne, et évidemment en NCAA. La présence de Wemby, qui a fait toutes ses gammes en France, ne fait que masquer un problème récurrent : le championnat n’attire plus les jeunes pour leur formation.

Pacôme Dadiet sous les couleurs de l'Academy de Ulm, en deuxième division allemande.
Pacôme Dadiet sous les couleurs de l’Academy de Ulm, en deuxième division allemande.

Ce constat, la LNB annonce l’avoir fait. Et pour répondre à cela, le président Philippe Ausseur souhaite « financer un programme pour que les meilleurs prospects restent en France », avec potentiellement un partenariat avec la toute puissante NBA. Faire de la LNB un passage obligé pour la NBA pour nos prospects français, puis les mettre en avant : voilà sur quoi la Ligue travaille, afin de rayonner dans le monde entier, et faire du marché français un marché incontournable.

Nos propositions

Toutes ces propositions ont de quoi donner envie. Pourtant, certaines d’entre elles restent tout de même assez vagues, et se basent sur du conditionnel. Personne aujourd’hui ne sait si le choix du binôme Skweek/L’Equipe pour la diffusion et la nouvelle grille horaire sera bénéfique, et encore moins si le projet pour garder nos jeunes talents se réalisera.

Pourtant, il y a des mesures bien plus directes qui pourraient être prises, avec des conséquences que l’on pourrait mesurer assez tôt. Il existe un tel vivier en France sur énormément de plans que l’on pourrait utiliser, et qui semble un petit peu laissé de côté. Voilà ce qu’on propose pour le rayonnement de la LNB à l’international.

S’appuyer sur les « locomotives » du championnat

La première proposition serait de s’appuyer sur les grosses équipes françaises pour son rayonnement. Quelques équipes peuvent prétendre à ce statut, et donc permettre le rayonnement de la la Ligue : il s’agit des équipes dites « européennes ». Aujourd’hui, on pourrait classer 3 équipes au sein de cette catégorie : le Paris Basketball, l’équipe la plus américaine de France, qui prétend à moyen terme à accéder à l’Euroleague et devenir une grande puissance en France et sur le continent ; l’ASVEL Lyon-Villeurbanne, la seule équipe française bénéficiant d’une licence permanente en Euroleague et dirigé par la famille Parker ; et évidemment, le meilleur club de la LNB, champion en titre en membre du Final Four de l’Euroleague l’année dernière : l’AS Monaco.

Jordan Loyd et Mike James sous le maillot de l'AS Monaco.
Jordan Loyd et Mike James sous le maillot de l’AS Monaco.

Aujourd’hui, chacune de ces équipes est une vitrine de notre championnat. Par leur succès, c’est notre championnat qui est mis en avant. C’est une force à ne pas négliger : un fan européen pourrait avoir envie de regarder Monaco en LNB après avoir vu leurs rencontres en Euroleague. Et puis, pendant des années, ce dernier a pâti de la comparaison avec d’autres championnats en Europe, en particulier le voisin espagnol. Avec de bons résultats de nos locomotives, on redonne ainsi des lettres de gloire à la LNB. C’est pourquoi la Ligue pourrait donc médiatiser le plus possible le parcours européen de ces trois équipes, et ainsi valoriser notre championnat sur la scène continentale.

Se reconcentrer sur les rivalités historiques

Ensuite, la LNB pourrait mettre en avant certaines rencontres, qui sont plus importants que d’autres : les rivalités entre clubs du championnat. Cela n’est évidemment pas comparable aux rivalités que l’on retrouve dans les championnats grecs ou serbes, avec des salles en fusion et des supporters qui se détestent. Cependant, la LNB bénéficie de quelques belles rivalités qu’elle pourrait mettre en avant pour s’ancrer dans le paysage européen.  Malheureusement, la plus grosse rivalité du championnat de France, le fameux « Classico » opposant le CSP Limoges à l’Elan Béarnais, n’aura pas lieu cette année, pour la première fois depuis 2012. En cause, la descente en Pro B de l’Elan, après une saison cauchemardesque sur le plan sportif et extrasportif. Mais on peut toujours trouver de belles rivalités à mettre en avant, même si elles ont une histoire bien moins importante que le Classico.

La rivalité Pau/Limoges au fil des décennies.
La rivalité Pau/Limoges au fil des décennies.

Pourquoi pas mettre en avant la bataille pour la suprématie parisienne, entre Nanterre, les Mets et le Paris Basket ? L’Opalico, opposant Gravelines-Dunkerque et Le Portel dans le Nord ? Le derby de l’Est, Nancy contre Strasbourg ? Ou encore le duel pour la suprématie du championnat français, l’ASVEL contre Monaco ? Toutes ces rencontres, qui ont lieu deux fois par an, présentent une grande importance pour les équipes et les fans dans le cadre de la suprématie régionale. La LNB pourrait faire un focus sur ces rencontres, montrer l’ambiance qui s’en dégage, l’importance de gagner ces matchs… et ainsi attirer de nouveaux fans, s’identifiant à une ou l’autre équipe.

Mettre en avant le public

En parlant d’ambiance, le troisième et dernier point que nous proposons de mettre en avant, c’est ce qui fait la magie d’une rencontre : son public. Oui, là-encore, nous n’avons pas un public bouillant comparé à l’Europe de l’Est : nous ne sommes pas, et ne serons jamais, le public grec, serbe, turque ou encore lituanien. Pourtant, le public français a des forces à ne pas négliger.

Certains publics proposent de grosses ambiances dans leurs salles. Comment ne pas penser au public limougeaud, réputé dans tout le championnat et parfois même en Europe pour l’ambiance qu’il met à Beaublanc ? Ou bien je pense à des publics bien moins médiatisés, comme Le Portel, dont l’ambiance rappelle très souvent la tradition festive du Nord. D’autres publics vont plus être identifiés comme des connaisseurs : celui de Cholet par exemple, dans son historique Meilleraie, ou bien Nanterre. Chaque public en France a ses spécificités, avec des fans fidèles à leurs équipes, mais on a l’impression qu’il n’est pas trop mis en avant par la Ligue.

Le public choletais dans son antre historique de la Meilleraie.
Le public choletais dans son antre historique de la Meilleraie.

Aujourd’hui, dans un championnat qui perd parfois de son authenticité au profil d’un basket plus policé et bien plus penché sur l’argent, ce qui a tendance à frustrer nombre de ces fans fidèles, il est urgent de remettre les fanbases sur le devant de la scène. Il ne faut pas s’arrêter à des jeux concours dans les salles pour permettre de gagner une voiture ; il faut montrer à quel point l’ambiance dans nos salles peut être présente, où qu’on soit en France. On l’a bien vu pendant le COVID, le sport sans le public, ce n’est pas la même chose. Si on veut attirer plus de monde, mettons en avant la ferveur qui se dégage de nos salles françaises, mettons en avant les ambiances chaudes, mettons en avant la culture basketballistique français.

Ce que l’on vient de citer ne sont que des pistes, mais finalement, la Ligue peut, et doit, avoir un mouvement de fond pour remettre en avant le championnat. Il ne faut pas imaginer que nous pourrons concurrencer la Liga ACB en Espagne ou bien l’ABA League réunissant les équipes yougoslaves. Nous n’y arriverons pas, en tout cas pas dans l’immédiat. Mais redresser l’attractivité de notre championnat apparaît comme une nécessité, et est bien plus atteignable que nous voulons le croire. Il en va de sa pérennité.

La LNB possède des forces qu’elle sous-exploite encore. À elle de les utiliser afin d’espérer placer le championnat français sur la carte des meilleurs championnats européens.

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