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Cher basketball

Cher basketball,

Cette lettre, j’ai beaucoup hésité avant de te l’écrire. De publier ici même ce que tu m’as apporté, ce que tu as changé dans ma vie. Pourtant, plus le temps passait, et plus cette envie de le faire revenait en moi. Comme une chose à absolument faire.

Plus je lisais les articles de The Players’ Tribune, et plus cela m’importait de le faire. L’article de John Wall sur sa dépression m’a particulièrement touché. Cette dépression qui l’a tellement impacté, mais aussi l’a forgé. Et cette relation avec le ballon orange qu’il a toujours gardé, et lui a permis de tenir, et d’en sortir plus fort.

Je ne suis pas un joueur pro. Je n’ai jamais eu l’occasion d’écrire sur toi. Pourtant, avec toi, basketball, ma vie a changé. Alors, laisse-moi te dire tout ça. À quel point tu comptes pour moi.

Mes premiers contacts avec toi

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai commencé à t’aimer à l’école primaire. À cette époque, mes parents cherchaient à m’inscrire à un sport collectif, afin de me faire du bien à mon développement. Ils se sont tournés vers toi, car le gymnase du club était juste à côté de chez moi. J’étais en baby-basket, j’avais 8 ou 9 ans.

Je n’ai jamais été très doué avec toi. À l’âge où certains du club étaient déjà au-dessus, j’avais du mal pour dribbler. J’avais du mal pour tirer. J’avais du mal pour presque tout ce qui touchait à toi. Et pourtant, quand j’allais au gymnase, j’étais heureux de te retrouver, de toucher cette petite balle orange, et de m’amuser avec les copains, d’apprendre, de respirer.

Avec le temps, j’ai aussi pris conscience que tu m’as sauvé. Quand j’étais en école primaire, j’ai été harcelé. Très longtemps, j’ai souffert de moqueries, avec un mot qui sonnait, et sonne encore en moi, comme un couteau dans le cœur : on me surnommait « Gratte-Cul ». Je vivais un enfer chaque jour, quand mes harceleurs ont, pendant des années, torturé mes moments dans la cour de récréation avec ce mot.

J’étais triste chaque soir en rentrant. Sauf un jour, le mercredi. Le jour où je te retrouvais. Le jour où je respirais. Pendant près de 4 ans, tu m’as permis, inconsciemment, de tenir face à toute cette violence verbale. Tu étais mon pansement face à la vie de merde que je vivais. Et peut-être es-tu l’une des raisons de pourquoi je suis encore là.

Je t’aime, moi non plus

En 5ème, j’ai arrêté de te pratiquer. Tu ne m’intéressais plus, tu me saoulais même. Je voulais changer de sport. Alors, je suis parti faire du handball, car j’avais des potes qui pratiquaient ce sport. Mais malgré tout, je ne crois pas t’avoir quitté.

Paradoxalement, c’est au collège où je suis tombé amoureux de l’une de tes équipes mythiques, les Boston Celtics. Tout ça car j’aimais l’Irlande. C’est aussi au collège que j’ai découvert mes premières idoles, en jouant à NBA 2K13, ce mythique jeu avec la bande-son choisie par Jay-Z. Mon joueur préféré était Brandon Bass, mais j’aimais aussi Avery Bradley, Jared Sullinger, ou encore Jarryd Bayless. Des joueurs dont je sais aujourd’hui qu’ils n’ont pas forcément marqué la franchise, et qui pourtant étaient ceux avec qui je m’amusais à gagner un titre avec.

Plaquette du jeu NBA 2k13.
NBA 2k13, mon premier lien avec le basketball

Je t’ai quitté 4 ans pour le handball. J’ai aimé ce sport aussi. Arrêter des tirs, j’adorais. Pourtant, à chaque fois je revenais vers toi. Sur ma PSP et sur la PS3 de mon ami d’abord. Et puis, en 2016, je me suis passionné pour la première fois pour toi.

Oui, c’était quand tu nous proposais tes finales Golden State/Cleveland. J’ai été attiré par les underdog Cavaliers, et fasciné par un joueur : LeBron James. Alors, à 14 ans, je suis brièvement devenu fan de Cleveland. Cela n’a pas duré longtemps, bien heureusement d’ailleurs ; mais finalement, quoi que je fasse, tu revenais toujours vers moi.

Ma drogue, ma vie

Au début du lycée, j’ai arrêté le handball. J’en avais également marre de ce sport. Je voulais voir autre chose. Naturellement, je suis revenu vers toi. Car je t’aimais. Je ne voulais pas l’avouer, mais je ne t’ai jamais oublié. Ce petit garçon qui s’amusait avec une balle orange voulait retrouver cette sensation qui le rendait heureux.

C’est à partir de là que tu as vraiment changé ma vie. En pratiquant, je me suis fait des amitiés, des potes qui le sont toujours aujourd’hui, dans mon club ou en dehors. Les déplacements le samedi ou le dimanche dans tout le département, souvent pour ne pas jouer longtemps, mais je passais de bons moments. Et puis les rencontres en street, dehors, par tous les temps et contre plein de personnes. Ta grande famille m’a ouvert les bras.

Et puis, tu es devenu ma drogue. À défaut d’être bon avec un ballon, tu me passionnais. Ton spectacle, tes matchs, tes héros. Alors, la NBA est devenu mon quotidien. Je suis revenu vers tes Boston Celtics, j’ai découvert un petit joueur du nom d’Isaiah Thomas, qui m’a définitivement fait tomber amoureux de cette équipe. J’ai découvert sa riche histoire, de Bill Russell à Paul Pierce, en passant par Red Auerbach, Larry Bird, Paul Pierce et j’en passe. Les Celtics, leur culture, leur histoire, étaient entrés en moi. Mais surtout, comme d’autres avant moi, et d’autres après moi, tu m’as pris, et tu ne m’as plus lâché.

Ma vie a commencé à tourner autour de toi. D’un simple suivi rapide, progressivement je ne pouvais juste plus vivre sans toi. J’ai commencé à regarder tes matchs tard le soir, à détruire mes temps de sommeil pour toi. Et puis, il y a eu Twitter, où poussé par mon ami qui en avait fait de même, j’ai rejoint la plateforme et lancé mon compte, pour parler des Boston Celtics.
J’y ai pris tellement du plaisir. J’ai trouvé des personnes incroyables, avec qui je pense beaucoup de temps, et avec qui j’ai lancé ce magnifique projet qu’est Le Roster. J’ai réalisé tellement de choses, que je ne pensais jamais pouvoir faire. Tout est allé si vite.

Finalement, sans toi, rien d’énormément de choses que j’ai vécu n’auraient été possibles. Mes amitiés, mes projets, ma vie : tu les as façonnés.

Et maintenant ?

Maintenant, j’ai 21 ans. Et ma vie n’a jamais autant tourné autour de toi.

Je ne sais pas de quoi sera fait le futur pour moi. Jusqu’où tout cela ira-t-il ? Je n’en sais rien du tout. Mais il y a une chose dont je suis certain : ma vie continuera de tourner autour de toi.

Pour le pire, avec mes temps de sommeil détruits, mes matinées passées à insulter Jayson Tatum et sa sélection de shoots catastrophique, ou Jaylen Brown et sa main gauche, à ce que tu influences mon mood de la journée.

Mais aussi et surtout pour le meilleur, pour mon épanouissement personnel, pour les rencontres que j’ai faite, pour ce que je suis aujourd’hui. Tu es et continueras d’être une grande partie de moi.

Alors, cher basketball, aujourd’hui, je ne peux que te dire une chose : merci pour tout.

Kévin

Kévin Laurent - The Green Cigar

Ma franchise a plus de titres que les Lakers.
Je te déteste toujours LeBron.

Tient également le compte @TheGreenCigar sur Twitter.
Rédac | Podcaster | Spécialiste du basket FR sur Le Roster

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