Depuis maintenant de nombreux mois, une chimère, telle une douce mélodie, refait régulièrement surface au milieu de la bruyante actualité de la NBA. Cette idée, cette envie, celle de tout être vivant, l’objectif de la vie : grandir et prospérer. Vingt ans après les Charlotte Bobcats, il semble approcher l’heure d’une nouvelle expansion pour la National Basketball Association.
Bien avant d’arriver au stade final de la Draft d’Expansion, il existe un nombre important d’étapes à franchir et un cahier des charges strict à respecter. À commencer selon Adam Silver lui-même, par la renégociation des droits TV dont le deal actuel se termine en 2025. Zoom sur les tractations qui se jouent actuellement en coulisses et qui décideront du visage des 31ème et 32ème franchises NBA.
Tout au long de la saison, on vous propose 6 épisodes pour vous présenter en détails autant de villes qui pourraient obtenir l’une des futures nouvelles franchises NBA. Aujourd’hui, pour le quatrième épisode, on prend la direction du Saint-Laurent, à la limite entre fleuve et océan, destination le Québec et sa métropole Montréal.
Ô Canada et nationalisme québécois
Juin 2019, tout le Canada est uni derrière les Toronto Raptors, champions NBA pour la première fois de leur histoire. Une affirmation qui semble à première vue tout à fait banale. Et pourtant, cette union des Canadiens derrière une seule et même franchise de ligue majeure est unique. Si le derby espagnol entre le Real Madrid et le FC Barcelone est connu pour être bien plus qu’une simple rivalité sportive. Au Canada, la rivalité Toronto Montréal dépasse le cadre du sport. La plus américaine des canadiennes face à l’européenne et francophone. Deux villes que tout oppose et qui depuis des années supportent ensemble, de manière presque contre-nature, les Toronto Raptors.
L’amour des Québécois pour les Raptors n’est pas nouveau, la ville de Montréal est depuis plusieurs années une destination de choix pour la franchise. Dès 2012, la franchise et la NBA créent les NBA Canada Series, une série de matchs de présaison ayant lieu dans différentes villes du Canada. La ville de Montréal fut choisie pour accueillir le tout premier match le 19 octobre pour une victoire des Raptors sur les Knicks.
Depuis 2012, la ville de Montréal a accueilli sept des 18 matchs des NBA Canada Series, plus que n’importe quelle autre ville. L’été dernier, les 21 900 places du Bell Centre ont été remplies pour les deux matchs de présaison entre les Raptors et les Celtics et celui entre les Pistons et le Thunder du local Luguentz Dort.
Une nouvelle grande rivalité pour la NBA
Si le titre des Raptors a permis de mettre en lumière l’amour des Québécois et Montréalais pour la balle orange, il a également permis de relancer le débat sur une possible arrivée de la NBA sur les terres francophones du Canada. Une franchise NBA au Québec offrirait à la ligue une nouvelle grande rivalité géographique. Une donnée importante à l’heure ou la NBA met de plus en plus en avant ces spécificités pour attirer les annonceurs, en particulier lors de la Rivals Week.
En NHL, la rivalité entre les Toronto Maple Leafs et les Montréal Canadiens est l’une des plus anciennes et plus grandes de la ligue et du sport nord-américain en général. En MLS, une rivalité entre le Toronto FC et le Montréal CF (anciennement Impact de Montréal) a émergé dans la même lignée et fait aujourd’hui partie des plus importantes de la ligue. Les fans des Canadiens sont par ailleurs célébrés pour leur passion et leur loyauté et sont communément admis comme étant les meilleurs de NHL.
Au-delà d’une simple rivalité, une franchise à Montréal ou au Québec aurait une consonance culturelle forte. Il s’agirait tout d’abord de la première franchise NBA non-anglophone et donc d’un porte-étendard de l’identité francophone du Québec. À l’image du FC Barcelone aujourd’hui symbole de la lutte culturelle et indépendantiste catalane, une franchise NBA québécoise pourrait à terme obtenir cette même symbolique et attachement local. Enfin, une franchise Québécoise serait très certainement une porte d’entrée vers le marché français, de plus en plus choyer et désirer par la NBA.
Montréal, terreau fertile
La grande réussite de l’expansion des Toronto Raptors aura été de transformer le Canada en un pays de basket. Le Canada est désormais le premier pays derrière les Etats-Unis en nombre de joueurs NBA ainsi que l’une des nations émergentes du basket FIBA. Un développement qui attire évidemment la NBA :
« C’est devenu un très bon marché de basketball. (NDLR en parlant du Canada) Je dirais que les Toronto Raptors ont fait du très bon boulot afin de devenir l’équipe du Canada. Je sais qu’il y a de l’intérêt à Montréal. Et je sais qu’il y a toujours eu de l’intérêt à Vancouver. » Adam Silver en novembre 2023 en marge du match en antenne nationale Celtics Knicks.
Une réussite culturelle et sportive que l’on doit en grande partie aux talents de l’Ontario et plus particulièrement à l’aire urbaine de Toronto, mais aussi de plus en plus à Montréal. Parmi les 26 (28 avec les binationaux) Canadiens de NBA, cinq sont nés ou ont grandi à Montréal : Chris Boucher (Toronto Raptors), Luguentz Dort (OKC Thunder), Chris Duarte (Sacramento Kings), Bennedict Mathurin (Indiana Pacers), Olivier-Maxence Prosper (Dallas Mavericks).
Avant eux, Ernie Vandeweghe, Ron Crevier, Stewart Granger, Bill Wennington, Joel Anthony, Kris Joseph et plus récemment Khem Birch ont été les pionniers d’une ville qui n’a pas attendu la NBA et les Raptors pour jouer au basket.
Montréal, vraie candidate ?
Après avoir présenté le potentiel d’une expansion à Montréal, reste la réalité du terrain. La métropole francophone est-elle aujourd’hui en mesure d’accueillir une franchise NBA ? La réponse est oui.
Le Canada n’a jamais semblé aussi prêt à accueillir une deuxième franchise NBA. Montréal, deuxième plus grande agglomération du pays semble être une suite logique dans la volonté d’internationalisation de la NBA. Dans le pays du palet, la balle orange a su se frayer un chemin jusque dans la grande ligue où les talents montréalais se font de plus en plus nombreux.
Niveau infrastructures, la ville dispose de la Bell Centre, salle de 21 900 places accueillant les Canadiens ainsi que des matchs de présaison NBA de manière régulière. Marché fleurissant, jeunesse folle de basket, métropole prospère et opportunité d’ouverture… Montréal à tout pour plaire et peut rêver d’entrer dans le cercle des villes ayant une franchise NBA.