Ce mardi 16 avril 2024, Blake Griffin a officiellement pris sa retraite de basketteur professionnel, après 14 magnifiques années. Nous disons au revoir à l’un des joueurs les plus spectaculaires qu’il nous a été donné de voir en NBA, et accessoirement mon joueur préféré. Impossible pour moi de ne pas vous en parler.
Une carrière magnifique et une référence de travail et de persévérance
Si je devais choisir un mot pour décrire la carrière de Blake Griffin, ce serait sûrement le mot « résilience« . En voici une définition :
« Capacité d’un individu à supporter psychiquement les épreuves de la vie. Capacité qui lui permet de rebondir, de prendre un nouveau départ après un traumatisme. »
Ca oui, Blake a su faire preuve de résilience, et ce depuis le début de sa carrière. Numéro 1 de draft, sélectionné aux Clippers, dans une franchise tellement ancrée dans la lose qu’elle était même considérée maudite par certains. Pour rajouter à cela, il est blessé avant même d’avoir pu fouler les parquets, et loupe toute la première saison. Mais il revient, pond l’une des meilleures saisons rookies de l’histoire, remporte le dunk contest haut la main, est sélectionné au All-Star Game, ce qui fait de lui le dernier rookie en date à réussir cette performance… Une époque incroyable.
Puis, c’est la fin de Lob City, sans que les Clippers n’aient jamai réussi à atteindre les Finales de Conférence. Trade de Chris Paul, on lui promet de rester à LA toute sa vie et de retirer son maillot… mais il est tradé 6 mois plus tard à l’autre bout du pays, dans le Michigan. Mais Blake Griffin reste Blake Grifin : saison 2018-2019 monstrueuse, qualification en PO… mais blessure à son genou gauche et opération. Entre Covid et blessures, la fin de son passage à Detroit sera triste.
Ensuite, buyout à Detroit, et arrivée dans la superteam des Nets. Il se trouve un nouveau rôle, fait une énorme série contre les Bucks en 2021, re-signe à Brooklyn… pour être finalement complètement jeté par son coach, Steve Nash. Enfin, signature à Boston en 2022. Il ne joue quasiment plus mais est le chouchou des fans. Il sera pareil boycotté par son coach Joe Mazzulla, dans ce qui fut sa dernière saison.
En résumé, sa carrière n’était pas de tout repos. Il a dû revenir de blessure quasiment chaque saison, mais a continué de performer. Puis il a développé un tir à 3 points quand ce dernier devenait indispensable dans la ligue. Rappelons que pour cela, Blake a shooté plus de 350 000 jump shots en l’espace de 4 ans avec son coach personnel Bob Thate !
Enfin, il a fallu accepter de devenir un role player et un mentor pour les plus jeunes, que ce soit lors de sa fin à Detroit ou lors de son passage à Brooklyn et à Boston, en étant mis sur le banc, en jouant les garbage time… mais il ne s’est jamais plaint. C’est ça aussi Blake Griffin : un excellent coéquipier.
Trop souvent catégorisé comme un dunker pur et simple lors de ses années Clippers, Blake Griffin a en réalité développé assez tôt un tir mi-distance efficace, en plus de sa très bonne maîtrise du ballon et de ses séquences au playmaking en l’absence de Chris Paul. Ces derniers points sont surtout retenus lorsque sa période Pistons est évoquée, mais il possédait déjà ces qualités à Los Angeles
Son caractère offensif de plus en plus versatile en fait d’ailleurs un exemple de développement de joueur dans la ligue, loin du simple rim runner qu’il pouvait être lors de sa première vraie saison, en devenant progressivement une menace à tous les niveaux. Pas pour rien s’il était l’arme offensive principale des Clippers de 2010 à 2018, et formait un duo exceptionnel avec DeAndre Jordan dans la raquette.
Une découverte un peu originale…
Étant jeune et européen, je n’ai pas eu la chance de découvrir Blake Griffin en direct lors de son année rookie ou à l’époque de Lob City. Grâce à un cousin que je ne remercierai jamais assez, j’étais malgré tout au fait des nombreux highlights de la NBA visibles sur YouTube, que j’ai dévoré avant de sauter le pas et commencer à moi-même suivre activement la Grande Ligue. Blake est évidemment un passage OBLIGATOIRE des highlights de la NBA des années 2010 et c’est un peu comme ça qu’il est devenu mon joueur favori.
Imaginez un novice se poser devant son écran et voir Kendrick Perkins se faire assassiner ou Pau Gasol se faire oblitérer deux fois dans le même match. Imaginez maintenant ce novice décider de commencer à regarder Blake Griffin en 2018 : il est encore un superbe joueur de basket mais avec des qualités athlétiques grandement diminuées et qui, par dessus le marché se fait trader de sa franchise de toujours pour les moroses Detroit Pistons. On ne va pas se mentir, ce n’était pas la meilleure façon de démarrer.
La suite on la connaît : une saison 2018-2019 exceptionnelle, peut-être la meilleure de sa carrière, une qualification en PO arrachée avec une équipe franchement très moyenne, et au final une blessure au genou qui va venir tout gâcher… Alors oui bien sûr, la sortie sous standing ovation du public après avoir tout donné est belle. Mais c’était aussi et surtout la dernière fois qu’on voyait le vrai Blake Griffin sur un parquet. Jamais il ne reviendra au niveau auquel il a évolué, son genou gauche est à deux doigts d’exploser. Il a désormais 30 ans, et les perspectives d’avenir se font maigres et moins glorieuses.
Dans un certain sens, c’est un peu lui qui m’a suivi, à mon grand bonheur, quand il a rejoint ma franchise, les Brooklyn Nets, en 2021, pour tenter de remporter cette foutue bague. Tout ne s’est pas passé comme prévu malheureusement, mais pouvoir porter un maillot des Nets avec marqué « Griffin » floqué sur le dos, c’est déjà une petite victoire. Les vrais se souviennent de ses 8 minutes de folie au Game 4 contre Boston en 2022. Ces mêmes Celtics chez qui j’ai pu voir ses dernières minutes en NBA la saison suivante.
…et c’est ça qui est intéressant
J’aurais bien évidemment souhaité vivre la carrière le Blake depuis le jour de sa draft. Pour autant, je suis très heureux de la manière dont je l’ai vécu et je trouve même que cela ajoute un charme au tableau. Découvrir une star NBA sur la pente descendante réussir à réinventer son jeu pour encore peser.
Passer outre les épreuves des blessures, échouer à revenir au top, ACCEPTER sa situation et se reconvertir en un autre rôle, faire les basses besognes, le travail de l’ombre. Finir par être cet energizer, ce joueur de banc sans égo pour pousser ses coéquipiers, donner tout ce qu’il a quand on a besoin de lui, ne jamais rechigner. C’est comme ça que j’ai suivi la carrière de mon joueur préféré et je n’échangerai ça pour rien au monde.
J’ai appris l’importance de chaque membre d’une équipe, de chaque rebond récupéré, de chaque passe interceptée, d’un comportement exemplaire chaque jour et à chaque match avec et grâce à Blake Griffin. Une leçon d’humilité en quelque sorte.
Quel bilan final pour Blake Griffin ?
Vous n’êtes pas sans savoir que malgré ses efforts, Blake n’a jamais réussi à remporter le titre NBA. Pour autant, dans une époque où la bague est devenue l’élément presque essentiel pour juger une carrière, il est nécessaire de se rendre compte des choses qu’il a réussi à accomplir avec les Clippers. Si vous demandez à un fan américain des Clippers pourquoi il est devenu fan de la franchise, vous avez 80% de chances qu’il vous réponde « Blake Griffin ».
Blake a réussi l’exploit (mot vraiment pas choisi au hasard) de mettre les Clippers sur la carte NBA, de rendre la franchise fun et surtout de la rendre compétitive sur une longue période. Allons même plus loin, il a grandement contribué à terme à l’arrivée de Kawhi Leonard et Paul George aujourd’hui, en établissant des standards dans la franchise et en lui faisant gagner une popularité très importante, dans une ville, une salle qui vibre traditionnellement pour les Lakers, et à cette période Kobe Bryant.
Arrivé en pleine ère des réseaux sociaux, Blake a su marquer de son empreinte ces nouveaux médias grâce à ses highlights, que ce soit son concours de dunk mémorable ou ses saisons remplies de posters et d’humiliations en tout genre, il a participé activement à la médiatisation massive de la NBA dans les années 2010. Ses 6 étoiles de All-Star et 5 All-NBA teams peuvent en témoigner.
Blake Griffin, c’est aussi un comportement exemplaire accompagné d’une sympathie rare dans ce milieu. Sa personnalité joviale et positive a été saluée de nombreuses fois tout au long de sa carrière : on parle ici de l’un des joueurs les plus drôles de la NBA (reconversion dans le stand-up fortement possible, soyez prévenus), et sa présence dans un vestiaire a été souhaitée jusqu’à la toute fin de son parcours en NBA.
Voilà, c’était mon petit hommage personnel à mon joueur préféré. Ça fait bizarre de se dire que c’est terminé, mais on en garde que du positif au bout du compte. On reste bien sûr en attente que son maillot soit retiré expressément par les Clippers à la seconde où leur nouvelle salle est ouverte, et vous ré-entendrez parler de moi dans 3 ans pour l’intronisation de Blake au Hall of Fame.
En attendant, je vous laisse avec la meilleure vidéo de ses dunks à mes yeux. Enjoy !
