Klay Thompson

Autopsie du cadavre d’un champion : Klay Thompson

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À quelques jours du début des playoffs, le 8 avril 2023, l’arrière de Golden State, Klay Thompson, déclarait ceci : « Je ne vois pas une équipe qui peut nous battre dans une série de sept matchs quand nous sommes en bonne santé ».

Cette affirmation pleine d’assurance est familière pour celles et ceux ayant l’habitude de suivre l’actualité de la Baie de San Francisco depuis 8 ans maintenant. Revenu des enfers en 2022, le splash brother est le symbole personnifié du retour au sommet de la franchise californienne. Blessé une première fois le 13 juin 2019 à la fin du troisième quart du game 6 des finales NBA, match dans lequel il s’est déchiré le ligament croisé antérieur du genou gauche, Thompson s’était déchiré le tendon d’Achille au cours d’un pick up game en novembre 2020, à l’aube de la reprise de la saison 2020-2021. Deux saisons durant lesquelles la Bay Area n’était tout simplement pas représentée pendant les séries éliminatoires.

De retour en janvier 2022, Klay Thompson est monté progressivement en puissance pour retrouver un niveau qui semblait (en apparence du moins) similaire à celui qui fut le sien lorsqu’il fut le deuxième meilleur arrière de la ligue derrière le Barbu du Texas. Le 18 juin 2022, les Golden State Warriors retrouvent le Larry O’Brien trophy, la dynastie n’était pas terminée, et les plus optimistes rêvaient déjà de back-to-back.

Pourtant, au moment où ces quelques lignes sont écrites, Captain Klay est probablement en train de siroter un bon verre de Blue Hawaii sur son petit bateau de plaisance. Nous sommes début juin, les finales NBA ne sont pas terminées et Golden State est en vacances depuis 3 semaines, éliminé par les Los Angeles Lakers dans un game 6 où Killa Klay a compilé 8 points à 3/19 aux tirs. Cette élimination n’est pourtant pas un accident. Elle est la suite logique d’une saison 2022-2023 poussive, une saison régulière… irrégulière. Retour sur ce long chemin de croix au dénouement attendu, une campagne 2022-2023 qui permet de rappeler à tous qu’une saison régulière solide est la principale condition pour aller loin en post-saison.

L’effectif de l’équipe championne 2022

L’été suivant la célébration du titre est marqué par les départs de Nemanja Bjelica, Gary Payton II et d’Otto Porter Jr. Ces roles players de l’ombre, s’ils ne sont pas les plus mis en avant, ont pourtant permis à Golden State d’aller au bout de ces playoffs. Otto Porter a notamment été titularisé à plusieurs reprises durant la post-saison, notamment au match 4 des finales NBA. En saison régulière, le troisième choix de la Draft 2013 affiche des statistiques de 8.2 points par matchs et de 5.7 rebonds. C’est d’ailleurs durant cette même saison régulière 2021-2022 que “Ottomatic” est devenu, l’espace d’un quart temps, le héro du Christmas Game face aux Phoenix Suns. Otto décide de s’engager avec les Raptors pour 2 ans et 12 millions.

Nemanja Bjelica signe quant à lui au Fenerbahçe et quitte donc la NBA sur la plus belle des notes. Le serbe passé par Minneapolis et Sacramento s’est illustré sur la première partie de la saison par son playmaking et son adresse extérieure, aidant le Chef & co à se placer en tête de la conférence Ouest avec 18 victoires pour seulement 2 défaites. Si son adresse est redescendue par la suite, Bjelica a pesé en finale face aux Celtics, en s’illustrant notamment par… sa défense sur Jayson Tatum (oui oui, vous avez bien lu).

Gary Payton II, enfin, le chouchou de la Bay Area, rejoint Portland et empoche ce fameux contrat auquel il aspirait tant de 28 millions sur 3 ans. Inutile de présenter GPII dans les détails puisque c’est le plus connu et le plus apprécié des trois, la belle histoire de la saison 2021-2022. Préféré au vétéran Avery Bradley que les cadres Curry et Green avaient approuvé, il a su se faire une place de choix dans la rotation de Steve Kerr, apportant aux guerriers de l’Etat doré sa défense élite sur l’homme, ses rebonds et ses dunks mémorables (ceux sur Desmond Bane, Kelly Oubre ou encore sur Goga Bitadze). Guard d’1m88, le tacticien des Warriors n’a pas hésité à le faire jouer 3 voir 4 dans la pure tradition small ball des Warriors.

On pourrait également parler des départs de Damion Lee ou de Juan Toscano-Anderson qui, s’ils n’étaient pas spécialement (pas du tout à vrai dire) performants sur le terrain, apportent au vestiaire une certaine bonne humeur. Beau-frère de Steph, Damion Lee a connu les hauts et les bas de la franchise : déjà présent en 2018-2019, il réalise sa meilleure saison en carrière en 2019-2020, profitant des absences de Steph et Klay sur le backcourt. JTA quant à lui est un pur produit de la Baie, il a grandi dans les quartiers “chauds” d’Oakland en tant que fan des Warriors et est apprécié des fans pour son hustle et sa dévotion, on se souvient notamment de ce soir d’avril 2021 où il n’hésite pas à plonger en courtside pour récupérer un ballon au TD Garden, hardiesse qui lui vaudra une commotion cérébrale.

Les impacts de ces départs ne se limitent donc pas au sportif, ils touchent aussi au relationnel, à l’alchimie du groupe. Sur le papier, les signatures de Donte DiVincenzo et de JaMychal Green semblent une réponse plutôt positive pour combler les besoins des Dubs. Mais le deuxième Green va galérer tout au long de la première partie de sa saison 2022-2023, et Donte, en plus d’un petit problème d’adresse qu’il compensera par son hustle et son QI Basket, se blesse en début de saison. Il se révélera néanmoins être un élément essentiel du banc des Warriors.

Les signatures de Ty Jerome et d’Anthony Lamb en two-way contract n’ont, en revanche, pas comblé le vide laissé par les vétérans de 2022. Surfant sur une incroyable adresse de loin en début de saison (une adresse qui disparaîtra très vite), Anthony Lamb, profitant de l’absence de réels bigs men, s’impose dans la rotation aux yeux de Steve Kerr, au détriment parfois de Jonathan Kuminga ou encore du rookie Patrick Baldwin Jr. Avec cet effectif plus limité et moins expérimenté en dehors du big three et des cadres, Kerr tente des rotations…originales : en mars face aux Lakers, il aligne dans le deuxième quart Jordan Poole, Anthony Lamb, JaMychal Green, et Kevon Looney. Toujours en Mars, face aux Grizzlies, c’est un 5 small ball Curry-Poole-DiVincenzo-Klay-Draymond, avec Klay Thompson en ailier fort face à Jaren Jackson Jr.

Il est ainsi étrange de constater le déclin de la raquette de Golden State depuis le début de l’ère Steve Kerr : David Lee, Barbosa, Mo Speights, Varejao, Andrew Bogut, Damian Jones, JaVale Mcgee, Zaza Pachulia, David West…Ces postes 4 et 5 apportaient de la dureté à l’intérieur et le Front Office ne les a pas remplacé, Anthony Lamb n’étant peut-être même pas/plus un joueur ayant le niveau pour évoluer en NBA. Ce déficit de taille, inédit jusqu’alors à Golden State, n’est pas étrangers aux carences défensives des Dubs cette saison.

La place des jeunes au sein de l’effectif : quels rôles ?

On a beaucoup parlé de l’incident Draymond Green – Jordan Poole, mais cette gifle est symptomatique d’une problématique plus large : comment trouver sa place au sein d’un effectif comme celui des Dubs ?

Quelques insiders de la Baie rapportent qu’au début du training camp, plusieurs cadres des Warriors ont trouvé Jordan Poole “différent”, pour beaucoup, son nouveau statut et son futur gros contrat lui auraient fait prendre la grosse tête. Il est à noter que le 28e choix de la Draft 2019 est très proche d’André Iguodala, le MVP des finales 2015 serait même devenu son mentor. Pour Matt Steinmetz, ce mentorat se serait peut-être avéré contre-productif “Je pense qu’Iguodala a déteint sur Jordan Poole…Il lui a appris à être sa propre entité, c’est-à-dire ‘tu es chez les Warriors, mais il s’agit de toi’ Est-ce qu’Iguodala est le meilleur vétéran pour encadrer un jeune joueur quand on sait à quel point il peut être cynique ?“.

Les Warriors ont décidé de ne pas sanctionner leur ailier fort, probablement pour éviter de reproduire ce qu’ils avaient fait en novembre 2018 lorsque Draymond Green a insulté Kevin Durant à la fin du temps réglementaire d’un match contre les Clippers. Ni KD, ni Draymond n’avaient trouvé cette solution satisfaisante. Quoiqu’il en soit, le beef entre les deux coéquipiers a eu des conséquences sur l’alchimie collective. On peut citer cet exemple du 8 mars 2023 dans un match face au Thunder durant lequel Jordan Poole provoque la colère de Draymond Green pour ne pas lui avoir fait la passe qu’il demandait. Green a détourné le regard en soupirant et a manqué une passe que lui faisait Klay Thompson, et n’a pas voulu revenir en défense.

Jordan Poole a eu plus de responsabilités sur cette saison 2022-2023. Notons qu’il a joué les 82 matchs de la saison régulière, pour 20.4 points, 2.7 rebonds et 4.5 passes à 43% aux tirs, 33% de loin et 87% aux lancers pour une moyenne globale de 30 min de temps de jeu. Ses pourcentages en baisse s’expliquent par le fait qu’il prenne plus de tirs (15.6, contre 13.9 auparavant) mais aussi parce qu’il est davantage défendu. Avec les blessures de Steph, Poole a tourné à 26.1 points, 5 passes et 2.8 rebonds en 26 matchs, pour un bilan de 14 victoires et 12 défaites. Mieux : sans Klay Thompson et AVEC Stephen Curry, Jordan tourne à 27.3 points, 4 passes et 3.4 rebonds (échantillon de 7 matchs). Avec les difficultés de Klay au début de la saison, des rumeurs ont même été jusqu’à évoquer une intégration de JP dans le 5 majeur au détriment du splash bro, hypothèse que Steve Kerr a rapidement balayée devant les journalistes. Il semble que Poole soit à son meilleur niveau en tant que titulaire, et si les performances du quintuple All-Star continuent de diminuer, la question se posera de plus en plus…

Jordan Poole n’est néanmoins pas le seul jeune joueur dont la place pose question. Son comportement a été plusieurs fois pointé du doigt, par ses coaches mais aussi par les cadres, en privé. Lors de la Summer League 2022, frustré par son mauvais matchs, il faisait preuve d’un body language douteux, a forcé son jeu et a quitté le terrain sans serrer la main des joueurs adverses. En début de saison, il a rapidement été relégué en bout de banc par Steve Kerr, le tacticien des Dubs ayant été jusqu’à déclarer “C’est comme ça que ça se passe dans des équipes championnes NBA. Il n’y a pas de minutes disponibles. Le jeu ne se résume pas à des dunks monstrueux”.

Il gagne par la suite sa place dans la rotation, se révélant même indispensable en l’absence d’Andrew Wiggins, et termine la saison régulière avec presque 10 points par matchs, 3.4 rebonds, 2 passes à 53% au tir et à 37 % de loin, un secteur dans lequel il a progressé par rapport à sa saison rookie. Néanmoins, son manque de réussite en Playoffs lui vaut d’être, de nouveau, relégué sur le banc, et selon Marcus Thompson, sa frustration aurait été tellement visible qu’avant de partir jouer le game 7 à Sacramento, Steph Curry lui-même lui aurait adressé des remontrances sans le nommer. “Il a demandé à tous les joueurs de mettre de côté leurs sentiments – ce qui dans le vestiaire a été perçu comme un message direct à Jordan Poole, Jonathan Kuminga et d’autres joueurs pouvant être frustrés par leur temps de jeu ou leur rôle – pour se concentrer sur la mission collective. N’importe qui voulant rester dans ses émotions, ou qui était prêt à aller en vacances, a été prié de rester à la maison et de ne pas monter dans le bus pour Sacramento. Mais tout le monde est monté dans le bus.”

Enfin la décision de faire revenir Gary Payton II dans un trade en échange du numéro 2 de la draft 2020 James Wiseman traduit une certaine impatience de la part du Front Office. En le draftant au lieu de LaMelo Ball (question de fit, disait-on à l’époque), les Dubs savaient pourtant qu’ils s’engageaient dans un processus particulier, celui de polir un diamant brut plein de potentiel. Jamais Steve Kerr ne trouvera la formule pour mettre Wiseman dans les meilleures dispositions, les Warriors jouent mieux sans lui, que ce soit en 2021 lorsqu’ils ont atteint la huitième place de l’Ouest dans les jours suivant sa blessure, ou à son retour en octobre 2022. Il faut espérer que les cas de Mooses Moody, peu en vue durant la régulière mais solide en Playoffs, et du rookie Patrick Baldwin Jr soient mieux gérés.

Les preuves d’une certaine fébrilité

Les Dubs ont été catastrophiques à l’extérieur cette saison : seulement 11 victoires pour 30 défaites, soit le pire bilan parmi les équipes qualifiées en Playoffs. Manque de concentration, d’efforts au rebond, pertes de balles inutiles, plusieurs blow outs, plusieurs choke dans le quatrième quart…Certes, il ne faut pas négliger l’aspect psychologique que représente un match loin de ses bases, mais pour prétendre aller loin une fois en Playoffs, une équipe se doit de savoir gagner loin de chez soit. Récemment seuls les Boston Celtics de 2017-2018 ont pu aller assez loin en Playoffs tout en étant “mauvais” à l’extérieur (seulement une seule victoire, au Game 3 face aux Sixers, avec une seule défaite à domicile face aux Cavs au Game 7).
Selon The Ringer, tandis qu’au Chase Center les Dubs sortent les barbelés, le pourcentage de tir moyen des adversaires à l’extérieur augmente. Ainsi, si les Warriors maintiennent les shooteurs adverses à une réussite moyenne de 32.4% à domicile, ils leur concèdent un pourcentage de 40.4 % à l’extérieur. De plus, à domicile, l’adversaire tient à battre le champion en titre devant son public, Golden State étant redevenue l’équipe à battre avec ce retour au sommet.

Il y a également d’autres explications à cette accumulation de défaite, Klay Thompson, Draymond Green et Andrew Wiggins ont raté un nombre importants de matchs à l’extérieur, ce qui signifie mathématiquement plus de temps de jeu pour Anthony Lamb, Mooses Moody ou Kuminga qui, s’ils y mettent de la bonne volonté, sont parfois un peu naÏfs dans le secteur défensif.

Les Dubs, pourtant champions en titre, paraissent ainsi moins sereins qu’auparavant, et cela se ressent également dans certaines déclarations. Klay et Draymond se sont engagés, depuis la fin des Playoffs 2022, dans une joute verbale à l’encontre de plusieurs joueurs des Grizzlies. outre l’épisode “Andre Iguodala qui avait refusé de jouer pour Memphis, on peut citer le tweet de Jaren Jackson Jr en mars 2022 après une victoire écrasante sur les Dubs privés de Curry, Klay, Dray et Wiggins “Strenght in Numbers”, dans le but de moquer ce vieux slogan de la franchise californienne. Dès la fin des finales NBA, Thompson ne manquera pas de le rappeler en conférence de presse mais, régulièrement interrogés par les journalistes au sujet de la jeune franchise qu’ils venaient d’éliminer en demie-finale de conférence, les Warriors ont toujours nié une quelconque rivalité, tout en reconnaissant qu’il y avait un certains nombre de tension lorsque les deux équipes se croisaient. Ces tensions ont été particulièrement visibles entre Klay, Draymond et Dillon Brooks, par interviews ou podcasts interposés, et lors d’une défaite de 20 points à Memphis, Klay répondra à sa manière au trashtalking de l’ambianceur des Grizzlies à sa manière, en désignant ses 4 bagues de champion NBA.

Plusieurs équipes ont tenté d’entretenir des rapports rivaux avec Golden State depuis 2015, mais jusqu’à présent, les Dubs étaient restés au-dessus de la mêlée (on pense aux déclarations des Clippers en 2016 qui expliquaient qu’ils auraient battus les warriors en 2015 s’ils les avaient rencontrés), mais tout en niant l’existence d’une rivalité, Thompson et Green semblait particulièrement impliqués dans ce “beef”. Leur suffisance sur le terrain lors des deux affrontements à Memphis en mars 2023, deux défaites importantes, les a rendus particulièrement risibles.
Ironie du sort, alors que les deux équipes voulaient un remake de la demi-finale de 2022, ces dernières se feront éliminer par la même équipe et dans des conditions similaires (perte du Game 1 alors qu’elles avaient l’avantage du terrain, blow out aux games 3 et 6…).

De terribles coups du sort

Pour être champion NBA, il faut bien sûr l’effectif, le style de jeu, le coach et la superstar qui mène l’équipe au bout, mais il faut aussi un peu de chance. Et cette saison, les Warriors n’en auront pas beaucoup eu.
On peut tout d’abord parler de défaites surprises, comme celle face au Jazz à la Vivint Smart Home Arena le 7 décembre 2022. Alors que Golden State mène 123 à 119 grâce à des très bons Poole et Kuminga, Malik Beasley inscrit un trois point. Temps mort Warriors, remise en jeu pour Jordan Poole avec 7 secondes au compteur à qui Beasley arrache la balle. Victoire du Jazz 124 à 123.

Il y a également cette défaite à domicile face à Détroit en janvier 2023. Alors que les Warriors reviennent à égalité grâce à un trois points de Klay Thompson, Saddiq Bey, au buzzer, marque un trois points décisif et cruel pour des Warriors qui ont tout fait pour revenir dans le match malgré l’expulsion de Draymond Green.

Les blessures n’ont évidemment pas épargné les Dubs : Stephen Curry se blesse à l’épaule en décembre à Indiana alors qu’Andrew Wiggins se blesse aux adducteurs au mois de Novembre (il ne reviendra qu’à la mi-janvier). Steph se blesse une deuxième fois en février, au genou gauche, et ne reviendra qu’en Mars, tandis qu’à peu près au même moment, Andrew Wiggins manquera 24 matchs (2 mois) pour aller au chevet de son père malade. On peut aussi citer Draymond Green et ses problèmes de dos récurrents depuis quelques années, ainsi que la blessure de DiVincenzo en début de saison.

L’illusion du “playoff mode”

Même si les Dubs connaissent une relative embellie autour des mois de mars et d’avril grâce aux retours des blessés, c’est insuffisant pour créer une véritable dynamique à l’approche des playoffs. À l’exception des Rockets de 1995 (qui n’étaient “que” 6e de conf’), une équipe ayant fait une mauvaise saison régulière ne peut pas aller au bout. La saison régulière est avant tout un entraînement pour les séries éliminatoires et, malgré leur expérience et leur “championship DNA”, les Warriors n’étaient pas prêts conformément à leurs ambitions.

Face aux Sacramento Kings, Golden State s’est retrouvé dos au mur au bout de 2 matchs pour la première fois de l’ère Steve Kerr. Ils ont néanmoins su réagir parce que l’adversaire était plus appréhendable que d’autres : Sacramento a un style très offensif mais possède une des pires défenses de la ligue. C’est, de plus, une équipe très jeune et inexpérimentée, mais cette équipe a failli mener 3-1 sur un tir manqué d’Harrison Barnes, l’ancien de la maison, au game 4.

Face aux Lakers, les choses ne pouvaient qu’être différentes. En face il y avait de vieux briscards qui défendent bien et ne se laissent pas intimider par le momentum, quel qu’il soit. Si on considère que la défaite au game 1 est plus “excusable” que les 3 autres qui suivront (le match n’en restait pas moins à leur portée), le reste de la série au Staples Center, après avoir perdu l’avantage du terrain, est un ensemble de maladresses et d’erreurs qui ne pardonnent pas à ce niveau de la compétition. Au game 3, les Warriors lâchent une avance de 15 points dans le début du deuxième quart, la faute à la mauvaise recette habituelle : fautes stupides, pertes de balles, mauvaise sélection de tirs. À la mi-temps, il n’y a qu’une dizaine de points de retard mais le match est quasiment déjà terminé, le body language n’y est pas, les esprits sont déjà tournés vers le suivant. Au game 4, les Dubs laisse filer une avance de 10 points dans les 30 premières secondes du quatrième quart. Curry, esseulé, est trop seul et à 47 secondes de la fin, Klay Thompson décide de prendre ce qui est probablement l’un des pirs shoots qu’il n’ai jamais pris, en première intention, alors que le retard n’était que d’un seul point. Steve Kerr aura la même réaction que tous ceux derrières leurs écrans à ce moment-là. Par la suite, Draymond Green perd la balle en sortie de temps mort et Steph en fera autant quelques secondes plus tard. Le game 6 est un naufrage : si Golden State limite les dégats à la fin d’un premier quart qui avait très mal débuté, les warriors se relâchent à la fin du deuxième et cessent de jouer dans le troisième. Les têtes n’y sont plus, et Draymond Green lui-même, plaisantant à plusieurs reprises avec Anthony Davis dans un match qui aurait exigé concentration et rigueur, accumule les mauvais choix de fautes. 122-101 Los Angeles.

C’est quoi la suite ?

Klay Thompson a terminé la saison régulière 2022-2023 en étant le shooteur à 3 points le plus prolifique de la ligue (301) en 69 matchs, pour des moyennes de 21.9 points, 4.1 rebonds et 2.4 passes en 43.6/41.2/88 %. Si son début de saison a été particulièrement poussif, l’arrière des Dubs a retrouvé du rythme, offensivement. Avec Jordan Poole, il a véritablement porté l’équipe en l’absence de Curry et Wiggins (26.4 points, 4.7 rebonds et 3 passes en 45/42/90). Défensivement, c’est plus compliqué. Autrefois défenseur d’élite qu’on mettait sur James Harden en Playoffs, il semble utopiste d’imaginer Killa Klay redevenir ce redoutable défenseur sur l’homme. Thompson aura 34 ans la saison prochaine, et touchera 43 millions de dollars, la dernière de son deal de 5 ans signé en 2019 avec Golden State. Rappelons qu’il n’a pas joué les deux premières années de son contract pour ses blessures. Mais avec les prolongations de Wiggins (109 millions) et de JP (140), la sienne semble prendre du plomb dans l’aile.

Bien qu’il n’ait pas autant joué que les cadres précédemment évoqués, Andrew Wiggins s’est davantage affirmé comme le deuxième meilleur joueur des Warriors, derrière Steph., tout en étant sous contrat jusqu’en 2027 au moins. Mais derrière Curry, il n’y a pas de réelle seconde option offensive établie : parfois il s’agit de Klay Thompson, parfois de Wiggins ou encore Jordan Poole. Or, les Warriors jouent leur meilleur basket lorsque Maple Jordan est agressif. Il est temps d’établir une hiérarchie plus distincte derrière le chef, et Klay et Draymond, indéniablement sur le déclin sur certains aspects de leur jeux respectifs, devront accepter de laisser progressivement d’autres joueurs prendre la lumière. Tim Duncan, Manu Ginobili et Tony Parker ont su le faire en leur temps, pour le bien de l’équipe. Les négociations contractuelles nous éclaireront davantage sur les intentions des deux joueurs : accepteront-ils de se “sacrifier” et de prendre moins pour les besoins de la franchise ?

Car cette épineuse question de la prolongation concerne également Draymond qui, comme Klay, est éligible à une prolongation cet été. Tout au long de la saison, les rumeurs sur les futures négociations ont été nombreuses, et avec le départ de Bob Myers, jamais l’hypothèse d’un départ n’avait été plus grande. Mais dans ce désir de prolongation des Warriors envers leur pitbull, il faut prendre en compte un élément important : son niveau n’est plus le même. Souvent cette saison, la présence du DPOY 2017 sur le terrain s’est révélée être un point faible pour l’attaque des Warriors, chose impensable il y a quelques années de cela. Curry Klay Wiggins Draymond Looney ensemble, c’est offensivement du 4 voir du 3 contre 5 car les deux intérieurs de Golden State ne regardent jamais le panier. C’est un point faible habilement exploité par Darvin Ham et les Lakers lors du Game 1. Enfin, parviendra-t-il à cohabiter une saison de plus avec Jordan Poole ?

Ce dernier a d’ailleurs complètement raté ses playoffs, Steve Kerr ne pouvant même plus le faire jouer car ciblé en défense et fébrile en attaque. 11 points, 34% aux tirs et seulement 27% derrière l’arc, ce n’est plus seulement de la maladresse, c’est de la médiocrité. Et s’il n’apporte plus rien sur le plan offensif, il se fait constamment cibler sur le plan défensif, que ce soit par Malik Monk face aux Kings, ou encore D’Angelo Russell ou Dennis Schroder face aux Lakers. Ainsi, ses minutes ont progressivement été redistribuées au profit de GPII et de Mooses Moody qui, lui, a saisi l’opportunité de se montrer après une saison régulière passée majoritairement en bout de banc, même s’il a obtenu du temps de jeu sur la fin de la saison régulière. Au sein de la fanbase et de certains observateurs de la ligue,il y a désormais une réelle interrogation : JP aurait-il déjà atteint son plafond ? N’est-il qu’un vulgaire Jordan Clarkson avec plus d’allure ? Steve Kerr a déclaré en conférence de presse qu’il faisait partie du noyau de l’équipe.

Beaucoup semblent oublier le parcours du natif de Milwaukee, drafté en 28e position et qualifié de pire shooteur de la ligue lors de sa saison rookie en 2020. Il s’est progressivement rendu indispensable derrière Steph et, s’il ne sera jamais le nouveau Curry, il revient de loin : Jeremy Lin et lui ont été coéquipiers en G-League en 2021. Jusqu’à ces Playoffs, sa progression aura été constante, et le lâcher après une contre performance serait une erreur. Quoiqu’il en soit, l’équation à résoudre pour le successeur de Bob Myers sera de taille : comment allier la préparation de l’après Curry (le long terme, que Poole et Kuminga représentent) avec l’exigence de maximiser au mieux les dernières bonnes années de Steph sur le court terme ? Cet exercice 2022-2023 nous a montré que Stephen Curry, 35 ans, est encore dans son prime, Golden State ne peut pas se permettre de ne pas jouer le titre les deux ou trois prochaines saisons.

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Damian Lillard indique l'heure

Fan des Warriors et de NBA en général.
Admirateur numéro Un du Chef et de son accolyte du backcourt.

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