Nyon Basket

Au coeur du Nyon Basket Féminin : entretien avec Naomi Takyi et Indira Vilolo Dos Santos

Quelques semaines maintenant après la qualification historique de l’équipe suisse féminine pour l’EuroBasket 2025, nous vous emmenons cette fois au cœur d’une des meilleures équipes du championnat helvétique, le Nyon Basket Féminin. Quelques jours après le début de cette dernière phase du championnat, Naomi Takyi et Indira Vilolo Dos Santos se sont confiées à nous. 

L’équipe suisse au centre de l’actualité

Les joueuses de l’équipe nationale ont écrit l’histoire en décrochant un ticket pour l’EuroBasket 2025. La guard du NBF, Naomi Takyi, n’a, cette fois, pas été appelée par le sélectionneur. Quant à Indira Vilolo Dos Santos, extérieure polyvalente, elle a vécu cet événement de l’intérieur. Après une rencontre face au Monténégro où elle n’est pas entrée en jeu, elle a pu bénéficier de 12 minutes lors du match face à la Bosnie Herzégovine. Durant son temps de présence, elle a inscrit 5 points, pris 2 rebonds offensifs et distribué 1 passe. 

Malgré le fait que le basket féminin grandisse un peu plus chaque jour, il reste encore un long, très long chemin à parcourir afin de tendre vers l’égalité. Que ce soit en termes d’infrastructures, de moyens financiers ou de possibilités, il subsiste encore énormément de lacunes. Cette qualification peut-être un véritable tournant dans l’histoire du basket féminin helvétique.  

Comment voyez-vous l’impact de cette performance sur le basket féminin ? 

Indira :  « Avant tout, je pense que cette qualification va amener un nouvel élan au basket féminin. On l’a déjà vu lors de ces deux matchs à Aarau. La salle était pleine et ce n’est pas tous les jours que l’on voit ça en Suisse, surtout pour du basket féminin. ça va donner des perspectives aux joueuses de savoir que c’est possible.  Souvent, elles commencent le basket puis après elles arrêtent à 15 ans parce qu’il n’y pas d’endroits où elles vont avoir une vraie formation ou un cadre où elles peuvent devenir pro, contrairement aux garçons qui en ont quand même plus que nous. Cela va montrer qu’il y a de l’espoir et que si nous l’avons fait, d’autres pourront le faire aussi après nous, même rêver plus grand que nous. »

Naomi : « Il y a encore tout qui est à faire. On voit aussi qu’avec cette qualification ça va nous permettre de rêver de plus en plus grand et je pense que c’est une bonne chose que ce soit pour le basket féminin ou même pour le basket suisse en général. Il y a beaucoup de talents en Suisse, mais il nous manque encore un peu de structures. Avec de bonnes infrastructures et  de bons coachs on ne pourra que progresser et faire encore mieux. »

Cette qualification, il ne faut pas l’oublier, a été acquise au terme de longues heures de patience. En effet, il ne suffisait pas que l’équipe nationale remporte ses deux matchs, il fallait aussi des résultats favorables dans les autres groupes. Après la défaite surprise de la Serbie face au Portugal, les espoirs d’une qualification étaient minces, pourtant Indira y croyait. 

On était toutes ensemble après le match et on se tenait au courant des autres résultats. Après la défaite de la Serbie, on y croyait encore mais il y avait beaucoup plus de stress. On était contente d’avoir gagné ces deux matchs, mais le but c’était vraiment de se qualifier. Je me disais que ça n’était pas possible qu’on ait fait tout ça pour rien, alors oui j’y croyais.”

Maintenant que la qualification est acquise, il est temps de se pencher sur la suite, c’est-à-dire l’EuroBasket. La Suisse ira en Grèce pour y affronter les Grecques, les Turques et nos voisines, les Françaises, pour un derby qui s’annonce très compliqué pour l’équipe suisse. Cela dit, cette adversité ne semble pas leur faire peur. 

Indira :  “On est dans un groupe très compétitif et avec des équipes d’expérience. Mais j’ai envie de dire comme toutes les équipes dans ce championnat. On en a déjà parlé avec les coéquipières et il y a beaucoup de joie et d’excitation de participer à un tel événement. Le principal sera de gagner de l’expérience parce que notre équipe est encore jeune mais aussi montrer que le basket suisse il grandit et qu’on a notre place là-bas.”

Naomi :  “C’est un groupe avec des équipes qui ont beaucoup d’expérience, mais ça ne devra en rien démotiver les filles qui seront convoquées. C’est une expérience unique à vivre et peu importe le résultat final, cela reste une fierté de voir la Suisse aux côtés de grandes nations.” 

Une fin de saison qui promet pour Nyon Basket

Actuelles deuxièmes de SBLW, les filles entraînées par Loan Morand vont entamer la dernière ligne droite de la saison régulière. Cette année Swiss Basket a créé un nouveau format pour ce dernier mois de compétition. En effet, les équipes classées entre la 1ère et la 5ème place au terme des deux premiers tours vont s’affronter entre elles jusqu’au terme de la saison. Même processus pour les équipes classées entre la 6ème et la 9ème et dernière place. 

Cette phase appelée “phase intermédiaire” a le mérite de préparer au mieux les meilleurs effectifs aux playoffs. Durant cette phase, Nyon va donc retrouver Elfic, Baden, Genève et Troistorrents, de quoi préparer de la meilleure façon la suite et la fin de la saison. 

Comment voyez-vous cette fin de saison ?

Indira :  “Les objectifs sont clairs, on doit déjà gagner le championnat. Je pense qu’on a fait assez de playoffs où on a terminé deuxièmes. On veut aussi gagner la coupe suisse. On a fait un beau parcours jusqu’à maintenant, on a su jouer notre jeu et il nous reste cette finale face à Elfic à aller gagner. Même s’il y a des niveaux différents dans le championnat, on prend chaque match au sérieux et on veut toujours jouer à notre manière et ce peu importe l’équipe qu’on a en face.”

Sur un plan personnel, je dois continuer à progresser et me démarquer. Après le départ de Marjorie (Carpréaux), je me suis retrouvée avec beaucoup plus de responsabilités, c’était à moi de donner le rythme à l’équipe en tant que meneuse et même si j’ai fait beaucoup d’erreurs, je dois continuer dans ce sens-là. L’arrivée de Keira (Robinson) m’a aussi soulagé d’un poids et d’apprendre d’une joueuse comme elle, c’est un vrai plus. Je dois encore prouver ma valeur sur des matchs importants, comme contre Elfic, Baden ou Genève. Au niveau du collectif, on doit montrer notre identité, notre collectif et faire briller tout le monde.” – Naomi au sujet de la fin de saison. 

Naomi Takyi a beaucoup gagné en expérience suite au départ de Marjorie Carpréaux. Crédit : Matthias Bourban

En fin d’année 2024, l’impression laissée par le Nyon Basket n’était plus aussi bonne qu’en début de saison. La fatigue et un léger excès de confiance ont fragilisé cette maîtrise qui était celle du NBF. Néanmoins, l’équipe a parfaitement su réagir dès le début de la cuvée 2025. Une attaque de feu, une défense très solide et une mentalité nettement plus conquérante ont fait leur retour dans les têtes et les corps nyonnais. 

Qu’est-ce qui a changé dans les têtes ?

Indira :  “Je pense que c’est la mentalité qui nous a fait rentrer dans la facilité. Quand tu domines, il y a de nombreux matchs que tu abordes mal. Je pense qu’on se donnait mais on savait qu’à la fin même si on avait des moments de down, on réussirait quand même à gagner. Maintenant, on se dit que si on joue bien et que si on veut être une grande équipe, on se doit d’être dominantes dans n’importe quel match parce que c’est notre jeu. Je crois qu’on a aussi un peu oublié les talents qu’on avait dans notre équipe. Même le coach nous disait que c’était aussi une façon de nous respecter et de ne pas prendre les autres équipes à la légère. On a pas encore gagné de grands titres, à part la SuperCup, donc on doit encore se prouver à nous-mêmes qu’on mérite cette place de dominantes dans ce championnat et la meilleure manière de le prouver, c’est sur le terrain. Maintenant on s’amuse beaucoup plus, on joue de façon beaucoup plus libérée, on se fait beaucoup plus confiance.”

Naomi :  “C’est un point sur lequel Loan met beaucoup l’accent, c’est-à-dire de tuer l’adversaire quel qu’il soit et ce jusqu’à la fin du match. On a un banc qui nous permet de faire tourner et d’être toujours à 100% et c’est ce qu’il fait aussi. C’est aussi grâce aux jeunes qu’on arrive à jouer à ce niveau-là. Elles sont toujours là aux entraînements, elles sont assidues et elles nous permettent de progresser.”

Mais avant de se regarder la fin de saison et les playoffs, Nyon Basket Féminin a un grand rendez-vous du côté d’Ostrava, la finale de l’European Women’s Basketball League. L’occasion, avant une autre finale, celle de Swiss Cup en avril, de prendre un maximum de confiance et de décrocher un nouveau trophée. 

Comment vivez-vous cette expérience européenne ?

Indira :  “L’intensité change vraiment, on l’a surtout sentie lors du premier match où on était moins prêtes. La défense change aussi et l’arbitrage également. Jouer avec une intensité plus grande qu’on ne peut pas forcément retrouver dans toutes les équipes en Suisse. Cela nous permet de dominer aussi ici parce qu’on maintenant habitué à ce rythme là, même à l’entraînement. C’est aussi une expérience de vivre ça en tant qu’équipe, voyager, vivre des expériences là-bas. On voit cette finale comme on voit maintenant tous les matchs, il faut la gagner.”  

Naomi :  “Comme Indira a dit, cela nous permet de vivre des expériences, non seulement en tant que joueuses, mais aussi en tant qu’équipe. Voyager, découvrir d’autres pays en étant en groupe, ça nous soude les unes aux autres et ça nous rend meilleures.”

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Toute l’équipe du Nyon Basket Féminin est prête pour les grandes échéances. Crédit : Matthias Bourban

Après de longs mois de compétitions, la dernière ligne droite de la saison pointe le bout de son nez. Pour les Nyonnaises, les échéances sont nombreuses. Entre une finale d’European Women’s Basketball League le 12 mars, une finale de Patrick Baumann Swiss Cup le 5 avril et les playoffs qui arrivent, l’équipe de la Côte aura du pain sur la planche. De plus, Indira et Naomi espèrent toutes les deux décrocher une place dans la liste des joueuses convoquées pour l’EuroBasket cet été. Elles entament donc cette dernière partie de la saison avec beaucoup d’envie et d’ambitions ! Bonne chance à elles, au Nyon Basket Féminin et à l’équipe nationale féminine pour cette suite de saison qui s’annonce palpitante.

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