Alperen Şengün et Jalen Green
Qui doit être le leader du projet des Rockets? Crédit: Getty Images

Alperen Şengün ou Jalen Green : quelle pierre angulaire pour les Rockets ?

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Après 3 saisons à Houston, Alperen  Şengün Jalen Green entrent dans la dernière saison de leur contrat rookie. Plusieurs questions se posent alors : que faire de ces deux joueurs ? Un seul des deux peut être la figure de proue du projet, mais qui ?

Alperen Şengün un « baby Jokic » pour guider le projet ?

Si le joueur turc a connu une progression linéaire, il a tout de même explosé les attentes placées en lui le soir de la Draft 2021. Choisi en 16ème position, beaucoup placent en lui l’espoir d’un nouveau Nikola Jokic. Bien que le chemin soit encore long, les similarités sont quand même notables.

Evidemment, vu du prisme américain, un pivot européen capable de gérer une attaque poste haut comme poste bas, et figurant parmi les meilleurs « big men » de la Ligue à la passe, ressemble fortement à un certain triple MVP serbe. Mais il faut aller plus loin dans la comparaison : les deux ont une capacité à marquer avec des hooks bien sentis, et se débrouillent à mi-distance, ce qui renforce la similarité entre le Turc et le Serbe. Lors du media day des Rockets, Steven Adams a par exemple été très élogieux à son sujet :

« Il a un très bon sens du jeu, peut scorer de pleins de façons possibles. Son body language est peu orthodoxe, en tant que défenseur on peut avoir l’impression qu’il est dans une mauvaise position, mais en réalité qui est bonne pour lui. » – Steven Adams à propos d’Alperen Sengun.

Toutefois, il reste encore du travail à fournir pour Şengün afin de ressembler à son homologue de Denver. Le MVP des finales 2023 possède d’autres atouts dans sa manche, notamment une capacité à rentrer des bombes de loin, que le pivot des Rockets n’a pas encore développée. Ce dernier n’est pas parvenu à dépasser les 30% derrière l’arc la saison passée. Le Serbe est lui beaucoup plus complet en attaque, ce qui explique pourquoi il évolue au niveau qui est le sien. Lors du media day, le Turc a confié aux journalistes avoir travaillé sur son tir à une jambe, « comme Jokic ».

Sengun vs Jokic
Alperen Sengun face à Nikola Jokic – Crédit : Getty Images

La saison dernière, Alperen Sengun a connu une grosse progression, qui lui a valu une place sur le podium du trophée de Most Improved Player, lui qui n’est pas passé loin d’une sélection au All-Star Game. Avec 21,1 points, 9,3 rebonds et 5 passes décisives de moyenne, il a affiché des statistiques en hausse par rapport à la saison passée, faisant de lui un candidat opportun pour le titre de figure de proue du projet.

Néanmoins, il lui reste encore d’autres points à développer pour devenir un réel leader. Pour en devenir un, il lui faudra devenir un meilleur défenseur de sa raquette. Si il compte de nombreux coéquipiers très intéressants en défense extérieure, il est normal d’attendre de lui, et même d’un pivot titulaire plus globalement, de tourner aux alentours d’un contre par match. Capable de capter des rebonds, il faudra attendre d’Alperen  Şengün en capacité d’atteindre la barre symbolique des 10 rebonds par matchs.

Jalen Green, capable de confirmer son mois de mars ?

Après deux premières saisons pleines de promesses, Jalen Green a connu une saison 2023-24 assez ambiguë, divisée en deux parties : une première partie difficile et une fin de saison « jordanesque », qui a notamment permis aux Rockets de remonter au sein de la conférence ouest, pour lutter jusqu’aux derniers matchs pour obtenir une place au Play-In Tournament.

Jusqu’à la fin du mois de février, une idée était claire : la saison de l’ancien de la Ignite Team était mauvaise. Si la moyenne de points indiquait une baisse de 4,5 points par matchs (17,8 points de moyenne sur les 58 premiers matchs de la saison contre 22,2 sur la saison 2022-2023), les pourcentages au tir – qui ne sont pas élevés de base – n’étaient vraiment pas élogieux (40,6% au tir, 30,8% de loin).

Au contraire, les 24 derniers matchs furent d’un autre calibre : 24,5 points de moyenne, à 45,4% au tir, dont 37,3% de loin, le tout en prenant 3 tirs à 3 points de plus par match. Au cours de cette période, les Rockets ont connu une série de 11 victoires d’affilé, avec deux pointes à plus de 40 points, et un match de patron, sûrement un de ses tout meilleurs en carrière, dans une victoire face à OKC (37 points à 14/24 au tir, 7/11 à 3 points, 10 rebonds et 7 passes décisives).

Ainsi, le bilan de sa saison demeure mitigé : les derniers matchs ont certes tendance à éclipser le reste de sa saison, car le niveau qu’il a affiché a laissé de nombreux observateurs ébahis. Son mois de mars à plus de 28 points de moyenne est vraiment de bonne facture. Une des raisons principales de son renouveau fut l’aide de Mike Hill, assistant d’Ime Udoka, qui a aidé le numéro 4 à simplifier son jeu en étudiant la façon d’attaquer des meilleurs arrières de la Ligue. Il lui envoyait des séquences de jeu de ses adversaires, que Green essayait de décrypter et d’analyser pour progresser dans sa compréhension.

« Il réfléchissait trop, il avait du mal à trouver les zones où il était à l’aise. Il lui a fallu trouver son confort sur le terrain. Il essaie de se mettre au diapason avec l’équipe plutôt que de se contenter de lui-même. » – Mike Hill à propos de Jalen Green

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Jalen Green a égalé son record en carrière (42 points) face à Washington durant le mois de mars 2024 – Crédit : Reuters

Toutefois, ce regain d’investissement et réussite en attaque coïncide, à quelques jours près, avec la blessure d’Alperen Şengün qui a été éloigné des terrains le dernier mois de la saison régulière. Si la série de Green a débutée deux semaines avant cette blessure, cette dernière a forcément eu un impact sur les performances qui ont suivi, et sur les moyennes affichées lors du mois de Mars. On spécule, mais avec le pivot turc aligné dans le cinq de départ, les statistiques du numéro 4 n’auraient peut-être pas autant explosé.

Qui est la star du projet ?

Si l’avenir des Rockets était jusqu’alors confié aux mains de l’arrière, l’explosion plus récente d' »Alpy » a rebattu les cartes. Ce dernier n’est pas passé loin d’une sélection au All-Star Game, la faute à un bilan collectif plus faible, et à des adversaires de haut niveau (des joueurs tels que Domantas Sabonis, Rudy Gobert ou Lauri Markannen n’ont par exemple pas été appelés chez les forwards).

Mais qui dit star dit salaire qui va avec, et le Front Office des Rockets va devoir faire un choix. Rafael Stone ne pourra pas s’aligner sur deux contrats max, sachant qu’une grande partie du roster est en contrat rookie (Jabari Smith, Reed Sheppard, Amen Thompson, Car Whitmore…) ou devra être prolongé (Fred VanVleet, Steven Adams, Jae’Sean Tate). Seul le contrat de Dillon Brooks est garanti sur plusieurs saisons (hors contrats rookie).

La question a été posée en conférence de presse aux principaux intéressés. Alperen Şengün a par exemple expliqué que des négociations étaient en cours, mais qu’aucun accord n’avait encore été trouvé. Les deux partis se donnent le temps de réfléchir. Si des extensions ont déjà été signées pour des joueurs de la même classe de draft (Cade Cunningham au max par exemple), il semble que les négociations pourraient aboutir aux alentours de la Trade Deadline, voire même à l’ouverture de la Free Agency.

Les deux joueurs demeurent des « restricted free agents » à la fin de leur contrat, c’est à dire que lors de la Free Agency, si aucun accord n’est signé avec les Rockets, les 29 autres équipes pourront formuler une offre. Une offre sur laquelle les Rockets pourront s’aligner, et auront la primauté en cas d’offre similaire. Un exemple notable est la resignature de DeAndre Ayton à Phoenix, qui s’est aligné sur l’offre d’Indiana, qui avait posé un contrat « max » sur la table.

Les performances tout au long de la saison dicteront la rapidité des négociations et surtout l’ampleur du contrat proposé. Bien qu’un Cade Cunningham ait décroché le pactole, il n’est pas sûr que Jalen Green puisse prétendre au même contrat, si il réalise un début de saison à l’image de l’entame de sa précédente saison. Néanmoins, si ses performances suivent celles du mois dernier, il n’y a pas de raisons pour l’éloigner d’une extension « max ».

Si les membres du staff et du front office ne veulent pas encore désigner de leader du projet, ni établir de hiérarchie entre les deux, Alperen Şengün se destine plus vers un rôle de tête de proue du projet. Ces dernières années, beaucoup de projet avec des joueurs intérieurs omnipotents en attaque ont été ou sont menés, avec plus ou moins de réussite pour l’instant : Denver avec Nikola Jokic, Milwaukee avec Giannis Antetokounmpo, Philadelphie avec Joël Embiid, ou plus récemment San Antonio avec Victor Wembanyama. Si les profils varient, une constante apparait : un intérieur (très) dominant, avec un arrière ou un meneur de calibre All-Star (les Spurs sont encore aux prémices du projet).

Il est beaucoup plus rare d’observer un projet construit autour d’un axe avec un arrière classeur dominant et un lieutenant intérieur ces dernières années. L’ère du poste 3 hybride a mis en péril ce modèle de construction d’effectif. Les derniers projets marquants de la sorte remontent aux années 2000, avec le duo Tracy McGrady – Yao Ming à Houston par exemple. Le duo n’a jamais dépassé le premier tour.

Alperen Sengun et Jalen Green, le monstre à deux têtes des Rockets ? – Crédit : USA Today Sports

Quels objectifs pour cette saison ?

L’objectif de cette saison est donc de jouer en Playoffs, selon les dires des leaders de l’équipe. Les performances collectives seront évidemment conditionnées par le niveau affiché par les deux stars. S’ils progressent encore, le duo peut faire des ravages, et potentiellement glaner une nomination au match des étoiles. Toutefois l’objectif est clair, le pivot turc a par exemple déclaré :

« Nous allons faire les Playoffs cette année, c’st l’objectif : nous avons les joueurs et le staff pour le faire. Nous n’avons plus d’excuses » – Alperen Şengün lors du Media Day.

Individuellement, l’objectif est donc de concrétiser ce que l’on a aperçu la saison dernière pour Şengün. L’ancien du Besiktas devra s’imposer comme un des meilleurs intérieurs de l’Ouest, bien que la concurrence soit très élevée. Si en attaque, il lui faudra étendre son arsenal à mi-distance et à 3 points, c’est en défense qu’il doit  principalement progresser.

Jalen Green devra continuer sur la lancée de son mois de mars, en apportant des garanties, notamment au niveau des pourcentages au tir. Si sur la fin de la saison, ils étaient très intéressants, il doit aligner ce genre de moyennes sur l’ensemble de la saison: ainsi, il lui faut avoisiner les 45% au global, et plus de 35% de loin. S’il parvient à atteindre ces pourcentages, son implication au scoring devrait arriver au même niveau qu’il y a deux ans, ou même la surpasser, avec une efficacité décuplée.

Ainsi, si les clés du projet paraissent être destinées à atterrir dans les mains d’Alperen Şengün, il ne faut pas enterrer l’arrière choisi en seconde position il y a trois ans. Aucune extension n’a encore été signée, les deux joueurs ont encore le temps de faire leurs preuves, et surtout de concrétiser les promesses de l’exercice précédent, sans oublier des impératifs collectifs, à défaut des Playoffs, il faut au moins participer au Play-In Tournament.

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Arthur Jacq

Rédacteur de 17 ans, fan des Wolves, des Hawks et du meilleur meneur de la Conférence Est. Non, ce n’est pas Jalen Brunson.

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