Longtemps resté dans l’ombre des plus grandes stars de la NBA, Alex English demeure pourtant l’un des scoreurs les plus prolifiques et élégants de l’histoire du basket. Figure majeure des Denver Nuggets dans les années 1980, il a marqué la ligue par sa régularité et son style unique, tout en restant d’une discrétion rare. Pourquoi ce joueur d’exception, huit fois All-Star et meilleur marqueur de la décennie, est-il aujourd’hui si peu cité parmi les légendes ?

Un parcours exceptionnel mais discret

Alex English, c’est d’abord une histoire de persévérance tranquille. L’histoire d’un gamin grandissant dans un milieu précaire de Caroline du Sud,  un ballon de basket à la main : “ce n’étais pas facile, la ségrégation était encore présente. J’ai grandi dans un quartier avec des personnes noires ou c’était très pauvre, […] j’étais le jeune garçon qui ne prêtait pas attention à ça.” confi-t-il dans un entretien à Knuckleheads Podcast.

À l’université de South Carolina, il ne fait pas de bruit, mais il empile les points avec une élégance et une régularité impressionnantes. Le jeune Alex devient la star de son université empilant une moyenne de 17.8 points avec un joli 53.8%  de réussite au tir en quatre ans. 

Il s’impose comme le leader offensif de son équipe, déjà les prémices du type de joueur qu’il sera en NBA. Ses années à l’université de Caroline du Sud finies, il est automatiquement inscrit à la draft NBA de 1976. Il n’est pas annoncé comme une future star, à l’image de lui-même plutôt discret. Alex English est choisi à la 23e position par les Milwaukee Bucks mais c’est à Denver, quatre ans plus tard, qu’il va véritablement écrire sa légende. 

Alex English lors de la soirée des légendes avant le match contre les Sacramento Kings le 21 octobre 2017 à Denver. Crédit : Garrett Ellwood / NBAE

Un mariage réussi avec l’équipe des Nuggets qui s’explique par un bon environnement : “Donnie Walsh, qui était l’assistant coach de mon équipe à l’université, était le coach de Denver. A ce moment-là je jouais pour les Pacers et ils ont voulu me recruter car ils me connaissaient ainsi que le type de joueur que j’étais. Je me suis tout de suite senti à l’aise là-bas.” explique le joueur lors d’une interview accordée à SEC Unfiltered.

Chez les Nuggets, il s’impose comme le moteur de l’équipe, enchaînant les saisons à plus de 25 points de moyenne, mais toujours avec cette humilité qui le caractérise. Il guide par l’exemple, par son sérieux et sa capacité à répondre présent dans les moments clés.

Sous sa direction, les Nuggets deviennent une équipe redoutée, capable de rivaliser avec les meilleures franchises de l’Ouest, se qualifiant neuf années consécutives en playoffs (de 1982 à 1990). Le point culminant fut la finale de conférence en 1985 : “Kareem m’a cassé le pouce au game 4 ce qui a fini mes playoffs. On a fait un beau parcours cette année-là” , raconte-t’il avec nostalgie.  

Des statistiques et distinctions impressionnantes

Parlons un peu plus du joueur en lui-même. Alex English, c’est d’abord une machine à scorer. Pendant ses années chez les Denver Nuggets, il tourne à près de 26 points de moyenne par match, sur plus de 800 rencontres, un exploit de régularité et d’efficacité. Saison après saison, il franchit la barre des 2 000 points, huit fois d’affilée, seuls six autres joueurs le dépassent dans cette catégorie et un seul d’affilé, Karl Malone avec onze saisons à la suite. 

Dans les années 80, alors que la NBA vibre au rythme des exploits de Bird, Magic ou encore des débuts de Jordan, c’est bien lui qui finit la décennie avec le plus grand nombre de points marqués avec 22 451 réalisations.

English c’est un joueur qui, soir après soir, faisait pleuvoir les paniers comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. The Blade, comme il est surnommé, a mis au point, au fil des années, un jump shot mi-distance létal. 

Ses bras quasiment à la verticale avec un simple mouvement de poignet pour envoyer la balle dans les filets, presque impossible à contrer : “Il y avait un joueur nommé Clyde Mayes à l’université qui ne faisait que de me contrer, à cette époque je tirais au niveau de mon torse. Le coach m’a dit de changer mon tir.” Explique-t-il lors d’une interview à la fin d’un match des Nuggets en 2025. 

Le fameux tir en suspension signature de English. Source : X @nuggets

Côté distinctions, English a été sélectionné huit fois au All-Star Game, a vu son numéro 2 retiré par les Nuggets, et a été intronisé au Hall of Fame. Mais plus que les trophées, c’est la trace statistique qu’il laisse à Denver qui frappe : il détient encore aujourd’hui la plupart des records majeurs de la franchise, dont celui du plus grand nombre de points, de matchs joués. 

Une légende sous-estimée et oubliée

Mais alors, malgré ses distinctions,  pourquoi Alex English est-il très souvent oublié parmi les meilleurs joueurs ayant foulé les parquets de NBA ? Tout d’abord il n’a pas de trophée majeur dans sa carrière  (MVP, Larry O’Brien trophy), ce qui joue dans la perception qu’on se fait de lui. Mais au-delà de ça, d’autres joueurs ont quand même réussi à se forger une réputation très solide malgré l’absence de trophée majeur. 

Dans le cas d’Alex English c’est une simple question d’époque. Il n’a jamais vraiment eu droit à la reconnaissance qu’il mérite. Dans une NBA dominée par les projecteurs braqués sur les superstars charismatiques, il est resté dans l’ombre. Pas un joueur physique, dans un petit marché, qui n’impressionne pas par ses dunks spectaculaires et ses sorties médiatiques. 

Un manque de reconnaissance qui lui aura valu d’être snobé de la liste des 75 meilleurs joueurs de la NBA, établie par elle-même en 2021 : “J’ai été le meilleur scoreur d’une décennie entière. Cette décennie a vu certains des meilleurs joueurs de l’histoire. Nous avions Magic Johnson, Larry Bird, Michael Jordan, Kareem Abdul-Jabbar. J’ai joué contre certains des meilleurs joueurs tous les soirs et je ne suis toujours pas inclus dans la liste. Ça pique.” déclare-t-il pour Hoopshype.

Pourtant son héritage reste immense surtout pour Denver où il reste l’un de si ce n’est le joueur le plus marquant de l’histoire de la franchise avec Nikola Jokić. À Denver, il a incarné une identité : celle d’une équipe qui n’a jamais vraiment attiré les projecteurs, mais qui a toujours su compter sur la loyauté et la constance de ses leaders. 

Alex English en 1990 avant un match contre les Dallas Mavericks. Crédit : Scott Cunningham/NBAE via Getty Images

English, c’est le visage d’une franchise qui a bâti sa culture sur la discrétion et l’efficacité, et qui, aujourd’hui encore, lui rend hommage pour avoir porté fièrement ses couleurs pendant plus d’une décennie.

Au final, si Alex English n’a pas la notoriété de certains de ses contemporains, il reste une légende locale, un modèle de régularité et de classe, dont l’héritage mérite d’être célébré bien au-delà des frontières du Colorado.

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