La NBA devrait arrêter les 82 matchs. Non ?
Depuis au moins une décennie maintenant, la NBA est dans une lutte contre le repos et ce que les américains appellent le “Load Management”. La question a pris de l’ampleur ces dernières années. Parce que les joueurs vedettes se reposent de plus en plus souvent, en particulier pendant la saison régulière. Cette évolution a suscité des critiques de la part des supporters, des médias et même de certains propriétaires. Ces derniers estiment que le fait de ne pas participer à des matchs nuit à l’intégrité compétitive de la ligue, et à la vente de billets.
Plusieurs facteurs ont contribué à l’essor du load management dans la NBA. L’un d’entre eux est l’importance accrue accordée à la santé des joueurs et à la prévention des blessures. La saison de la NBA étant physiquement exigeante, les joueurs et les équipes sont plus prudents dans la gestion de leur charge de travail afin d’éviter les blessures et la fatigue et maximiser leurs chances en playoffs. La NBA a pris des mesures pour résoudre le problème du repos. Des règles visant à décourager les équipes de mettre au repos des joueurs en bonne santé, pour les préserver par la suite, ont été mises en place. Cependant, ce sujet reste controversé.
La NBA a introduit pour la première fois une politique de repos des joueurs au début de la saison 2017-18. Depuis 2017, les équipes n’ont pas le droit de mettre au repos des joueurs en bonne santé lors d’un match très médiatisé et télévisé à l’échelle nationale. Si une équipe enfreignait cette politique, elle s’exposait à une amende d’au moins 100 000 dollars. Ces règles seront désormais remplacées par une politique de participation des joueurs plus stricte qui entrera en vigueur au début de la saison 2023-24.
Les nouvelles règles
Selon la nouvelle politique, les équipes doivent respecter les règles suivantes lorsqu’elles décident de mettre au repos un joueur dit “star” :
- Pas plus d’un joueur vedette n’est indisponible pour le même match. Par exemple, Kyrie Irving et Luka Doncic ne peuvent pas être mis au repos en même temps sauf en cas de blessure. L’un ou l’autre doit jouer.
- Les équipes doivent veiller à ce que leurs joueurs vedettes soient disponibles pour les matchs de la télévision nationale et les tournois pendant la saison. Par exemple, les Phoenix Suns accueillent les Portland Trail Blazers le 21 novembre, puis les Golden State Warriors la nuit suivante sur ESPN. Devin Booker ne serait pas autorisé à ne pas jouer le match des Warriors pour se reposer car il passe à la télévision nationale.
- Les équipes doivent maintenir un équilibre entre le nombre d’absences d’un match d’un joueur vedette lors des matchs à domicile et des matchs à l’extérieur, avec une préférence pour ces absences lors des matchs à domicile. La saison dernière, Stephen Curry, Klay Thompson et Draymond Green ont tous joué lors d’une défaite à domicile contre les Indiana Pacers le 5 décembre. Ils ont été mis au repos lors d’une défaite à l’extérieur contre les Utah Jazz deux soirs plus tard. En vertu des nouvelles règles, Golden State aurait fait l’objet d’une enquête et aurait probablement été condamné à une amende dans ce cas.
- Les équipes doivent s’abstenir de tout arrêt à long terme – ou quasi arrêt – lorsqu’un joueur vedette cesse de participer aux matchs ou joue un rôle sensiblement réduit dans des circonstances affectant l’intégrité du jeu. On a eu de nombreux cas dans le passé. La saison dernière, on peut noter Bradley Beal qui a raté les 10 derniers matchs des Wizards avec une « douleur au genou » selon l’équipe. En vertu de la nouvelle règle, Washington aurait fait l’objet d’une enquête de la NBA pour violation potentielle de la politique de repos.
- Les équipes doivent veiller à ce que les joueurs en bonne santé qui se reposent pour un match soient présents et visibles pour les supporters. Si une équipe enfreint l’une des règles susmentionnées, elle est passible d’une amende de 100 000 dollars pour la première infraction, de 250 000 dollars pour la deuxième et de 1,25 million de dollars pour la troisième. Pour toute infraction au-delà de la troisième, l’équipe se verra infliger une amende d’un million de dollars de plus que l’amende précédente.
Joueur star : défini comme un joueur qui a été All-Star ou qui a fait partie d’une équipe All-NBA au cours de l’une des trois saisons précédentes
La conception de la nouvelle politique est un effort de bonne foi de la part de la ligue. Il s’agit de montrer aux partenaires actuels et futurs des droits de diffusion pourquoi ils devraient dépenser encore plus de milliards pour les matchs de la NBA. Mais dans les faits, les équipes vont toujours trouver un moyen de contourner les règles et faire beaucoup de repos. Dans le cas de la règle 2 mentionné, Booker devra juste être mis au repos contre les Blazers par exemple. Et certains propriétaires seront prêts à payer l’argent des amendes de toute manière.
La question des 82 matchs
En plus des politiques contre le load management, la ligue a également essayé d’optimiser son calendrier de 82 matchs. Si l’effort est noble, Mark Cuban a fait une déclaration sur Twitter récemment qui symbolise ce problème.
Just to add a little context to the discussion. The league has optimized the schedule to minimize the number of back to backs. That's the good news. The bad news is that it also reduced or eliminated the number of 3 days or longer breaks a team had. Which was great for… https://t.co/WcMBJoQJ1e
— Mark Cuban (@mcuban) September 15, 2023
« La ligue a optimisé le calendrier pour minimiser le nombre de matches en back-to-backs. C’est la bonne nouvelle. La mauvaise nouvelle, c’est qu’elle a également réduit ou éliminé le nombre de pauses de trois jours ou plus dont bénéficiait une équipe. Ce qui est excellent pour la récupération des joueurs qui jouent beaucoup de minutes. Il est impossible d’avoir les deux.”
La source vient du nombre de matchs dans la saison régulière. 82. C’est immense. Pas autant que le baseball et ses 162 matchs, mais comparez ça à la NFL et ses 17 matchs ou la plupart des ligues de football majeures qui sont dans les 34-38 matchs. Et même si vous rajoutez les divers tournois européens et nationaux, et matchs pour l’équipe nationale, une star de football ne va que rarement dépasser la barre des 70 matchs de football joués. Pourtant, eux se plaignent aussi du rythme effréné qu’ils subissent. En NBA, le fait est que peu importe les règles mises en place, peu importe les amendes distribuées, les stars seront toujours mises au repos très souvent. Ainsi, les problèmes que subit la ligue vont continuer.
Solution potentielle
Écoutez-moi bien, mais peut-être devriez-vous vous débarrasser du format de 82 matchs ? Il n’est pas nécessaire d’avoir autant de matchs pour la saison régulière. Surtout quand tant de matchs ont l’air d’être des bouche-trous. Allez à 58 matchs. Deux rencontres contre chaque équipe, dans la saison.
Moins de matchs en saison régulière signifie que chaque match est plus important. On peut se permettre moins de faux pas si l’on veut obtenir une place parmi les têtes de série. La rareté permet également d’obtenir plus de regards sur chaque match, avec plus d’anticipation. Pensez-y, le match le plus regardé de la NBA la saison dernière, le match 5 des Finales NBA, était le 28e événement sportif le plus regardé aux États-Unis. Derrière notamment la finale de la NCAA et le Kentucky Derby, une course de chevaux. La ligue souhaite une plus grande ferveur de l’audimat, ce qui n’est pas possible sans une dose de rareté.
Moins de matchs signifie plus de repos entre eux. Donc plus de back-to-backs ou même de back-to-back-to-backs. Les joueurs sont moins épuisés. Ils s’usent moins. L’équipe d’entraîneurs a plus de temps pour planifier les matchs contre leurs adversaires. Puisque le repos fait désormais parti du calendrier, les joueurs participeront également à la plupart des matches en termes de pourcentage. Ce qui signifie que vous aurez moins de chances de payer cher pour un match où les stars ne seront pas présentes. Évidemment que le load management sera toujours présent. Les équipes veulent s’assurer d’avoir des joueurs en pleine forme pour les playoffs et éviteront de prendre trop de risques. Mais avec moins de matchs, ils devront jouer plus pour instaurer un plus grand rythme.
En prime, avec moins de matches, la NBA pourrait autoriser des pauses internationales. Ce qui permettrait aux stars internationales d’aider leur pays à se qualifier pour des compétitions. A terme, cela favoriserait la croissance du sport dans ces pays et vous permettrait de commercialiser plus de noms étrangers.. Et à mesure que l’intérêt pour le basket-ball augmentera dans ces pays, vous aurez plus de marchés potentiels.
Contre-arguments et probabilité
Certains mentionneront la médecine moderne et le fait que les joueurs ont de meilleurs moyens pour se soigner que les stars du passé. Donc, pourquoi devraient-ils moins jouer ? De nombreux facteurs entrent en jeu. Aux États-Unis, le lycée n’est plus le premier niveau de basket organisé ; les jeunes commencent maintenant plus tôt. Il y a déjà plus de kilomètres à parcourir pour commencer. En Europe, les futurs professionnels commencent également à un âge beaucoup plus jeune qu’auparavant. Le jeu moderne est intrinsèquement plus exigeant parce qu’il y a plus de terrain à couvrir dans sa propre moitié. La révolution des trois points et des défenses de type « switch heavy » sont devenues la norme. Certes on a plus autant les contacts directs comme durant les années 80. Mais maintenant les joueurs sont plus actifs, doivent courir plus. Tout cela a un impact sur les corps d’athlètes à la taille importante.
Évidemment, cela n’arrivera jamais. Je retire 720 matchs qu’ils peuvent vendre des billets et retransmettre à la télévision. Une grosse source d’argent en moins pour la NBA, avec ce scénario. Mais l’argent peut être récupéré grâce à la patience, à la rareté qui augmente la valeur du produit et aux négociations sur la diffusion en fonction de l’audimat. Cela dit, demandez à n’importe quel entraîneur ce qu’il pense de la patience d’un propriétaire d’équipe NBA.
Certains se plaindront ensuite de ce que moins de matchs signifie pour les records NBA. Après tout, LeBron James est devenu le meilleur marqueur de tout les temps, en partie grâce au fait que les saisons durent 82 matchs. Si les saisons sont plus courtes, les records seront plus difficiles à atteindre. Mais, je pense que les records de saison régulière ne devraient pas être mis au même degré d’importance que la santé des athlètes. Au-delà de ne tout simplement pas vouloir voir des personnes souffrir, ce qui est naturel, nous voulons en tant que supporters pouvoir voir nos joueurs préférés être en forme le plus longtemps possible. Et pour ça, moins de matchs est la meilleure solution.
Conclusion
Si nous voulons lutter contre le repos et protéger les joueurs du plus grand nombre de blessures possible, tout en donnant l’impression que chaque match est plus important et en aidant le jeu à se développer dans sa globalité, c’est la meilleure solution. Du moins, selon mon humble opinion.
Peut-être êtes-vous en désaccord. Pensez-vous que 82 matchs est idéal ? Ou peut-être voulez-vous réduire leur nombre mais n’allant pas aussi loin que 58 ? 70 par exemple ? N’hésitez pas à partager vos avis sur la question.