Donovan Mitchell, Jamal Murray, Darius Garland, Devin Booker, Damian Lillard, Shai Gilgeous-Alexander, DeAron Fox, Bradley Beal, Trae Young, Anthony Edwards, Zach Lavine, James Harden, Tyrese Maxey, Tyrese Haliburton, Jordan Poole, Jaylen Brown, LaMelo Ball… Nous sommes dans une période où les lignes arrières sont très bien fournies. Pourtant, depuis Kobe Bryant en 2010, la ligue n’a connu qu’un seul guard MVP des Finales en 2022.
Ce n’est pourtant pas comme s’il n’y avait pas suffisamment de guard à occuper la position de Franchise Player de son équipe : Damian Lillard à Portland, Donovan Mitchell dans l’Utah entre 2018 et 2022, James Harden à Houston entre 2012 et 2020, Russell Westbrook à OKC entre 2016 et 2019… Ils sont d’ailleurs tous ou presque dans les courses au MVP, et entre 2015 et 2018, 4 trophés Maurice Podoloff leur reviendront. Pourtant, ces derniers ne sont que très rarement évoqués pour recevoir le qualificatif (subjectif, certes) de meilleur joueur du monde car le plus souvent c’est aux Giannis, Jokic, LeBron, KD, que revient cette titulature. De plus, nombre de guards ou de combo guards ont subi des échecs importants en playoffs, altérant par la même occasion leur crédibilité. D’où la question suivante : un guard peut-il mener son équipe au titre dans la NBA d’aujourd’hui ?
Que valent les guards ?
Stephen Curry a dû attendre 2022 pour obtenir un titre de MVP des Finales. Non pas qu’il ne le méritait pas auparavant, mais parce qu’il manquait de crédibilité. En 2015, Andre Iguodala le coiffe au poteau et devient le premier MVP des finales de l’Histoire à ne pas avoir débuté tous les matchs d’une série de finale. Son impact a été jugé plus important que celui de son coéquipier MVP, alors que ce dernier envoyait du 26 points, 6 passes, 5 rebonds en 44/39/88 de moyenne. On reprochait notamment au Chef la baisse de ses pourcentages aux tirs en comparaison avec la saison régulière 2014-2015 (où il shootait à 49/44/91). Plusieurs raisons explique cette baisse :
- en playoffs, les défenses sont plus resserrées et vous affrontez les meilleurs joueurs du monde
- Steph a pris plus de tirs en playoffs parce que son temps de jeu a augmenté par rapport à la régulière, les blow outs où il sortait dès la fin du troisième quart temps étant moins courant (32.7 min contre 42.5 minutes en finale)
- le défi physique
Ce dernier point est essentiel dans la mesure où, à l’inverse des ailiers et des intérieurs, les guards, en particulier ceux de moins d’1m95, n’ont pas toujours la polyvalence des autres postes. Les arrières et les meneurs sont particulièrement dépendant de leur adresse au tir. Or, comme pour chaque joueur, il arrive que cette adresse ne soit pas au rendez-vous mais à l’inverse d’un ailier comme LeBron qui peut s’appuyer sur ses autres forces, les guards n’ont pas toujours les moyens de répondre au défi physique de leur matchup. Si les ailiers sont des joueurs polyvalents tant en attaque qu’en défense, les guards ne peuvent pas défendre sur tous les postes et sont parfois la cible des attaquants adverses. Et quand l’adresse vous fuit, que l’on vous bloque l’accès au cercle et que vous pénalisez votre équipe par votre défense, vous devenez un poids mort pour vos coéquipiers.
En cela, gagner un titre avec un Guard en première option s’avère compliqué. Si Stephen Curry l’a réalisé en 2015 (quoiqu’on en dise) et en 2022, c’est bien Kevin Durant qui a remporté les titres de MVP des finales en 2017 et en 2018, en raison d’une capacité à scorer supérieure à celle de son Top 10 All Time de coéquipier, capacité qu’il devait davantage à son physique qu’à des qualités de scoreurs intrinsèques supérieures à celles de Steph. De même, Tony Parker avait pour coéquipier Tim Duncan, le meilleur ailier fort de l’Histoire et, à cette époque, le meilleur joueur du monde. Enfin, dernier exemple, en 2018-2019, le Thunder réalise une meilleure saison régulière que la précédente lorsque Russell Westbrook laisse Paul George en tant que première option de l’équipe.
Bad night for James Harden. Here some of his negative highlights of Game 6 of Spurs vs. Rockets.
Eliminated.
— FEAR THE SPORTS. (@FearTheSports) May 12, 2017
Here’s how Jrue Holiday terrorized Damian Lillard.
That’s my franchise player. pic.twitter.com/iYUJ3FFyXz
— Pelicans Dive (@PelicansDive) August 5, 2019
De cette analyse, nous nous devons d’exclure les Dwyane Wade, les Kobe, les Michael Jordan. Ils possédaient tous 3 l’explosivité nécessaire pour défier n’importe qui près du cercle et possédaient un physique hors du commun. C’était également tous trois des défenseurs hors pairs. Magic Johnson et Luka Doncic sont également exclus de cette analyse en raison de leur taille et de leur polyvalence qui les distinguent des autres. De cette analyse également, nous pouvons réaffirmer que le basket, même s’il offre à tous la possibilité de jouer et de s’épanouir, demeure un sport de grands, en particulier lorsque vient le printemps et que la question de remporter un titre se pose.
Allen Iverson n’a pas pu le faire, James Harden, Russell Westbrook, Kyrie Irving (en tant que Franchise Player), Kemba Walker à Charlotte, Damian Lillard et tant d’autres non plus. Cela rend les cas de Stephen Curry et d’Isiah Thomas particulièrement remarquables. Avec Kevin Durant à ses côtés, Devin Booker peut espérer faire mieux que certains de ses illustres prédécesseurs.