Depuis le départ de Lou Williams à l’été 2022, les Hawks se sont retrouvés dépourvus de talent au poste de meneur dans la second unit. Dejounte et Trae se sont relayés pour assurer la mène au cours de cette saison 2022-2023. Aaron Holiday, signé pour la saison a essayé de rendre quelques services aussi. Malgré tout, la place à pourvoir dans l’effectif est réelle, contrairement au reste du roster qui est déjà fourni.
Mais qui est le joueur qui va pouvoir se rendre utile dans ce rôle de meneur pour la second unit ? Le néo-drafté Kobe Bufkin semble pouvoir remplir les critères nécessaires. L’ancien de Michigan est un profil très intéressant pour cette équipe d’Atlanta qui a besoin d’un bon défenseur sur le backcourt.
Le joueur est un mort de faim comme en témoigne son parcours, il revient de loin. Comme toute sa génération, durant son année Junior (3ème année de High School), la saison a été brisée dans son élan par un certain virus, qui a conduit à l’annulation des championnats. La saison suivante, il se fracture le poignet gauche, au pire des moments donc, car il n’a pas pu enchainer les minutes comme un autre lycéen. Les mots de son assistant coach du lycée Grand Rapids Christian, Mike Miller, illustrent cela : « Lorsque qu’il a cassé son poignet, c’était vraiment le pire moment pour que cela arrive. »
Toujours selon ce même coach, « Il a pu voir le jeu d’une perspective différente […] Conseiller ses coéquipiers, leur parler à-propos des aides défensives et prendre soin qu’ils exécutent les stratégies offensives. Je pense que cela l’a aidé de voir le jeu d’une perspective différente ».
Lors d’un entretien accordé à Michigan Daily, Eric Taylor, son coach de lycée, révèle lui avoir inspiré une philosophie de jeu : « Il faut tomber amoureux du travail à fournir, mais nous vivons dans un monde où l’on tombe amoureux du résultat, sauf que pour obtenir ce résultat il faut fournir un travail de tous les instants […] C’est ce que j’ai essayé d’apprendre à Kobe et je pense qu’il a saisit ça et a commencé à progresser dans son jeu ».
Bufkin le dit lui-même : « Comprendre ce qu’il se passe sur le terrain, et le voir dans les yeux du coach, t’ouvre les yeux sur ce qu’ils attendent. » Cette mentalité de « grind », lui a permis de retrouver son amour pour le jeu et d’avoir une nouvelle vision de celui-ci. Tout cela, combiné à un surplus de motivation lui a permis d’intégrer l’université de Michigan et ses Wolverines. Après une première saison où il était bouché par les anciens de l’équipe, et notamment par Davante Jones (meneur de Boulogne-Levallois), qui lui a permis d’apprendre, la saison Sophomore était la saison des responsabilités nouvelles avec les départs de cadres comme Moussa Diabaté ou DaVante Jones. Et il l’a bien montré : il est passé de 3 à 14 points par match, accompagné de 4,5 rebonds, 2,9 passes décisives, 1,3 interceptions et 0,7 contres. Nous allons donc voir ce qu’il en est de son jeu plus en détail.
Bufkin l’a montré en NCAA, son impact défensif n’est plus à prouver. Plus d’une interception par match, souvent sur des situations de 1 contre 1, mais aussi capable de lire des lignes de passes. Il a tout d’un joueur complet défensivement, capable de monter au contre, comme l’atteste sa moyenne de 0,70 contre par match à l’université, moyenne intéressante par rapport à son poste. Il peut défendre sur les postes 1 et 2, ainsi que sur des 3 sur certaines séquences, il n’a pas peur de se frotter à plus grand que lui et peut monter au contre sur n’importe qui, bien aidé par une envergure d’environ 2 mètres, lui qui mesure 1m93 (selon Envergure).
Si il veut garder son bon impact défensif, il devra tout de même prendre du poids. Pour mettre cela en relief, Chris Paul, qui lui rend facilement 10 centimètres, pèse le même poids que lui (il est listé à 79 kg). Cela ne l’a pas empêché d’être un rebondeur important pour son poste au cours de la saison, bien aidé par son envergure. Le point à travailler est son anticipation, lui qui anticipe souvent trop tôt les écrans et qui se fait donc piéger. Sa capacité à gêner le tir est à noter aussi, signe de son très bon niveau sur le plan défensif en général.
Mais en attaque ça donne quoi ? Sur le plan offensif, Kobe Bufkin est avant tout un slasheur : il est attiré par le cercle et est efficace sur ce plan. Il est bon en pénétration, surtout sur sa main gauche, qui est sa main dominante. Il maitrise l’utilisation du backboard et peut finir au contact, malgré son frêle corps. En définitive, la finition au cercle c’est son truc (71,1% au tir au cercle). Sous les ordres de Juwan Howard, ancien joueur NBA (et aussi père de Jett Howard, drafté par le Magic en 11 et coéquipier de Kobe cette saison à Michigan), il a développé son tir que ce soit à mi-distance ou même à 3 points. Il tourne à un peu plus de 35% derrière l’arc, ce qui est loin d’être mauvais, mais qui peut être amélioré. Il a un réel potentiel au tir, son très bon pourcentage aux lancers-francs en témoigne (85%). À terme, il peut devenir un joueur redoutable aux trois niveaux.
Ses capacités athlétiques n’aidant pas, il doit travailler son premier pas, qui lui permettrait de faire de plus amples différences en situation de 1 contre 1, lui qui s’est souvent trouvé en difficulté dans ce compartiment du jeu. Bufkin doit progresser en création pour lui-même, ainsi qu’en création pour les autres. Cette saison, dans un rôle de second créateur certes, il a pu montrer quelques belle passes, notamment sur du pick & roll, qu’il va pouvoir améliorer avec un spécialiste en la matière (Trae Young) mais aussi avec de intérieurs qui roulent très bien, que ce soit Collins, Capela (si ils restent) ou encore Onyeka Okongwu, en qui il trouvera des partenaires privilégiés de alley-oop. Son rapport passes décisives-pertes de balles est assez moyen, mais pas affreux. On a évidemment confiance en Trae Young et Dejounte Murray pour faire progresser le rookie à la création. Certaines lignes de passes sont souvent anticipées par les défenseurs, c’est pourquoi il doit sensiblement se diversifier à la passe si il veut avoir un vrai rôle, et ne pas être un slasheur unilatéral, incapable de faire jouer les autres.
Kobe Bufkin va donc s’intégrer dans le Young Core d’Atlanta, aux cotés des AJ Griffin, Jalen Johnson et Onyeka Okongwu et apporter un rôle de dynamiseur de sortie de banc. C’est le premier choix de l’ère Landry Fields, qui a ciblé deux des domaines où nos lacunes sont les plus franche : la mène en sortie de banc et la défense sur les postes 1 et 2. Bon choix sur le papier, plus qu’à observer ça sur les terrains.