Saint-Quentin s’impose dans le derby du Nord contre Gravelines-Dunkerque (86-74). Une victoire ultra-importante dans la course au maintien, qui vaut très cher pour le SQBB. Retour sur un derby tendu aux enjeux cruciaux. Le début de match tourne à l’avantage de Gravelines. Les systèmes sont bien en place, les shoots ouverts s’enchaînent, et les Gravelinois virent logiquement en tête à la fin du premier quart (22-23).
Mais Saint-Quentin hausse le ton défensivement, profite des nombreuses pertes de balle adverses (14 à la pause) et reprend les commandes juste avant la mi-temps (43-40). Gravelines résiste, mais finit par céder dans le dernier quart (28-19). Saint-Quentin s’impose finalement 86-74 et décroche sa première victoire en championnat.
Saint-Quentin lance (enfin) sa saison
Il faut dire que l’on a d’abord été très inquiet pour le club de l’Aisne. Six défaites en huit matchs de présaison, un effectif remanié dans sa quasi-intégralité et le départ de son mythique entraîneur Julien Mahé : cette saison 2025-2026 a tout d’un piège pour les Phoenix. Sa rentrée des classes en championnat n’a pour le moins pas rassuré : un large revers contre le promu Boulazac (94-76). Entre un manque d’agressivité défensive et une grande maladresse offensive, la première sortie officielle de l’équipe était à oublier. Du mieux lors des deux matchs suivants face à l’ASVEL et Chalon. Deux matchs difficiles que le SQBB a bien abordés sans pour autant connaître la victoire. Une défaite cruelle de cinq points face à des joueurs villeurbannais en grande forme (76-81). Un revers de deux petits points face à Chalon à l’extérieur (84-82). Au-delà du résultat, c’est dans le contenu que Saint-Quentin avait rassuré. Une grande implication défensive, du mieux offensivement, on a rapidement vu que cette équipe de Saint-Quentin n’allait pas être ridicule en championnat. Nous avions eu l’occasion d’en discuter avec Giovan Oniangue à l’issue du match contre Chalon :
On doit continuer à progresser. Si on joue comme ça à chaque fois, à un moment ça finira par tourner de notre côté”, confie-t-il au micro du Roster.

Eh bien cette fois-ci, ça a tourné de leur côté. Et pourtant, on n’a pas la sensation que les Phoenix ont fait mieux. En regardant cette équipe, difficile de nier ses qualités. Ces trois défaites de rang pour entamer l’exercice 2025-2026 sont peut-être aussi la conséquence d’un calendrier chargé. Pour autant, les prochains matchs ne s’annoncent pas faciles : déplacement à Beaublanc (Limoges), réception de Nanterre puis Monaco à Gaston-Médecin, trois rencontres difficiles mais déjà décisives pour les hommes de Philippe Da Silva. Qu’est-ce qu’on peut espérer à Saint-Quentin cette saison ? Difficile à dire… Les prochaines rencontres nous donneront sûrement des éléments de réponse. Saint-Quentin pourra s’appuyer sur son chaudron et sur son meneur Nick Johnson, absolument génial depuis le début de la saison.
Nick Johnson : le facteur X

Il y a des joueurs comme ça, qui te captivent dès les premières minutes, par leur justesse, leur QI basket et cette impression de toujours faire le bon choix. Nick Johnson en fait partie. Il est américain et mesure 1,91 m. Le meneur est passé par la NBA, drafté en 42e position par les Rockets. Après un an et 28 matchs dans la grande ligue, il est rétrogradé en NCAA, peinant à s’imposer à Houston. Deux saisons plus tard, il découvre l’Europe et l’Euroleague avec le Bayern Munich. Il retente sa chance outre-Atlantique avant de découvrir notre championnat avec Nanterre en 2019. Là-bas, il réalise une excellente saison avec un certain Philippe Da Silva aux manettes. Depuis, l’Américain a beaucoup bougé : Chine, Israël, Pologne… À 32 ans, Nick Johnson semble être arrivé à pleine maturité. Il dégage une élégance tranquille, une maîtrise du tempo qui donne le ton à toute son équipe encore en manque d’automatismes. Il distribue, drive, s’élève à mi-distance et, létal à trois points, sa palette offensive est ultra-complète. Match après match, difficile de ne pas tomber un peu amoureux de son basket. On a la sensation que lorsque Nick Johnson est bien, tout ira bien pour Saint-Quentin. Et bonne nouvelle pour les fans des Phoenix… Nick Johnson a l’air très souvent bien.
À Chalon, il a réalisé un véritable festival offensif : 23 points à 62 % au tir et 5/8 à trois points, le meneur a failli, à lui seul, faire gagner son équipe. Ce week-end contre Gravelines, rebelote : 23 points à 58 % au tir. On ne trouve pas beaucoup de défauts à Nick Johnson, si ce n’est peut-être son tempérament bouillant. À Chalon, après un match de très haut niveau, il se fait exclure sur une faute technique, coupable d’avoir un peu trop chambré un public qui le sifflait. Après un très gros shoot longue distance sur la tête de Yohan Choupas, il met la main aux oreilles pour répondre au Colisée, qui l’avait pris en grippe. Une exclusion préjudiciable pour son équipe, qui s’incline de deux points dans le money-time.
Porté par un Nick Johnson éblouissant et un groupe qui monte en puissance, Saint-Quentin semble enfin avoir lancé sa saison.
Gravelines déjà sous sursis

Il faut dire que ces dernières années, les hommes du Nord sont désormais habitués aux opérations maintien. En 2023-2024, Gravelines débute sa saison par un 0-8 et voit sa mythique salle Sportica brûler. Difficile de faire pire départ. Et pourtant, le club parvient à se maintenir dans l’élite grâce à une très grosse fin de saison (15e avec un bilan de 12-22). L’an dernier encore, Gravelines a longtemps lutté pour assurer son maintien. L’équipe termine finalement 11e, mais avec un bilan moyen (12-18).
Cet été, le BCM a pourtant réussi à prolonger plusieurs cadres. Le capitaine Vafessa Fofana est resté, tout comme le “franchise player” Chris Babb et le soldat Valentin Chery. Tous ont connu les batailles pour le maintien, de quoi rassurer — en apparence — les supporters. Le club a également recruté Mike Lewis II, arrière-scoreur américain ayant montré de belles choses offensivement en début de saison.
Mais malgré cela, on a le sentiment que cet effectif reste trop juste pour rivaliser dans la Pro A actuelle. Limoges, Strasbourg, Boulazac… tous les adversaires directs au maintien des dernières années se sont nettement renforcés. Une bataille avec Le Portel pour éviter la lanterne rouge semble inévitable. Alors oui, Gravelines a déjà connu des miracles. Mais il en faudra sans doute un nouveau pour se maintenir dans l’élite.
Suis-je trop catégorique ? Peut-être… mais au vu du basket proposé, il est difficile de voir la moindre lueur d’espoir dans le Nord





