Nikola Milutinov et Nikola Jokic après la petite finale des Jeux Olympiques de Paris.

EuroBasket 2025 : Preview du groupe A – Le paradis des géants

Bienvenue dans la première preview du Roster sur les groupes de l’EuroBasket. Logiquement, on démarre avec le groupe A, dont les matchs se dérouleront en Lettonie. Une poule relevée et attendue par le public, en grande partie grâce à la présence des Serbes de Nikola Jokić, vus comme les favoris pour la victoire finale.

Les équipes de ce groupe A

NationClassement FIBAMeilleur résultatRésultat en 2022
Serbie2eFinaliste (2009, 2017)2022 (9e)
Turquie27eFinaliste (2001)2022 (10e)
Lettonie9eVainqueur (1935)2017 (5e)
Estonie43e5e (1937, 1939)2022 (19e)
Tchéquie19e7e (2015)2017 (20e)
Portugal56e9e (2007)2011 (21e)

La Serbie : favorite du groupe voire plus ?

Après une campagne olympique où les Serbes ont frôlé l’exploit face à la superteam assemblée par les États-Unis, ces derniers semblent déterminés à faire enfin parler leur domination sur le vieux continent. Car oui, malgré les grands basketteurs que la Serbie a pu produire, le pays n’a jamais été sacré depuis la séparation des états composant la Yougoslavie. D’autant plus que les hommes de Svetislav Pešić auront particulièrement à cœur de se rattraper après l’élimination en huitième contre l’Italie en 2022 (86-94).

Nikola Jokić lors de l'EuroBasket 2022.
Nikola Jokić lors de l’EuroBasket 2022. Crédits : FIBA.

En figure de proue, on retrouve Nikola Jokić, évidemment. Absent lors de la Coupe du Monde 2023, où ses compatriotes ont atteint la finale, le triple MVP en NBA semble avoir repris goût à la sélection nationale suite au Jeux de l’été dernier. Une excellente nouvelle pour les aigles qui vont pouvoir compter sur leur meilleur élément pour tout orchestrer en attaque. Même s’il faut avouer que les génies offensifs, ce n’est clairement pas ce qu’il manque en Serbie.

Effectivement, la mégastar de Denver sera épaulée par de nombreux autres joueurs NBA, dont le meilleur marqueur de l’histoire de la sélection ; Bogdan Bogdanović. Un immense shooter qui vient de conclure un premier passage on ne peut plus concluant du côté des Clippers, avec 42.7% de réussite derrière l’arc. Un pourcentage encore meilleur sur un terrain aux dimensions FIBA, comme lors des JO, où il a pris feu au-dessus des 46% d’adresse.

Sur les lignes arrières, il sera accompagné par le maestro Vasilije Micić, qui prépare son grand retour en EuroLeague après un passage compliqué en NBA. Une parenthèse délicate qui n’a pas empêché l’ancien des Hornets de briller lors du tournoi olympique, lors duquel il a tourné à 13.3 points de moyenne. Capable de scorer comme de distribuer, le MVP 2021 de l’EuroLeague sera un parfait relais pour Nikola Jokić à la création.

Alors là, c’est bien beau, on parle d’attaque et de génies offensifs, mais les Serbes n’oublient pas de défendre pour autant. Mieux, ils comptent même dans leurs rangs l’un des meilleurs défenseurs du vieux continent ; l’excellent Aleksa Avramović. Meilleur défenseur des Jeux Olympiques de Paris l’été dernier, le néo-dubaïote va pouvoir prendre en charge et museler le meilleur attaquant extérieur adverse. Comme il l’avait d’ailleurs fait face à Dennis Schröder, limité à 4/11 au tir, dans le match pour le bronze aux Jeux.

À l’intérieur, le Joker est loin de se retrouver seul. Avec le géant Nikola Milutinov (2m13) pour lui suppléer, la Serbie est garantie de ne jamais se retrouver en déficit physique proche du cercle. Si son profil est celui d’une vraie force intérieure, implacable aux rebonds, le coach Svetislav Pešić dispose aussi d’une option plus offensive, en la personne de Filip Petrušev. Doté d’un excellent touché, l’intérieur tout récemment recruté par Dubaï est capable de punir les défenses adverses aussi bien de petits hooks dans la peinture qu’en s’écartant pour sanctionner de loin.

Les autres joueurs de la Grande Ligue présents dans la liste sont de jeunes pousses. Nikola Jović (22 ans), désormais bien installé au Miami Heat, où il évolue et progresse depuis trois saisons, va disputer son premier championnat d’Europe. Même son de cloche pour Tristan Vukčević (22 ans), qui vient de boucler sa saison sophomore aux Wizards, ou encore pour Nikola Topić (20 ans), qui attend de faire ses débuts au Thunder après une année en G-League.

La Serbie arrive donc à l’EuroBasket avec un mélange on ne peut plus alléchant d’expérience, de jeunesse, mais surtout avec du talent à tous les étages. Si, à première vue, c’est surtout le secteur intérieur des aigles qui impressionne, le backcourt est lui aussi très bien garni. Une polyvalence qui place les Serbes non seulement comme les favoris du groupe A, mais peut-être de tout le tournoi !

La Turquie : l’outsider parfait

Outsider depuis déjà plusieurs éditions, la Turquie sort d’une édition au dénouement traumatisant. Bien embarquée lors du huitième de finale face à la France, elle s’est finalement fait éliminer après deux lancers francs manqués suivis d’une perte de balle, qui a permis aux Bleus de forcer la prolongation. Absents de la dernière Coupe du Monde et du tournoi olympique de cet été, les disciples d’Ergin Ataman vont disputer une compétition internationale pour la première fois depuis 2022. Et ce, avec une liste alliant jeunes talents et légendes expérimentées.

Alperen Sengun à l'EuroBasket en 2022.
Alperen Sengun sera le leader de la Turquie cet été. Crédits : FIBA.

À l’image de la Serbie (toute proportion gardée), la Turquie sera emmenée par un pivot créateur, capable de prendre en main l’attaque de son équipe. Déjà leader de sa sélection il y a trois ans, le pivot des Rockets a bien progressé depuis, au point de décrocher une première sélection au All-Star Game cette année. À 22 ans, le poste 5 est déjà le meilleur élément de sa sélection. Il en sera sûrement le go-to-guy au scoring grâce à sa palette variée lui permettant d’être une grosse menace dans la raquette comme en dehors. Conscient de l’importance qu’il va avoir, l’intérieur n’a pas mâché ses ambitions au micro du média turc AA.

« Ça fait longtemps que la Turquie n’a pas connu de grand succès. J’espère qu’on va bâtir une grosse équipe pour pouvoir de nouveau connaître ça. [Pour cet été], notre but est de remporter une médaille. »

Deuxième joueur NBA du Roster, Adem Bona vient de boucler une saison rookie encourageante du côté de Philadelphie. Lui aussi poste 5, il aura pour rôle de suppléer la star turque en sortie de banc, en apportant un côté plus teigneux et défensif. Le relais offensif de Sengün à l’intérieur sera assuré par Omer Yurtseven, auteur d’une jolie saison du côté du Panathinaïkos. Loin d’être doté de la qualité de création d’Alpy, il apporte tout de même une vraie plus-value en attaque, notamment à mi-distance ou sur pick-and-roll.

Des systèmes qui seront très souvent menés par l’excellent vétéran Shane Larkin, légende de l’EuroLeague. Déjà présent au dernier Euro, il avait permis aux Turcs de bien se lancer, en envoyant 18 puis 13 points accompagnés de 7 puis 9 passes décisives lors des deux premiers matchs du tournoi. Désormais âgé de 32 ans, le meneur est le deuxième joueur le plus âgé de l’effectif, et sera on ne peut plus déterminant dans les moments clés, pour éviter de revivre la débâcle subie en 2022.

Sur les ailes, la Turquie pourra également compter sur des éléments expérimentés avec Cedi Osman et Furkan Korkmaz. Le premier sort d’un exercice abouti avec le Pana, dont il a été l’un des principaux artisans du parcours des Verts en EuroLeague, où ils ont atteint le Final Four. En revanche, son collègue a connu une saison plus mouvementée. Après un passage on ne peut plus décevant, l’ancien 76ers s’est ressaisi en retrouvant le championnat turc avec Bahçesehir. Un regain de forme qui lui a valu cette sélection et qui permet à la Turquie de pouvoir compter sur deux très bons attaquants au poste 3.

Le reste des joueurs de l’effectif évoluent dans le championnat turc, et se connaissent donc bien. À l’image d’Ercan Osmani et Erkan Yilmaz, tout deux à l’Anadolu Efes depuis désormais deux saisons en compagnie de Larkin. Idem pour les coéquipiers de Furkan Korkmaz à Bahçesehir, où il évolue avec Sehmus Hazer et Kenan Sipahi.

Malgré un effectif plein de qualités, la machine peine à réellement démarrer en préparation, où les protégés d’Ergin Ataman se sont inclinés largement face à la Lituanie (70-91), puis de justesse face à l’Allemagne (71-73). Le tout avant de décrocher un succès rassurant face à leurs futurs adversaires de la République Tchèque (79-65).

De quoi tout de même faire de la Turquie l’un des favoris de ce groupe A, notamment grâce à ses fortes individualités. Car oui, elle fait partie des quatre nations de cet EuroBasket à compter dans ses rangs un All-Star NBA en activité. Un atout qui n’arrive pas seul, puisqu’en étant bien entouré de plusieurs vétérans d’EuroLeague, le point center des Rockets a tout pour mener son pays au sommet.

La Lettonie : l’hôte redouté du groupe A

La Lettonie arrive dans cet EuroBasket 2025 avec un mélange de confiance et de sérénité. Hôte du groupe A à Riga, les Lettons ne débarquent pas en terrain inconnu. Portée par une génération qui a déjà secoué les certitudes du basket mondial, elle n’a plus grand chose d’un outsider. 5ème du dernier Mondial après avoir éliminé la France, l’Espagne ou encore le Brésil, elle s’était inclinée d’un souffle contre l’Allemagne en quart (79-81), future championne du monde. 

La Lettonie au Mondial 2023.
La Lettonie avait fait sensation lors du Mondial 2023. Crédits : FIBA.

Cette performance majuscule a permis de nourrir de grandes ambitions. Mais cette trajectoire a connu un coup d’arrêt l’été dernier lors de la finale du tournoi qualificatif olympique avec la défaite contre le Brésil (69-94). Ce revers brutal à domicile a laissé des traces, l’occasion pour la Lettonie de rebondir une nouvelle fois chez eux.

Avec Luca Banchi, élu meilleur entraîneur du Mondial 2023, toujours à la baguette pour son dernier tournoi avec la Lettonie, avant de céder sa place à l’Espagnol Sito Alonso, la sélection s’appuie sur un noyau stable. Elle récupère surtout son leader absolu, Kristaps Porzingis. Le nouveau joueur des Hawks n’a plus disputé de compétitions internationales avec son pays depuis 2017, lui qui a dû déclarer forfait aux derniers Jeux Olympiques à cause d’une opération au pied. Son retour change la dimension de cette équipe.

 À 30 ans, l’intérieur de 2m18 sort d’une saison marquée par des blessures avec seulement une cinquantaine de matchs joués. Il sait ce que représente cette campagne. « Je me suis totalement reposé en juin, j’ai réduit l’intensité et tout a disparu. Je n’ai plus ressenti les symptômes des playoffs et je me sens bien, prêt à rejoindre la sélection, et j’en suis très heureux » déclarait-il en juillet dernier. Son apport offensif, défensif et son leadership font de lui l’arme principale du dispositif letton.

Autour de lui, le groupe reste soudé et expérimenté. L’ancien joueur de NBA Davis Bertans qui joue aujourd’hui à Dubaï conserve son rôle de sniper référencé. Il va permettre d’espacer le jeu, punir ses adversaires à 3 points tout en appportant son expérience. À côté de lui, le précieux ailier de l’Anadolu Efes, Rolands Smits apporte une vraie intensité des 2 côtés du terrain. Il est l’un des cadres du collectif letton. 

Mais s’il y a bien un joueur que le public attend, c’est Arthur Zagars. Le meneur de 25 ans, révélation du dernier Mondial, a crevé l’écran dans le match pour la 5ème place contre la Lituanie avec 17 passes décisives sans la moindre perte de balle. Il avait terminé le tournoi avec 12,4 points et 7,4 passes de moyenne, tout en imposant une sérénité impressionnante dans les moments chauds. 

Blessé pendant de nombreux mois par la suite, le jeune letton a fait ses débuts, plutôt timideùent, en EuroLeague cette saison avec les champions d’Europe du Fenerbahce. Il pourrait profiter de l’Euro à domicile pour confirmer son statut de futur très grand meneur européen. S’il retrouve son niveau de 2023, il deviendra le parfait chef d’orchestre aux côtés de Porzingis.

Pour compléter les titulaires, Rodions Kurucs, lui, sort d’une saison moyenne avec Baskonia (10 points de moyenne). Il avait néanmoins brillé lors de la victoire contre l’Espagne en février dernier avec 28 points, 7 rebonds et 4 interceptions. Un joueur extrêmement actif, capable d’être le facteur X en défense et en attaque.

À ce 5 s’ajoutent Andrejs Grazulis, Dairis Bertans, Klavs Cavars et Kristers Zoriks, tous les quatre déjà là au Mondial 2023. 

Lors des qualifications pour l’Euro, la Lettonie a envoyé un message fort. Déjà qualifiée en tant que pays hôte, elle a tout de même aligné 6 succès en 6 matchs, dont 2 victoires face à l’Espagne, championne d’Europe en titre. Ces performances obtenues sans forcer et en gérant les absences confirment la profondeur de leur effectif et la solidité de leur système.

Avec un 5 clair (Zagars, Kurucs, Smits, Bertans et Porzingis) et des automatismes conservés, la Lettonie n’a rien d’un invité de dernière minute. Le public de Riga portera une sélection qui a prouvé qu’elle peut battre les meilleurs même si la densité du plateau rend toute ambition difficile à imaginer. Chez elle, sans pression de favori, la Lettonie pourrait bien rêver d’un podium européen mais pour cela il faudra se battre pour sortir de ce groupe très relevé.

République Tchèque : une carte à jouer dans ce groupe ?

La République tchèque arrive à l’EuroBasket 2025 sans certitude, mais avec une vraie carte à jouer dans ce groupe A. Pour leur premier tournoi international depuis 2022, les Tchèques sont loin des favoris mais tout de même capables d’attraper une 4ème place synonyme de qualification en 8ème de finale. Ce ne sera pas simple ni une surprise non plus.

Tomas Satoransky après un match de qualification pour l'EuroBasket.
Tomáš Satoranský va devoir manquer l’EuroBasket 2025. Crédits : FIBA.

Après une phase de préparation poussive, marquée par 4 défaites consécutives, dont une contre l’équipe d’Espagne B 80 à 75, la dynamique reste fragile. L’échec en qualifications olympiques, déjà en 2023, contre Israël dès le premier tour, n’a pas rassuré non plus. Pourtant, l’équipe de Diego Ocampo garde des raisons d’y croire. L’entraîneur Espagnol arrivé à la tête de la sélection en 2023 s’appuie sur des joueurs expérimentés, rodés aux compétitions internationales, et sur un vrai talent offensif qui commence à s’imposer en NBA. 

Vit Krejčí porte le costume de leader. À 25 ans, le seul Tchèque de NBA  sort de sa meilleure saison en carrière avec Atlanta Hawks. Régulièrement utilisé dans la rotation, il a tourné à 7,2 points de moyenne en 20 minutes, avec une excellente adresse derrière l’arc (44%). Il peut créer, finir, comme prendre des responsabilités en tête de raquette. Il représente clairement la meilleure arme offensive et la clé des ambitions tchèques dans ce tournoi.

Autour de ce duo, quelques têtes connues du basket européen complètent le groupe. Vojtěch Hruban, 35 ans, continue de répondre présent. L’ancien joueur passé par Cholêt en 2023–2024, dispute probablement l’un de ses derniers tournois. Il reste précieux pour son expérience. L’ailier connaît parfaitement les exigences du haut niveau, lui qui fut élu dans le 5 de la saison 2019–2020 en Ligue des champions avec Nymburk.

Quelques noms rappelleront des souvenirs aux fans de Jeep Elite ou Betclic Élite en plus de Hruban dans cette équipe. Jaromír Bohačík a porté les couleurs de Strasbourg entre 2020 et 2022, Martin Peterka est passé par la SIG lors de la saison 2022‑2023 et Tomáš Kyzlink a lui aussi goûté à la France, d’abord à Bourg-en-Bresse en 2016‑2017, puis à Limoges en 2022‑2023. 

Les absences de Jan Veselý et Tomáš Satoranský pèsent lourd pour les Tchèques. L’intérieur du FC Barcelone, ancien joueur des Wizards et des Nuggets entre 2013 et 2014, ne sera pas de la partie. Il apporte habituellement une vraie présence offensive dans la raquette et un leadership indéniable. Alors que son compère Catalan est d’habitude le métronome de la sélection. À ces forfaits s’ajoute aussi celui de Ondrej Balvin, autre intérieur de la République Tchèque. Ces forfaits réduisent la densité intérieure du groupe, qui manque d’impact physique face aux grandes nations. 

Le plan sera de défendre dur, jouer juste, faire confiance à Krejčí pour créer du danger et espérer que les shooteurs répondent présents. Les Tchèques n’ont pas la profondeur des Serbes, ni les individualités des Lettons, mais ils peuvent tenir leur rang face à l’Estonie et au Portugal. La place en huitièmes se jouera très probablement dans ce mini-championnat à trois où le moindre panier pourrait faire la différence.

Cette équipe ne fait pas rêver sur le papier, mais elle reste solide, disciplinée et bien coachée avec un Krejčí qui progresse saisons après saisons et qui pourra être l’un des visages marquants de cette édition.

L’Estonie : petit mais costaud

Au basket, on dit souvent des pays de l’Europe de l’Est qu’il faut faire attention à eux. Un adage valable pour la Lituanie, la Serbie, ou encore la Lettonie, mais on entend, à juste titre, moins souvent parler de l’Estonie. Troisième pays le moins peuplé à participer à cet Euro (devant le Monténégro et l’Islande), cette nation est loin d’être habituée à occuper le devant de la scène.

« La Lituanie et la Lettonie ont montré que de belles choses peuvent arriver dans les petits pays, expliquait le meneur estonien Kristian Kullamae au micro de la FIBA. On doit juste travailler et se faire confiance pour rencontrer ce type de succès.« 

Kristian Kullamae fête la qualification de l'Estonie pour l'EuroBasket 2025.
Kristian Kullamae veut faire de l’Estonie une grande nation européenne. Crédits : FIBA.

Pour cause, aucune vraie star n’a jamais émergé en Estonie, c’est d’ailleurs la seule équipe du groupe à ne disposer d’aucun joueur actif en NBA ou en EuroLeague dans son roster. Et pourtant, elle pourrait bien faire office d’équipe « poil à gratter » dans cette poule A. Qualifiée pour trois des quatre dernières éditions de l’EuroBasket, les hommes d’Heiko Rannula connaissent les rouages de la compétition.

D’ailleurs, ils n’ont pas tremblé lors des éliminatoires. Alors qu’ils étaient sous pression en tombant dans le groupe de la Pologne, déjà automatiquement qualifiée en tant qu’hôte, l’essentiel a vite été assuré. Quatre victoires en six matchs, dont une face à la Lituanie (65-59), et deux contre la Macédoine du Nord (74-69 et 84-65), principale concurrente pour la deuxième place du groupe.

Un bilan plus que positif, à mettre en grande partie au crédit du pivot de la sélection : Maik Kotsar. Du haut de ses 28 ans, le natif de Tallinn, capitale estonienne, est en plein dans son prime. En parallèle d’une saison plus que réussie au Japon, où il a tourné en quasi double-double (10.9 points et 8.1 rebonds) de moyenne, il a complètement porté son équipe nationale en qualification pour l’EuroBasket. Meilleur scoreur, rebondeur, intercepteur et contreur de son pays, tout en tournant à 57% de réussite au tir lors de cette campagne, il sera sans aucun doute le leader de l’Estonie cet été.

Autre élément majeur de la sélection estonienne, son meneur Kristian Kullamae. Auteur, lui aussi, d’une excellente phase éliminatoire, il a montré une grosse complémentarité avec Kostar, souvent à la réception des caviars du poste 1 de Bilbao. Avec 7.2 passes décisives de moyenne lors des éliminatoires, Kullamae sera encore une fois le chef d’orchestre de l’attaque estonienne, et aura d’autres bouches à nourrir que celle de la star nationale.

En effet, l’Estonie dispose d’autres options offensives, comme l’ailier Janari Joesaar, qui s’est montré on ne peut plus essentiel lors de la victoire face aux voisins lituaniens. Avec 18 points à 8/9 au tir dans une rencontre où les deux équipes ont galéré en attaque, il a été le grand artisan du succès des siens. Un joueur capable de prendre feu, et de sauver une rencontre à lui seul, profil très bon à avoir dans une compétition internationale.

On trouve aussi des atouts de qualité sur le banc. Toujours à l’intérieur, Henri Veesaar sera le parfait substitut au meilleur joueur de la sélection. Le pivot de 21 ans sort d’une jolie saison en NCAA avec les Wildcats de l’Arizona, avec plus de 9 points et 5 rebonds de moyenne. Absent lors de la campagne de qualification, il va découvrir l’EuroBasket cet été avec les A de sa sélection.

On ne va pas se mentir, l’Estonie est loin de faire figure de favori dans ce groupe A. Mais les autres équipes sont prévenues, il ne faudra pas les prendre à la légère. Après des éliminatoires rondement menés, les disciples d’Heiko Rannula réalisent une bonne préparation, avec deux victoires face à Israël (93-81) et la Géorgie (75-70), toutes deux à huis clos. De quoi se rassurer avant un EuroBasket que l’Estonie s’apprête à accueillir en 2029.

Le Portugal : de retour pour jouer un mauvais tour

Cela faisait quatorze ans que le Portugal attendait d’enfin pouvoir regoûter à une compétition internationale, ça sera le cas cet été. Une qualification obtenue malgré un groupe relevé en éliminatoires, grâce notamment à une victoire sur la Slovénie, place forte du basket européen ces dernières années. Celle-ci a permis aux hommes de Mario Gomes de prendre l’ascendant dans leur duel pour la troisième place du groupe avec l’Ukraine.

La qualification en elle-même est déjà un immense accomplissement pour les Lusitaniens, deuxième nation la moins bien classée du tournoi devant Chypre, automatiquement qualifiée en tant qu’hôte de la compétition. Un sentiment parfaitement résumé par l’un des vétérans de la sélection, Diogo Ventura, 31 ans, qui va lui aussi découvrir l’Euro : « C’est énorme. Il n’y a pas autre chose à dire. On est très fiers de nos deux équipes. Pour un si petit pays et vu notre classement mondial (58e), c’est excellent d’avoir nos deux équipes qualifiées pour l’Euro. » Car oui, l’équipe féminine a, elle aussi, participé à l’Euro plus tôt cet été.

Malgré ce statut de petit poucet, le Portugal ne va pas se rendre en Lettonie pour y faire de la figuration. En effet, la Seleção a été la deuxième meilleure nation des éliminatoires aux rebonds offensifs (16.2/match), symbole de la combativité dont a fait preuve cette équipe. D’autant plus qu’un élément de taille s’est ajouté au roster de Mario Gomes : le pivot des Boston Celtics Neemias Queta.

Neemias Queta avant un match avec le Portugal.
Neemias Queta, tête d’affiche du Portugal. Crédits : FIBA.

Premier Portugais de l’histoire à fouler les parquets de la NBA, le natif de Lisbonne ne déroge pas à la règle. Intérieur ultra besogneux, il a, à l’image de ses compatriotes, mis du temps avant de creuser son trou et prouver sa valeur aux yeux du public américain. Au sortir de sa meilleure saison en carrière, avec 5 points et 3.8 rebonds de moyenne en 62 matchs, le pivot va participer à sa toute première compétition internationale avec les A de son pays. Une échéance qui n’a pas l’air de le perturber, puisqu’il assure en préparation.

Dans son sillage, le Portugal impressionne. Après avoir battu le voisin espagnol (76-74) sur ses terres, avec un quasi double double (15 points, 9 rebonds) de leur pivot NBAer, les Portugais ont battu deux autres équipes qualifiées pour l’Euro : l’Islande (83-79) et la Suède. Des victoires un peu moins prestigieuses, mais au combien importantes pour faire le plein de confiance avant un tournoi qui s’annonce déjà historique pour le pays.

Lors de ces deux rencontres, c’est un autre homme fort de la sélection lusitanienne qui s’est illustré, l’arrière-ailier Travante Williams, qui a tout récemment signé au Mans pour la prochaine saison. Auteur de 21 puis 18 points, le natif d’Anchorage en Alaska continue d’être le fer-de-lance de l’attaque des siens. Meilleur scoreur de l’équipe lors des qualifications (13.8 points/match), il n’oublie pas pour autant d’être actif de l’autre côté du terrain, puisqu’il était également le meilleur intercepteur de la sélection (3 interceptions/match).

À la création, le Portugal dispose de plusieurs options. Diogo Ventura est le poste 1 de la sélection sur les dernières années, et a été le meilleur passeur portugais lors des éliminatoires. S’il est peu utilisé pour le scoring, c’est car il a un sacré client pour l’épauler sur les lignes arrières, en la personne de Diogo Brito. Passé par la NCAA et désormais en deuxième division espagnole depuis trois ans, il s’est affirmé comme l’un des leaders offensifs du Portugal. Comme en témoignent ses 9 points de moyenne en qualifications, troisième meilleure moyenne de l’équipe ibérique.

Pour revenir au point fort des Ibériques, le secteur intérieur ne s’arrête pas seulement à la présence de Neemias Queta. Effectivement, on y retrouve le visage de la sélection portugaise sur la dernière décennie et capitaine de la Seleção, Miguel Queiroz. Capable d’évoluer au poste 4, et de s’écarter du cercle pour punir à mi-distance comme à 3 points il sera un soutien parfait à son compatriote champion NBA.

Un rôle qui conviendra parfaitement à l’intérieur emblématique du FC Porto, habitué de partager la raquette lorsqu’il joue pour son pays. Comme lors de la fameuse victoire contre la Slovénie, lors de laquelle Queiroz est aligné en 4, au côté de Gonçalo Delgado, MVP de la rencontre avec 16 points et 9 rebonds. Ce dernier, évoluant aussi à Porto, sera la doublure de luxe de la star nationale Neemias Queta.

Avec un effectif quasiment identique à celui des éliminatoires et une identité claire, le Portugal va tenter de déjouer les pronostics dans ce groupe A. Certes, l’écart de niveau avec les autres nations peut sembler évident, mais la bonne préparation des Lusitaniens ne laisse présager que du bon. Quoi qu’il en soit, ce tournoi prendra rapidement une allure de fête pour ce pays qui attendait depuis si longtemps de retrouver une compétition internationale.

L’avis du rédacteur

À la vue de la qualité des sélections qui y figurent, le groupe A est peut-être le plus relevé de cet EuroBasket. En même temps, il faut dire qu’il contient la Serbie, grande favorite pour le titre final, qui selon moi devrait assez facilement terminer en tête du groupe. Cinq des six équipes ont pour meilleur joueur un big man, et ce sont les Serbes qui, avec Nikola Jokić, auront l’ascendant dans ce compartiment.

Sans surprise, les places 2 et 3 devraient être occupées par la Turquie et la Lettonie. Les deux autres effectifs les mieux fournis de ce groupe sont des habitués de l’EuroBasket et ne devraient avoir aucun mal à dominer les autres nations plus faibles.

Ensuite, un jeu à trois équipes très intéressant s’annonce. Pour ma part, je donne l’avantage au Portugal. Une équipe besogneuse, qui va se battre aux rebonds et sera capable de dominer l’Estonie et la République Tchèque dans ce compartiment pour décrocher une qualification historique en huitièmes de finale.

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