Suite aux deux victoires de la France contre l’Espagne, faisons un bilan du niveau affiché par les Tricolores.
La défense du point d’attaque
L’un des points forts de la France depuis le début de la préparation est sa capacité à créer du chaos à partir de sa défense extérieure. L’objectif est alors de mettre une très grosse pression défensive afin d’intercepter des ballons et ainsi obtenir des points faciles. Les Espagnoles ont été mis en difficultés à de nombreuses reprises pour remonter la balle à cause des pressions défensives tricolores. Cela a été notable en deuxième mi-temps du second match, où Matthew Strazel et Sylvain Francisco ont gênés leurs adversaires.
Le Monégasque s’est d’ailleurs mis en avant par sa capacité à venir faire des prises à deux dans le bon timing, permettant ainsi de mettre davantage en difficulté cette équipe d’Espagne. Cela illustre à la perfection le niveau défensif du jeune joueur, qui s’est imposé comme un patron de cette EDF. Son profil de 3&D sur le backcourt sera un atout important pour Frédéric Fauthoux puisqu’il est capable d’évoluer à la fois on-ball et off-ball.
Et même sur demi-terrain, la défense tricolore a été très bonne pour repousser les offensives de la Roja loin du cercle, et ainsi les forcer à prendre des tirs compliqués en fin de possession.
Cette très bonne défense du point d’attaque a notamment permis de provoquer beaucoup de pertes de balles (44 sur les deux matchs), et ainsi s’offrir des points en transition. C’est notamment l’un des points forts de Bilal Coulibaly depuis le début de la préparation. Sur la défense off-screen, les Bleus ont été en difficulté lors de la première mi-temps du second match, avant qu’ils ne corrigent cela au retour des vestiaires. Cela a notamment permis de provoquer plusieurs fautes espagnoles sur la pose d’écran.
Nous voulons être une équipe hargneuse, qui se bat et qui ne se fait pas toucher […] Nous voulons être les agresseurs à chaque match, nous avons les physiques dans l’équipe pour pouvoir le faire, nous n’allons pas manquer d’énergie. – Matthew Strazel via Basket Europe
Une attaque plus agressive vers le cercle
Comme évoqué précédemment, l’attaque des Bleus est (historiquement) peu agressive vers le panier, préférant à l’inverse jouer pas mal en périphérie afin de prendre des tirs ouverts après un bon mouvement de balle. Mais lors de ses deux rencontres contre l’Espagne, on a vu une équipe être plus incisive sur drive vers le panier. Cela a notamment permis d’obtenir davantage de paint touch, qui forcent la défense adverse à venir en aide.
Cela a notamment été permis par un meilleur spacing tricolore, avec une meilleure organisation de la géométrie du terrain. Plus concrètement, les Bleus se sont ouvert des lignes de drives pour aller au cercle, et ainsi provoquer des lancers. Sylvain Francisco (encore lui) et Théo Maledon se sont très bien illustrés sur ce point-là. Par leur capacité à faire la différence en un-contre-un ou sur PnR, les deux arrières d’Euroleague ont prouvé qu’ils étaient indispensables à cette équipe.
J’ai également beaucoup aimé l’utilisation de Bilal Coulibaly en tant que connecteur sur closeouts. S’il a parfois manqué un peu d’agressivité pour prendre les tirs, il a tout de même été très bon pour amplifier les premiers décalages en attaquant les intervalles espagnols. Zacharie Risacher a quant à lui pleinement profité de cette meilleure efficacité française sur drive lors du premier match. Par ses mouvements off-ball et ses cuts, son duo avec Maledon a très bien fonctionné, ce qui est très prometteur pour la suite !
Plus globalement, le mouvement de balle tricolore a encore été bon, avec une volonté de trouver des tirs ouverts, voir même un peu trop parfois. Si la réussite extérieure n’est pas encore là (24% de réussite à trois points depuis le début de la prépa), les tirs obtenus sont quant à eux encourageants et laissent entrevoir une marge de progression dans l’attaque des Bleus.
Un secteur intérieur finalement moins réjouissant
Si je m’étais « enflammé » sur la raquette des Bleus après les deux premiers matchs de prépa (toute proportion gardée), force de constater que je suis moins chaud après ces deux rencontres contre l’Espagne.
Parlons-en d’entrée : la non-sélection de Moussa Diabaté est dommageable à cette équipe, surtout suite au départ de Vincent Poirier. Ce dernier, en difficulté depuis le début de la préparation, a été contraint de déclarer forfait en raison de sa blessure au genou droit. C’est une absence de poids pour l’EDF, lui qui devait être le pivot titulaire des Bleus, où sa capacité à poser des bons écrans, à rouler efficacement au cercle, à apporter de la protection secondaire et à protéger les rebonds vont manquer.
Fauthoux est donc contraint de partir avec quatre intérieurs de métier. Sauf que l’on remarque immédiatement que la raquette tricolore manque de densité physique puisqu’aucun des quatre joueurs n’est un grand rebondeur reconnu. On a d’ailleurs vu la différence lors du deuxième match contre l’Espagne, où la France a capté beaucoup moins de rebonds offensifs que lors du premier match (6 contre 15).
Il manque plus globalement un intérieur qui puisse exceller en tant que roameur afin d’apporter de la protection de cercle en aide.
Certes Jaylen Hoard a montré quelques flashs intéressants, mais son placement défensif et ses rotations ne sont pas toujours dans le bon timing. Mam Jaiteh est quant à lui davantage utilisé sur du drop traditionnel puisqu’il n’est pas un intérieur très explosif et vertical (il a d’ailleurs été mis en difficulté sur pick-and-roll). Guershon Yabusele n’a quant à lui jamais été un vrai pivot, ayant toujours excellé à côté d’un autre intérieur puisqu’il manque de taille et de verticalité pour assurer ces missions.
Après un premier match séduisant contre le Monténégro, Alexandre Sarr montre quant à lui des limites, à la fois offensivement et défensivement. Il n’est pas un véritable protecteur de cercle, lui qui est pour le moment meilleur en switch. En attaque, il n’a pas apporté un spacing similaire à son début de préparation, montrant ses limites sur short-roll où il ne possède pas le passing suffisant pour accentuer les décalages initiaux. Il a d’ailleurs fini la première rencontre contre la Roja avec cinq pertes de balles en quinze minutes.
C’est d’ailleurs l’une des raisons qui expliquent la sélection de Timothé Luwawu-Cabarrot. Ce dernier a par exemple été aligné en 4 lors du second match, où sa taille et son envergure lui permettent de défendre sur certains intérieurs. Nul doute que Risacher devrait également glisser à l’intérieur sur certaines séquences.
On peut néanmoins avoir quelques interrogations au vu de la rotation tricolore. Certes l’EDF possède tout de même des joueurs talentueux, mais il semble manquer de densité physique dans la raquette. À voir si cela se confirme lors du dernier match de préparation contre la Grèce.
Les choix finaux sur le backcourt
Après le deuxième match contre l’Espagne, Fauthoux a donné sa sélection finale pour l’Eurobasket, privilégiant finalement la qualité de percussion de Francisco et retenant par ailleurs Elie Okobo à la place de Nadir Hifi.
Le Parisien peut bien évidemment être déçu, surtout qu’il avait montré de belles choses par sa capacité à scorer sur de courtes séquences. Son profil unidimensionnel lui a sûrement fait défaut, lui qui par ailleurs a été immédiatement ciblé en défense dès qu’il était sur le parquet.
C’est finalement Elie Okobo qui a été retenu dans ce rôle de scoreur en sortie de banc. Le Monégasque, meilleure balle en main dans la création individuelle ou collective, a tout de même été en difficulté, notamment lors du second match. Si sa nonchalance peut être agaçante, surtout lorsqu’il est dans un mauvais soir, sa vista sur pick-and-roll sera tout de même un atout pour les Bleus.
Matthew Strazel semble quant à lui avoir acquis un rôle de titulaire, se présentant comme un leader à la fois sur le parquet et même en dehors. Il sera intéressant de voir à qui il sera associé, puisqu’il a tout de même montré quelques limites à la création et au scoring (malgré un bon passage dans le 3e quart-temps du second match).
Je l’associerais personnellement à Théo Maledon, par la capacité de percussion de ce dernier, pouvant être à la fois une menace au scoring et au passing. Le néo-Madrilène a tout de même été mis en difficulté défensivement, ce qui pourrait expliquer ses 14 minutes de moyenne depuis le début de la préparation. Il ne serait pas surprenant de voir Okobo ou Isaïa Cordinier être titularisé sur le backcourt du fait de leur capacité à évoluer on-ball et off-ball.
On a aujourd’hui une idée un peu plus précise du niveau réel de cette équipe de France après ces deux matchs contre l’Espagne. Est-ce que les Tricolores font tout de même partie des favoris pour cet EuroBasket ? Réponse dès le jeudi 28 août avec le premier match contre la Belgique.