L’EuroBasket 2003 a vu le premier sacre depuis des décennies pour un pays passionné de basket avec la victoire de la Lituanie en finale contre l’Espagne. Un triomphe qui peut-être a pu inspirer d’autres nations européennes pour l’EuroBasket 2005…
EuroBasket 2005, le dernier vestige de la Yougoslavie

Pour la techniquement 3e fois (1989 ayant eu lieu uniquement en Croatie), la Serbie-et-Monténégro est l’hôte de l’EuroBasket. 16 équipes se sont affrontées entre le 16 et 25 septembre 2005 dans 5 arènes réparties dans 4 villes différentes : à Belgrade, dans la Belgrade Arena et la Salle Pionir avec 18 386 et 8 178 places respectivement, à Podgorica au Centre Sportif Morača, prévue pour accueillir 4 570 personnes, à Novi Sad au Centre Sportif Spens, ayant une capacité de 11 000 places, et à Vršac au Centre du Millénaire, pouvant contenir 5 000 personnes.
Comme lors deux éditions précédentes, les équipes ont été réparties en quatre groupes de quatre équipes chacune, où elles ont disputé un tournoi toutes rondes. Groupe A à Vršac, groupe B à Podgorica, C au Pionir Hall et D à Novi Sad. La première équipe de chaque groupe s’est qualifiée directement pour la phase à élimination directe de l’EuroBasket 2005.
Pour déterminer les quatre autres équipes qualifiées pour la phase à élimination directe, les équipes classées deuxième et troisième de chaque groupe ont été appariées (2A contre 3B, 3A contre 2B, 2C contre 3D, 3C contre 2D) et les vainqueurs de chaque match se sont qualifiés pour la phase à élimination directe, de l’EuroBasket 2005 qui s’est déroulée à la Belgrade Arena.
Lors des quarts de finale à élimination directe, les vainqueurs se sont qualifiés pour les demi-finales. Les vainqueurs des demi-finales se sont affrontés en finale pour le titre de champion, tandis que les équipes perdantes ont disputé un match de consolation pour la troisième place de l’EuroBasket 2005. Les équipes perdantes des quarts de finale ont disputé un tableau séparé afin de déterminer les places 5 à 8 du classement final.
Champion d’Europe en titre et 4e des Jeux Olympiques d’Athènes, la Lituanie est l’une des équipes attendues pour l’EuroBasket 2005. Mais, l’équipe a plusieurs absents majeurs, dont 2 qui se démarquent. Šarūnas Jasikevičius, MVP en 2003 et tout juste nommé MVP du Final Four de l’EuroLeague n’est pas là. Il vient tout juste de signer avec les Indiana Pacers et s’entraîne avec eux. Saulius Štombergas, nommé dans le 5 majeur du précédent EuroBasket, a pris sa retraite internationale après les JO. Les ambitions pour les Géants Baltes sont donc revues à la baisse.
L’Espagne, finaliste en 2003 et éliminée par la Team USA en quart en 2004, veut non seulement retourner sur le podium, mais enfin obtenir un trophée majeur. Malheureusement, cela semble difficile sans Pau Gasol, membre de l’équipe type de l’EuroBasket 2003. Jorge Garbajosa, le deuxième meilleur espagnol en 2003 et 2004 va devoir endosser plus de responsabilités.
L’Italie, 3e en 2003 et 2e en 2004, est un candidat très sérieux pour remporter l’EuroBasket 2005. Son noyau solide composé de Gianmarco Pozzecco, Giacomo Galanda et Gianluca Basile est toujours présent, et peut se montrer très ambitieux en Serbie-et-Monténégro.
La Grèce, 5e en 2003 et 2004, veut passer un cap et retourner dans le dernier carré. Avec des joueurs comme Antonis Fotsis, Dimos Dikoudis, Lazaros Papadopoulos et le capitaine Michalis Kakiouzis qui a déclaré qu’il visait la médaille d’or, l’équipe a du talent, mais est-ce suffisant pour aller au-delà des quarts de finale?
Enfin, devant son public, la pression est sur la Serbie-et-Monténégro. Ressortant d’une 6e place en 2003 et une décevante 11e place aux Jeux Olympiques, les champions du monde en titre ont opéré à des changements drastiques. Željko Obradović, le sélectionneur lors des succès à l’EuroBasket 1997 et à la Coupe du Monde 1998, est de retour.
Avec le retour d’Obradović, de nombreux vétérans ont décidé de tenter une dernière fois leur chance à l’EuroBasket. Dejan Tomašević, notamment, a été convaincu de rejoindre l’équipe après avoir décidé de se reposer tout l’été. Ce fut également la dernière participation de Dejan Bodiroga et Željko Rebrača. Et avec Marko Jarić comme meilleur joueur, la sélection a les armes pour accomplir son objectif.
L’équipe ne peut avoir qu’un seul objectif, et cet objectif est la médaille d’or », a déclaré l’entraîneur avant le tournoi. « Nous accueillons le tournoi, et c’est notre devoir. »
La Grèce de retour au sommet

18 ans après avoir remporté son premier EuroBasket devant son public, la Grèce a réussi l’exploit de remporter son deuxième tournoi européen en 2005, et cela de manière dramatique en Serbie-et-Monténégro. Placée dans le groupe C, la Grèce a commencé son EuroBasket 2005 avec une victoire plutôt confortable contre la France. Avec seulement 14 points inscrits en une mi-temps par les Bleus, les Grecs ont creusé un écart trop important pour que les Français ne puissent en revenir. Victoire 50-64 grâce à une bonne performance de Dimitris Diamantidis, 13 points à 3-4, 9 rebonds et 3 interceptions.
Mais le match suivant est une douche froide pour la Grèce. La Slovénie a maîtrisé son match, augmentant lentement mais sûrement son avance au cours de la rencontre, avec Sani Bečirovič (18 points à 6-9, 4-6 à 3 points et 2 interceptions) au-dessus de tout le monde. Une défaite 56-68 qui assure que les Grecs vont devoir passer par les barrages.
Afin de s’assurer un duel favorable, la Grèce devait battre la Bosnie-Herzégovine. La tâche ne fut pas simple, les Bosniens restant au coude à coude pendant 3 quart-temps. Mais ils ont fini par s’effondrer durant le dernier quart. Antonis Fotsis et Kostas Tsartsaris ont inscrit 27 points ensemble tandis que Dimitris Diamantidis a fait le sale boulot avec 10 rebonds et 2 interceptions. 2e du groupe, les Grecs vont affronter l’Israël en barrage de l’EuroBasket.
La Grèce a très bien défendu et a réussi à prendre une avance confortable en première mi-temps, 25-14 à la pause. En deuxième mi-temps, Israël a réussi à briser la défense grecque et à réduire l’écart. Les 23 points à 7-10, 6 passes décisives et 2 interceptions de Nikos Zisis ont permis de maintenir le rêve en vie dans l’EuroBasket, ont donné un élan au match et ont largement contribué à une victoire 66-61 difficile et pleine d’angoisse. Mais l’important est que l’équipe est en quart de finale, où la Russie l’attend de pied ferme.
La Russie a rapidement pris l’avantage 13-2 grâce à un excellent Andrei Kirilenko (20 points, 16 rebonds, 2 interceptions, 3 contres). Mais la Grèce a riposté et a réussi à réduire calmement l’écart à la mi-temps, avant de démarrer en trombe dans le troisième quart-temps avec une série de 7-18 en 10 minutes. Le sélectionneur Panagiotis Giannakis cherchait quelqu’un pour tuer l’ours russe et trouva le bourreau en la personne de Theo Papaloukas, alors moscovite.
Grâce au record personnel de Papaloukas (23 points sur 8-10), à ses 2 interceptions et à une attaque soutenue basée sur des contre-attaques au quatrième quart-temps, la Grèce se qualifie pour les demi-finales de l’EuroBasket après 8 ans d’absence grâce à une victoire 61-66.
En demi-finale, c’est une équipe familière qui les attend : la France. Mais les Tricolores affichent un nouveau visage depuis la phase de groupe et sont une équipe vraiment dangereuse. Dans un match serré, la France a réussi à conserver une petite avance sur la Grèce pendant la majeure partie de la rencontre. Tony Parker a marqué 20 points tandis que Florent Piétrus s’est chargé du sale boulot.
Dans le quatrième quart, suite à un dunk de Boris Diaw, la France coachée par Claude Bergeaud menait 62-55 à 47 secondes de la fin de la rencontre. Et là, l’impensable se déroule. 5e Faute de Mickaël Gelabale sur un tir à 3 points de Zisis. Il convertit ses 3 lancers. 58-62, 40 secondes à jouer. Faute sur Parker sur la remise en jeu. Le double champion NBA rate ses deux lancers, balle à la Grèce.
Papaloukas récupère la balle et va au panier. Il essaye d’obtenir une faute de Parker sur un tir, mais se rate complètement. Le ballon rebondit contre la planche dans ses mains, reprise de dribble. Temps mort pour la France, 30,8 secondes à jouer. Parker fait la remise en jeu et rate sa passe pour Flo. Touche pour la Grèce.
Papaloukas envoie le ballon à Lazaros Papadopoulos au poste, qui passe facilement le numéro 11 français et dunk. 60-62, 27 secondes à jouer. Faute sur Parker sur la remise en jeu. Cette fois-ci il met les deux lancers. 60-64. Papaloukas remonte le terrain et fait du post-up sur Parker. Spin, lay-up. 62-64, 18 secondes à jouer. Antoine Rigaudeau remonte le terrain et subit une faute à la ligne médiane. Il rate le premier, mais met le deuxième. 62-65, 14 secondes à jouer. Faute immédiate de Diaw sur la remise en jeu sur Papaloukas. Le numéro 4 grec marque les deux lancers. 64-65.
Faute sur Rigaudeau avec 11 secondes à jouer, c’est la 5e de Papaloukas. Encore une fois, il rate le premier, mais met le 2e. 64-66. Zisis remonte le ballon, cherchant lequel de ses coéquipiers est le mieux placé pour tenter le tir décisif. Le ballon arrive dans les mains de Dimitris Diamantidis, qui s’élève calmement à 6,25 m au-dessus de Parker pour réaliser le plus beau tir de sa carrière, voire de l’histoire de l’équipe nationale.
Je n’ai pensé à rien, pas même au score, ni à ce qui se passerait si je perdais”, a déclaré Diamantidis.
67-66, 3 secondes à jouer, plus de temps mort pour la France. Rigaudeau essaye de faire un tir miraculeux mais il ne peut même pas envoyer le ballon. C’est fini, la Grèce va en finale pour la 3e fois de son histoire. L’équipe de France est dévastée, elle avait le match en main et l’a laissé filer. 7 points d’avance fondus en 45 secondes.
Le pire souvenir, c’est la demi-finale de l’Euro 2005 perdue contre la Grèce. C’est peut-être le pire souvenir sur le plan basket.” a déclaré Rigaudeau en 2014 dans une interview accordée à Basket Rétro.

Mais côté Grec, même si la joie est immense, il ne faut pas perdre de vue que le travail n’est pas encore fini. Il reste la finale contre l’Allemagne de Dirk Nowitzki. L’Allemagne n’a tenu qu’à peine plus d’une mi-temps. Dirk a fait de son mieux, avec 23 points et 9 rebonds. Mais à partir du troisième quart-temps, Theo Papaloukas a fait le spectacle (22 points avec 4 tirs à trois points et 6 passes décisives) et le reste appartient à l’histoire : la Grèce a remporté la victoire 78-62 et est devenue championne d’Europe le 25 septembre 2005.
L’Allemand Dirk Nowitzki se console en étant nommé le MVP de l’EuroBasket 2005. Il est rejoint dans l’équipe type de la compétition par les Grecs Theodoros Papaloukas et Dimitris Diamantidis, l’Espagnol Juan Carlos Navarro et le Français Boris Diaw.
Un Dirk Nowitzki presque parfait
Après un EuroBasket 2003 raté, Dirk Bauermann est devenu le sélectionneur de l’Allemagne et avait pour tâche de ramener l’équipe parmi l’élite de l’Europe comme elle avait pu le faire au début du millénaire. Malgré une excellente performance, les basketteurs allemands ont débuté leur campagne à l’EuroBasket 2005 par une défaite très malheureuse.
Lors du match d’ouverture du groupe A du tour préliminaire vendredi, l’équipe de l’entraîneur Bauermann s’est inclinée 82-84 en prolongation face à l’Italie, médaillée d’argent aux Jeux olympiques, manquant ainsi une occasion historique de remporter la victoire. Même lors de leur 16e tentative, ils n’ont pas réussi à battre les Italiens. Mais l’entraîneur est resté quelque peu optimiste.
Ce fut une performance formidable, sur laquelle nous pouvons nous appuyer à 100 %. Nous devons maintenant revenir avec la rage au ventre, que nous voulons la passer sur les Ukrainiens”, a déclaré Bauermann.

Après un début de match difficile, au cours duquel le joueur des Mavericks n’a pas réussi à marquer avant la 16e minute, Nowitzki a livré une performance exceptionnelle. 27 points, 15 rebonds, 2 contres. Il a été efficacement soutenu par ses coéquipiers, ce qui a permis à l’Allemagne de mener 62-50 au troisième quart-temps. Mais cet avantage s’est progressivement réduit au cours d’un quatrième quart-temps dramatique.
Le panier adverse s’est soudainement refermé. L’Italie a pris l’avantage 69-68 grâce à Basile et Galanda qui ont poussé leur équipe vers l’avant, et semblait se diriger vers la victoire 74-71. Mais Pascal Roller a sauvé son équipe avec un tir à trois points à 24 secondes de la fin du temps réglementaire, envoyant le match en prolongation. Malheureusement, l’Italie a réussi à arracher la victoire dans la dernière période.
L’Allemagne s’est rattrapée lors du match suivant en écrasant l’Ukraine, l’emportant 58-84. Dirk a encore brillé avec 27 points à 9-18 et 5 rebonds. Reste alors un match contre la Russie pour s’assurer la meilleure place possible. Mais le début de rencontre ne se passe pas comme prévu.
Dans un match très défensif, où aucune équipe n’a marqué pendant 1:30 pour commencer, la Russie a pris une avance de 26-16 à la pause à un Andrei Kirilenko omniprésent. 12 points à 4-8, 7 rebonds, 8 interceptions et 2 contres pour le joueur du Jazz. Mais encore une fois, c’est Dirk qui redonne espoir en ses coéquipiers. 24 points, 19 rebonds, 3 interceptions, 2 contres. Il guide un retour en deuxième mi-temps qui mène à une fin de match tendue.
A 2:53 de la fin, la Russie mène 50-46. Plus aucun point ne sera inscrit jusqu’à 1:04 du buzzer final, lorsque Dirk Nowitzki subit une faute de Victor Khryapa. Il ne tremble pas et inscrit ses deux lancers. 50-48. Kirilenko tente un 1 v 1 avec Nowitzki, mais glisse et perd la balle. De l’autre côté du terrain, Nowitzki fait un écran à Roller qui lui envoie la balle derrière la ligne à 3 points. En isolation sur Khryapa, il fait quelques jab steps puis tire à 3 points. Ficelle, son 5e tir à 3 points du match. 50-51, temps mort russe, 27 secondes à jouer.
La Russie remonte la balle qui va dans les mains de Jon Robert Holden, et il subit une faute de Demond Greene. Touche russe, 11 secondes à jouer. Holden a à nouveau le ballon. Il se crée de la séparation sur un écran de Nikita Morgunov, va au panier, trouve Khryapa derrière la ligne à 3 points qui tire et se rate. Rebond allemand et la Mannschaft arrache la victoire de justesse.
Malgré la victoire, l’Allemagne termine 2e du groupe derrière la Russie à cause de la différence de points dans les rencontres directes entre les Allemands, les Russes et les Italiens. Ils vont donc en barrages et vont affronter un adversaire particulier, la Turquie.
4 ans après une demi-finale de l’EuroBasket mémorable, l’Allemagne veut se venger. Mais le début ne se passe pas comme prévu pour eux, car la Turquie mène 27-34 à la pause grâce aux efforts de Ermal Kuqo et Kaya Peker. Qui va pouvoir sortir la Mannschaft de ce trou? Qui d’autre que Nowitzki évidemment. 33 points à 8-15 dont 3-5 à 3 points et 14-15 aux lancers francs, 10 rebonds et 3 contres. Il guide encore une fois son équipe pour une belle remontée en deuxième période, et l’Allemagne l’emporte 66-57 pour se qualifier en quart de finale.
L’Allemagne affronte alors une surprise dans cette compétition, la Slovénie. Après un bon départ pour les Allemands, les Slovènes reviennent dans le 2e quart grâce au duo Sani Bečirovič (13 points, 5 rebonds, 3 interceptions) et Primož Brezec (13 points à 4-7, 6 rebonds). 34 partout à la mi-temps. Mais l’Allemagne va dominer la deuxième période. Encore une fois Dirk fait un bon match, 22 points, 9 rebonds, 3 contres. Mais avec également l’aide de Mithat Demirel et Roller, tous les deux à 15 points, la Slovénie n’a aucune chance. La Mannschaft s’impose 62-76 et se qualifie pour le dernier carré.
En demi-finale, c’est un habitué du dernier carré qui attend l’Allemagne. L’Espagne en est à sa 4e participation dans le Final Four consécutif, et compte bien retourner en finale. Avec un Navarro en mission (27 points) et aidé par Carlos Jiménez (7 points, 9 rebonds), les Ibériques mènent 16-23 à la fin du premier quart. Il est l’heure pour Dirk de prendre encore une fois les choses en main. 27 points à 10-20 et 7 rebonds pour ramener l’équipe dans le match. Les deux pays vont rester au coude à coude jusqu’à une nouvelle fin de rencontre stressante.
Suite à un panier de Denis Wucherer, l’Allemagne mène 72-65 à 1:44 de la fin. Mais Navarro réagit vite avec un tear drop. 72-67, 1:35 au chrono. Roller perd la balle sur une prise à deux. Faute de Wucherer sifflée sur Navarro, sa 5e. Furieux, estimant qu’il n’a pas touché l’Espagnol, il sort quand même. Navarro inscrit ses deux lancers. 72-69, 1:19 à jouer.
Demirel remonte la balle. Il prend son temps, puis tente de pénétrer et faire ressortir la balle, mais la passe est interceptée par Carlos Cabezas qui remonte le terrain. Navarro reçoit la balle et est défendu par Sven Schultze. Il pénètre, spin, step back, swish. 72-71, 48 secondes à jouer. Temps mort allemand.
Roller remonte le terrain et envoie la balle à Nowitzki, qui se tient en face du panier derrière la ligne à 3 points. Dirk l’envoie à Greene, qui ressort à Roller. Il tente un tri compliqué à mi-distance mais rate. Rebond espagnol, le ballon est envoyé à Navarro, qui refait son tear drop. Panier. 72-73, 15 secondes à jouer. L’Allemagne semble partie pour faire le même effondrement que la France 3 heures plus tôt dans la même arène. Plus de temps mort pour l’Allemagne, il faut jouer.
Roller remonte le terrain avec la balle. Il envoie le ballon à Dirk, qui pénètre par la gauche, se place presque à 0°, feinte Garbajosa, tire, ficelle. 74-73. Temps mort pour l’Espagne. 3 secondes à jouer. Remise en jeu, José Calderón remonte le terrain à toute vitesse, tire à 3 points en face du panier… manqué. C’est terminé, l’Allemagne va en finale de l’EuroBasket 2005. Un parcours miraculeux pour la Mannschaft.
La défaite en finale a fait mal, les efforts de Dirk Nowitzki n’ont pas été récompensé avec une médaille d’or, mais cela reste une superbe campagne, inespérée et riche en émotions pour les Allemands. Encore aujourd’hui, cela reste un tournoi référence pour l’équipe d’Allemagne.
La dernière décevante de la Serbie-et-Monténégro
On ne le savait pas encore à l’époque, mais l’EuroBasket 2005 fut le dernier tournoi européen pour l’ex-Yougoslavie. Dans moins d’un an, le Monténégro obtiendra son indépendance marquant le dernier chapitre de la désintégration de l’ancienne république des Slaves du sud de l’Europe. Et pour sa dernière participation, la fin fut une déchirante.
Placée dans le groupe D, la Serbie-et-Monténégro a perdu son premier match contre l’Espagne 70-89. L’écart de niveau était apparent. Malgré les efforts de Igor Rakočević (20 points à 5-9), l’équipe n’a pas pu résister ni à Navarro et ses 27 points à 9-13 et 3 interceptions, ni à Iñaki de Miguel et ses 14 points à 5-8, 5 rebonds et 3 interceptions.
Mais l’ex-Yougoslavie a remporté les deux matchs suivants. D’abord contre l’Israël, avec une victoire confortable, 77-93. Les pivots Darko Miličić (11 points, 7 rebonds, 3 contres) et Nenad Krstić (13 points, 10 rebonds) se sont amusés toute la rencontre.

La victoire suivante fut contre la Lettonie, 67-82. Rakočević a encore une fois été le meilleur joueur (19 points avec 11-15 aux lancers francs), et il fut accompagné par Bodiroga (12 points, 7 rebonds) et Jarić (12 points, 5 rebonds, 7 passes décisives, 2 interceptions). 2e du groupe, l’équipe se qualifie pour les barrages où elle affronte la France. De son côté, les Bleus ont connu des difficultés lors de ses trois matchs.
La France s’était inclinée face à la Slovénie et à la Grèce, ne remportant qu’une seule victoire contre la Bosnie-Herzégovine, bien que les Bosniens aient mené à la mi-temps. La France abordait le match contre la Serbie-et-Monténégro en position d’outsider. Tony Parker était la star incontestée de l’équipe, mais il n’était pas au mieux de sa forme.
Au cours des trois matchs de la phase de groupes, Parker n’a marqué en moyenne que 4,6 points et réalisé 1,3 passe décisive, avec un taux de réussite décevant de 26 %. Boris Diaw, meilleur marqueur de l’équipe, avait raté ses 11 lancers francs lors du dernier match contre la Slovénie.
Antoine Rigaudeau était le seul vétéran de l’équipe capable d’assurer des minutes solides sur le terrain. Lui non plus n’était pas au meilleur de sa forme. Rigaudeau s’était blessé au tendon d’Achille en septembre 2004 et avait dû subir une opération, ce qui l’avait écarté des terrains pendant six mois. Il n’avait disputé que deux matchs de toute la saison avec Valence Basket en EuroCup.
Le pivot titulaire de l’équipe était Cyril Julian, qui avait enregistré en moyenne seulement 4,2 points et 2,8 rebonds en EuroCup la saison précédente. La France a également connu un cycle de préparation difficile avant l’EuroBasket. Après avoir battu la Belgique, elle a enchaîné cinq défaites consécutives.
Le dernier match de cette série a été contre la Serbie-et-Monténégro, où l’équipe d’Obradović a démantelé les Français 99-72. Les Serbes ont mené de 31 points à un moment donné, et l’entraîneur Claude Bergeaud a admis par la suite qu’il n’avait aucune arme contre son adversaire.
La Serbie-et-Monténégro a mieux démarré le match et a même mené de 14 points au deuxième quart-temps (38-24), avec neuf points d’avance à la mi-temps (44-35). Bodiroga et Jarić ont assumé le statut de piliers. Le premier termine la rencontre avec 10 points et 5 rebonds, le dernier avec 14 points, 5 rebonds et 5 interceptions. Cependant, la France est revenue dans la partie tandis que l’équipe locale peinait à obtenir des résultats offensifs réguliers.
A 3:04 de la fin, avec la Serbie-et-Monténégro menant 66-65, Mickaël Piétrus s’élève au-dessus de Bodiroga et obtient un +1. Il convertit le lancer franc par la suite. 66-68 pour la France. Il faudra attendre une minute pour voir un nouveau panier, signé Parker qui feinte la défense sur sa pénétration pour avoir un lay-up facile. 66-70, temps mort pour les locaux alors qu’il reste pile 2 minutes.
Rakočević a réussi un tir en suspension à mi-distance lors de la possession suivante, mais Florent a répondu par un panier sur un rebond offensif. 68-72 à 1:20 de la fin. Mais la France fait l’erreur de laisser Bodiroga seul à 3 points. Panier… mais aussi faute dans le dos de Piétrus par Krstić au rebond, sa 5e. Flo va aux lancers francs. Il rate le premier, mais met le 2e. 71-73. 1:05 à jouer.
Sur la possession suivante, Željko Rebrača attaque Piétrus au poste, mais fait un passage en force. Ballon perdu à 51 secondes de la fin. Diaw se fait accrocher par Rebrača sur la possession suivante, et Boris rate ses deux lancers. Ballon pour la Serbie-et-Monténégro alors qu’il reste 42 secondes à jouer.
Rakočević récupère la balle en attaque, il reste 9 secondes dans l’horloge des 24. Il pénètre, ressort pour Milan Gurović qui tire à 3 points… raté. Rebond de Rigaudeau, qui va à la ligne des lancers francs. Heureusement pour les locaux, il rate le premier. Il met le deuxième cependant. 74-71, 15 secondes à jouer.
Jarić est victime d’une faute lors de la possession suivante et a dû se rendre sur la ligne des lancers francs. Le meneur rate le premier tir et rate intentionnellement le second. Miličić a récupéré le rebond et a raté le lay-up qui a suivi, mais la France a commis une nouvelle faute, cette fois sur Rebrača.
Le pivot a également raté ses deux tirs. La Serbie-et-Monténégro a récupéré le rebond offensif, mais n’a pas eu le temps de préparer un tir confortable, et la France a célébré une victoire qui a surpris le public local. Le dernier match de la légende Dejan Bodiroga avec le maillot de l’équipe nationale fut une défaite en barrages de l’EuroBasket 2005.
Curieusement, le plus gros événement était encore à venir. Après la défaite, Zeljko Obradović s’est présenté à la conférence de presse et a prononcé ce qui est aujourd’hui considéré comme la conférence de presse la plus célèbre de l’histoire du basketball serbe.
Il a ouvertement remis en question l’éthique et l’engagement de ses joueurs envers l’équipe, répondant longuement et avec passion à toutes les questions des journalistes. L’entraîneur a même débattu avec certains journalistes qui étaient ouvertement en désaccord avec lui sur certains points. La conférence de presse a duré plus d’une demi-heure.
Ce ne sont pas les tactiques qui nous ont fait perdre [le match], mais les relations au sein de l’équipe nationale. Chaque jour depuis deux mois, j’ai consacré au moins une heure à parler à chacun des joueurs pour mettre fin à leur ego. Je n’y suis tout simplement pas parvenu. Ils se détestent, c’est une haine incroyable », a déclaré Zeljko.
Pendant un mois, lors des réunions d’équipe, je n’ai pas lâché mon téléphone. Chaque jour, je les suppliais de venir, comme si l’équipe nationale était mon affaire personnelle”, a déclaré l’entraîneur. « Ils tergiversaient, attendant de voir ce que les autres allaient faire pour réagir plus tard, et c’est ainsi que ces salauds se sont révélés. »
[…] J’ai travaillé et joué avec de nombreux joueurs au cours de ma carrière, mais je n’ai jamais rien vu de tel », a déclaré Obradovic. « Mon seul regret est de ne pas avoir renvoyé quatre ou cinq joueurs dès le début des préparatifs, dans l’espoir que l’ambiance s’améliore. »
L’entraîneur a expliqué en détail comment les joueurs ne prêtaient que peu ou pas d’attention pendant les entraînements, tout en reprochant aux autres de ne pas leur passer le ballon en attaque. Lorsque les journalistes lui ont demandé à plusieurs reprises de nommer les joueurs auxquels il faisait référence, Obradović a répondu simplement : « Demandez-leur. S’ils ont les couilles, ils vous le diront. » Même après 20 ans, les joueurs et les entraîneurs de cette équipe sont toujours interrogés sur cet EuroBasket et la conférence de presse qui a suivi.
Pour ce qu’il s’est passé sur le terrain et en-dehors, l’EuroBasket 2005 est l’un des plus mémorables de l’histoire. Alors que les grandes nations regagnent le trophée tant convoité, qui va suivre le mouvement après la Lettonie et la Grèce?