À 36 ans, Kevin Durant a marqué l’histoire de la NBA. MVP, double champion NBA, double MVP des Finales et quadruple champion olympique c’est un futur Hall of Famer. Retour sur ce qui fait de KD, une légende de notre sport.
Kevin Durant, on ne vous le présente plus : l’un des meilleurs scoreurs de tous les temps, si ce n’est le meilleur. Grâce à sa capacité à marquer dans n’importe quelle situation, à n’importe quel moment et depuis n’importe où, il est devenu une figure de la NBA.
Celui que l’on surnomme le “Slim Reaper” est tout simplement la définition de la polyvalence. Une véritable machine offensive, une combinaison unique de skills, de taille et d’instinct, qui aura marqué et inspiré des générations entières de joueurs (Victor Wembanyama, Brandon Ingram…). Il aura aussi fait partie des grandes époques de nombreuses équipes.
L’éclosion d’une star
KD réalise une première année dans la grande ligue pleine de promesses chez les SuperSonics. Il remporte aisément le trophée de Rookie of the Year dans une saison où il score déjà plus de 20 points par match.
Ces mêmes Sonics deviendront, l’année suivante, le Thunder, suite au déménagement de la franchise de Seattle à Oklahoma. Il marque l’histoire d’OKC dès ses premières années, en amenant la franchise en finale NBA au bout de 4 saisons seulement.
Il est de son côté récompensé individuellement : il remporte son seul et unique titre de MVP en 2014 et ajoute à son armoire quatre titres de meilleur scoreur de la ligue.
Mais KD veut retourner en finale NBA. Comme tout compétiteur, l’ailier fort a soif de victoires et brise le cœur des supporters d’OKC en rejoignant les Warriors lors de l’intersaison 2016-17. Un choix qui a fait de lui le méchant de l’histoire aux yeux de nombreux fans. Cependant, ce rôle ne l’a en rien perturbé. Bien au contraire, il s’est épanoui sur le terrain, devenant une pièce maîtresse de l’une des équipes les plus dominantes de l’histoire de la NBA.
Aux côtés de Curry, Thompson et Green, il parvient à décrocher deux titres de champion de la ligue et deux titres de MVP des Finales, prouvant à tous les dubitatifs que KD est un leader, une pièce maîtresse de l’avènement de cette Super Team.
Kevin Durant s’en va et ne gagne plus
S’ensuit un court chapitre chez les Brooklyn Nets, marqué par une incroyable rédemption (il n’aura pas joué durant la saison 2019-2020 à cause d’une blessure au tendon d’Achille contractée lors des Finales NBA de l’année précédente).
Une étape également caractérisée par la formation d’un duo avec Kyrie Irving, puis d’un Big Three avec l’arrivée de James Harden, créant ainsi la fourchette offensive la plus skillée de l’histoire. Cependant, cette partie de sa carrière laisse un goût d’inachevé, malgré le niveau exceptionnel offert par le « Reaper » lors de cette fameuse série en juin 2021 contre les Milwaukee Bucks. C’est bien de faire du 51 mais pas dans toutes les situations…
Actuellement chez les Suns, KD est en quête d’un nouveau grand défi, d’une nouvelle histoire. Un chapitre pour le moment entaché par plusieurs revers subis en playoffs et en saison régulière. Mais aux côtés de Devin Booker, KD espère toujours retrouver le goût d’une finale de playoffs.
Le made-in Kevin Durant
Ce qui fait que Kevin Durant est Kevin Durant, c’est son incroyable propreté et son efficacité. Un joueur capable de dominer sans forcer, en maximisant chaque possession, tout en rendant le jeu presque artistique. Il est l’incarnation même de l’efficacité offensive en NBA.
Depuis 2014, KD affiche des « Points Per Shot » très élevés, témoignant de son efficacité exceptionnelle en attaque, même avec les années qui passent. Il est capable de maximiser chaque tentative au panier, atteignant régulièrement des niveaux bien supérieurs à la moyenne. Tout en ayant un volume de tirs stable et modéré, autour de 14 à 18 tirs par 75 possessions, ce qui souligne son aptitude à maintenir une production offensive de haut niveau sans dépendre d’un nombre excessif de tirs.
Ses performances, représentées par les points bleus, se distinguent nettement de la masse des autres joueurs.
Kevin Durant est à la fois un scoreur prolifique et un modèle d’efficacité, capable de maintenir ces standards sur plusieurs saisons. En témoigne son efficacité à trois points, qui a considérablement évolué au fil de sa carrière, passant de 28 % de réussite lors de sa saison rookie à plusieurs saisons supérieures à 40 % (il est à 39,5 % en carrière pour tout juste 5 tentatives à trois points par match).
Sa réussite à mi-distance augmente également de manière significative. Le graphique ci-dessous en est le parfait exemple : une progression constante en début de carrière, notamment grâce au développement de son jeu, mais surtout grâce à des meilleures prises de décisions offensives.
KD a su s’adapter et évoluer
Après sa blessure au tendon d’Achille, Kevin Durant doit faire autrement. Il arrive rapidement à effacer sa baisse d’efficacité grâce à sa capacité à scorer sur chaque possessions quand il est en pleine possession de ses moyens. À 36 ans, KD s’améliore encore, il sent le jeu.
Évolutions de la réussite à 2 points de Kevin Durant
Là où certains joueurs régressent avec le temps, Kevin Durant, lui, reste stable et constant, que ce soit au niveau de sa réussite au shoot ou de son volume à trois points. Même avec son arrivée chez les Warriors, où son rôle était différent, il est resté le joueur qu’il était, fidèle à son style de jeu simple et efficace, sans jamais forcer.
Cependant, au fur et à mesure des années Kevin Durant est beaucoup moins agressif au cercle. Un changement qui ne se remarque pas dans les box score, mais plus quand on le regarde jouer, ou dans l’analyse de statistiques plus avancées. Un changement qui peut devenir handicapant pour son équipe également.
Le graphique ci-dessous, qui indique le nombre de tentatives au cercle par 100 possessions, montre une nette diminution depuis ses débuts en 2007-08. Alors qu’il attaquait fréquemment le panier dans les premières années de sa carrière (avec des valeurs proches de 6-8), cette tendance a progressivement baissé, atteignant des niveaux proches de 2-4 lors des saisons récentes, voire même des matchs ou il ne terminait qu’avec 1 ou 2 tentatives au cercle.
Pour un joueur de 2m11, avec de grands segments (2m25 d’envergure), on pourrait pourtant imaginer que l’attaque au cercle soit plus facile. Et en effet, au fil des saisons son efficacité près du panier a augmenté, atteignant environ 70% entre 2012 et 2015. Depuis, Kevin Durant a continué de maintenir, voire améliorer, cette efficacité, avec un pourcentage dépassant les 75% dans les dernières saisons.
Kevin Durant a également vu son nombre de tentatives aux lancers francs par 100 possessions (FTA/100) évoluer significativement tout au long de sa carrière (graphique ci-après).
Après une augmentation constante durant ses premières années, atteignant un pic autour de 12 FTA/100 entre 2010 et 2014, cette statistique a progressivement décliné depuis 2015, pour se stabiliser autour de 7-8 FTA/100 dans les saisons récentes.
Cette diminution des lancers francs, une arme essentielle dans son scoring, reflète une nouvelle fois l’évolution de Durant en tant que joueur. Bien qu’il reste un scoreur élite, ce changement souligne une dépendance accrue à son tir en isolation et une baisse de son agressivité offensive.
Un problème en playoffs
Plusieurs facteurs expliquent ces évolutions : les blessures (notamment sa rupture du tendon d’Achille en 2019), le vieillissement naturel, et une réorientation de son jeu vers des tirs en isolation et à mi-distance. Ses passages dans différentes équipes, avec des rôles variés, ont aussi influencé cette transformation.
Si Durant reste un scoreur d’élite grâce à sa polyvalence, son intelligence de jeu ou sa capacité à s’adapter chez les équipes ou il est passé, cette baisse de ses attaques au cercle illustre l’une des limites actuelles de son jeu, un jeu si pure qui devient maintenant stéréotypé et caricaturé. Une limite qui peut-être masquée en saison régulière mais qui malheureusement est bien trop visible en playoffs, en particulier contre des défenses longilignes, mobiles et resserrées (Nuggets 2023, Timberwolves 2024).
Dans l’Arizona, Kevin Durant vit sûrement un des derniers défis de sa carrière. Pour ses ultimes campagnes de playoffs, va t-il continuer de plonger plus profondément dans cette caricature de lui-même, ou va t-il réussir à se réinventer une dernière fois ?