Alors que les Nets, 11èmes de la Conférence Est en 2023-2024, ne possédaient aucun pick à la draft 2024, ce sont peut-être eux qui ont finalement touché le gros lot cet été en NBA. Un gros lot nommé Jordi Fernández.
Remise en contexte
12 mai 2024. Alors que les 14 équipes non qualifiées pour les play-offs se rassemblent pour la traditionnelle Lottery NBA, une équipe manque à l’appel. Les Brooklyn Nets, pourtant onzièmes de l’Est avec un bilan médiocre de 32 victoires pour 50 défaites, ne possèdent pas leur pick de premier tour. Devenu troisième pick (une évolution inattendue), il est détenu par les Houston Rockets, héritage du trade de James Harden du 14 janvier 2021. Ces derniers vont l’utiliser pour sélectionner l’arrière shooter Reed Sheppard. Trois semaines plus tôt, les Nets ont annoncé l’arrivée de leur nouvel Head Coach, Jordi Fernández, mettant fin à l’intérim de Kevin Ollie et reprenant officiellement la relève de Jacque Vaughn.
Nous vous avions déjà parlé de Jordi Fernandez dans un article retraçant son parcours au moment de sa nomination. Place à la saison 2024-2025 désormais !
Le début de saison 2024-2025
Au début de la saison 2024-2025, les suiveurs NBA sont tous plus ou moins unanimes concernant les Nets : un effectif faible et amputé de son meilleur joueur, Mikal Bridges, qui a traversé le pont pour rejoindre les Knicks pendant l’été. Des picks récupérés à Houston en plus de ceux de New York, pronostiqués bons derniers de la Conférence Est par une grosse partie des bookmakers. Bref, Brooklyn devait s’apprêter à tanker, à mal jouer et à aller chercher son premier lottery pick depuis la Draft 2010 (Derrick Favors, sélectionné en troisième position).
Mais surprise, les Nets jouent bien, gagnent pas mal de matchs (9 victoires pour 10 défaites au moment où j’écris) et c’est un kiff absolu de les regarder pour les fans ! Les raisons de ces résultats surprenants sont multiples, notamment dus aux grosses performances de cadres de l’effectif comme Cam Thomas, Dennis Schröder ou encore Cam Johnson mais la raison principale semble faire consensus chez tout ceux qui suivent de près ou de loin l’équipe : le coaching et les méthodes de Jordi Fernández.
Quel est l’impact de Jordi Fernández sur les performances des Nets ?
Si je devais vous résumer les changements insufflés par coach Jordi dans le jeu de Brooklyn, comparé à ses prédécesseurs, j’utiliserais le terme « collectif » en premier lieu. Car le collectif est l’essence même de son style de jeu. Un jeu collectif offensif appliqué d’abord :
- recherche constante de l’extra-passe,
- 5 sur le terrain privilégiant le mouvement du ballon avec souvent trois ball-handlers,
- tout cela avec l’objectif de prendre un grand volume de tirs à 3pts (les Nets sont cinquièmes au nombre de 3 points tentés, quatrièmes au pourcentage derrière l’arc),
- FIN des line-ups incluant Nic Claxton ET Ben Simmons,
- réutilisation du small-ball avec Dorian Finney-Smith pivot testé sporadiquement sous Jacque Vaughn.
Ce jeu collectif se retranscrit également en défense, avec :
- – une demande d’augmentation des efforts, notamment à l’extérieur,
- beaucoup de traps sur les ball-handlers principaux adverses
- fin du drop-coverage si cher à Jacque Vaughn
- place au switch-all facilité par les profils intérieurs mobiles dont dispose l’équipe (Ben Simmons, Nic Claxton, Dorian Finney-Smith).
Grâce à tout cela, ainsi qu’à la mentalité « Grit and Grind » instaurée par ses soins, les Nets de Jordi Fernández sont devenus une équipe accrocheuse, capable de spectaculaires remontées (menés de 18 points face aux Warriors dans le troisième quart-temps, Brooklyn finit par s’imposer, en mettant 60-34 à Golden State dans les vingt dernières minutes). Sur 10 défaites cette saison, 6 le sont de 10 points ou moins, sur 9 victoires 7 se jouent à 10 points ou moins. Le coach met un point d’honneur à ce que les joueurs se battent le plus possible, peu importe le résultat.
« Si nous nous battons mieux et qu’au final nous perdons quand même, ça me va, car sur le long terme nous gagnerons plus que nous perdrons. »
Jordi Fernández après la défaite du 13 novembre 2024 face aux Celtics.
Jalen Wilson, MVP de Summer League, semble être la représentation parfaite de l’esprit Jordi Fernandez : passé de 15 minutes de moyenne la saison dernière à 24 cette année, le sophomore est un ailier physique et énergique auquel incombent de nombreuses tâches défensives en sortie de banc. Devant être capable de switch sur au moins 3 positions (arrière-ailier-ailier fort), Jordi Fernández compte sur ses grosses qualités au rebond pour dynamiser la sortie de banc et venir en soutien du secteur intérieur de la rotation. Ce rôle d’energizer lui convient parfaitement et est fondamental dans la tactique du coach des Nets. Le banc de Brooklyn a par exemple out-scoré 44 à 9 celui de Sacramento lors de leur victoire 103-108.
Notons enfin que Jordi Fernández était lors du match contre les Kings le coach avec le plus de challenge pris ainsi que remportés, étalant encore une fois sa grande clairvoyance du jeu et sa confiance envers ses joueurs.
Relations avec les joueurs et avenir de l’équipe
Une grande part de l’impact de Jordi Fernández repose également dans sa gestion de l’effectif, ses relations avec les joueurs et son rôle dans leur développement. Mentionnés plus haut, Cam Thomas, Dennis Schröder et Cam Johnson sont tous les 3 sur les bases d’une saison magnifique. Le premier se voit assigné pour “mission“ le développement de ses capacités en playmaking et en défense, où nous avons déjà pu constater de réels progrès, tandis que les deux autres fers de lances de l’attaque ont été responsabilisés et répondent pour l’instant largement présent. Bien sûr tout n’est pas rose et le challenge imposé par Jordi Fernández à Ben Simmons est pour l’instant très mitigé. Ce dernier a été poussé par son coach à retrouver plus d’agressivité en attaque et à prendre plus de tirs, ses deux défauts principaux et peu de progrès ont pu être constatés pour le moment dans ces deux domaines. Nous ne pouvons pas imputer ces problèmes au coach cependant, tant ils semblent plus relever de l’ordre psychologique de Simmons.
Bien sûr, l’effectif des Nets est en proie à un changement radical d’ici la fin de saison et qui finira par impacter les résultats et l’aspect visuel de l’équipe de Jordi Fernández. L’objectif restant bien évidemment la reconstruction d’une équipe compétitive, cela passera sans doute par les trades des vétérans à forte valeur, comme Cam Johnson, Dorian Finney-Smith ou Dennis Schröder, éléments clés de Brooklyn à l’heure actuelle. Cependant cela n’est pas à prendre au négatif car ça pourra permettre au coach de poursuivre le développement de jeunes à potentiel, à l’instar de l’intérieur Noah Clowney (auteur d’un 5/8 à 3pts contre les Kings et un des meilleurs défenseurs de l’équipe) ou l’ailier Ziaire Williams, (auteur quand à lui d’un double-double alors qu’il a été replacé en pivot face aux Warriors) un superbe coup de l’été de Sean Marks. Coach Jordi semble capable de réaliser des miracles, comme lors de la récente victoire contre les Suns, où le two-way contract Tyrese Martin inscrit 30 points à 8/10 à 3 points, concluant un cinglant 3-0 lors du road-trip des Nets à l’Ouest. Nous sommes sûrs que toutes ces jeunes pousses sont entre de bonnes mains.
En clair, les Nets sont pour le moment on ne peut plus satisfaits de leur choix et les fans de Brooklyn sont comblés devant les perspectives d’avenir qu’offre Jordi Fernández à la tête de l’équipe. Tout ce que l’on souhaite, c’est que ça continue.