Merci Nick
C’était dans l’air du temps, on le sentait venir, mais l’annonce nous a tous fait un petit pincement au cœur : Nick Nurse n’est plus le coach des Toronto Raptors. L’homme qui permis au Canada de gagner son premier titre a été remercié par Masai, vendredi dernier.
“ On a décidé de se séparer du coach Nick Nurse, on lui souhaite à lui et sa famille bonne chance et on le remercie pour tout ce qu’il a fait pour l’organisation en nous faisant gagner un titre”
Un renouveau passe souvent par du changement et après une saison terminée à la neuvième place de la conférence Est, les Raptors avaient l’opportunité d’aller chercher les playoffs en passant par le play-in. Finalement, la bande de Nick Nurse s’arrêtera contre celle de Diar DeRozan. Pas de playoffs à Toronto pour la deuxième fois en trois ans, il était sans doute temps de prendre des décisions importantes. Un peu plus d’une semaine après cet échec, on apprit que Nick Nurse, l’homme qui représentait la culture Raptors avait été prié de faire ses bagages. “Parfois, nous devons faire des changements ici” disait Masai vendredi dernier en conférence de presse. “Cette année, ce n’était pas nous, tout le monde l’a vu”.
Ce changement intervient à la suite de la saison la plus difficile de l’ère Nurse si l’on exclut celle de Tampa. Toronto sortait d’un exercice 21-22 très excitant et encourageant, ponctué d’une cinquième place et d’une élimination au premier tour des playoffs contre les Sixers. Pourtant Nurse n’a jamais réussi à surfer sur cette bonne vague. Pas aidé par des individualité parfois fluctuante, ces choix ne lui ont pas non plus rendu service. Nick Nurse est un coach usant qui n’a pas réussi à faire de son groupe une unité, comme il avait si bien pu le faire en 2019. En fin de réunion avec Masai, Nurse aurait lâché un “Bonne chance avec ces gars”. Il n’y arrivait sans doute plus avec son effectif. Les récentes déclarations peuvent amener à penser que lui aussi ne se voyait plus continuer au sein de la franchise. Les trois dernières années n’ont pas été faciles d’un point de vue sportif. Le timing était sans doute bien choisi pour se séparer de l’un des plus grands coachs de l’histoire de la franchise, tout en continuant à aller de l’avant.
Où est passée cette culture de la gagne à Toronto ?
« Je n’ai pas aimé regarder cette équipe jouer et je pense que cela montre tout ce qui s’est passé cette année, cela nous a dérangé, cela a également dérangé Nick Nurse. Nous devons reconstruire l’esprit ici, la culture. » évoquait vendredi dernier Masai à propos de ce manque de caractère des Raptors cette saison.
Les Raptors avaient des ambitions. En terminant cinquième l’année passée, rien ne portait à croire que les hommes de Nick Nurse batailleraient pour une place en play-in un an après. Pourtant, trop de fois l’on a vu cette équipe pas assez tranchante offensivement, trop dépendante d’O.G défensivement, voire pas capable de conclure correctement un match.
“Je suis convaincu que nous pouvons encore gagner à Toronto.”
Masai est têtu. Il ne cesse de penser que les Raptors peuvent encore gagner un titre dans les années qui viennent. Et c’est pour cela qu’il est tant aimé à Toronto. Masai est au courant que l’équipe n’a pas fonctionné cette année. Hormis un Pascal Siakam calibre All-Star, aucun joueur n’a réellement stepup au cours de la saison. Nous attendions avec impatience le Scottie Barnes année deux, nous l’attendons toujours. Il en est de même avec Gary Trent Jr et Fred VanVleet qui ont été trop irréguliers dans un zone de jeu qui aura fait défaut aux Raptors cette saison : le tir à trois points. Otto Porter Jr aurait fait du bien à une équipe qui manque cruellement d’impact en sortie de banc et de défense lorsque O.G est sur le banc. Avec en prime, une qualité de shoot qui aurait pu nous faire du bien et une expérience de champion NBA. Une expérience que certains membres de l’effectif n’arrivent pas à propager. Pascal Siakam ou Fred VanVleet sont-ils de bons leaders ? Ils le sont et l’ont prouvé l’année passée, mais ce ne sont pas des gars sur qui tu peux compter pour te faire gagner un titre… Pourtant, à la deadline, c’est avec un objectif très clair que Masai est allé chercher Jakob Poeltl. Aller en post-season. Les Raptors étaient alors le sixième pire bilan de la ligue et en course pour aller rafler un top pick de draft.
“Vous n’avez pas besoin de tirer votre équipe vers le bas pour la construire.”
Masai, depuis qu’il est en poste à Toronto, n’a jamais tanké hormis en 2021. On a toutefois cette impression de fin de cycle à Toronto. Cette sensation que ce groupe doit être renouvelé, que l’on est arrivé au bout de quelque chose. Cette draft aurait pu permettre aux Raptors d’acquérir un jeune prospect qui aurait pu être associé à Scottie Barnes. Mais Masai a décidé d’aller chercher Jakob Poeltl, qu’il considère comme “une pièce pouvant permettre à une équipe de gagner un titre”. Cette acquisition n’est pas une perte en soi, c’est un ajout de qualité qui a permis à Toronto de combler un vide dans le secteur intérieur.
Toronto va retrouver cette culture de la gagne en se réinventant. Le départ de Nick Nurse était la première pièce d’une nouvelle étape pour les Raptors. L’ère du titre est révolue et Toronto doit désormais construire son futur grâce à ses jeunes talents. Cette nouvelle culture doit être apportée par un esprit d’unité qui n’existait plus sous Nick Nurse. C’est pour cela que nous pensons que le choix du nouveau coach sera très important pour permettre à Toronto de se relancer dans sa quête du trophée Larry O’Brien.
Un nouveau coach pour un nouvel effectif ?
Nick Nurse n’étant plus le coach de Toronto, son successeur ne sera pas Ime Udoka. Longtemps pressenti pour prendre la suite sur le banc des Raptors, ce dernier a signé chez les Rockets. Son profil aurait pu être intéressant mais son éthique ne collait pas avec celle de Masai, bien qu’ils soient tous deux nigérians. Cependant, plusieurs noms ont déjà fuité Parmi eux, l’on retrouve Kenny Atkinson, assistant à Golden State, Charles Lee, assistant aux Bucks, Kevin Young, assistant aux Suns, Mitch Johnson, assistant à San Antonio, Jordi Fernandez, assistant à Sacramento, Darko Rajakovic, assistant à Memphis, Chris Quinn, assistant à Miami et Becky Hammon, entraîneuse des Aces de Las Vegas en WNBA. Un profil se détache du lot, celui de Becky Hammon. Ayant déjà été assistante en NBA du côté de San Antonio, l’actuelle coach des Aces a déjà remporté un titre WNBA et a été nommée Coach de l’année en 2022. De plus, jamais une femme n’a été coach principal en NBA. Toronto est connu pour ses côtés progressistes. Ce ne serait alors pas choquant de la voir poser ses valises dans l’Ontario.
« Je pense qu’avoir un nouveau coach pour la Draft aurait du sens pour nous. »
Pour ce qui est des critères de recherches, “Un bon style de jeu qui s’adapte à notre culture et à nos joueurs.” a annoncé Masai. L’objectif n’est pas d’aller chercher un coach semblable à Nick Nurse mais de mettre la main sur quelqu’un ayant la soif du succès. “On veut un coach capable d’insuffler de l’énergie, de la discipline et un bon style de jeu. C’est sur ces points là qu’on va commencer nos recherches.”
En ce qui concerne l’effectif, Masai a fait savoir qu’il n’allait pas prendre de grandes décisions avant d’avoir son nouveau coach. Néanmoins, d’après les informations de TSN, “En dehors de Scottie Barnes, qui sort d’une décevante saison sophomore, tout le monde est disponible.” En effet, plusieurs cadres de l’effectif vont devoir faire leurs bagages cet été. Fraîchement arrivé au cours de la trade deadline, Jakob Poeltl ne devrait pas partir tant son profil est important pour l’effectif. Il faudra donc s’attendre à un gros mouvement concernant Fred VanVleet et Gary Trent Jr. En effet, la franchise ne peut pas prolonger les deux et devra faire un choix pendant l’intersaison. En ce qui concerne le reste de l’effectif, O.G a été au cœur de nombreuses rumeurs durant la trade deadline. Pourtant, Masai ne manque pas d’éloges à son sujet. Il est néanmoins possible que celui-ci s’en aille durant l’intersaison.
“O.G a grandi, il est devenu très mature, et on espère que cela va se répercuter dans l’équipe. Il est l’un des meilleurs two-way player de la ligue.”
Si Fred VanVleet n’est pas prolongé et que Siakam est échangé durant l’intersaison, ce sera la fin d’une ère. Des joueurs qui se sont développés jusqu’à devenir All-Star. Pourtant, se séparer de tels assets en signifie l’arrivée d’autres. Pascal Siakam a une immense valeur marchande qui pourrait permettre à des franchises de passer un cap, ou d’entourer une superstar. Il pourrait permettre d’acquérir un joueur capable de porter le statut de franchise player à Toronto qui manque depuis le départ de Kawhi Leonard. Une chose est sûre, une page doit se tourner. Les Raptors sont arrivés à un plafond de verre avec cette génération. Il est sans doute temps de révolutionner l’effectif ou de donner les clés à la jeunesse, Scottie Barnes en tête, qui aura probablement à cœur de prouver ce qu’il vaut vraiment.
La jeunesse et le développement ont toujours été au cœur de la stratégie des Raptors. N’étant pas un marché attractif, le moyen de devenir compétitif passait par le développement des jeunes joueurs. Pascal Siakam, Fred VanVleet, O.G Anunoby, aucun d’entre eux n’a été drafté au-delà de la vingtième place. On a toutefois l’impression que la jeunesse est passée au second plan à Toronto. Excepté Scottie Barnes, la plupart des jeunes ont eu une gestion assez compliquée depuis plusieurs saisons.
« Nous n’avons pas si bien réussi (à utiliser nos jeunes) cette année et je pense que cela nous a fait du mal dans leur développement. »
Néanmoins, Masai se veut rassurant quant à la gestion de la jeunesse à Toronto. La franchise s’est construite grâce aux jeunes développés en interne et ça ne changera pas. Cuté juste avant le play-in, Jeff Dowtin Jr va être reconduit la saison prochaine. “La décision de couper Jeff était due à son manque d’expérience dans ce genre de matchs, pas comparable à celui de Will (Barton). Mais Jeff fait partie et fera partie de notre équipe à l’avenir, il fait partie de notre futur.” Toronto a un bon flair, cette capacité d’aller chercher des joueurs passés sous les radars et à super bien les développer. Quand les Raptors sont allés sélectionner Pascal Siakam à la 27e place de la draft 2016, qui aurait pu dire qu’il serait aujourd’hui un double All-Star. Masai croit en la même chose pour des Christian Koloko, Dalano Banton ou Malachi Flynn. “On sait qu’il y a du talent. Il ne s’est juste pas encore totalement montré. On développe et parfois ça prend du temps. Peut-être qu’on aura tort, mais on croit en ces gamins !”
“Scottie n’a que 21 ans, c’est un bébé !”
Le cas Scottie Barnes est assez différent. Propulsé starter et récompensé du trophée de Rookie de l’année, on pouvait s’attendre à une progression significative de sa part. Sauf que non. Sans parler de régression, Scottie a stagné. Cette stagnation ne serait-elle pas due à un manque de rigueur et de travail. Probablement et Masai justifie cela par sa jeunesse. Scottie est conscient de son talent et de son potentiel. Malgré qu’il comprenne ce qu’implique la discipline, il a besoin de plus de cadre. C’est pour cela que Masai a annoncé qu’il y aura des ajustements qui seront fait pour son programme estival afin qu’il revienne prêt pour une troisième année qui s’annonce comme charnière dans sa jeune carrière.