Zion Williamson Brandon Ingram Pelicans
Est-ce que le duo est vraiment compatible pour permettre aux Pelicans d'atteindre les hauteurs de l'Ouest ? Crédit : Stephen Lew - USA TODAY Sports

Les Pelicans sont-ils prêts à s’envoler cette saison ?

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Après une saison en demi-teinte, marquée par l’élimination au premier tour contre OKC, la Nouvelle-Orléans avait fort à faire cet été. Malgré le trade pour Dejounte Murray, les Pelicans peuvent-ils être dès cette saison une place forte à l’Ouest ?  

Dejounte Murray, la fausse bonne idée 

La signature de Dejounte Murray – en échange de Larry Nance JrDyson DanielsEJ Liddel (coupé depuis) et deux first rounds – est assez étrange. Les Pelicans récupèrent en effet un joueur qui a besoin d’avoir la balle dans la main, alors même qu’il y a plusieurs ball-handler responsables de la création.

L’ancien joueur des Spurs sort de deux saisons compliquées à Atlanta. Les statistiques brutes sont certes satisfaisantes (21,5 points, 5,3 rebonds, 6,3 assists), pourtant il n’a pas eu le rendement espéré. Associé avec Trae Young, il a été obligé d’évoluer davantage off-ball, alors que ce n’est pas là qu’il est le plus efficace. Il tourne en carrière à 35,3% sur les trois points en catch-and-shoot, ce qui est un peu moins bien que la moyenne NBA globale à trois points (qui est autour des 36%). Les défenses l’ont d’ailleurs compris et n’ont pas hésité à le laisser ouvert malgré sa bonne adresse cette saison (39,2% sur ces tirs).

À l’inverse, il est un joueur qui insiste énormément à mi-distance, soit le tir le moins rentable. Et même s’il est plutôt efficace sur ces tirs (48% ; 84e centile), il ne l’est pas assez d’un point de vue global. Murray n’a par exemple jamais connu une saison avec une efficacité au tir supérieure à la moyenne, sa meilleure saison étant l’année dernière (96 de TS+) alors même qu’il a eu une « surchauffe » à trois points (36,3% contre 34,5% en carrière).

Il est assez évident que « Baby Boy » est un joueur capable d’actions d’éclats dans le clutch. Il l’a montré à deux reprises l’année dernière contre Orlando, et aussi une fois contre Miami (décidément la Floride lui réussit bien), pourtant cela reste insuffisant. Il est un joueur dont on attend davantage, que ce soit au passing où il ne fait pas de lectures avancées, mais aussi en défense où les flashs de début de carrière paraissent lointains.

Son association avec C.J. McCollum a dès lors de quoi interroger. Ce dernier est lui aussi un arrière qui a besoin d’avoir la balle en main. Même s’il a progressé offensivement – en opérant le shift tant attendu vers davantage de tirs extérieurs – leur duo est loin de faire rêver, surtout en défense. Sans oublier qu’il y a déjà dans l’effectif un autre ball-handler dominant.

Zion Williamson est-il le franchise player idéal pour ces Pelicans ? 

Pour la première fois de sa carrière, les blessures ont laissé Zion Williamson tranquille, du moins pendant la régulière.

Avec 70 matchs joués, il a dépassé le total établi durant son année sophomore en 2021 (61 matchs joués), une saison qui avait été raccourcie en raison du Covid. Néanmoins, les vieux démons ont refait surface en fin de saison. Alors qu’il avait été excellent contre les Los Angeles Lakers (40 points, 11 rebonds, 5 assists), l’intérieur s’est blessé à l’ischio-jambier dans le quatrième quart-temps, l’empêchant de participer à la fin de rencontre – perdue par les Pelicans – mais également aux playoffs.

Zion a pourtant réalisé une grande saison. Il s’est véritablement mué en créateur sur drive malgré son physique atypique pour ce rôle (1,98m pour 128kg). On l’a vu initier pas mal de possession sur pick-and-roll au niveau de la ligne des lancers, où il pouvait mettre à profit sa force, mais également son passing. Avec un ratio de playmaking de 0,86 (assist percentage divisé par usage rate), il était dans les mêmes hauteurs que d’autres bons passeurs tels que Pascal Siakam ou Paolo Banchero. Des doutes subsistent tout de même sur sa capacité à devenir un créateur d’élite puisqu’il n’est pas réellement un manipulateur de défense.

L’ancien joueur de Duke est surtout monté en puissance au fur et à mesure de l’année, lui qui a été très bon sur la seconde partie de saison (23,2 points, 6,2 rebonds, 5,5 assists à partir de février). Dans son sillage, les Pelicans sont remontés en scelle en remportant 22 de ses 34 matchs, ce qui rassure pour le moment sur la capacité de Williamson à assumer de telles responsabilités de franchise player.

Cela est d’autant plus vrai que Zion est un joueur assez particulier autour duquel construire. En raison de son jeu offensif, il semble être davantage un initiateur extérieur. Or en défense, c’est plus compliqué. Il est loin d’être élite de ce côté du terrain de par sa difficulté à être assez rapide en switch sur les extérieurs ou à être efficace aux rebonds contre des intérieurs plus costauds (11e centile au pourcentage de rebonds défensifs).

Zion Williamson
De retour sur son trône, le roi Zion peut-il vraiment assumer toutes ses responsabilités ? (Barry Gossage via Getty Images)

Est-ce que les Pelicans se sont trop déplumés à l’intérieur ?

Avec les départs successifs de Jonas Valanciunas et Nance Jr, les Pelicans se sont séparé de joueurs qui étaient pourtant complémentaires à Zion. Le premier cité était parfait pour sa présence aux rebonds qui soulageait énormément son équipe, surtout en défense. Le second est quant à lui un intérieur très mobile qui, même s’il n’est pas très efficace au tir, permettait de fluidifier l’attaque par son rôle de connecteur.

Le recrutement de Daniel Theis est en soi une bonne chose. L’allemand est un intérieur mobile en défense qui peut proposer des schémas différents, que ce soit en switch où il possède une bonne mobilité latérale, mais également en drop pour protéger le cercle. Il est néanmoins loin d’être un bon rebondeur, ce qui va forcer Willy Green à être ingénieux pour que son équipe ne soit pas vulnérable sur cet aspect du jeu.

Sauf que derrière, il n’y pas beaucoup de solutions très fiables. Jeremiah Robinson-Earl n’a joué que 39 matchs la saison dernière (334 minutes) car il est trop limité dans de nombreux aspects. Il va donc falloir s’attendre à avoir pas mal de minutes données au rookie Yves Missy, qui possède tout de même un profil intéressant. On parle ici d’un pivot rim-runner (2,13m et 107kg) qui est bon sur pick-and-roll grâce à sa menace verticale et son bon touché, couplé à une bonne mobilité défensive. Des questions se posent néanmoins sur sa capacité à être un bon protecteur de cercle.

L’association du rookie avec Zion Williamson a néanmoins de quoi interroger puisqu’on sait que le premier choix de la draft 2019 n’est pas un bon shooteur. Depuis le début de sa carrière, il n’a tenté que 85 tirs à trois points en 184 matchs joués, (34,1% de réussite). On sait qu’il a besoin d’avoir un bon intérieur aux rebonds, efficace dans la protection de cercle et capable d’écarter l’attaque par son tir. Or, aucun joueur dans l’effectif ne répond complètement à ces critères.

Peut-on s’attendre à avoir des séquences de Zion en 5 ? Oui. C’est pourtant difficilement souhaitable. Au vu du profil de ce dernier, il paraît compliqué de le voir en mesure d’assumer sur de longues séquences les missions défensives face à des intérieurs. D’autant plus que ce n’est pas un joueur qui est connu pour son intensité de ce côté-là du terrain.

Peut-on voir certains rôle-players exploser ? 

Trey Murphy III est l’un des noms qui revient le plus souvent parmi ceux pouvant réaliser une breakout saison. L’ailier est déjà l’un des meilleurs finisseurs de la ligue grâce à son adresse extérieure (39,2% en carrière) et son toucher près du panier (75%). Il est pourtant encore un joueur imparfait puisqu’il reste pour le moment unidimensionnel. Au-delà du scoring, il n’apporte pas vraiment dans les autres aspects du jeu. Mais s’il parvient à passer ce cap, notamment à la passe, on pourrait avoir ici un très bon joueur offensif.

Trey Murphy
Trey Murphy est l’un des meilleurs joueurs de la ligue sur « Ghost Screen » puisqu’il peut utiliser à merveille ses qualités athlétiques. (via Dreamcast Show)

Herbert Jones est quant à lui déjà l’un des meilleurs défenseurs de la Ligue. Capable d’actions d’éclat (demandez à Paul George ce qu’il en pense), il peut défendre sur presque tous les postes grâce à son envergure et à son intelligence de jeu. Et on a déjà vu des progrès offensivement l’année dernière, lui qui a travaillé sur son handle pour être plus efficace dans ces drives.

Mais c’est surtout au shoot que ces progrès sont le plus visibles, puisqu’il a fini à 41,8% de loin. On a surtout vu un joueur qui a davantage confiance dans son tir, avec une mécanique un peu plus fluide que par le passé. Il va tout de même devoir confirmer ces progrès cette saison s’il veut devenir un meilleur joueur offensif, notamment en développant encore un peu plus de création pour lui.

D’autres jeunes vont devoir tirer leur épingle du jeu dans cet effectif, à commencer par Jordan Hawkins qui va devoir regagner sa place dans la rotation principale. Il a tout de même réalisé quelques performances impressionnantes durant son année rookie (34 points contre Dallas et 31 points contre Denver) qui laissent présager de belles choses par la suite. Espérons pour les Pelicans que ce soit dès la saison prochaine, car son adresse extérieure pourrait leur faire du bien.

José Alvarado va quant à lui devoir montrer quelques progrès offensifs s’il veut garder son rôle de meneur énergique en sortie de banc. Il a connu une série très compliquée contre OKC (1,8 points et 2,3 assists en 16 minutes par match) qui a su parfaitement exploiter son manque de réussite.

Pourtant, il y a un joueur dont je n’ai pas parlé jusqu’ici, et qui pourrait bien changer la trajectoire de la franchise, que ce soit à court-terme, mais aussi à long-terme.

Que doit faire New Orleans avec Brandon Ingram ?

En fin de contrat l’été prochain, Brandon Ingram est à un tournant de sa carrière puisque l’ailier est le joueur qui revient le plus fréquemment dans les rumeurs de trade. S’il a prouvé qu’il était un très bon scoreur individuel, il n’est pas non plus un attaquant implacable. Le fait que son jeu repose énormément sur le mi-distance (58% de ses tirs ; 99e centile) le limite à une efficacité autour de la moyenne de la ligue. Ce n’est certes pas négatif, mais ce n’est pas non plus positif. Il tend au fil des années à se rapprocher d’un style à la DeMar DeRozan, sans avoir la même capacité à obtenir autant de fautes.

Il faut tout de même souligner sa progression au playmaking, où il est devenu un joueur beaucoup plus patient balle en main. Sans dire qu’il peut être le créateur principal d’une équipe contender, il reste tout de même un très bon passeur secondaire. Mais la présence des autres ball-handler dans cet effectif devrait le pousser à adopter davantage un rôle de finisseur, mais peut-il vraiment le faire ? Je ne pense pas que ce soit le choix le plus optimal pour lui.

Le joueur originaire de Caroline du Nord semble aujourd’hui s’éloigner de la Louisiane. Il a par exemple été absent du mini training camp organisé par ses coéquipiers, dont il avait pourtant l’habitude de participer les années précédentes. Il a également reposté récemment sur Instagram un discours du pasteur Keion Henderson qui expliquait l’importance de « rester à l’écart des environnements où les gens ne connaissent pas notre vraie valeur ».

Si ce post est loin d’être anecdotique, il met tout de même en lumière un certain mal-être chez le joueur, qui n’a jamais caché ces difficultés à communiquer avec les personnes autour de lui. William Guillory – journaliste local des Pelicans pour The Athletic – expliquait l’année dernière qu’il pouvait arriver à Ingram de se renfermer dès qu’il n’avait pas les réponses qu’il souhaitait.

« Ingram a essayé de communiquer davantage avec ses coéquipiers et d’autres membres de l’organisation. Il a commencé à sortir de sa coquille et son jeu s’est amélioré. Mais lorsqu’il ne reçoit pas la réponse qu’il attend, Ingram met souvent fin à l’interaction. « Ils ne me comprennent pas », se disait-il. « Ils ne peuvent pas comprendre où j’en suis dans ma vie ». Il évitait les conversations gênantes avec ses coéquipiers, ses entraîneurs et ses proches. »

William Guillory, via The Athletic

Celui qui vient tout juste de fêter son vingt-septième anniversaire le 2 septembre dernier est à un moment crucial de sa carrière. Installé confortablement sur les rives du Mississippi depuis cinq ans, il n’est plus autant en odeur de sainteté. Sans oublier que la franchise va faire face à plusieurs dilemmes financiers très rapidement. Ces playoffs ratés contre OKC (14,3 points à 34,5%) ne vont pas pousser ces derniers à proposer le max à l’ailier, qui est éligible à une prolongation de 208 millions sur 4 ans (environ 35% du cap chaque saison).

Il est tout à fait probable qu’Ingram décide de tester le marché l’été prochain afin de choisir pour la première fois de sa carrière la franchise dans laquelle il jouerait. Si rien n’est sorti publiquement sur ce sujet, il est possible que ce soit un facteur qui bloque les négociations avec les autres franchises. Ces dernières pourraient être inquiètes que l’ailier puisse partir librement dans moins de douze mois.

La franchise de La Nouvelle-Orléans est à un moment charnière de son projet. Cinq ans après le trade de Anthony Davis, les dirigeants semblent à la fois proches et loin de la construction idéale. Il n’est pas exclu que d’autres mouvements arrivent avant le début de saison ou à la trade deadline, que ce soit autour d’Ingram bien sûr, mais pas que. Peut-être que l’arrivée de Murray va les pousser à se séparer de McCollum, lui qui est sous contrat jusqu’en 2026, où il touchera 30 millions de dollars à 35 ans.

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