Bill Wennington
Visuel par Camille

Bill Wennington, Terre Canada

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Cette série s’ambitionne en excavatrice des décombres des décennies 80 et 90 : l’antichambre de la NBA à la lumière des soutiers et besogneux des temps anciens. Aujourd’hui, quatrième coup de pelle avec Bill Wennington, pivot francophone de la mythique équipe des Bulls du second three-peat.

Né en 1963 à Montréal, William « Bill » Wennington est un gamin biberonné à la crosse de hockey. Jusqu’à l’âge de douze ans, il ne touche pas un ballon de basket, mais joue défenseur dans ce qui était déjà, mais davantage qu’aujourd’hui, le sport numéro un des Canadiens dans ces années 70. À l’époque, le basket-ball n’est que la quatrième discipline en terme de popularité, derrière le hockey bien sur, mais aussi le baseball et le soccer. Mais approchant du mètre 90 à seulement douze ans (!), Bill est incité à prendre la gonfle orange, et forcément, la mayonnaise prend très vite avec pareil avantage de taille par rapport aux petits copains.

Le plus grand de la bande, dans son équipe de lycée à Beaconsfield (Québec), milieu des années 70 @X

Une petite musique entendue maintes et maintes fois lorsqu’il s’agit du basket, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de big men : il était petit, il est devenu très grand, on l’a mis au basket, et il a dominé tout le monde. Le basketball est par essence le sport de la discrimination, où l’injustice génétique est reine !

En 1979, âgé alors de seize ans (et 208 cm), ses parents divorcent, Bill suit sa mère et déménage à 9h de route vers le sud, direction New York et Long Island. Le basketball devient sa priorité au point d’en devenir une passion. S’il idolâtre Julius Erving, il préfère s’inspirer pour son jeu de Kareem Abdul-Jabbar (qui sera pour l’anecdote son tout premier vis-à-vis lors de son premier match en 1985, lors d’un envoi au feu d’une minute sur ordre de maître dingo Dick Motta, juste le temps de prendre un panier du Big Fella et de retourner sur le banc)

Ce parcours atypique (un Québécois déménageant précisément à Long Island, puis faisant carrière en NBA), Wennington n’est pas le premier à le faire. Il est intéressant de noter que dans les années 40, un basketteur a pu faire exactement la même trajectoire : naissance à Montréal, déménagement à Long Island, puis six années en NBA chez les New York Knicks, de 1949 à 1956.

Ce joueur était Ernie Vandeweghe, qui n’est autre que le père du double All-Star Kiki Vandeweghe, ailier vedette de la NBA des années 80. Ernie a eu une vie hors du commun (joueur NBA puis physicien dans l’armée de l’air, marié à une Miss America, et dont les quatre enfants seront sportifs de haut niveau), qui fera lui aussi l’objet d’un futur article ici-même.

1981-1985 : Les années universitaires à St John’s, les Jeux Olympiques avec le Canada

Bill devient de plus en plus dominant au lycée, à la Lutherian High School, et intègre deux ans plus tard l’université de St John’s en 1981, la même année que le futur Hall of Famer Chris Mullin, qu’il avait déjà croisé sur le circuit lycéen. Les deux hommes partagent la même chambre et deviennent rapidement amis. Ils y feront un cursus universitaire complet (quatre années), atteignant le tournoi NCAA à chaque fois, avec en point d’orgue une participation au Final Four (éliminés en demi-finale par le Georgetown de Pat Ewing lors du sweater game). De deux ans son cadet, Wennington jouera également avec le meneur All-Star Mark Jackson. Avec également le futur Spur Walter Berry (qui fera l’essentiel de sa carrière pro en Europe), le Red Storm de St John’s était l’une des toutes meilleures universités basket du pays :

« Jouer dans la division Big East à cette époque était incroyable. Mon année senior à St John’s, la plupart de nos matchs étaient retransmis à la télévision nationale. On a joué le Final Four au Madison Square Garden. Cette saison là, nous étions l’équipe des new-yorkais. Aujourd’hui encore, si je me balade à NYC, on me parle autant de mes années Bulls que de mes années à la fac. L’impact médiatique de Patrick Ewing était immense, je lui dois beaucoup pour ma draft NBA. L’affronter lui et les autres big men de la division m’a vraiment préparé à passer à l’étape au-dessus. »

1983 / Bill Wennington avec Chris Mullin, amis et leaders de St John’s @RedStormSports

Lors de cette première année à St John’s, il est sélectionné avec son compère Mullin pour représenter l’Est lors du tournoi McDonald’s All-American, qu’ils gagneront. L’occasion pour Bill de jouer pour la première fois avec son futur coéquipier à Chicago, treize ans plus tard, Michael Jordan.

1981 / McDonald’s East All-American, Bill Wennington balle en main avec Michael Jordan, Patrick Ewing et Chris Mullin @McDonald’s AAG

C’est également lors de ses années fac qu’il portera pour la première fois le maillot de l’équipe nationale canadienne à tout juste 19 ans, dès 1982 lors des championnats du monde avec une honnête sixième place (3 victoires et 5 défaites), mais surtout en 1983, lors des Universiades d’été, remportant l’or face à la Yougoslavie de Dražen Petrović, les américains terminant eux avec la médaille de bronze, malgré Karl Malone, Charles Barkley et Kevin Willis. À noter dans les rangs des canadiens l’actuel sélectionneur de l’équipe d’Allemagne championne du monde Gordon Herbert, ou encore de Jay Triano, ancien coach des Raptors et des Suns.

Avec cette même génération, ils feront l’année suivante les Jeux de Los Angeles, cette fois sans pouvoir exister en demi-finale face aux américains futurs médaillés d’or (Mullin, Ewing, Steve Alford, Jeff Turner, Jordan, Sam Perkins…), puis ratent de peu la médaille de bronze face aux yougoslaves. Du fait de la retransmission des matchs de St John’s sur ESPN, Wennington est le seul joueur reconnaissable de l’équipe, ce qui l’étonnera lorsqu’il se fera alpaguer par des quidams sur le campus du village olympique californien. L’équipe de ces jeux 84 est identique à celle des Universiades 83, les leaders étant Jay Triano, Gerald Kazanowski, Greg Wiltjer (qui jouera en France au Tours FC), Tony Simms, Eli Pasquale et Karl Tilleman. Un bon nombre de cet effectif canadien sera drafté en NBA, sans y jouer, la plupart continuant leur carrière en Europe ou s’arrêtant au stade universitaire.

1984 / L’équipe canadienne aux Jeux Olympiques de Los Angeles, finissant quatrième @CanadaBasketball

Lors de son année senior, Bill Wennington se pose comme l’un des meilleurs pivots de la division Big East, riche en intérieurs (Ewing à Georgetown, Rony Seikaly à Syracuse, Ed Pinckney à Villanova, Otis Thorpe à Providence ou encore Charles Smith à Pittsburgh) : 12,5 points / 6,4 rebonds / 1,5 contres en 31 minutes, le tout à 60% de réussite aux tirs, et 82% aux lancers-francs. Si Chris Mullin est à l’évidence le meilleur joueur de l’équipe, les scouts ne manquent pas d’observer le pivot canadien. Si sa draft ne souffre d’aucune ambiguïté (pivot adroit issu d’une ligue universitaire très compétitive, tir fiable à mi-distance et sur la ligne des lancers, peut dépanner au poste 4, excellent état d’esprit), un défaut majeur, qui le suivra toute sa carrière, l’empêchera d’être sélectionné dans le top 10 : son manque d’impact aux rebonds. Pour un sevenfooter (sa taille finale est de 213 cm), le rendement est en deçà des attentes.

1985-1991 : Des débuts NBA contrastés

Lors de la draft 1985 (une très belle cuvée, celle de Karl Malone, Chris Mullin, Patrick Ewing, Joe Dumars, Terry Porter, Detlef Schrempf, Charles Oakley, Xavier McDaniel, Michael Adams, A.C. Green… tous de futurs All-Stars, dont quatre Hall of Famers), Wennington sait qu’après sa solide saison senior à St John’s, il sera au minimum pris en fin de premier tour. Trois équipes souhaitent le recruter pour renforcer leur raquette : Dallas, Denver et Utah. Le Jazz jettera finalement son dévolu sur Karl Malone pour leur choix à la treizième place, puis les Nuggets iront sur Blair Rasmussen en quinze, c’est donc finalement les Mavericks lors du seizième choix qui accueilleront le pivot canadien. Ces mêmes Mavericks utiliseront leur choix dix-neuf pour drafter un second pivot, Uwe Blab, l’allemand des Hoosiers d’Indiana, le deuxième allemand de cette cuvée après Detlef Schrempf, drafté lui aussi par Dallas, en huitième choix.

1985 / Bill Wennington rookie à Dallas @Brian Drake NBAE

À Dallas, il retrouve une solide équipe d’outsider dans une franchise pourtant toute jeune (cinq années d’existence), coaché par le fantasque Dick Motta, avec un effectif très sérieux : Derek Harper, Rolando Blackman, Mark Aguirre, Sam Perkins, Brad Davis, Jay Vincent … tous dans la fleur de l’âge. Le point faible se trouve au poste de pivot : James Donaldson, le titulaire, recruté fin novembre après le début de la saison en provenance des Clippers, commence à enchaîner les pépins physiques, et son remplaçant Wallace Bryant n’a pas convaincu l’année passée, c’est donc une belle opportunité pour Wennington, certes benjamin de l’effectif, mais en concurrence avec un autre rookie pour le poste de pivot remplaçant, Uwe Blab.

Mais à l’image de ses cinq années à Dallas, cette saison rookie sera en demi-teinte : deuxième voir troisième rotation en pivot, dans une équipe certes de très bon niveau (en point d’orgue la finale de conférence 1988 perdue en sept manches face aux Lakers futurs champions), et étant suffisamment solide sur ses minutes pour rester dans la ligue, mais pas assez pour prétendre à plus. Sur ses 288 matchs à Dallas (playoffs compris), il sera titulaire quatorze fois, avec un temps de jeu avoisinant la douzaine de minutes.

1988 / Le portrait assassin de The Complete Handbook of Pro Basketball @TCHPB

Durant l’été 1990, Dallas se sépare du pivot canadien après cinq années pleines, l’envoyant à Sacramento en échange de l’ailier Rodney McCray. Pour les Mavs, la décennie 90 sera celle du tanking éhonté (0 qualification en playoffs durant ces dix saisons), mais Wennington atterrit dans une franchise guère plus reluisante. Aux Kings, il retrouve Dick Motta et des joueurs d’un calibre inférieur à ses anciens collègues texans : ici, les leaders sont Antoine Carr, Wayman Tisdale et Lionel Simmons. La bonne nouvelle pour Bill, c’est qu’il va jouer. Collectivement, l’année est déprimante, avec 25 victoires seulement. Financièrement, Wennington triple presque son salaire annuel, passant d’environ 20 000$ mensuel à Dallas, à 58 000$ en Californie. Statistiquement, cela reste l’une des ses meilleures saisons, disputant même 23 rencontres comme titulaire. Malgré tout, il considère cette saison 1990-91 comme étant la pire de sa carrière professionnelle :

« Nous discutions souvent avec les autres rookies de Dallas, Schrempf et Blab, de ce dilemme : mieux vaut-il jouer peu dans une équipe forte, ou jouer beaucoup dans une équipe faible? J’ai découvert à Sacramento que je préférai être dans le premier cas figure. À Sacramento, il n’y avait aucune alchimie, nous n’avons gagné qu’un match à l’extérieur de toute la saison. Mentalement, c’était dur. En quelques mois, j’ai réussi à me dégouter du basketball, j’ai même cru arrêter ma carrière! J’avais 28 ans, je venais de faire ma sixième année NBA, ce qui était déjà largement au dessus de la moyenne. J’ai voulu dire stop. »

1991 / Une bonne saison chez des Kings déprimants @Rocky Widner NBAE

1991-1993 : L’escapade italienne

1992 / La Virtus Bologna 1992-93 @foto tratta dal libro 3 Volte Virtus

Le besoin de changement passera par l’Europe et l’Italie, et plus précisément la Virtus / Kinder Bueno / Knorr J’adore / Segaffredo / Buckler Bologna (l’enfer du sponsoring intégré au nom de club, un vaste sujet). C’était alors la Virtus Knorr de Bologne, grosse écurie italienne entraînée par le mythique Ettore Messina. Bill a mis du temps à s’adapter :

« Ma femme était enceinte, je venais d’arriver en Europe, seul. L’adaptation a été difficile, je n’ai vu mon fils que quinze jours après sa naissance. Comme je ne pouvais pas manquer les matchs, je devais faire l’aller-retour Bologne-Sacramento en 48 heures. Très compliqué. Et je ne parlais pas un mot d’italien. »

Mais petit à petit, ce bon Bill reprend vie. Il se rapproche du pivot Augusto Binelli, qui, bien qu’italien, a passé deux ans à New York dans le même lycée que le québécois, avant de passer 17 ans à Bologne.

Pour la première fois, Wennington n’est pas utilisé comme seul grand dans la raquette, Messina décidant de jouer grand et de décaler le canadien poste 4. Lors de la saison 1991-92, Bologne laisse filer le titre au Trévise de Toni Kukoč et Vinny Del Negro, échouant en demi-finale face à Pesaro.

Mais la saison suivante sera magistrale : leader en championnat avec seulement six défaites, suivie d’une campagne de playoffs invaincus, passant un 3-0 en finale face à Trévise, avec en moyenne 20 points d’avance sur les trois rencontres. Saison frustrante pour Trévise, 93 étant l’année de la défaite en finale de l’Euroligue face au CSP Limoges. Côté Bologne, pas de regrets en Coupe d’Europe avec une nette élimination en quart face au Real Madrid, échouant comme la saison passée au même niveau de la compétition. Wennington est titulaire indiscutable et l’un des plus gros temps de jeu sur ces deux saisons, tout en montant son niveau lors des campagnes de playoffs.

Remporter le scudetto en étant une pièce maitresse de Messina aura été salvateur dans la suite de sa carrière, mais pas que :

« Aujourd’hui encore, je dis que j’ai gagné quatre titres dans ma vie. Quand les gens me regardent sans comprendre, je leur parle de mes années à Bologne. Elles m’ont régénéré. Mon expérience à la Virtus a prolongé ma carrière. C’est à Bologne que j’ai vécu pour la première fois dans une vraie ville. Bizarre pour un Nord-Américain, non ? Pourtant, auparavant, j’avais toujours vécu en banlieue, où la vie s’écoule de manière monotone. Ici, au contraire, je me suis retrouvé dans un environnement dynamique et international. Je me souviens de Luciano, un serveur du restaurant « la Grada ». Nous sommes devenus amis, il m’a beaucoup encouragé dans les moments difficiles. Je n’oublierai jamais la chaleur des gens. À l’époque, il n’y avait que deux étrangers par équipe, ce qui vous incitait à explorer les lieux et à faire connaissance avec les habitants. »

1993-1999 : La formidable épopée Chicago Bulls

Bill Wennington
1994 / 30 ans et première année aux Bulls @Andrew D. Bernstein NBAE

À la fin de son contrat en Italie, le téléphone sonne pour la NBA, et Wennington est convié à plusieurs camps d’été pour cette intersaison 1993.  Après un premier essai mitigé à Portland (qui finira par signer ce bon Chris Dudley, un profil qui pourrait tout à fait avoir son article en ces lieux), Bill enchaîne avec un second essai, concluant cette fois, à Chicago. Un précontrat d’un mois est signé, et s’il ne fait pas l’affaire, l’histoire est terminée fin novembre.

Bénéficiant de la blessure de Scott Williams, Wennington se montre vaillant et efficace lors des premiers matchs, donnant lieu à un contrat classique. Un tout petit salaire, même pour l’époque (environ 12 000$ par mois pour la première année), mais Bill est de retour en NBA, et dans la meilleure équipe de la décennie. Les Bulls sont malgré tout désormais orphelins de Michael Jordan, jeune retraité, après un brillant three-peat.

Pour le poste de pivot, la raquette semble bien équipée en début de saison : avec Bill Cartwright, Scott Williams, Stacey King et Will Perdue, le canadien se voit promettre le bout de banc. Mais les blessures successives ou la méforme des quatre pivots en place amèneront les Bulls à signer le pivot australien Luc Longley en février, en échange de King, et c’est bien Wennington qui termine la saison en deuxième option.

Joueur intelligent, il saisi très rapidement le principe du jeu triangle demandé par Phil Jackson et Tex Winter, qui lui demandent également de ne pas hésiter à prendre des tirs, ce que le canadien fera : cette première année à Chicago constituera son plus gros volume de tir (6 tirs tentés en 18 minutes de moyenne). Privé d’un glouton comme Jordan, tout le monde doit être plus volontaire offensivement, tout comme Toni Kukoč, son ancien adversaire en Italie, désormais coéquipier lors de cette saison 1993-94.

Longley – Wennington : panoplie mobile

S’il n’était pas un cador en attaque, Bill possédait quelques beaux mouvements qu’il maitrisait plutôt bien : un joli tir à mi-distance, loin d’être généralisé à l’époque pour un sevenfooter, et un bras roulé main droite tout en finesse. Ses mouvements au poste sont à l’inverse moins déliés, mais là où Longley était à l’aise pas trop loin du cercle, dans l’axe de la raquette, Bill pouvait quant à lui étirer le jeu pour déclencher à quatre ou cinq mètres, souvent ligne de fond. Deux grands dadets (Longley culminait à 218 cm), différents mais complémentaires lors de leurs passages successifs sur le terrain. Une petite danse qui va se prolonger quatre années supplémentaires.

1995 / Quelques minutes avant le match à 55 pts de MJ au MSG @Manny Millan pour Sports Illustrated

Après une élimination en sept manches lors des demi-finales de conférence par les Knicks, Chicago garde pleine confiance en son secteur intérieur, Longley – Perdue – Wennington, mais pour cette saison 1994-95, c’est Perdue le titulaire, pour sa dernière année au club. L’évènement majeur de cette saison sera évidemment le come-back de Jordan en mars 95, et Wennington sera même associé au premier match de Sa Majesté au Madison Square Garden, quelques jours après son retour (le double nickel game) dans lequel Jordan enfilera 55 points, sans vergogne, pour finir sur une passe décisive à quatre secondes de la fin pour un smash à deux mains de notre bon Bill, scellant la victoire des siens sur son seul panier de la rencontre.

Une relation d’estime avec Jordan, bien que pas toujours simple :

« MJ ne voulait pas seulement être le meilleur joueur NBA, il voulait être le meilleur joueur dans la meilleure équipe NBA. Il nous poussait à l’entraînement au point que ces séances étaient plus difficile que certains matchs! Il nous voulait qu’on soit à son niveau, mais que nous atteignons 100% de notre potentiel respectif. Pour certains, c’était difficile, mais c’est une question de perspective : de mon point de vue, ça ne l’était pas. MJ me rentrait dedans pour savoir si j’étais un coéquipier de confiance, savoir si j’allais être fiable lors des fins de matchs pour gagner. Est-ce qu’en prenant un gros coup j’allais gémir, me faire porter pâle et être sur la liste des blessés, ou est-ce que j’allais le rendre et devenir meilleur? C’est ce qu’il testait. Mais il avait à l’évidence un besoin constant de prétexte à motivation. Un jour à l’entraînement, sur la première action, je contre son tir. Il a passé le reste de la séance à venir me chercher, quitte à dribbler les autres joueurs pour venir me trouver, même si j’étais à l’autre bout du terrain en iso sur Luc Longley, et me shooter sur la tête, « Block that, bitch! ». Je l’ai secoué sur l’action suivante, et contrer de nouveau sur celle d’après. Et c’est ce qu’il avait chercher à faire. Car finalement, il avait besoin de gagneurs autour de lui, en qui il pouvait faire confiance. Scott Burrell, qui était un super joueur, n’était pas le type le plus assidu de l’équipe, et était plus dans la fête que dans la compétition. Dans The Last Dance, on voit que Jordan lui rentrait dedans pour cela, mais finalement nous étions tous un peu comme ça avec Scott! Il a fini par comprendre et s’est amélioré sur son professionnalisme. « 

La suite de cette saison 94-95 se fera en playoff, on connait l’histoire, élimination en demi-finale par Orlando, Jordan avec le numéro 45, l’été de MJ à tourner Space Jam, etc etc.

1995 / L’effectif des Bulls 1995-96 : 72 victoires en saison régulière + le titre @Media Guide

La saison 1995-96 des Bulls est des plus connues car historique : le meilleur bilan de saison régulière pour l’époque, couplé à des playoffs quasi parfait (15 victoires et 3 défaites). Dans cette équipe, Wennington retrouve son statut de pivot remplaçant attitré, Longley redevenant titulaire après le départ de Will Perdue pour San Antonio. Blessé à l’épaule un tiers de la saison régulière (en faisant du surf!), l’australien laissera sa place de starter à notre québécois, le temps de vingt matchs.

1996 / Bill Wennington au dunk lors une saison historique @Scott Cunningham NBAE

En 1996-97, Bill dispute 61 rencontres dont 19 en tant que titulaire (toujours Longley et ses pépins physiques), mais se blesse à son tour quelques semaines avant les playoffs, ne pouvant s’aligner lors de la campagne du second titre face au Jazz. Il prendra sa revanche la saison suivante, celle du deuxième three-peat et de The Last Dance, disputant 16 des 21 matchs de la campagne de playoffs 1998 des Bulls, gagnant à 35 ans une troisième bague NBA.

Après la seconde retraite de Jordan, le départ de Phil Jackson et de son staff, de Pippen, Rodman, Longley, Kerr et consort, Wennington est l’un des rares joueurs du second three-peat à porter le maillot des Bulls lors de cette année amputée par le lock-out 1999. Lors de cette année 0 du projet de reconstruction, il traîne son âme en peine aux côtés de Toni Kukoč, Ron Harper et Randy Brown dans une équipe peinant à gagner 13 des 50 matchs de cette saison écourtée.

En septembre 1999, Bill signe aux Kings pour un retour express en Californie : sept matchs disputés aux côtés des Jason Williams, Vlade Divac, Peja Stojaković et Chris Webber avant que le corps ne lâche complétement, pour finalement prendre une retraite officielle le 1er novembre, quelques semaines à peine après sa signature.

Fin d’une carrière riche de treize saisons NBA plus deux en Italie. Wennington restera par la suite dans le basket, devenant commentateur radio pour le compte des Bulls.

Triple champion NBA, champion d’Italie, médaillé d’or aux universiades d’été avec le Canada ainsi qu’une participation aux Jeux Olympiques de Los Angeles, et membre du Hall of Fame de l’université St John’s, le C.V. de Bill Wennington a de quoi faire pâlir bon nombre de joueur professionnel. S’il a été un cadre de la sélection canadienne et une pièce maitresse de la Virtus Bologna d’Ettore Messina, il aura été un pivot remplaçant fiable dans l’une des plus belles équipes NBA jamais constituée, un role player au comportement irréprochable et à l’esprit d’équipe reconnu de tous, que l’on hésite pas à mettre sur le terrain lors de moments décisifs.

2017 / Luc Longley et Bill Wennington, les retrouvailles @X

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