Oscar Robertson, membre de la Team USA 1960

Quand Oscar Robertson a déclaré que Team USA 1960 aurait pu vaincre Team USA 1992

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Lorsque l’on évoque une discipline olympique où une nation en particulier excelle sur toutes les autres, difficile de trouver plus victorieux que les Etats-Unis et le basketball. En effet, les Etats-Unis n’ont pas attendu d’envoyer leurs meilleurs joueurs pour dominer le basket FIBA de la tête et des épaules.

Hormis la défaite très controversée en finale des JO de Berlin en 1972 contre l’URSS, Team USA avait remporté l’or sur l’entièreté de leurs participations aux Jeux Olympiques (1936 à Berlin, 1948 à Londres, 1952 à Helsinki, 1956 à Melbourne, 1960 à Rome, 1964 à Tokyo, 1968 à Mexico, 1976 à Montréal et 1984 à Los Angeles après le boycott des JO de Moscou en 1980).

C’est une défaite en demi-finale des JO de Séoul en 1988 contre l’URSS puis une défaite en demi-finale de la Coupe du Monde en Argentine en 1990 qui poussera finalement le Comité Olympique à valider cette décision qui marquera à tout jamais l’histoire de la balle orange. Mais avant que la « Dream Team » ne soit formée en 1991, Team USA de 1960 avait tellement écrasé la compétition qu’elle était considérée comme la meilleure équipe de tous les temps.

L’effectif et le parcours de Team USA en 1960

À l’approche des Jeux de Rome, les Etats-Unis restaient invaincu avec un bilan Olympique de 4 médailles d’or en 4 participations. Cette série n’était pas prête de se terminer au vu de l’effectif aligné qui était tout simplement le meilleure de leur histoire composé d’une génération de joueurs universitaires qui a fait connaître à la Grande Ligue une ère de compétition qu’elle n’avait encore jamais vu. Cette équipe ne manquait pas de talent comme le rappel Oscar Robertson, meneur de cette équipe :

« En 1960, nous avions une très bonne équipe de basketball, avec un très bon entraîneur en la personne de Pete Newell. Il y’avait Jerry West, Jerry Lucas, Walt Bellamy et moi. Des années plus tard, une fois que j’étais sorti du circuit professionnel, je me suis senti vraiment chanceux en réalisant que ce n’était pas donné à tout le monde de faire les Jeux Olympiques. » via NBA Love Story

Si les Etats-Unis était porté par son quatuor Robertson-West-Lucas-Bellamy, l’effectif n’en était pas moins dense avec des noms comme Terry Dischinger (3 fois All-Star et rookie de l’année 1963), Adrian Smith (All-Star) ou encore Bob Boozer (All-Star).

Le déroulé de la compétition de l’époque était différent de celui actuel et était une première et un unique fois dans l’histoire tellement il était spécial. Il y avait 4 poules de 4 équipes dont les 2 premiers se retrouvaient alors dans 2 poules de 4 dont les deux premiers de chacune de ces poules se retrouvaient qualifié pour la finale qui regroupait 4 finalistes (il n’y avait pas de quart, ni de demi, ni de finale).

Après une phase de poule où ils se s’imposent sans grande difficulté contre l’Italie (88-54), le Japon (125-66) puis la Hongrie (107-63), le déroulé de la compétition. Lors de cette deuxième phase de la compétition, les Américains ont une nouvelle fois roulé sur la concurrence en battant la Yougoslavie (104-42), l’Uruguay (108-50) et l’URSS (81-57). Dans la poule finale, ils sont venu à bout de l’Italie (112-81) puis du Brésil (90-63) et sont sacrés champions Olympique. L’URSS récolte la médaille d’argent et le Brésil ferme la marche du podium.

Les comparaisons d’Oscar Robertson avec la Dream Team

Oscar Robertson, qui était le leader de cette jeune armada avait même déclaré plus tard que cette équipe nationale était meilleure que ce que l’on pensait :

« À mon sens, l’équipe des Jeux Olympiques de 1960 est sous-estimée par le Comité Olympique, par ESPN, par HBO et par tous ces autres groupes quand ils parlent des grandes équipes. La Dream Team de 1992 comportait des futurs Hall of Famers. Nous aussi. Je ne comprends pas comment ils peuvent dire que la Dream Team est la meilleure qui ait jamais existé. Ils se contentaient de jouer en isolation. Lors de la plupart des matchs, il n’y avait pas de résistance en face. Ils ne nous auraient pas battu. » via NBA Love Story

De prime abord, cette déclaration semble audacieuse de la part d’un légende des 60’s qui voudrait tout simplement remettre de la lumière sur sa génération dorée. Mais en prenant un peu de recul, cette déclaration peut se tenir bien que 32 ans sépare ces deux équipes : deux époques qui restent difficilement comparable.

Tout d’abord, il ne faut pas oublier que la Dream Team affiche une défaite à son compteur, c’était contre les meilleurs joueurs universitaires du pays (Chris Webber, Grant Hill, Alonzo Mourning, Lattrell Sprewell, Allan Houston…). Lorsque Big O déclare qu’ils ne faisaient que de l’isolation, il reste évident que des joueurs universitaires ne sont pas encore dans la force de l’âge et privilégient le collectif notamment grâce à des coachs qui ont bien plus de pouvoir (à la manière des coachs en Euroleague).

D’un autre côté, Team USA 1992 était composée de 11 joueurs All Star (et Christian Laettner, un joueur NCAA) dont 9 d’entre eux étaient des Franchises Players depuis plusieurs saisons. Depuis que les Etats-Unis envoient des joueurs professionnels lors des compétitions FIBA, il est clair que c’est un assemblage de talents contrairement aux autres équipes nationales du Vieux Continent qui ont une vraie identité de jeu et un collectif stable qui se connaît mieux. Même si le talent est tel qu’il suffit à avoir raison sur l’alchimie d’un collectif, cela n’a pas empêché les Américains d’échouer notamment en 2002, 2004 et 2006 entre autres.

Que vaut la Team USA 1960 ?

Du côté des joueurs de la génération 1960, ils pouvaient compter sur trois joueurs figurant dans la All Consensus 1st Team : Jerry West (West Viriginia), Oscar Robertson (Cincinnati) et Jerry Lucas (OHIO State) ainsi que sur Terry Dischinger (Purdue) de la All Consensus 2nd Team. De plus, Oscar Robertson est élu meilleur joueur universitaire du pays et atteint le Final Four lors de la March Madness tandis que Jerry Lucas remporte le tournoi NCAA.

Pour ce qui est de l’adversité, les équipes telles que l’URSS ou encore la Yougoslavie possédaient certes quelques légendes mais n’étaient clairement pas dans leur âge d’or de la fin des années 1980 et le début des années 1990. Mais il ne faut pas oublier que les joueurs universitaires avaient entre 18 ans pour les plus jeunes et 22 ans pour les plus âgés et ont dû affronter des joueurs professionnels d’une expérience d’environ 10 ans pour la majorité d’entre eux. Bien qu’une minorité a joué aux Etats-Unis dans un contexte d’une Ligue qui ne s’était pas encore internationalisée et d’une Guerre Froide qui freinait les échanges notamment avec les Soviétiques qui étaient la meilleure nation derrière les Américains.

Si le backcourt Oscar Robertson – Jerry West est clairement le duo dominant de cette équipe, il ne faut pas oublier que Lenny Wilkens était absent et aurait pu être meneur remplaçant, renforçant encore plus cette équipe. Lors de leur saison rookie et sophomore, c’est-à-dire entre 1 et 3 ans après la compétition et une fois devenu professionnel, Oscar Robertson tournait à 30,5 points, 10,1 rebonds et 9,7 passes de moyenne, Jerry West était à 30,8 points, 7,9 rebonds et 5,4 passes (en sophomore), Terry Dischinger à 25,5 points, 8 rebonds et 3,1 passes, Jerry Lucas à 21,4 points, 20 rebonds et 2,4 passes (en sophomore) et Walt Bellamy à 31,6 points, 19 rebonds et 2,7 passes de moyenne.

Lorsque Mr. Triple Double parle de « moins d’adversité », il fait sans doute référence au fait que l’URSS avait été démantelé et que la Yougoslavie, pour des raisons géopolitiques avait été suspendu lors de ces JO laissant place qu’à la Croatie pour représenter les Balkans.

Afin que vous puissiez avoir un ordre d’idée, voici à quoi ressemblerait les match-up sur les 5 majeurs :

Team USA 1960                                  Team USA 1992

PG : Oscar Robertson                 PG : Magic Johnson

SG : Jerry West                             SG : Michael Jordan

SF : Terry Dischinger                   SF : Charles Barkley

PF : Jerry Lucas                             PF : Karl Malone

C : Walt Belllamy                          C : Patrick Ewing

Est-ce qu’Oscar Robertson avait raison et que Team USA 1960 est en réalité plus forte que Team USA 1992 ? Jamais on ne le saura, et comparer deux époques où le jeu était totalement différent n’est pas ce qu’il y’a de plus simple à faire en analyse. Une chose reste sûre, aucun match n’est joué d’avance et tous les scénarios sont envisageable, le sport ne sera jamais à court d’exploits. Pour info, les Cincinnati Royals ont eu dans leur effectif en 1963-64, cinq joueurs sur les 12 de Team USA championne Olympique moins de 4 ans plus tôt (Ocsar Robertson, Jerry Lucas, Adrian Smith, Bob Boozer et Jay Arnette).

Etudiant en L2 Information-Communication dans l'objectif de faire du journalisme.
Beaucoup de sujets historiques avec un peu d'actualité sur la NBA et le basket en général, l'histoire n'a pas fini d'être raconté dans un devoir de mémoire des plus grandes légendes.

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