Le Cameroun a failli participer pour la première fois de son histoire aux Jeux Olympiques. Malheureusement, ils n’ont pas réussi à finir le Tournoi de Qualification Olympique (TQO). La faute à un mélange entre malchance et véritables problèmes de fond pour créer une équipe cohérente. Néanmoins, malgré cela, il y a de réelles pistes d’avenir pour les Lions Indompatables.
Le Cameroun, un problème d’unité nationale
Le principal problème de l’équipe du Cameroun réside dans le fait que ses plus éminentes stars ne portent pas les couleurs du pays. Néanmoins, certains NBAers comme Pascal Siakam font l’effort de porter le maillot national pour construire une bonne équipe sur le long terme. Des efforts mis en péril par le sort qui semble s’acharner sur les Lions Indomptables.
Pascal Siakam : l’étendard
Pascal Siakam est la plus grosse star camerounaise qui témoigne d’une volonté de jouer pour le Cameroun. Il ne rate pas une occasion de rendre hommage à son pays d’origine comme lorsqu’il a arboré le drapeau de Cameroun, sur ses épaules, après le titre remporté en 2019. Néanmoins, le mariage n’a toujours pas eu lieu et pourtant cet été 2024 semblait clairement être l’occasion propice. Les Lions Indomptables avaient certainement aligné la plus belle équipe de leur histoire avec la présence notamment d’Yves Missi, sélectionné en 21ème position par les Pelicans lors de la Draft 2024.
Pascal Siakam a d’ailleurs été dans la liste des 26 présélectionnés pour participer au TQO. Cependant, les Pacers ne l’ont pas laissé participer au tournoi à cause de sa situation contractuelle. Étant free agent, son nouveau contrat avec Indiana a dû être signé le 6 juillet. Ainsi, il n’a pas été libéré à temps pour représenter son pays parce que la franchise est prioritaire sur la sélection nationale.
Le Cameroun n’a pas pu combattre avec toutes ses armes lors de ce TQO dans lequel ils se sont inclinés en demi-finale contre la Lettonie.
Christian Koloko : le maudit
Si Pascal Siakam était bloqué avec sa situation contractuelle, il y a un autre joueur NBA qui n’a pas pu être présent : Christian Koloko. Le jeune Camerounais passé par les Raptors également a été coupé par la franchise du Canada cette saison. La cause ? Un caillot sanguin qui l’a mis sur la touche. Pire encore, il n’est pas certain de revoir le pivot fouler à nouveau un parquet. Il consulte depuis plusieurs mois, de nombreux médecins qui doivent faire le point sur la poursuite ou non de sa carrière. C’est encore un nouveau coup dur pour les Lions Indomptables qui perdent un énorme talent pour leur équipe nationale.
Cependant, Pascal Siakam et Christian Koloko ont envie de jouer avec le Cameroun. Cela témoigne d’une volonté de réellement construire un projet sportif cohérent qui ne peut qu’élever le niveau international du pays. Tous leurs efforts ont eu du plomb dans l’aile à cause d’un joueur : Joel Embiid.
Joel Embiid : l’opportuniste
Joel Embiid est, sans aucun doute, le plus gros talent issu du Cameroun. Il aurait pu représenter l’équipe locale, mais il n’a pas voulu. Face au choix entre la France, le Cameroun et les États-Unis, le pivot des 76ers a fait le choix de l’équipe américaine. Une décision justifiée par l’envie de représenter le pays natal de son fils, mais qui a beaucoup fait parler au pays.
Joel Embiid, the NBA’s reigning Most Valuable Player, has committed to play for Team USA at the Paris 2024 Olympics, sources told ESPN on Thursday.
Embiid informed Team USA executive director Grant Hill of his decision on Thursday morning, sources said, just days after the two… pic.twitter.com/W2dfW71aMs
— Ramona Shelburne (@ramonashelburne) October 5, 2023
Lors du media day de l’année dernière, Joel Embiid a davantage développé son choix. Il a déclaré vouloir jouer pour le Cameroun, mais qu’il voulait surtout jouer les Jeux Olympiques. Si on creuse un peu plus cette déclaration, cela sous-entend clairement qu’il ne pense pas jouer les JO avec son pays natal. Cette réflexion traduit un sérieux problème : le Cameroun ne parvient pas à créer une unité au sein de son équipe nationale.
Joel Embiid aurait justement dû incarner cette cohésion. Avec l’un des meilleurs joueurs de la planète qui fait le choix de jouer pour un pays qui n’a que très peu de poids sur l’échiquier international du basketball, il est certain que l’équipe aurait passé un cap. Le Cameroun aurait pu suivre les pas de la Grèce de Giannis Antetokounmpo et participer aux Jeux Olympiques grâce à la présence d’un MVP dans ses rangs. Malheureusement, il a choisi la facilité en rejoignant les États-Unis.
Comment créer un projet Camerounais cohérent ?
L’exemple des Bahamas
Pour créer une équipe nationale performante, il est important de proposer un projet cohérent. Le but est de créer un engrenage au sein duquel, une superstar NBA choisirait de jouer pour la sélection. Elle serait suivie par des joueurs incertains quant à leur choix d’équipe nationale et ainsi cela relèverait le niveau global du pays. Une nation commence à appliquer ce modèle et il s’avère plutôt performant : les Bahamas.
Ils ont réussi à recruter des joueurs de renom comme Buddy Hield ou Deandre Ayton qui ont pu par la suite attirer d’autres bons éléments. Eric Gordon a rejoint l’effectif et Klay Thompson a même été intéressé par le projet avant de se prendre un véto de la part de la FIBA. En effet, il est impossible, en théorie, de jouer pour deux sélections nationales, sauf si cela sert au développement de la seconde nation. Eric Gordon a pu bénéficier de cette exception, mais pas Klay Thompson qui a déjà porté le maillot de Team USA.
L’envie de Pascal Siakam de jouer pour le Cameroun aurait dû tendre à la réalisation de ce projet, mais la décision de Joel Embiid de jouer pour les États-Unis a compromis les plans de la fédération. Comment vendre un projet sérieux si ton meilleur talent décide de ne pas en faire partie ? Voilà, le problème auquel font face les Lions Indomptables. Néanmoins, il existe une solution qui pourrait faire passer un cap à cette équipe.
L’arrivée de joueurs étrangers
Le Cameroun a pu se hisser un chemin jusqu’en demi-finale du TQO grâce à l’arrivée de Jeremiah Hill. Cet Américain d’origine camerounaise a choisi de jouer pour son pays d’origine et il fait énormément de bien lors de la campagne pré-olympique. Il a notamment joué un rôle central dans la victoire face au Brésil avec ses 22 points, 6 rebonds, 6 passes. C’est un bon meneur qui pourrait former un duo très intéressant avec Pascal Siakam.
Cependant, le problème reste le même côté Cameroun. À chaque fois qu’il semble pouvoir porter un projet intéressant, il leur arrive une mésaventure qui contrecarre tous leurs plans. Néanmoins et, peut-être, pour la première fois de leur histoire, les Lions Indomptables ont une base de projet cohérent, à eux de le faire grandir pour pouvoir réaliser leur principal objectif : participer aux Jeux Olympiques pour la première fois.
Enfin, le Cameroun et plus largement l’Afrique dans sa globalité développent de plus en plus d’infrastructures pour favoriser le développement de talent au sein du continent pour qu’ils ne cherchent pas à se construire une carrière ailleurs.
Le basket en Afrique : un projet en développement
Si l’équipe Camerounaise rencontre des difficultés à conserver ses talents, il existe de plus en plus de projets sur le continent africain qui tendent à développer le basketball à l’échelle continentale. Ces initiatives doivent permettre à ce sport de se développer et de faciliter la conservation des talents afin de limiter leur fuite vers des continents étrangers avec de meilleurs moyens de formation.
La Ligue Africaine de Basketball : la BAL
Pour lutter contre la fuite des talents, une solution a été mise en place. Nommée la Ligue Africaine de Basketball (BAL), elle tend, en collaboration avec la NBA, à promouvoir le basket africain. Cette ligue concerne des équipes africaines composées de joueurs locaux. En effet, les 12 équipes n’ont le droit qu’à un maximum de deux joueurs non issus du continent au sein de leur effectif.
La BAL joue un sérieux rôle dans le développement des ligues nationales de chaque pays. En effet, les vainqueurs de chaque championnat peuvent espérer participer à la ligue continentale. L’objectif ici est de donner envie aux joueurs locaux de rester dans le continent et ne pas s’exporter à l’autre bout du monde pour jouer à haut niveau.
L’intérêt ici est double. Tout d’abord, cela crée un sentiment d’attachement à l’équipe nationale et encourage leur développement avec un effectif plus consistant. Le second objectif est de développer davantage les structures liées au basket, ce qui est un sérieux problème en Afrique.
La NBA Academy pour former les jeunes espoirs
Si la BAL est un bon projet pour développer le basket sur le continent Africain, il s’agit d’une ligue professionnelle qui concerne des joueurs confirmés et qui, de facto, n’ont pas le potentiel ou l’ambition de jouer à un niveau plus élevé. Cela ne résout donc pas le problème de fond : Comment faire pour développer des talents en Afrique ? Un début de réponse semble naître avec la NBA Academy. Fondée en 2018, elle réunit les 26 meilleurs basketteurs du continent âgés de 14 à 20 ans. Le but est de leur offre un cadre de développement pour jouer, à terme, à très haut niveau.
Ce projet ne se limite pas uniquement au basket parce que s’il y a d’excellents prospects, tous ne pourront pas devenir pros. Ainsi, la NBA Academy leur offre un cadre éducatif afin de former certes de bons athlètes, mais aussi des personnes capables d’occuper de hauts postes au sein de leur future entreprise. Sur le long terme, il n’est pas impossible de voir de nouvelles Academy ouvrir leurs portes, ce qui serait un réel plus pour le continent Africain.
Ces projets peuvent donc profiter à chacune des équipes nationales et de pouvoir, à terme, rivaliser avec certaines formations du reste du monde. Le Cameroun et l’Afrique ne sont donc qu’au début d’un long processus, mais qui ne peut être que bénéfique pour l’ensemble des acteurs du développement du basket sur le continent.