Reggie Miller, reconnu dans la liste des 75 meilleurs joueurs de l’histoire de la NBA
Reggie Miller a eu une formidable carrière. Lors de sa retraite en 2005, il était reconnu comme le meilleur tireur à trois points de l’histoire, et un des joueurs les plus clutchs de l’histoire. Il a eu certains moments qui seront à jamais gravés dans l’histoire du basket. Cela dit, ces dernières années, il est devenu un nom polarisant. Personne ne dit qu’il était mauvais, tout le monde sait qu’il était bon. Mais à quel point ? Voyons ça ensemble.
Cheryl et Reggie Miller à l’université
Lors de son arrivée en NBA, Reggie Miller est passé sous les radars. Principalement parce qu’il n’était même pas le meilleur joueur de sa famille, puisque sa sœur Cheryl Miller était une multiple médaillée d’or, notamment aux Jeux Olympiques de 1984, 2 fois championne NCAA et 3 fois joueuse universitaire de l’année.
Même quand il a été drafté numéro 11 en 1987, il regardait la draft depuis chez lui et il n’y avait pas vraiment de réaction dans la salle. Les fans n’avaient pas beaucoup d’espoirs en lui. Cependant, il était un super scorer à la UCLA. Il était connu pour avoir une forme de tir bizarre, mais qui rentrait, et il était un des meilleurs shooteurs des Etats-Unis.
Dans ses premières saisons, il a mis quelque temps à se développer, mais dès sa troisième saison, il a trouvé sa place. Durant la saison 1989-90, il tournait à 25 points à 51% au tir, 41% à 3 points et 87% aux lancers, 4 rebonds et 4 passes en moyenne. Sa meilleure moyenne de points en carrière et sa première saison en tant qu’All-Star.
Quand on pense à Reggie Miller, on pense surtout à un truc du style « Oh il était un superbe shooteur. » Rien de plus. Mais on ne parle pas des autres facettes de son jeu. Quand il était jeune, il était doué pour finir dans la raquette, ce qui explique son efficacité. Il a fait partie du club 50/40/90. Pendant certaines saisons, il tournait à 7 lancers francs par match. Puis on parle de ses tirs à 3 points, mais il adorait aussi les tirs à mi-distance. Il avait aussi un très bon QI basket et savait rester concentré dans les dernières minutes des matchs.
Reggie Miller cherchant la faute en plein tir
Notons aussi qu’il est à l’origine d’un changement de règles. Reggie Miller avait l’habitude d’écarter les jambes pour inciter le contact et obtenir des fautes, et la NBA a dû changer ça pour que ça soit une faute offensive. Pendant les années qui suivirent, ce n’était pas terrible à Indiana. Alors que Reggie Miller tourna à plus de 20 points de moyenne année après année, les Pacers se faisaient éliminer au 1er tour pendant 4 années consécutives.
Le truc est qu’Indiana n’a jamais été attractif pour les agents libres. Personne ne voulait signer là-bas, donc ils devaient développer leurs choix de draft et faire de bons trades, comme celui qui a amené Detlef Schrempf contre Herb Williams en février 1989. Ainsi, pendant sa carrière, ses meilleurs coéquipiers venaient des choix de draft des Pacers : Chuck Parsons, Rik Smits, Dale Davis et Antonio Davis. C’était la galère dans une conférence ultra compétitive.
Reggie Miller indiquant que les Knicks était en train de choke
En 1994, les Pacers ont enfin passé le 1er tour et ont atteint les finales de conférence. Face aux Knicks, la série était physique mais quand même divertissante à regarder. Au match 5, c’est là que Reggie a montré au monde ce qu’il pouvait faire. Le match où il a marqué 25 points dans le 4e quart et fait le symbole du choke à Spike Lee. Malheureusement, les Pacers perdront les matchs 6 et 7.
Reggie Miller était le meilleur marqueur de la série entre les deux équipes, mais ça n’était pas suffisant. Mais le match 5 l’a rendu célèbre, avec ses 39 points, 6 tirs à trois points, 6 passes décisives et 0 perte de balle. Ce fut son meilleur match en Playoffs et sa performance la plus clutch…
Jusqu’à l’année suivante où il marqua 8 points en 9 secondes en demi-finales de conférence face à New York au match 1, dans une série que les Pacers remporteront, et qui rappelleront pourquoi le 4e quart-temps était le « Miller Time ». Malheureusement cette fois-ci, le Magic bloque le chemin.
Les années suivantes furent un peu plus compliquées, avec Reggie Miller qui subit plusieurs blessures et le Pacers qui vieillissaient et stagnaient. Cependant, entre 1998 et 2000, Larry Bird est devenu le coach de l’Indiana, et durant cette période, les Pacers étaient au top de leur forme.
Reggie Miller avec le panier de la gagne au match 4 des Finales de Conférence de 1998
Miller vieillissait, et pourtant il était toujours le meilleur marqueur. En 1998, les Pacers font leur retour en finales de conférence et poussent les Bulls jusqu’à un match 7 avant de se faire éliminer. Cette série a notamment inclus le fameux tir à 3 points clutch de Reggie au match 4. Elle a également inclus le seul match 7 disputé par les Bulls de Jordan durant leur deuxième Three-Peat.
En 1999, ils ont encore une fois perdu en finales de conférence, et encore face aux Knicks, les 8e de conférence cette année-là. Mais en 2000, Indiana a enfin atteint les Finales. Les Bulls ne sont plus là, ils ont surpassé les Knicks, c’est leur moment… Mais Shaq et Kobe. Malheureusement, alors qu’un duo dominant disparaissait, un autre prenait sa place, cette fois à l’Ouest, et a annihilé les Pacers. Au début du nouveau millénaire, Reggie approchait de la fin de sa carrière. Les Pacers ont alors fait beaucoup de changements. De nouveaux visages arrivent sur le devant de la scène pour aider le vieillissant Reggie.
Reggie se faisait vieux et ses stats baissaient de manière significative, mais vers la fin du match, il était toujours le même, toujours ce tueur dans le money time. Les Pacers recommenceront à aller loin alors que Miller devient un role player. Il était devenu la voix dans le vestiaire, le mentor pour les jeunes.
Miller, O’Neal et Artest avec le coach Rick Carlisle
En 2004, les Pacers font leur retour en finales de conférence. Premiers de l’Est avec le meilleur bilan de la ligue, menés par le duo constitué de l’ailier fort, membre de la All-NBA 2nd Team, Jermaine O’Neal, et du Défenseur de l’année Ron Artest. Mais les Pistons vaincront les Pacers, et gagneront le titre.
En 2005, avec un roster ayant notamment ajouté Stephen Jackson, Indiana semblait destiné à offrir une bague à Reggie avant sa retraite… Puis vint le fameux Malice at the Palace, à Detroit (encore eux) qui a ruiné la saison des Pacers. Et suite à cet événement tragique et une énième élimination en Playoffs, Reggie Miller prendra sa retraite à la fin de la saison. Reggie Miller était un Iron Man, à la longévité impressionnante. 18 années en NBA, c’est rare, surtout dans les années 80-90 où ça passait pas souvent la barre des 15 ans dans la Ligue.
Beaucoup aujourd’hui pensent qu’il n’a jamais été une superstar, juste un role player quelque peu surcôté qui a eu ses moments. Un Klay Thompson glorifié. J’exagère, mais allons voir de ce côté de la barrière. On se rappelle beaucoup des moments de Reggie Miller, mais on a aussi tendance à les embellir. Cela change la perception du talent qu’est le joueur. Un joueur dont la plupart d’entre nous n’avons pas pu voir en direct, et dont on s’accroche à ses grands moments, et à des séries de Playoffs qui n’étaient peut-être pas si impressionnantes que ça.
Aux yeux de beaucoup, Reggie Miller est dans le top 10 des meilleurs arrières de tous les temps et dans le top 50 des meilleurs joueurs de tous les temps. Mais l’est-il vraiment ? En 18 ans, Reggie Miller a fini avec 25 279 points, 4 182 rebonds, 4 141 passes décisives, 1 505 interceptions et 299 contres. 18,2 points par match, 3 rebonds, 3 passes, 1,1 interception et 0,2 contre en moyenne dans sa carrière.
Reggie Miller et Larry Bird lors des Finales NBA de 2000
Sauf qu’en 18 ans, il n’obtint que 5 sélections au All-Star Game, il a été trois fois dans une All-NBA Team, a eu une apparition en finales et… c’est tout. Pas très impressionnant tout ça. Pourtant, c’est suffisant pour être un Hall of Famer.
Le truc, c’est que certains vont dire « Mais il y avait Jordan, c’est dur d’être All-Star dans la même position où il y a Jordan, en plus dans sa conférence. » Certes, mais même en 1994, quand Jordan n’était pas là, Miller n’obtiendra quand même pas sa place. Quand on regarde la liste des All-NBA Teams durant sa carrière, on peut très bien sortir l’argument que Reggie Miller n’était même pas dans le top 5 des guards de son ère. Et d’autres arrières, notamment Mitch Richmond, étaient souvent dans la All-NBA 2nd Team, ce qui ne fut jamais le cas pour Miller.
Nous avons parlé de son style de jeu auparavant. Autant il était doué en attaque, par contre la défense n’était pas sa tasse de thé. Pas mauvais, mais pas notable non plus. J’ai parlé de sa longévité, sauf que la longévité est souvent oubliée quand on parle de la carrière des joueurs.
Beaucoup vont classifier Reggie Miller comme un grand scoreur, mais beaucoup vont aussi dire que l’on pense cela parce qu’il a marqué 25 000 points, alors que cela est plus dû à un résultat de sa longévité. Après tout, il a tourné à 18,2 points par match en carrière. Vous savez qui d’autre tourne à 18,2 points par match en carrière ? Latrell Sprewell. Qui était plus un grand shooteur qu’un grand scoreur.
De plus, il n’était pas quelqu’un qui était bon pour tenir la balle. Il avait du mal à créer son propre tir, ou même être un bon playmaker. Et il n’était pas très bon au poste bas non plus. Reggie Miller n’avait pas ce grand arsenal dans son jeu qu’ont beaucoup de grands joueurs. Il était grand pour un arrière, et pourtant il n’était pas un très bon rebondeur. Il n’était pas super fort ou athlétique.
Maintenant, parlons un peu plus de ses performances en Playoffs, un sujet délicat pour Reggie Miller. Était-il clutch ? Oui, définitivement. Mais le truc, c’est que ce titre de « joueur clutch » fait qu’on a tendance à oublier les moments où il est passé à travers durant les Playoffs.
Reggie Miller défendu par John Starks
Revenons en 1994 : après son match 5 épique, les Pacers mènent 3-2. Et au match 6, il inscrit 27 points… mais à 38,1% au shoot. Match 7, 25 points… mais à 41,2% au shoot, match 7 dans lequel les Pacers se sont complètement écroulés au 4e quart-temps.
En 1995, lors du match 7 des finales de conférence, Reggie Miller était plutôt absent. 12 points à 38,5% au shoot, alors que dans la série, il était phénoménal. En 1998, au match 7, l’histoire se répète. Série sublime, mais match 7 mauvais où il ne marque pas un seul point pendant tout le quatrième quart-temps.
Beaucoup vont dire que Reggie Miller a porté les Pacers sur son dos, mais pas vraiment en fait. Oui, il n’avait pas beaucoup de All-Stars et de Hall of Famers autour de lui. Mais à cette époque, il n’y avait pas besoin de beaucoup d’All-Stars pour être une équipe compétitive.
Et parlons de son côté révolutionnaire, celui d’être « le pionnier des tirs à 3 points » selon certains suiveurs… Mais pas exactement. Il était très bon, c’est clair. Il a aidé à populariser le shoot, aucun doute là-dessus. Mais il n’était pas le seul. D’ailleurs, il n’a mené le classement NBA des tirs à 3 points mis en une saison que 2 fois dans sa carrière. Une fois, il était même ex-aequo avec Dan Majerle.
Certains diront qu’il n’avait pas forcément besoin d’être numéro 1, et qu’il pouvait terminer 2e et 3e. Certes. Mais la plupart du temps, dans ce classement, il se situait entre la 5ème et la 10ème place. Oui, il était au-dessus de la moyenne, mais il n’était pas ce Steph Curry avant l’heure, ce dernier ayant mené la Ligue au nombre de tirs à 3 points rentrés pendant 5 années consécutives. Reggie Miller était plutôt dans la norme en shoots mis par rapport aux autres snipers de la ligue.
Reggie Miller défendant sur Mitch Richmond
Donc oui, il mérite du crédit, mais tout comme Dan Majerle, Dennis Scott, Mookie Blaylock, Glen Rice ou, encore une fois lui, Mitch Richmond, qui est criminellement sous-estimé. Peut-être que nous en parlerons d’ailleurs une prochaine.
Mais voyons des contre-arguments à toutes ces critiques. La compétition était dure à l’époque. Pendant le prime de Reggie Miller, les Pacers étaient lents et ultra-altruistes. Dans ce contexte, Miller ne pouvaient pas avoir les meilleurs stats de la Ligue. Entre 1993 et 1996, personne ne tournait à plus de 15 tirs par match dans l’équipe, y compris Miller. Mais pendant les Playoffs, l’équipe dépendait clairement de lui, ce qui se reflétait par sa moyenne de tirs, passant de 14 à 17 shoots pris, et dans sa moyenne de points, passant de 20 à 25, tout en restant aussi efficace. Il élevait son niveau en Playoffs, comme toute première option qui se respecte.
Le volume de shoots est une chose, mais ce que les stats montrent pas, c’est qu’il fallait toujours le surveiller. Même s’il ne prenait pas de shoots en boucle comme Steph, tu ne pouvais pas le laisser ouvert. Il utilisait ça à son avantage. Il fatiguait ses adversaires en courant pour atteindre la ligne à 3 points. Après cela, il utilisait ce moment pour se créer une ouverture et attaquer le panier.
Ceux qui le critiquent comme « juste » un scorer vont trop loin, mais imaginons que ça soit le cas. Est-ce que c’est si grave ? Parce qu’en fait, Shaq n’avait qu’un seul mode : je te fatigue au poste, et dunke sur ta tronche. Encore, et encore, et encore, et encore. La polyvalence c’est bien, mais ce qui compte, c’est de maximiser ses points forts, pour mettre plus de points que son adversaire.
Joe Dumars défendu par Reggie Miller
Et puis… est-il vraiment surestimé ? En effet, beaucoup de gens le classent dans le top 10 des meilleurs arrières, mais rarement dans le top 5. Plus personne ne dit qu’il est le meilleur tireur à 3 points de l’histoire depuis que Ray Allen a atteint son apogée. Encore moins de monde le dit depuis que Stephen Curry a remporté son premier MVP. Il n’était effectivement pas souvent All-Star ou bien membre des All-NBA Teams, mais c’était dans une ligue où on retrouvait, à un moment où un autre, les Jordan, Payton, Stockton, Penny, Drexler, Magic, Isaiah, Dumars, Richmond, Kevin Johnson, Petrovic, Mark Price et Jason Kidd.
Mais du coup, à quel point était-il bon ? C’est une question difficile, car honnêtement, je ne savais pas comment décrire Reggie Miller. Je n’aime pas les classements All-Time, donc cela n’aide pas non plus. Mais je pense qu’il était une superstar. Pas top 3 dans sa position, même pour l’époque, mais pas non plus ce joueur qui n’était « qu’un » All-Star shooter. Il était un assassin, un superbe marqueur ultra efficace et décisif. Un killer, tout simplement.
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