Les Pacers mènent 3-2 face aux Bucks, avec les tristes circonstances connues de tous (blessures de Giannis Antetokounmpo, rejoint par Damian Lillard lors du Game 3). Mais la méthode pose question.
Un objectif au-delà des espérances avant d’entamer cette saison 2023-24. Fort de cette 6ème place acquise dans cette conférence Est, les hommes de Rick Carlisle ont proposés de bien belles choses lors de cet exercice, notamment offensivement.
Recontextualisation : En saison régulière, l’equipe à fini seconde meilleure attaque de toute la ligue, derrière Boston. Comment ? En allant chercher les tirs les plus rémunérateurs au basketball. Je vous propose de voir cela, le point clef de mon envie de rédiger ce papier.
L’attaque des Pacers
Au basket, le tir au cercle est le tir le plus rémunérateur, juste derrière les lancers francs. Historiquement, ce tir à un bien meilleur pourcentage de réussite que tout les autres, hormis le lancer franc, encore une fois.
Il suffit de voir la moyenne des tirs pris par zone par toutes les équipes cette saison pour s’en rendre compte : (volume + %)
- Tir au cercle :
▫️46507 réussis / 72835 tentés
✅ 63.9% d’efficacité - Tir à mi-distance (short + long mid) :
▫️24504 réussis / 56573 tentés
✅ 43.3% d’efficacité - Tir à 3 pts :
▫️32308 réussis / 87265 tentés
✅ 37% d’efficacité
« Pourquoi les équipes tirent le plus à 3 points alors ? » Parce que les adversaires ont pour but commun de limiter les tirs au cercle, le tir au plus haut pourcentage de réussite ! Le tir à mi-distance quant à lui est moins plébiscité car : 3 > 2. Simplement. Et vu l’écart pas si éloigné au niveau du pourcentage, cela se comprends.
Attention : Non le tir à mi-distance n’est pas mort, il reste une arme létale si bien maîtrisée, pour punir le drop par exemple.
Revenons-en aux Pacers. Cette saison, l’équipe se classe 3ème en terme de fréquence de tir au cercle, une excellente performance donc !
Et l’efficacité alors ? Elle est très bonne. 68.4% d’efficacité au cercle, 8ème meilleure équipe dans cette zone du terrain. +4.5% d’efficacité par rapport à la moyenne de la ligue.
Le récapitulatif :
- le tir le plus rentable est le tir au cercle
- les Pacers sont la 3ème équipe qui en tente le plus
- les Pacers sont la 6ème équipe la plus efficace concernant ce tir
Maintenant, mettons cela en corrélation avec le rythme de jeu. En saison régulière, les Pacers possèdent la seconde pace la plus élevée. L’équipe a pour principe de vite se projeter vers l’avant en profitant des excellentes qualités d’accélérateur de transition d’Haliburton couplées à celles de bons finisseurs d’actions présent dans l’équipe.
Les transitions justement. Les Pacers sont la 3ème équipe qui en joue le plus (7ème sur le site de statistiques Cleaning The Glass)… Non c’est faux.
Définition d’une transition (selon les différents sites de statistiques) : Possession offensive qui survient suite à un rebond ou une interception de l’équipe en défense.
OR, comme dit auparavant, les Pacers possèdent en son sein Tyrese Haliburton qui à la particularité de remettre la balle en jeu extrêmement rapidement, ne laissant pas le temps à l’adversaire de se replacer = TRANSITION. Cette qualité à déteint sur le style de jeu de l’équipe, elle possède désormais l’ADN Haliburton. En plus d’en jouer énormément, sûrement celle qui en joue le plus malgré cette 3ème place faussée, l’équipe est assez efficace en transition. 1.16 point/possesion en fait d’elle la 11ème plus efficace dans le domaine.
Donc : 1) Indiana attaque fréquemment le cercle et en étant efficace. 2) Indiana génère beaucoup de transitions qui résulte souvent de paniers facile. Et contrairement aux idées reçues, les transitions ne disparaissent pas en playoffs. Azad et Guillaume l’explique bien lors d’un épisode du podcast de ce dernier ci-dessous. Gardez toutes ces explications en tête.
Maintenant, venons en à la raison de cet article (enfin).
La transition
Depuis le début de la série face aux Bucks, les Pacers subissent une baisse de la fréquence de transition, -3.7%. 20% en saison régulière et 16.3% en playoffs. Un élément me frappe en visualisant les matchs : malgré ce chiffre de fréquence de transition, l’équipe n’a pas la même volonté de se projeter vers l’avant qu’en saison régulière et une transition peut se transformer en jeu demi-terrain si elle n’est pas exploitée (mais quand même considérée comme transition statistiquement parlant). C’est ce qu’il se passe par séquence, et les chiffres d’efficacité sont impactés ! De 1.16 point/possesion, l’équipe descend à 1.13 point/possession.
J’ajoute également que le rythme de jeu, que nous évoquions préalablement, a considérablement chuté ! D’une seconde place avec une pace de 102.16, Indiana retombe à la 9ème place (sur 16) avec une pace de 92.87. -9.29. Tout simplement le plus gros écart d’une équipe playoffable. Les Pacers sont une équipe jeune et fougueuse et ils l’ont démontré toute la saison. Surtout, ils sont opposés à un effectif vieillissant incarné par un Brook Lopez qui n’a que très peu de mobilité à ce stade de sa carrière. Alors pourquoi ne pas jouer tout les coups à fond ? Je nuance avec le fait qu’il en joue, des transitions. Mais de manières répétées, j’ai vu les capteurs de rebonds et les porteurs de balle s’échanger la gonfle bien plus lentement qu’à l’accoutumée. Comme si cela était voulu.
Le tir au cercle
Le plus gros sujet, le plus PROBLÉMATIQUE. Je l’écris en majuscule car Rick Carlisle et ses hommes doivent réagir immédiatement pour le match 6 à venir, et pour une potentielle demi-finale de conférence.
Rappelez vous de ce qui a été dis précédemment :
- 35.5% de fréquence de tir au cercle en saison régulière (3ème meilleur)
- 68.4% d’efficacité (8ème meilleur)
En playoffs, les chiffres de fréquences S’ÉCROULENT !
(Fréquence / Efficacité ⤵️)
Game 1 : 24% / 66.7%
Game 2 : 25% / 80%
Game 3 : 26% / 70.8%
Game 4 : 29% / 59.1%
Game 5 : 22% / 75%
Ces chiffres ne vous parlent pas ? Très bien, je vais vous aider. Ci-dessous, le classement des équipes par fréquence de tir au cercle.
Rendez vous compte, la meilleure fréquence au cercle sur cette série (29%) correspond à la 4ème pire équipe de la saison régulière dans ce domaine. L’écart est colossal… et je n’évoquerais les 22% de fréquence au cercle sur le Game 5. Le plus frustrant, c’est que, quand Indiana va au cercle, les chiffres d’efficacité sont bons !
Pourtant, l’équipe d’Indiana possède en son rang un dénommé Myles Turner. Le pivot des Pacers, de part la menace qu’il représente de loin, permet par séquence de libérer la raquette de tout protecteur de cercle de haut niveau. « Par séquence » oui, car Doc Rivers et son staff ont optés pour une protection de la raquette à tout pris, quitte à laisser les shooteurs ouvert, et donc Turner. Une défense qui a ses limites quand tout les tirs rentrent le même soir. Haliburton aide bien à mettre dans les meilleures conditions possibles les shooteurs de son équipe grâce à ses qualités de playmaking hors du commun. C’est simple, il est actuellement le joueur qui offrent le plus d’opportunités de tirs à ses coéquipiers si on cumule les passes décisives et les potentielles passes décisives : 135 opportunités ! Il se classe devant Nikola Jokić et ses 127 opportunités, en 16 minutes de moins. Ah, et Haliburton a seulement perdu 14 ballons en 5 matchs.
Les Bucks tentent malgré tout des closeouts sur les tentatives de tirs à 3 points des Pacers, mais les conditions sont-elles que ça en devient compliqué d’assurer une telle défense dans la raquette et à 3 points… quand ça rentre. Car oui, et voici tout le problème de cette attaque durant cette série de playoffs : les Pacers vivent et meurent avec le tir à 3 points. Les bleus et or ont étrangement pris la décision de miser sur la variance du tir lointain pour remporter ses rencontres.
Game 1 : 40% de tentatives à 3 points / 20.5% d’efficacité = défaite
Game 2 : 36% de tentatives à 3 points / 45.5% d’efficacité = victoire
Game 3 : 45% de tentatives à 3 points / 26.5% d’efficacité = victoire (de 3 points en prolongation, anomalie)
Game 4 : 46% de tentatives à 3 points / 52.4% d’efficacité = victoire
Game 5 : 43% de tentatives à 3 points / 34.3% d’efficacité = défaite
En saison régulière, les Pacers tentent 35.3% de tirs à 3 points. Pour une efficacité à hauteur de 37.9%. En playoffs ? Le volume de tirs augmente considérablement, dépassant les 40% à 4 reprises ! C’est beaucoup. L’aléatoire est à ce point présent dans la série. L’effectif est composé de joueur pouvant aisément finir au cercle. L’effectif est composé de joueur pouvant créer ces opportunités.
Le volume de responsabilité
« C’est en playoffs qu’on voit les grands joueurs. » Cette phrase, nous l’avons déjà tous entendus au moins une fois. Tyrese Haliburton est concerné. Malgré sa superbe création offensive que je viens d’évoquer, le meneur de jeu reste trop discret, notamment au scoring. 15.8 points, 5.8 rebonds, 9.2 passes décisives, 43.5% FG sur 13.8 tentatives, 31.8% 3P, 55.1% TS (soit 1.10 point/tir, la moyenne de la ligue étant à ≈ 1.16 point/tir). Et pour finir l’usage : 20%. C’est cette dernière donnée qui m’inquiète. En effet, quand un joueur atteint les 30% d’usage environ, il se rapproche, ou est, au niveau des franchises players.
L’usage, ce n’est pas le temps de possession balle en main d’un joueur non. L’usage, c’est le nombre de fois où un joueur termine une possession offensive. Soit par un tir, soit par une passe décisive, soit par un ballon perdu. L’usage de Tyrese Haliburton est bas en comparaison avec son nouveau statut, celui de leader d’équipe. De 1ère option. De franchise player. Haliburton se doit d’augmenter son usage, et de facto, son volume de responsabilité. Le basketball est un sport d’équipe. Mais dans une équipe, il y a un joueur bien plus responsabilisé que d’autres de part ses qualités élite. Aux Pacers, c’est Haliburton. Il se doit donc de répondre présent, montrer la voie au scoring. Lui, et Rick Carlisle.
Si Rick Carlisle et les joueurs des Pacers ne changent pas leur stratégie d’attaque, la variance du tir à 3 points pourrait avoir la peau d’Indiana… sans qu’elle ait eu besoin de tué l’ours Giannis.