Entre blessures, problèmes personnels, manque de chance et une progression limitée, la carrière de Dennis Smith Jr. semblait au point mort il n’y a même pas un an, après une session d’essai peu satisfaisante avec Portland. Cependant, cette saison, Dennis Smith a retrouvé des couleurs dans un rôle tout nouveau et a métamorphosé son jeu, devenant un véritable symbole de l’arrivée de Steve Clifford en Caroline du Nord.
Les galères de Dennis Smith Jr.
Dennis Smith Jr. est arrivé en NBA en 2017 via la draft, sélectionné en 9ème position par les Dallas Mavericks en pleine reconstruction, avec l’idée d’être une pièce primordiale du projet des Mavs. Après 1 an et une très belle saison de rookie, où Dennis montre son talent au scoring, ses qualités de finisseurs et des qualités athlétiques hors norme, Dallas sélectionne Luka Doncic. Avec l’arrivée du jeune prodige slovène, DSJ a vu son rôle diminuer, un nouveau rôle qu’il a du mal à assumer, lui qui n’a pas montré des choses incroyables dans son jeu sans ballon, ce qui a commencé à envenimer les relations entre le meneur et le staff de la franchise. La situation dégénère lorsque Smith est mis sur le marché des transferts, avant le deal qui emmène Porzingis à Dallas et donc Dennis à New York.
Cependant, après une fin de saison intéressante du jeune meneur dans la Grosse Pomme, les Knicks décident de drafter RJ Barrett, un autre swingman porteur de balle, comme Luka Doncic, qui va embêter le développement de Dennis Smith. Si on ajoute à cela un coaching fortement douteux de David Fizdale et le fait qu’un proche membre de sa famille décède en début de saison 2019-2020, Dennis n’est pas du tout mis dans de bonnes conditions.
La suite s’empire avec un Smith qui ne joue que très peu à New York, qui se fait transférer chez des Pistons qui récupèrent un meneur à la draft en Cade Cunningham et qui comptent sur Killian Hayes, puis une tentative de relance avec les Blazers sur une fin de saison catastrophique, qui ne donnera rien. Avec tout ça, on se dit que l’avenir de Dennis en NBA est plus qu’incertain.
Durant ces 5 années en NBA, Dennis Smith a montré certaines qualités évidentes : des qualités athlétiques monstrueuses, une palette de finition formidable, une belle agressivité vers le cercle et une capacité de création très bonne. Malheureusement, il avait aussi des défauts très gênants qui n’ont pas tant progressé au fil des années : une défense qui pose question, une vision de jeu qui semblait limiter sur certaines séquences, ainsi qu’un tir de loin qui ne rentrait pas.
Le nouveau Dennis Smith Jr.
Dans un rôle de meneur remplaçant derrière LaMelo Ball ou Terry Rozier, Dennis Smith a fait un magnifique travail. Déjà, ses capacités en playmaking et en création pour les autres ont été supers importantes. Cette saison, Dennis Smith Jr a envoyé près de 5 assists de moyenne depuis le banc, le tout avec assez peu de balles perdues (seulement 1.5), ce qui nous donne un ratio passes décisives/balles perdues d’un peu plus de 3. A titre de comparaison, lors de sa saison rookie (sa meilleure jusque là), DSJ a envoyé 5.2 assists de moyenne mais avec 2.8 turnovers, ce qui donne un ratio inférieur à 2. Certes, la différence peut s’expliquer d’une part par une différence de responsabilités, mais rappelons quand même que LaMelo n’a joué que 36 matchs et Hayward en a raté 32, donc Dennis Smith a joué beaucoup de matchs en étant le meilleur playmaker de l’équipe. Pour finir, son jeu sur Pick and Roll a beaucoup progressé cette saison dans ses choix et sa création pour les autres.
Là où le meneur de 25 ans a été encore plus impactant à mon sens, c’est la défense. Dennis s’est illustré aux yeux de coach Clifford par son état d’esprit en défense, qui est bien différent des années précédentes, et par une mentalité de joueur qui ne lâche rien, qui va agresser son vis-à-vis sur tout le match et ne jamais le laisser tranquille. Dennis est, cette saison d’ailleurs, le meilleur intercepteur de l’équipe, symbole de son activité incessante dans sa moitié de terrain, mais aussi de son intelligence défensif pour couper les lignes de passes ou orienter son adversaire direct vers les intérieurs, comme Mark Williams. Son énergie est primordial dans les systèmes défensifs de Charlotte, qui ne possède pas une blinde de joueurs avec un état d’esprit défensif aussi fort que Dennis, qui a l’énergie d’un joueur qui se bat dans les écrans, a un excellent fighting spirit et a des mains toujours actives.
Dennis Smith a aussi été primordial à Charlotte cette saison en dehors des parquets, et notamment dans le vestiaire. Les Hornets sont une équipe très jeune, surtout avec le départ de Mason Plumlee. Hayward est un vétéran trop discret, Cody Martin était occupé par sa blessure et est en NBA depuis moins longtemps que DSJ, et le duo Kelly et Terry ne sont pas vraiment des vétérans, même si je ne doute pas qu’ils soient de bons coéquipiers. Malgré son jeune âge, Dennis a donc été le vétéran des jeunes guards, et notamment du rookie Bryce McGowens dans le vestiaire, qui se retrouvait donc avec les conseils de quelqu’un qui a vécu beaucoup de galères depuis son arrivée en NBA.
L’impact de Steve Clifford là-dedans
Dennis Smith est un symbole de Steve Clifford. Ce coach, que l’on voit en NBA depuis près de 10 ans entre Charlotte et Orlando, a fait sa réputation sur sa dureté et ses qualités défensives. En arrivant à Charlotte en 2013, le coach a fait de Michael Kidd-Gilchrist son point central de la défense, rôle dans lequel il brillait bien avant d’avoir une terrible blessure au démarrage de la saison 2015-2016. A Orlando, c’est la doublette Gordon-Isaac qui a fait vivre la défense du Magic, défense qui était jusque-là vraiment moyenne voire mauvaise alors que le Magic possédait des joueurs défensifs réputés, comme Elfrid Payton, Bismack Biyombo ou encore Serge Ibaka durant quelques mois. Les défenses ont toujours été élites avec Clifford (top 10 défense sur les trois premières années en Caroline du Nord, avec une pointe à la cinquième place et top 10 défense sur ses deux premières années à Orlando) malgré des joueurs souvent réputés pour être défensivement trop faibles, comme Kemba Walker, Gerald Henderson et Al Jefferson à Charlotte ou Evan Fournier, Nikola Vucevic et DJ Augustin à Orlando.
Cette année, malgré la blessure de Cody Martin qui était quasiment le meilleur défenseur des Hornets la saison précédente, Clifford a fait une belle défense (malgré ce que les statistiques disent) autour de Mark Williams et Dennis Smith, donc un rookie et un ancien joueur offensif. Steve a toujours eu la réputation de savoir transformer les joueurs et de leur expliquer la défense d’une manière globale, comme l’avait dit Evan Fournier lors de la vidéo du média TrashTalk, et ça marche. Steve Clifford a souvent été critiqué pour son manque de fond de jeu offensif ; mais sur la défense et le collectif, le coach des Hornets montre, une fois de plus, que son impact sur le groupe est primordial.
Steve Clifford a eu un énorme impact sur Dennis Smith, et quand ce dernier prendra sa retraite, il parlera sûrement de Steve comme l’homme qui a sauvé sa carrière en NBA après une palanquée de galères, comme il l’a fait partout où il est passé. Merci Steve et bravo Dennis.