Je n’ai confiance qu’en mon desert eagle et SGA à mi-distance. S’il fallait décrire Shai Gilgeous-Alexander en une phrase, celle-ci le définirait bien. À 26 ans, Shai a enfin une équipe digne de son niveau. Mais cela n’a pas toujours été le cas, et il n’a pas toujours été à ce niveau (exceptionnel).
Les débuts prometteurs
Composé de talents générationnel tels que Luka Doncic et Trae Young, la Draft 2018 regorge de talents. Jalen Brunson drafté en 33ème, Mikal Bridges, Jaren Jackson Jr., Jarred Vanderbilt, et notamment notre fameux Shai Gilgeous-Alexander.
Drafté en onzième position par les Hornets de Charlotte puis directement envoyé aux Los Angeles Clippers en échange d’un joueur qui ne mérite même pas d’être cité.
Dès le début de saison, Shai Gilgeous-Alexander gratte des minutes dans l’effectif des Clippers. Au final, il commencera 73 des 82 matchs des Angelinos. Dans une équipe sans véritable star mais possédant un collectif huilé, Shai va monter en puissance au fur et à mesure que la saison avance. Il finira sa première saison avec des moyennes de 11 points, 3 passes, 3 rebonds et moins d’un turnover. Il fera même partie de la All-Rookie second-team aux cotés de Mitchell Robinson et Collin Sexton. Mais sa première saison ne va pas s’arrêter là, car les Clippers vont finir à une très belle huitième place de l’ouest. Los Angeles affrontera donc Golden State, premier de l’ouest, roulant sur la concurrence, fort d’un back-to-back, et en quête d’un threepeat.
La série sera logiquement remporté par l’ogre Warriors, mais les Clippers ont surpris. Battu 4-2, Los Angeles y a cru et Golden State a été aperçu de moins en moins serein au fil de la série, notamment après le match 5, remporté par les hommes de Doc Rivers. 3-2 Warriors, mais les champions en titre ne vont pas trembler et remporter sur leurs terre le dernier match de cette série. Car oui, Kevin Durant et Stephen Curry sont quand même plus talentueux que Lou Williams et Danilo Gallinari.
Pour en revenir à nos oignons, et plus précisément à Shai Gilgeous-Alexander, le rookie impressionne pour ses premiers playoffs. Confiant, pas apeuré, le jeune canadien step-up et score plus de 13 points par match. Il réalisera même un match à 25 points, se dévoilant aux yeux de la ligue entière.
De quoi entrevoir de belles futures saisons pour l’autre club de LA.
Mais le 6 juillet 2019, la terre tremble à Hollywood. Le MVP des finales en titre, Kawhi Leonard, rejoint librement les Clippers. Sauf que, il est accompagné de Paul George, en provenance du Thunder. Après une énième désillusion en playoffs (coucou Damian), PG13 décide de venir à LA afin de créer une superteam. Bye-bye l’équipe promettante, bonjour la superteam. Sauf que Paulo, lui, ne vient pas gratuitement. Et la contrepartie, si on la regarde aujourd’hui, peut sembler plus qu’équivalente.
Et notre Shai national débarque donc du coté de l’Oklahoma. Avec à ses cotés Chris Paul, échangé contre Westbrook, l’enfant de la franchise.
0.4% de chance…
Dans un Thunder en reconstruction, Shai est mentoré par Chris Paul. Épaulé par Danilo Gallinari, Dennis Schröder, Lu Dort ou encore Steven Adams, cette équipe ne paye pas de mine mais abrite ce petit quelque chose. Et le peu qui s’en méfiaient avaient bien raison.
Avec un Shai en mode MIP, 19 points et 6 rebonds, les vétérans que sont Gallinari (19 points et 5 rebonds) et CP3 (18 points et 7 passes) drivent parfaitement la jeune équipe du Thunder. Ajoutez Schröder scorant 19 points par match en sortie de banc, et OKC surprend tout le monde en s’installant dans le top 6 de l’ouest. Malgré l’interruption de la saison dû au Covid, le Thunder revient dans la bulle avec les même intentions. Terminant la saison à une magnifique cinquième place, Oklahoma City défie tout les pronostics, eux qui leurs donnaient 0.4% de chances d’aller en playoffs.
Au premier tour, le Thunder se retrouve face aux Rockets de James Harden et d’un certain… Russell Westbrook. La série sera un poil plus compliqué pour Shai Gilgeous-Alexander, qui verra ses moyennes descendre à 16 points, mais à des pourcentages restant toujours largement honorable. Il réalisera quand même un match deux à 31 points, malheureusement perdu. Dans un Game 7 suffocant, Harden va sceller le sort de la série en réalisant un superbe contre sur Luguentz Dort. 19 points pour Shai, qui ne s’est pas défilé devant l’enjeu.
Another 👀 at @JHarden13's CLUTCH block!
HOU/LAL Game 1: Fri. (9/4) – 9pm/et, ESPN pic.twitter.com/MliW6koYnG
— NBA (@NBA) September 3, 2020
Encore une élimination au premier tour, mais le Canadien semble avoir trouvé sa franchise. En y regardant après-coup, cette saison ressemble à un passage de flambeau entre CP3 et Shai.
Durant l’été, c’est l’âme de cette équipe qui s’en va. Chris Paul signe aux Suns, Danilo Gallinari signe aux Hawks, Dennis Schröder aux Lakers, et Steven Adams aux Pels. C’est donc officiel, l’avenir de la franchise appartient à Shai Gilgeous-Alexander.
La reconstruction
Commence alors une longue période (pas si longue) pour les fans d’OKC. Avec une équipe extrêmement faible, le Thunder va occuper les bas-fonds de la ligue pendant deux ans. Avec un capital de picks de drafts astronomique, le GM Sam Presti compte bien tanker afin de récupérer plusieurs joyaux.
Lors de la première saison de cette période, Shai va jouer seulement 35 matchs, dûs à des blessures plus ou moins anodines, tel que la conduite d’un tank. Mais malgré tout, en une grosse trentaine de matchs, le natif de Toronto alignera une ligne de stats plus qu’intéressante. 23.7 points, 4.7 rebonds, et 5.9 passes. Le niveau de jeu est médiocre, et OKC finira la saison avec un bilan de 22 victoires pour 55 défaites, les plaçant à la 14ème place de l’Ouest. Avec le sixième choix de la Draft, le Thunder sélectionne Josh Giddey, un jeune meneur australien.
Pour la deuxième saison de cette fastidieuse période, des bruits de couloir commencent à apparaître. Avec un objectif clairement exposé de tanker une année de plus de la part du front office, Shai s’agacerait de jouer dans une équipe si faible.
Mais malgré tout, il jouera 56 matchs avec des moyennes de 24.5 points, 5 rebonds et 5.9 passes. La plupart des matchs qu’il a manqué sont ceux de la fin de saison, afin de permettre au Thunder de tanker de façon encore plus évidente. Il ne participera pas au All-star game, malgré une ligne de stats digne du match des étoiles.
Seulement, cette année là, Shai ne semble pas avoir progressé. Pour la première fois depuis son arrivée en NBA, son niveau de jeu ne s’est pas élevé d’une saison à l’autre. Quelques questions commencent à se poser sur le choix d’avoir SGA en figure de proue de la franchise, mais cela ne reste que des murmures.
Nous le savions pas encore à ce moment, mais l’année suivante, Shai va faire taire toute les critiques.
Possédant le deuxième choix de la Draft, considéré comme une des pires cuvées de ces dernières années, OKC sélectionne Chet Holmgren. L’intérieur américain est un pivot new generation, qui sait tout faire sur un terrain. Le Thunder a afin trouver son intérieur dominant, et peut commencer à être compétitif.
Mais il y a un hic : lors d’une compétition estivale, Chet se retrouve opposé à l’équipe du King, LeBron. Et comme ce sont des compétitions amateurs, il peut y avoir des organisations atypiques. Et cette compétition va se jouer sur un parquet ayant un problème de condensation, ce qui va donner un terrain plus que glissant.
Sur une contre attaque du King, Chet vient défendre en tentant de provoquer un passage en force. Mais mauvais appui sur le parquet glissant, et le jeune pivot se blesse.
Le verdict tombe quelques jours plus tard, Holmgren souffre d’une blessure au pied qui va l’éloigner des terrains pour toute la saison. Shai peut soupirer, une autre saison de tanking s’annonce.
Mais le jeune canadien ne l’entend pas de cette oreille. Les doutes quand à son plafond vont être dissipés en seulement quelques matchs, et notamment lorsque Shai Gilgeous-Alexander plante son career-high (40 points) dès les premières semaines de compétition contre les Bulls.
Superbement accompagné d’un Dort toujours présent ainsi qu’un Giddey trouvant son rôle, Shai dirige superbement cette jeune équipe du Thunder. Avec un bilan tournant toute la saison autour des 50%, OKC parvient à garder le rythme. Les deux autres rookies Jalen et Jaylin Williams réalisent une superbe saison rookie, jouant un vrai rôle dans la superbe saison du Thunder.
Les jeunots vont même se permettre de gâcher la soirée du record de LeBron, en s’imposant au Staples Center en antenne nationale. Pour la première fois de sa carrière, Shai est logiquement nommé All-Star. 31.4 points, 4.8 points, 5.5 passes, 51% au shoot et un statut de superstar acquis. Terminant la saison à la dixième place de l’Ouest avec un bilan de 40-42, Shai est généreusement récompensé. Deuxième au MIP, quatrième meilleur scoreur, cinquième au MVP, All-star et First Team All-NBA. Saison plus qu’aboutie individuellement, et manque qu’une qualification en playoffs pour conclure cette magnifique année.
Le premier match de play-in se joue face aux neuvièmes, les Pelicans privés de Zion depuis environ 55 matchs. Lu Dort se transforme en Michael Jordan, et malgré une superbe défense de Herb Jones durant la première mi-temps, Shai Gilgeous-Alexander réalise un match plus qu’abouti, avec 32 points. A grands coups de dagger, SGA enterre les espoirs de la Nouvelle-Orléans.
SGA GIVES OKC THE LEAD‼️ pic.twitter.com/Smsmm4d4Zf
— ESPN (@espn) April 13, 2023
OKC s’offre donc une finale face aux Wolves défaits par les Lakers, pour aller affronter les fameux Nuggets.
Oklahoma City plie sans rompre lors de la première mi-temps. Mais malgré un Jaylin Williams courageux, le secteur intérieur des Wolves écrase le Thunder. Valanciunas avait déjà réalisé un chantier lors du premier match de play-in, mais Shai Gilgeous-Alexander était parvenu à sauver les siens. Seulement, face à Minnesota, un joueur qu’il connait bien va l’empêcher de jouer les super-héros. Déjà diminué à cause d’un coup de coude reçu dans l’œil de la part de Rudy Gobert, son cousin Nickeil Alexander-Walker s’est occupé de le ralentir, le limitant à 22 points. La jeune équipe du Thunder finit par craquer, et le match se finira à +20 à l’avantage des Loups.
Dommage pour toute l’équipe du Thunder, qui sera malgré tout applaudit à l’aéroport lors de leur retour par leurs fans. Saison terminée, et déjà place à la suivante.
Le présent de Shai Gilgeous-Alexander
Après être passé à seulement un match de disputer les playoffs, OKC n’entend pas s’arrêter là. Renforcé grâce à Chet Holmgren mais aussi grâce aux rookies Cason Wallace et Vasijle Micic, le Thunder veut s’affirmer comme une place forte de la conférence Ouest. Et dès les premiers matchs de la saison, Shai éteint les quelques réserves émises à son sujet. Non, l’année dernière n’était pas une surperformance, mais bien son niveau réel.
Après un superbe début de saison, le Thunder pointe à la troisième place de l’Ouest (au moment où cet article est écrit, ne me tombez pas dessus si ils sont premiers le jour où vous lirez ceci). Avec un effectif équilibré et un coach gérant parfaitement son effectif, Oklahoma City peut avoir des ambitions. Que ce soit Isaiah Joe, Lu Dort, Chet Holmgren, Cason Wallace, Jalen Williams, Aaron Wiggins ou encore Jaylin Williams, tout le monde connait son rôle, et nul doute que OKC atteindra les playoffs en jouant ainsi.
Shai Gilgeous-Alexander, c’est un jeune canadien échangé le soir de sa Draft. Réalisant une bonne saison rookie, il est envoyé dans l’Oklahoma en tant que monnaie d’échange dans le trade de Paul George. Aujourd’hui, Shai Gilgeous-Alexander s’assoit à la table de ce même PG13. Star de la mode à ses heures perdues (car oui on est obligés de le mentionner), l’image que Shai envoye à travers la ligue aujourd’hui est ultra positive.
Dans une équipe qui a bien voulu de lui, Shai s’est imposé au fil des années comme le franchise player prêt à gagner. Maintenant que l’équipe qui l’entoure est compétitive, le plus dur reste à faire : valider son statut lorsque ça compte le plus, pendant les playoffs…