Après une saison 2017-18 surprenante, les Los Angeles Clippers arrivent donc à l’été 2018 avec un effectif à revoir. En effet, aller à la conquête du titre avec DeAndre Jordan, Tobias Harris et Lou Williams en tant que big three, on est un chouïa juste pour être un contender quand même.
Cet article a été écrit par Evan Obringer-Remery.
DeAndre s’en va… Mais Shai arrive !
Les Clippers arrivent donc le 22 juin 2018 à la Draft dans une position globalement confortable : l’équipe s’est bien débrouillé la saison dernière, elle a fini dixième malgré les nombreux rebondissements dont nous avons parlé précédemment et se retrouve donc avec deux lottery picks, le leur en treizième positon et celui des Pistons, arrivé dans l’échange de Blake Griffin la saison précédente qui est le donc le pick 12. Le soir de la Draft, les Clippers vont donc réaliser un très bon coup et un beaucoup moins bon. Ce bon coup, quel est-il ?
Les Hornets qui pick en 11 choisissent Shai Gilgeous-Alexander des Wildcats de Kentucky, qui sera immédiatement tradé en échange de l’horrible Miles Bridges pick en 12 par nos Clippers. Le moins bon coup ? Avec le pick 13, les Clippers choisissent un arrière de Boston College, Jerome Robinson, qui réalisera un passage plus qu’anecdotique aux Clippers (3,4 points sur sa saison rookie et échangé dès la saison suivante) et plus globalement dans la Grande Ligue. Les Clippers ressortent donc de la Draft avec 2 guards supplémentaires, dans un backcourt déjà plus que fourni et plutôt solide : Patrick Beverley, Teodosic, Avery Bradley, Lou Williams, Ty Wallace et Austin Rivers étant déjà présents dans l’effectif.
Cependant, quelques mouvements dans l’effectif (et la fragilité de certains), vont faire de la place pour les deux rookies, tout en consolidant l’effectif à d’autres postes. Ainsi, quelques jours après la Draft, Austin Rivers est envoyé aux Wizards en échange du Polish Hammer, Marcin Gortat qui débarque aux Clippers après 5 saisons dans la capitale. Le reste de l’été sera plutôt calme, des prolongations pour Avery Bradley (24m sur 2 ans) et Montrezl Harrell (12m sur 2ans), des arrivées bien pensées, Mike Scott et Luc Mbah A Moute (de retour !!) pour 4,3m chacun sur 1an. Un seul mouvement, plus que significatif, sera marquant : DeAndre Jordan s’en va…
Ca y est, après 10 ans de bons et loyaux service, le dernier membre de Lob City s’en va et signe pour 25 millions sur 1 an chez les Mavs chez qui il avait déjà failli signer quelques années auparavant mais avait été « kidnappé » par ses coéquipiers (histoire vraie !) pour rester aux Clippers. La page Lob City est donc définitivement tournée, le dernier des Mohicans s’en est allé, les Voiliers sont donc définitivement passé à autre chose. Ty Wallace est lui prolongé pour 2ans en septembre, récompensant sa saison plus que satisfaisante en 17/18. Wes Johnson, après un passage quelconque (hormis le meurtre dont il a été victime de la part de The Beard) est échangé contre notre Ajinça national, coupé dans la foulée.
Début de saison encourageant, Tobias au ASG ?
Les Clippers partent donc à l’assaut du Wild Wild West, toujours plus dense, avec Gallinari, Tobias Harris et, évidemment Lou Williams en tant que têtes de proue. Autant dire que les bookmakers ne donnent pas cher de la peau de ces Clippers, très denses collectivement, mais sans réelle star au sens classique du terme pour cette saison. Cependant, comme ils l’ont fait ces dernières années, positivement ou négativement d’ailleurs, les Clippers vont encore une fois faire déjouer les pronostics.
Ainsi, après un mois d’octobre assez moyen, 4-3 pour lancer la saison, on a connu mieux, les Clippers vont doucement se lancer en novembre : 11-3 sur le premier mois complet de compétition, un 6-0 à domicile, et des leaders qui préchauffent : 18 points/match pour Lou Williams, et un sublime game winner sur la tête des Bucks le 10 novembre, 18,3 pour Gallo, qui, fait rare, ne loupe qu’un seul match sur ce mois-ci, et enfin, 22 points/match pour Tobias, qui rafle tout : élu une fois joueur de la semaine, il sera également élu joueur du mois grâce à d’excellentes performances ( seulement 2 matchs en dessous des 10 points sur les 36 premiers matchs de la saison) et permettra à l’infâme Doc Rivers d’être élu coach du mois sur ce même mois de novembre, comme quoi, tout est possible. Nos trois joyeux larrons continuent leur spectacle en décembre, même si l’équipe ralentit quelque peu (6-9), les trois gravitent autour des 20points de moyenne et permettent de masquer les errances d’autres joueurs censés être importants. Avery Bradley est décevant, ses pourcentages au shoot mauvais, Marcin Gortat perd peu à peu en importance dans la rotation, et son passage aux Clippers restera anecdotique.
Lou Will en plante encore 36 sur la tête des Lakers de Lebron le 28 décembre pour la victoire, les Clippers finissent donc cette première partie de saison en 21-15, à une très agréable quatrième place, inenvisageable en début de saison. Les points positifs sont nombreux, hormis le trio dont nous avons parlé précédemment, Shai montre des flashs du joueur qu’il deviendra par la suite et est très intéressant, Patrick Beverley, bien remis de la blessure l’ayant éloigné des parquets la saison dernière est essentiel à cette équipe et Montrezl Harrell se met, comme son compère de banc Lou Will à terroriser les second unit soir après soir. Tobias Harris est légitimement dans la discussion pour le ASG, l’équipe commence quelque peu à ralentir, un bilan de 7-9 en janvier, mais reste dans le positif (28-24 en global). Fait rigolo, sur ce mois de janvier, et les 16 matchs joués, Patrick Beverley est 4 fois le meilleur rebondeur de l’équipe, ce qui est plus que Gortat, « censé » être le pivot titulaire qui ne le sera que 3 fois.
Encore un top scoreur échangé, ça fait beaucoup là non ?
Comme vous avez pu le comprendre, malgré un petit ralentissement en janvier, les Clippers restent solides et se battent. Mais évidemment, Jerry West décide encore une fois de chambouler tout ça, ainsi, le Logo décidera encore une fois de tout envoyer valser, pour libérer toujours plus de cap space, en prévision de l’été 2019 qui s’annoncera animé dans notre belle ville de Los Angeles.
La victime du Logo cette fois-ci ? Tobias Harris, en discussion pour participer à son premier ASG, leader des Clippers et top-scoreur de ceux-ci avec une magnifique moyenne de 21 points/match sur les 55 matchs qu’il aura disputé cette saison sous la tunique Angelinos est donc envoyé dans la néo-superteam des Sixers pour rejoindre Joel Embiid & co.
La contrepartie paraît, comme pour le trade du Quake, assez faible pour un joueur de ce calibre qui a su s’affirmer au cours de la saison : Wilson Chandler, très discret du côté des Sixers, qui arrive plus comme salary-filler que pièce maîtresse, Mike Muscala, qui sera ré-échangé très vite contre Ivica Zubac, Landry Shamet qui réalise un début de saison très bon, et qui est alors le joueur « majeur » que récupère les Clippers ainsi que des picks de draft : celui des Sixers protégé en 2020 et surtout, le pick 2021 du Heat non-protégé.
Tobias parti, en compagnie de son BFF Boban the Giant et Mike Scott, le ménage va continuer, Teodosic, encore une fois plombé par les blessures ne sera pas conservé, tout comme Gortat, décevant depuis son arrivée, ce qui permettra d’ailleurs de faire encore plus de place à Zubac et Harrell, plus jeunes et prometteurs tous deux. Avery Bradley, tout aussi décevant que nos deux européens précédemment cités sera envoyé à Memphis en échange de Garrett Temple et JaMychal Green, tous deux solides role players pour apporter un peu plus de profondeur et d’expérience à ce groupe, rajeuni avant la trade deadline. Ainsi, les Clippers se retrouvent en février avec un groupe rajeuni mais bien encadré par des vétérans d’expérience (Chandler, Temple, Lou Will, etc…).
Surprises, déceptions, il y a à boire et à manger
Des bonnes surprises, il y en a à la pelle dans cette équipe, à commencer par le rookie, Shai Gilgeous-Alexander, très agréable à voir jouer, qui sera d’ailleurs récompensé d’une place dans la All-Rookie NBA second team pour cette saison, ou il aura, à plusieurs reprises été une vraie satisfaction. Ses stats sur la saison ? 10,8 points, 2,8 rebonds, 3,3 passes et 1,1 steals. Deux pointes à 24 points sur la saison et des play-offs dont nous reparlerons plus bas. Montrezl Harrel, évidemment, jouant les 82 matchs de saison régulière, plusieurs pointes à la trentaine de points et la dizaine de rebonds, une entrée dans la discussion des meilleurs remplaçants de la ligue et incarnant parfaitement l’image d’underdogs de cette équipe, une vraie révélation. Il clôturera sa saison avec des moyennes de 16,6 points et 6,5 rebonds.
Au rayon des joueurs plus confirmés, de belles surprises sont à noter, Pat Beverley, sera également un élément majeur après sa grave blessure de la saison précédente, leader vocal de cette équipe, il sera essentiel à sa réussite, et nous donnera ce qui est potentiellement sa meilleure saison en carrière. L’absence de blessure grave de Gallo représente également une bonne surprise, celui-ci nous ayant montré au cours de cette saison qu’il était capable d’assumer un rôle important dans cette équipe. JaMychal Green, arrivé en cours de saison contre Avery Bradley trouvera aussi très vite sa place dans cette équipe de cols bleus. Lou Will plante évidemment sa vingtaine de points par match et glane son troisième trophée de 6MOY, devenant du coup le co-recordman de ce trophée avec J-Crossover, 3 trophées chacun.
Les déceptions seront également assez nombreuses dans cette saison, ce n’est pas drôle sinon. En premier, nous pouvons citer Teodosic et Gortat, deux joueurs censés être importants dans cette équipe, mais l’un, Gortat, n’ayant franchement pas été transcendant durant son court passage et l’autre, Teodosic, toujours miné par les blessures malgré des flashs intéressants, n’ont donc pas passé la deadline. Wilson Chandler également, arrivé en échange de Tobias Harris, n’a eu que de faibles minutes et ne les a pas exploitées pendant la fin de saison. Enfin, Jerome Robinson, pick en 13 n’a pas été aussi convaincant que son collègue rookie et a même été envoyé en G-League au vu de son niveau, 3,4 points/match sur la saison.
Fin de saison rocambolesque, direction la post-season
L’équipe se retrouve donc en apparence, encore une fois, amoindrie après la deadline, ce qui ne l’empêchera pas de performer. Ainsi, pendant que les Lakers de LeBron n’arrivent pas à convaincre autour d’un effectif bâti à la va-vite, les Clippers eux, ne déjouent pas et enchaînent les bonnes performances. Shamet réalise une saison rookie plus qu’intéressante et obtient sa trentaine de minutes par match et son spot de titulaire. Après un mois de février qui les aura vu finir avec un bilan de 34-29 et être toujours en course pour la post-season, les Clippers nous pondent un magnifique mois de mars, conclut en 13-2. Lou Williams assassine les Nets le 17 mars sur un magnifique 3 points au buzzer, et accroît encore un peu plus mon immense amour pour lui. Le mois se terminera sur un bilan de 47-31, les 4 matchs d’avril seront anecdotiques, l’essentiel étant fait et l’équipe terminera donc sa saison sur un bilan de 48-34 et une huitième place, synonyme de play-offs, et également de confrontation avec les Warriors au premier tour, qui ne se passera pas tout à fait comme prévu pour les Dubs.
Une série surprenante, un Game 2 historique
Les Clippers se retrouvent donc logiquement dans une position d’outsiders face aux champions en titre, et favoris pour leur propre succession. Position d’outsiders qui a collé à la peau de l’équipe toute la saison, et qui leur convient très bien. Le premier match se termine de manière logique, Pat Beverley et KD exclus, un Steph Curry indécent (38 points, 15 rebonds) et un score de 121-104 en faveur des Dubs.
Le Game 2 sera historique. Menés de 31 points après moins de 5 minutes dans le match, 94-63 en faveur des Warriors, tout le monde se dit alors que le match est plié et la série également. Les Dubs sont trop talentueux pour cette équipe sauf que non. C’est bien simple, à partir de ce moment-là, le match va se transformer, les Warriors vont légèrement se déconcentrer et Lou Williams va commencer son show. 17 points dans le troisième quart, 36 au total accompagné de 11 assists, le meilleur remplaçant de la ligue va tout faire et permettra aux Clippers de réduire l’écart à 14 points avant le quatrième quart. Les Warriors se reprendront en main dans ce dernier quart, mais l’écart ne fera que se resserrer.
Gallinari, JaMychal Green, Beverley (avant son exclusion, évidemment), et surtout Harrell, toute la rotation des Clippers s’emploie à faire réduire l’écart. A une minute de la fin, ça y est, 128-128, KD et Pat Bev sont encore une fois exclus pour 6 fautes chacun et les Clippers sont revenus dans le match. Curry met un three très bien senti, et Lou Will réduit l’écart face à Klay Thompson. Un point d’écart, Klay loupe son shoot et les Clippers ont l’occasion de repasser devant, ce qui sera chose faite. Lou Will libéré grâce à un écran de Shai, donne la balle à celui-ci, qui la transmet à Shamet ouvert derrière la ligne. Le three du rookie rentre, les Clippers mènent 133-131. Curry loupe son shoot, Harrell assure sur la ligne des lancers. Les Clippers viennent donc de réaliser le plus grand comeback de l’histoire des play-offs, un retard de 31 points gommé.
Suite à cette performance extraordinaire réalisée, GS prendra les deux matchs suivants au Staples Center et mènera donc 3-1 dans la série. Le Game 5 ? Encore une victoire des Clippers dans un match maîtrisé de bout en bout. Gallo réalise un grands match (26 points et 7 rebonds) Beverley prend 15 rebonds, et les Warriors manquent de sérieux. Malgré un grand KD (45 points), l’équipe de la Baie n’est pas dans son match et se fait surprendre. Lou Williams est encore une fois excellent, 33 points et 10 assists, tout ça à 12/19. Les Clippers auront donc réussi à prendre 2 matchs aux Warriors, chez eux, avant de se faire éliminer au cours du Game 6, 129-110, qui emmènera donc les Warriors en demi de conf, bien plus tardivement que ce qu’avait prévu les observateurs.
Les Clippers sortent des play-offs par la grande porte, ils ont tenu tête aux Warriors, les ont emmenés jusqu’en 6 matchs, chose impensable quelques semaines auparavant. Lou Williams prendra son troisième trophée de 6MOY en ayant mené cette très attachante équipe jusqu’en post-season.
Et après ?
L’été qui arrive sera animé, notamment par un certain fun guy qui vient de mener Toronto au titre après une campagne fabuleuse. Les Clippers se retrouveront transformés après cet été, devenus des contenders, qui n’ont pour l’instant, pas réussi à toucher au Graal.
Ces deux ans de transitions auront été une période importante pour les Clippers, la page la plus importante de l’histoire de la franchise est tournée, et le projet changera du tout au tout, pour rentrer dans une nouvelle ère, celle du Fun Guy et de PG13.
Merci à cette équipe de nous avoir fait vibrer comme elle a pu le faire, merci à Lou Will et à tous ceux qui l’ont accompagné durant cette période pour avoir consolider mon amour pour cette franchise en espérant que l’équipe actuelle nous emmène peut-être enfin au bout qui sait ?