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Run and Gun#4 – Le Rebond, une véritable moisson

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Run and Gun Era est une série d’articles dédiée à une des périodes les plus mythiques de l’histoire de NBA. Quand certains jugent cette époque comme celle des plombiers, d’autres y voient une ère où évolue de véritable dieu du basketball aux talents inégalables. Ces deux camps se trompent. Sortons des jugements péremptoires hâtifs, des mythes érigés sur des statistiques, pour découvrir ce que cache ces années au jeu complètement fou. Dans cet épisode, le rebond est à l’honneur et nous découvrons pourquoi les moyennes de l’époque sont si incroyables.

Des records fous ?

Lors du dernière épisode nous avons évoqué la saison 1961/62 de Wilt Chamberlain en nous intéressant au scoring. Continuons sur notre lancée mais cette fois avec les rebonds. Le 8 décembre 1961, face aux Lakers, le Stilt capte la bagatelle de 43 rebonds. Un chiffre complètement hallucinant que peu de joueurs ont atteint.

Ce soir-là, il y a eu 188 possibilités de rebonds, Wilt a capté 23% de ces ballons. Pour reproduire cette performance de nos jours, il nous faut quelqu’un capable de rester 48 minutes en jeu. Quelqu’un qui est un top rebondeur, habitué à rafler au moins 20% des rebonds possibles lorsqu’il est sur le parquet. Enfin, il faut que lors du match, les deux équipes affichent un pourcentage de réussite de 0% !!!

C’est la seule solution pour qu’on puisse avoir autant de possibilités de récupérer le ballon après un tir dans les conditions de jeu actuelles. Autant dire que cela n’arrivera jamais. L’autre moyen d’y parvenir serait de voir un joueur prendre au moins 60% des rebonds en ne sortant jamais de la partie. Là encore, nous ne sommes pas prêts de voir cela un jour.

Le pivot des Philadelphia Warriors établit un record All Time en ayant pris que 23% des rebonds disponibles. Pour donner un ordre d’idée, c’est la moyenne en carrière de Dennis Rodman. Mais l’ailier fort aux cheveux peroxydés n’affiche « que » 13 rebonds par rencontre en 911 matchs. Un différentiel dans les stats brutes qui s’explique en un mot, possession.

le rebond

Pour mieux comprendre, restons avec Dennis Rodman. Lors de la saison 1991/92, il affiche sa plus belle campagne en moissonnant 18.7 rebonds. Pour faire cela, il passe 40 minutes sur le terrain et joue 77 possessions par rencontre. En 1962, le guerrier de la cité de l’amour fraternel prend 25.7 rebonds sur 132.4 possessions. S’il en avait joué autant que The Worm, sa moyenne chutait à 14.9 prises.

Des chiffres qui sont à pondérés car en 1962 sur 100 possessions il y a environ 20 rebonds de plus qu’aujourd’hui par match. Les records de l’époque dans ce domaine sont une fois de plus de la poudre aux yeux. Ils sont rendus possibles grâce aux style R&G pratiqué à l’époque. Les pourcentages de réussite jouent également leur rôle mais ils ne sont pas forcément impliqués dans ces performances hors normes.

Lorsque l’inéluctable Chamberlain réalise le record absolu de 55 rebonds, le pourcentage de réussite du match opposant Warriors aux Celtics est de 44%. Ce qui n’est pas du tout honteux et qui ne peut pas à lui seul expliquer de tels chiffres. Lorsque viendra le moment de traiter les carrières des joueurs de l’ère du Run and Gun, il faudra alors garder en tête tout ceci.

Quel intérêt ?

Dans l’histoire de la NBA la barre des 30 rebonds est dépassée 427 fois dont 392 fois entre 1957 et 1973. Le top 10 All Time des meilleurs de la discipline ne compte que des joueurs de cette période. Lorsqu’on parle des stars de ces temps immémoriaux on ressort volontiers tous ces chiffres en ajoutant que c’est très fort même si « c’est une autre époque »

Cependant, jamais on ne prend le temps d’expliquer pourquoi et comment de tels records sont précisément réalisés à ce moment-là et jamais égalés ensuite. C’est pour cette raison que cette série d’articles sur le Run and Gun commence avec ces petites pastilles sur les statistiques et la vision que nous avons d’elles. Le basketball est un sport de chiffres dont il est quasiment impossible de parler sans avoir à en citer. 

Sans quelques notions, ces performances ne veulent rien dire. Elles ont un contexte que nous avons perdu en route. Ce n’est pas la seule chose qui nous a échappé. Nous avons aussi perdu la narration des carrières des joueurs de cette ère. Mais avant de pouvoir commencer à vous raconter ces parties manquantes de l’histoire, il nous faut passer par la case statistique pour la démystifier. 

Un passage obligé avant de commencer les choses sérieuses et de découvrir les joueurs les plus illustres de cette période sous un nouveau jour. Rien que dans le Top 100 All Time de TrashTalk, il y a 32 joueurs ayant évolué dans le Run and Gun. Un bon tiers de ce classement est réservé à des légendes dont nous avons oublié bien des choses. Des zones grises que nous avons comblées avec des statistiques. Sauf que celles du R&G nous racontent une histoire faussée. Nous allons modestement tenter de remédier à cela par la suite.

En attendant, rendez-vous très vite pour la prochaine étape de cette immersion dans les années folles de la NBA. On va parler meneur de jeu et s’intéresser à la passe. Un domaine qui ne jouit pas des mêmes conditions favorables que le scoring ou le rebond. 

43 ans - Rédacteur - Contrairement à ce qui se raconte, je n'ai pas côtoyé George Mikan. Mais je m'efforce de raconter du mieux que je peux l'histoire de la NBA. Avec un gros penchant pour les années 60 et 70. Le bon vieux temps des moustaches et des shorts courts.

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