Le destin de Pascal Siakam fait couler de l’encre depuis plusieurs semaines. Il ne reste qu’un an de contrat au camerounais. Les prétendants ne se bousculent pas depuis que le MIP 2019 a affirmé qu’il ne prolongerait pas forcément avec sa future franchise. Siakam semble donc parti pour rester à Toronto. Symbole d’une intersaison ratée, ce statu quo risque d’impacter plusieurs joueurs.
Victime n°1 : Scottie Barnes va rester dans l’ombre
Sacré Rookie de l’Année en 2022, Scottie Barnes est une superstar en devenir. C’est un défenseur polyvalent avec une palette offensive complète. Il a insisté l’année dernière sur son souhait de développer sa création, évoluant parfois meneur. Un forward de 2,03 mètres capable d’orienter le jeu pour ses coéquipiers et lui même ça ne vous rappelle personne ? Indice : un camerounais surnommé Spicy P.
L’exercice passé a montré que la cohabitation Barnes-Siakam avait atteint ses limites. Pascal Siakam n’est pas à blâmer. Le numéro 43 est de loin le meilleur joueur de Toronto cette saison avec 24 points, 7,8 rebonds et 5,8 passes de moyenne. A 29 ans, il entre dans son prime, laissant Barnes dans son ombre. Le ROY 2022 sort d’une saison très compliquée. L’omniprésence de Siakam est une des raisons principales de sa progression ralentie.
Toronto ne devrait pas jouer le titre dans les 3 prochaines saisons où Siakam sera à son meilleur niveau. Scottie Barnes ne demande qu’à être promu 1ère option offensive pour débuter un projet à long terme. Même si le nouveau coach Darko Rajaković a indiqué que Barnes aurait plus de ballons en attaque, le numéro 4 devra (encore) patienter pour être le visage des Raptors. Attention, il pourrait se lasser d’attendre.
Victime n°2 : O.G. Anunoby, les responsabilités attendront
C’est l’autre gros feuilleton de l’intersaison des Raptors. Annoncé partant pour Portland, Indiana ou New York, O.G. Anunoby sera un joueur de Toronto à la reprise, faute d’offres satisfaisantes pour Masai Ujiri. En conservant Pascal Siakam, les Raptors ont manqué l’occasion de responsabiliser l’ailier de 26 ans.
Le joueur a laissé entendre qu’il voulait davantage de devoirs en attaque. Il devrait en avoir car Fred VanVleet est parti sans remplaçant de son calibre offensif. Toutefois, un départ de Siakam aurait fait gagner 2 places dans la hiérarchie à O.G. Il serait devenu une réelle option 2/3, en ballotage avec Gary Trent Jr. Un rôle à la mesure des ambitions du natif de Londres.
A 1 an de la fin de son contrat, un tel choix aurait symbolisé la confiance que la franchise lui accorde, facilitant une prolongation de contrat. Si O.G. Anunoby et Toronto ne trouvent pas d’accord pour une extension de son bail, il devra être échangé en février pour éviter qu’il ne file sans contrepartie à la Free Agency. Masai a manqué le coche.
Victime n°3 : Gary Trent Jr. toujours plus seul derrière l’arc
Le gentil garçon de l’équipe. Gary Trent Jr. a activé sa Player Option de 18,9 millions pour rester un joueur des Raptors cette saison. Après une année difficile, ce choix désintéressé sous-entend que des garanties sur un plus grand rôle lui ont été données. Là encore, la présence de Pascal Siakam pose question.
La qualité principale de GTJ est son shoot extérieur (38,4% en carrière). O.G. Anunoby n’a pas à rougir dans ce domaine et Gradey Dick a été drafté pour ses tirs à 3 points. Ce sont les trois seuls shooters de cet effectif plus que jamais démuni. Toronto avait le 27ème pourcentage à 3 points la saison dernière (33,5%) mais n’en retient pas les leçons.
GTJ va être forcé de prendre plus de tirs extérieurs, et de « bad shots ». Les défenses pourront le cibler plus facilement impactant ses performances et le spacing des Raptors. Trader Siakam pour récupérer des shooters fiables et disponibles (Anfernee Simons ? Buddy Hield ? Bogdan Bogdanovic ?) aurait permis de soulager GTJ et d’améliorer grandement l’effectif.
Victime n°4 : Darko Rajaković reçoit un effectif défectueux
L’assistant des Grizzlies devenu entraineur en chef des Raptors est la dernière victime du faux départ de Siakam. Le serbe de 44 ans est un excellent choix. Son jeu offensif et ses qualités à développer les talents sont loués par tous ceux qui l’ont côtoyés à Memphis.
Aucun doute sur le fait que Darko devrait mettre de belles choses en place mais il hérite d’un effectif qui a montré ses lacunes l’année dernière. Le manque de shooters n’a pas été comblé. De plus, aucun jeune cadre n’a été confirmé par une prolongation de contrat. Ce flou au sein même de la franchise va nourrir des tensions dans l’équipe.
Vestiaire fracturé et effectif incomplet. Darko est mis dans une position très inconfortable avant même ses débuts en NBA. Un départ de Pascal Siakam aurait définitivement tourné la page du titre 2019 pour lancer le projet autour de Barnes. Le serbe aura bien du mal à responsabiliser ses jeunes avec un Siakam en plein prime au milieu.
Une nouvelle ère est proche à Toronto. Les Raptors ont un nouvel entraîneur et de jeunes talents à polir. Masai Ujiri doit reprendre les clés du projet à Pascal Siakam pour les confier à cette jeune génération. Avant qu’elle ne décide de s’épanouir ailleurs.
