Dans la nuit de mercredi à jeudi, les Detroit Pistons se sont inclinés 130 à 120 à Boston, face aux champions en titre. Cette défaite qui peut paraître anecdotique dans une saison régulière surchargée est pourtant riche en enseignements pour l’équipe du Michigan. Zoom sur 10 d’entre eux.
Un pourcentage record à 3-points…
51,8 %. Ce n’est pas le degré d’un nouveau rhum des west indies, c’est le pourcentage de réussite à 3-points des Pistons hier soir. Ce chiffre est ahurissant pour une équipe comme les Pistons qui galèrent depuis de longues années dans cet aspect du jeu.
Les joueurs du Michigan ont rentré 20 de leurs 39 tirs derrière l’arc au Garden, avec en tête le prolifique Malik Beasley auteur de 6 unités à lui seul. Cette réussite est bien entendu un record cette saison pour eux, et d’assez loin. La meilleure performance dans ce registre jusqu’ici avait eu lieu le 13 novembre à Milwaukee avec 47,4%.
Merci Malik, Merci Tobias.
… qui ne suffit pas.
Cette soirée historique en termes d’efficacité extérieure n’a pas permis aux joueurs du Michigan pour repartir avec la victoire. Pourquoi ? Et bien, cela peut paraître surprenant mais Detroit n’est pas l’équipe qui a rentré le plus de 3pt mercredi soir. Les Celtics ont été moins efficaces sur un volume plus grand (21/52).
En effet, Boston est de très loin l’équipe qui tente le plus de tirs derrière l’arc cette saison avec 52 tentatives par match. Ils étaient dans leurs standards face aux Pistons. Les hommes de Bickerstaff sont eux 16ème avec plus de 36 tentatives.
La ligue du 3pt, vraiment ?
Aussi surprenant que cela puisse paraître pour certains, être aussi efficace à 3pt ne suffit pas pour gagner. En effet, récemment, des déclarations plutôt réactionnaires tactiquement de la part de journalistes ou d’anciens joueurs ont vu le jour dans les médias. Ces derniers déclarent que la ligue est devenue un concours à 3pt où l’équipe qui en convertit le plus gagne toujours.
Et bien cet affrontement entre Pistons et Celtics est un argument pour les contredire. Les deux équipes en ont rentré le même nombre avec 13 tentatives de moins pour les Pistons. Une différence énorme qui pousse à aller chercher les explications ailleurs.
La vraie raison du spacing
Le spacing, ce n’est pas simplement tirer de plus en plus loin, plus souvent avec des meilleurs shooteurs. Ce n’est pas une question de 3 point, le 3 point n’est que le moyen de parvenir à l’objectif : atteindre le panier plus facilement.
Boston possède le meilleur spacing de l’histoire avec 5 excellents shooteurs dans le 5 majeur, il manquait Tatum mercredi soir. La défense des Pistons s’est adaptée avec des close-out agressifs et une volonté de ne pas laisser de tirs faciles derrière l’arc. Ça a marché, comme on l’a vu plus haut.
Conséquence de cette agressivité extérieure ? Une protection de cercle inefficace et des Celtics qui se sont régalés dans les tirs sous le cercle. 79% de réussite au cercle, 86ème centile. Detroit s’est fait mystifier dans la zone la plus rentable et la plus importante à protéger.
Le cas Jalen Duren
Le jeune pivot de Detroit a connu une rencontre très compliquée. Il n’a jamais réussi à peser positivement sur le match, avec ballon, sans ballon et en défense. La protection de cercle, censée être un de ses objectifs majeurs durant les 25 minutes qu’il a passé sur le parquet a été un échec. Malheureusement pour les fans de la franchise, c’est devenu une habitude. Les performances de l’américain sont inquiétantes dans cet aspect du jeu. Malgré son jeu âge, Duren n’affiche aucun progrès et semble se désintéresser de la défense, apparaissant nonchalant et peu concerné.
Une stat pour illustrer ça : il n’a converti en rebond que 11% de tirs manqués par Boston. Etant donné son rôle, sa taille et son profil, ce chiffre est catastrophique. Duren traverse une très mauvaise passe.
Les deuxièmes chances offertes
Si ce n’est pas Jalen Duren, qui a pu récupérer les rebonds dans la raquette de Detroit ? Et bien les joueurs de Boston. 40% d’OffReb%, un chiffre très élevé. Cela signifie que les Celtics ont capté 40% des rebonds possibles sur leurs propres tirs. Presque un sur deux. C’est un chiffre colossal qui montre la faiblesse de la raquette de Detroit. Donner autant de cartouches à son adversaire se paient cash, surtout contre le champion en titre.
Pas besoin d’une réussite folle lorsque l’on peut avoir plus de possessions que l’adversaire.
La dépendance à Cade Cunningham
C’est un secret pour personne, Cade Cunningham est le meilleur joueur de l’effectif des Pistons. Ce soir, il l’était de très loin. Sans lui, l’équipe a vécu à travers son shoot extérieur et ce n’est absolument pas une idée à reproduire à l’avenir. La variance viendra rattraper les hommes du Michigan qui ne sont pas à l’abri de convertir 10 3’s en moins lors du prochain match.
Cade était le seul plan de jeu lorsque l’équipe a commencé à se rapprocher en fin de match. « Pas besoin de systèmes, je suis le système » disait Harden. Alors oui, ça peut fonctionner lorsqu’on s’appelle Luka ou Nikola, moins pour Cade. Jaden Ivey a été bien trop discret, sous utilisé et le coaching de Bickerstaff absent dans le clutch time. Si vous voulez approfondir le sujet, j’en ai fait un thread.
Malik, ça veut dire « mon roi »
En 2021, dans une formidable chanson écrite pour son fils, Youssoupha disait « je t’ai appelé Malik car tu es mon roi ». Ça se vérifie étymologiquement, et ça se vérifie pour Malik Beasley.
L’arrière fait un bien fou à l’équipe depuis le début de saison et a été excellent hier soir. A bientôt 29 ans, il réalise l’une de ses meilleures saisons en carrière. Contre Boston, il a été létal en fin de première mi-temps lorsqu’il fallait revenir au score. Son shoot making fait un grand bien aux Pistons. Depuis quand n’avait on pas vu un tel sniper dans l’équipe ? C’est une très bonne question. De plus, il est parfait utilisé en tant que ball handler et peut rendre des services à petit volume. J’ai souvenir d’une formidable manipulation de défense sur pick and roll en deuxième mi-temps. Malik Beasley fan account.
Enfin des flashs pour Ron Holland ?
Ron Holland n’est pas à son aise sur ce début de saison. Il enchaîne les performances en demi-teinte. C’est surtout offensivement que le bas blesse. Pourtant, hier soir, on a vu du mieux.
Il a pris les shoots qu’il devait prendre et c’est un bon début. Il est jeune, très jeune, et en manque de confiance. Certes, personne ne lui en voudra s’il n’est pas efficace. L’important pour un rookie, c’est prendre les opportunités qu’on lui donne et ne pas les refuser. C’est le cas sur certains tirs extérieurs où il préfère passer que shooter. A long terme, c’est une catastrophe pour l’équipe. Il n’y qu’une seule chose pire qu’un joueur qui ne met pas ses shoots dans le corner : un joueur qui ne prend pas ses shoots dans le corner.
Face à Boston, il les a pris et en a rentré 2/4. Le tout combiné a une performance loin d’être dramatique dans les autres aspects du jeu. Continue comme ça Ron.
Les commentateurs à l’extérieur
On s’éloigne un poil du parquet pour le dernier point puisqu’on va en tribunes, côté journaliste. Le commentateur des Pistons est l’historique George Blaha, figure iconique de la franchise qui a tout connu dans le Michigan. Cette expérience va de paire avec un âge avancé et contrairement à LeBron (et encore) George fait son âge. Ses commentaires sont plutôt mous, monotones et assez convenu avec trops de gimmicks qui reviennent en boucle.
Lors des matchs à domicile, j’ai du mal à ne pas suivre avec les commentaires maisons de Blaha. À l’extérieur c’est différent, j’en profite pour écouter le broadcast des adversaires et la différence se fait sentir. J’ai pu kiffer mon match avec les oreilles. Merci Blaha pour les travaux, mais il est temps de laisser place à plus jeune.