À 38 ans, Yi Jianlian a officialisé sa retraite via un communiqué. Joueur souvent moqué en NBA, il a pourtant été l’un des tout meilleur basketteur chinois de l’histoire et il semble intéressant de revenir sur sa carrière.
Yi Jianlian has retired.
He last played in the NBA in 2012 and was one of the few Chinese players to have any sort of significant career (although he is widely viewed, probably unfairly, as a bust).
Here’s to hoping the next great Chinese talent is not long in the offing pic.twitter.com/1uwfZDNhUy
— Alexander Boyd (@alexludoboyd) August 29, 2023
La génèse
Yi Jianlian nait en Octobre 1984 (même si il existe certaines controverses autour de sa réelle date de naissance) dans la Province de Guangdong, dans l’extrême sud-est de la Chine. Avec des parents qui ne veulent pas l’orienter vers le sport, mais plutôt les études, il décide de jouer de son côté jusqu’au jour où un recruteur va le remarquer et convaincre ses parents de le mettre dans un club pour développer son avenir professionnel dans ce sport.
Il démarre sa carrière professionnel en 2002, année durant laquelle un chinois du nom de Yao Ming est sélectionné en numéro 1 de la draft NBA, avec les Guangdong Southern Tigers, une équipe phare de la CBA de l’époque tournée autour de Du Feng, Zhu Fengyu et Jason Dixon. Pendant 5 ans au sein de la franchise, Yi Jianlian montre très vite le phénomène qu’il est, un intérieur très doué qui sait profiter de sa grande taille pour dominer ses vis-à-vis. Il se sert également très bien de ses capacités athlétiques pour défendre de manière très correcte, que ce soit en protection d’arceau ou plus dans un petit périmètre. Le palmarès se blinde pour l’intérieur qui finit quadruple all-star, triple champion CBA, une fois MVP des finales et même DPOY en 2007. Il peut même se targuer d’être sélectionné pour l’équipe nationale qui ira à Athènes en 2004, alors qu’il n’a que 20 ans.
En 2006, le garçon décide de se présenter à la draft NBA avant de se rétracter. En revanche, en 2007, pas de retour en arrière: Yi Jianlian démarre sa carrière en NBA.
Yi Jianlian dans la Grande Ligue
Prospect formidable, Yi Jianlian était tout simplement vu comme la pépite chinoise à aller chercher après Yao Ming. 2m13 pour plus de 100 kilos, l’ailier fort avait tout pour réussir : un bon fadeaway, un excellent jeu à mi-distance, il pouvait scorer en transition avec des gros dunks et tirer de loin. Défensivement, il était honnête et était un rebondeur solide. En bref, un intérieur athlétique et technique qui faisait de lui un potentiel Pau Gasol chinois, un joueur rêvé pour beaucoup de franchises.
Malgré la volonté de l’agent de Yi Jianlian d’envoyer son poulain dans une équipe avec une grosse communauté étatsunio-asiatique, le « Nouveau Yao Ming » a fini en 6ème position de la Draft chez les Bucks, qui sont en grosse galère avec les pépins physiques de Redd et le jeune Bogut qui met du temps.
Malheureusement, de Pau Gasol, on a plus retrouvé les défauts que les qualités. Décrié pour son côté soft et son manque d’intensité, que ce soit en défense ou aux rebonds, Yi Jianlian a eu du mal à s’imposer. Sans être complètement mauvais, il manque quand même de cette dureté et de ce hustle nécessaire dans la NBA des années 2000, comme Bargnani et d’autres ont pu le montrer. La saison suivante n’est pas vraiment meilleure malgré le transfert chez les New Jersey Nets. Sa meilleure saison sera la 2009-2010 dans le New Jersey avec 12 points et 7 rebonds de moyenne, mais dans une des pires équipes de l’histoire avec 12 victoires aux côtés de Brook Lopez, Devin Harris et Courtney Lee. Enchaînant, en plus, quelques pépins de santé, Yi Jianlian passe par Washington et Dallas avant de définitivement quitter la NBA en 2012 (même si il tentera un comeback avec les Lakers en 2016 mais préfèrera rester en Chine).
Pendant ce temps, en équipe nationale
Alors qu’il passe 3/4 de l’année à patauger en essayant de trouver sa place en NBA, Yi Jianlian s’amuse avec la Team Dragon. Il prend petit à petit son spot dans la raquette comme aux JO de 2008 puis en tant que patron de la Chine, avec les départs de Yao Ming ou de Wang Zhizhi.
C’est en 2010, lors de la Coupe du Monde, que Yi Jianlian va montrer sa capacité à être un patron. Si la Chine ne brille pas collectivement, l’intérieur va, en revanche, briller de mille feux. Il tourne en 20-10 sur la compétition, fait tourner le jeu comme un chef et même si les victoires ne sont pas au bout, le bonhomme finit meilleur rebondeur de la compétition et 5ème au scoring, derrière des énormes légendes: Luis Scola, Kirk Penney, Kevin Durant et Carlos Delfino. Il confirmera ce statut de leader et de patron en 2011 lors de l’Asia Cup, durant laquelle la Chine finira championne autour d’un Yi Jianlian MVP de la compétition mais surtout présent dans les grands moments, lui qui sort un 25-16 en finale pour finir la Jordanie d’un point.
Yi Jianlian avec la sélection chinoise, c’est plus de 15 ans, c’est 4 médailles d’Asia Cup dont 3 en or, c’est une médaille d’or aux Asian Games de 2006, c’est un titre de meilleur rebondeur de CDM, c’est 4 participations olympiques, c’est 2 MVP d’Asia Cup, c’est une dévotion sans pareille pour sa sélection nationale et c’est une légende absolue du basketball asiatique.
2012 : retour en CBA et fin de parcours
À son retour, il retourne dans son club de Guangdong et y restera jusqu’au bout. Yi Jianlian domine la ligue dans ses années-là avec largement plus de 20 points et souvent les 10 rebonds. Lui sera quintuple « Domestic MVP » (les MVP de la CBA de nationalité chinoise) dont 4 de suite, triple champions avec des gros duels contre les Ducks de Stephon Marbury, les Flying Tigers ou les Flying Leopards, double MVP des finales, octuple all-star, meilleur défenseur en 2019 et double leader en Slam Dunk de la CBA. La domination est totale pour le grand Yi Jianlian malgré quelques blessures bien gênantes.
Yi Jianlian : Que retenir de sa grande carrière ?
La première chose à retenir et dont Yi Jianlian est un fervent représentant: le basketball ne se limite pas à la NBA. Au-delà de la polémique actuelle sur le champion du monde en NBA ou du fait que les grands médias ne parlent que des NBAers lors des grosses compétitions, les commentateurs ont tendance à être très NBAcentré quand il s’agit des légendes. Yi Jianlian, Sergei Bazarevich, Sarunas Jasikevicius, Marcelinho Huertas, Andrew Gaze et tant d’autres ne sont pas des randoms sous prétexte que leur carrière NBA n’a pas duré longtemps et qu’ils n’ont laissé aucune trace en NBA. Faire des grandes choses en sélection nationale, c’est fort aussi. Faire des grandes choses dans d’autres ligues, c’est fort aussi.
Est ce que Yi Jianlian ira au Hall of Fame de la FIBA? Peut être un jour, ce ne serait pas déconnant, mais rien n’est moins sur. En tout cas, on souhait au grand chinois de bien profiter de sa retraite et surtout de conseiller Zhou Qi et toute la nouvelle génération de basketteur chinois pour essayer de faire encore plus grandir ce pays sur la scène du basket-ball international.