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« Pay us what you owe us » : les coulisses de la fronde du All-Star Game WNBA 2025

Il y a quelques semaines, lors du All-Star Game de la WNBA, les joueuses présentes lors du match des étoiles ont arboré des équipements marqués du slogan « Pay us what you owe us » qu’on traduit par « Payez-nous ce que vous nous devez ». Dans une situation critique entre les joueuses et la Ligue, il est temps de plonger dans les coulisses de ce mouvement initié par ces dernières.

WNBA All-Star Game 2025 : les coulisses de la fronde

Si les caméras du monde entier étaient braquées sur les stars WNBA lors du All-Star week-end, c’est peut-être en coulisses que se jouait la véritable rencontre. Entre quatre murs, loin des distractions et des festivités, les joueuses menaient, ce week-end-là, une bataille plus importante : celle pour faire valoir leur droits.

C’est peut-être l’image de ce début de saison WNBA. Sabrina Ionescu et Caitlin Clark – deux des visages de la ligue – appelant à de meilleurs salaires. Le dimanche 20 juillet, pendant l’échauffement du All-Star Game à Indianapolis, le WNBPA (syndicat des joueuses) a frappé fort. L’ensemble des 22 joueuses sur le parquet portaient un t-shirt avec le même message inscrit dessus : « Pay Us What You Owe Us ». En plein coeur des renégociations du CBA, le WNBPA a profité du deuxième All-Star Game WNBA le plus regardé de l’histoire pour revendiquer ses droits. 

L’action a duré toute la semaine, d’abord avec une réunion le jeudi 17 juillet. Pour l’occasion, 40 joueuses au total – comportant des membres du syndicat et en dehors- se sont réunies pour discuter du nouveau CBA  avec Cathy Engelbert, la commissionnaire de la ligue.  Il est le principal point de rupture des négociations. 

Le Collective Bargaining Agreement ou “CBA” est l’équivalent de la Constitution en WNBA. Des grilles de salaires au nombre de matchs par saison en passant par la draft : il est essentiel. C’est un contrat entre les propriétaires et le syndicat des joueuses qui établit toutes les règles et fondations de la ligue. Il est valable 5 à 7 ans. Fin octobre, le WNBPA a décidé d’opt-out pour négocier de “meilleures conditions de travail”. Sans accord signé d’ici novembre, la WNBA risque une grève en 2026.

Les joueuses sont ressorties bredouilles de la réunion du 17 juillet. Breanna Stewart, vice-présidente du WNBPA et joueuse du Liberty a qualifié la rencontre « d’opportunité manquée ». 

Le point positif c’est que les joueuses et la ligue ont pu se rencontrer pour discuter mais nous aurions pu entrer beaucoup plus en profondeur dans les négociations. C’est une opportunité manquée. » Breanna Stewart au sujet de la réunion du 17 juillet.


De son côté, Greta Garbo s’est montré plus critique envers cette discussion et la situation générale entre les joueuses et la Ligue.

C’est ici que j’ai sacrifié les meilleures années de ma vie. »

Si d’après les informations d’ESPN, les joueuses semblent s’accorder sur davantage de droits pour les joueuses retraités et des familles, les deux camps sont encore éloignés sur la question des salaires. 

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Une arrivée qui restera dans les mémoires. Crédit : MSNBC

Le revenue share au coeur des tensions

Moins de 10%. C’est le pourcentage d’argent reversé aux joueuses sur le total généré par la ligue. Un chiffre bien en dessous des presque 50% du “Big Four” – les 4 ligues sportives américaines majeures. En plus de meilleures conditions de travail, le WNBPA espère négocier de meilleurs salaires et un nouveau revenue share. Pour négocier, les joueuses comptent s’appuyer sur l’explosion d’intérêt de la WNBA et sur plusieurs signaux qui sont au vert pour la ligue orange. 

Le premier, les audiences ont presque triplées en 2024. Cette augmentation peut être attribuée à l’entrée dans la ligue de jeunes joueuses prometteuses comme Caitlin Clark et Angel Reese. Elle devrait se poursuivre avec les arrivées de Paige Bueckers cette saison ou encore de Juju Watkins d’ici 2027. Deuxième signal, de plus en plus de franchises sont intéressées à rejoindre la WNBA. De 12 équipes en 2024, ce chiffre atteindra les 18 en 2030. Au début du mois de juillet, Cathy Engelbert a annoncé les arrivées de Cleveland, Detroit et Philadelphie d’ici la fin de la décennie pour un montant d’admission de 250 millions de dollars chacune. 

Enfin le nouveau contrat des droits TV rentre aussi dans la balance. La WNBA a signé un accord sur 11 ans de 2,2 milliards de dollars. L’équivalent de 200 millions par saison alors que le précédent n’était que de 60.  

Si plusieurs arguments penchent dans la balance des joueuses, les négociations sont loin d’être gagnées. Pour l’instant, la ligue ne génère toujours pas de bénéfices. Adam Silver – commissionnaire de la NBA – avouait en 2018 que la WNBA perdait environ 10M/saison. Ce chiffre atteint même les 40 millions de dollars  de pertes en 2024. Ces pertes sont compensées par la ligue masculine qui détient environ une soixantaine des parts de la WNBA.

Les fans ont choisi leur camp. Crédit : USA Today

Les fans choisissent leurs camp 

Sauf que la situation a changé. Poussée par les récents investissements (nouveaux droits TV, expansion), la WNBA voit peut-être enfin le bout du tunnel. Après 29 saisons la ligue orange pourrait voir le vert. Dans leur combat pour faire valoir leurs droits, les joueuses se sont trouvés des alliés : les fans. 

Grâce à des pancartes, des t-shirts et des chants:“Pay them! Pay them!”. Le public d’Indianapolis était au rendez-vous pour soutenir la cause des joueuses. Depuis le All-Star Game, des scènes similaires se sont produites dans plusieurs salles WNBA.  

Avoir le soutien des fans est inestimable. Leurs chants m’ont donné des frissons et avec eux à nos côtés nous exerçons une pression de plus sur la ligue. » Napheesa Collier après le All-Star Game 2025

Alors, qui des joueuses ou cd la ligue a le plus à perdre ? En cas de non-accord d’ici le 31 octobre , la WNBA se dirige tout droit vers une grève en 2026.Si les conséquences pourraient être catastrophiques pour la WNBA, les joueuses ont des alternatives. Depuis la création de la ligue, elles ont l’habitude de jouer à l’étranger – en Europe ou en Asie – pour compenser leurs faibles salaires. Mais ces dernières années, deux ligues indépendantes ont vu le jour : Athletes Unlimited et Unrivaled fondée par les joueuses Napheesa Collier et Breanna Stewart. 

Ces deux nouvelles ligues américaines se jouent l’hiver, avant la saison WNBA. Elles offrent de meilleurs salaires aux joueuses et en cas de grève, tous les yeux seraient rivées sur elles. Athletes Unlimited et Unrivaled pourraient donc être les grandes gagnantes d’un « no deal » entre WNBPA et les propriétaires. On peut penser que la ligue tentera d’éviter à tout prix une grève lors des saisons d’inauguration de Toronto et Portland, qui rejoindront la ligue la saison prochaine. 

Comme motif d’espoir, la date du 31 octobre ne représente pas une fin en soi. Pour le dernier CBA, les discussions s’étaient prolongées jusqu’au 14 janvier avant qu’un accord ne soit trouvé entre les deux camps.

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