Une affaire de famille #9 : les cousins en NBA

Aujourd’hui on s’intéresse à un lien familial un peu particulier : les cousins de NBA. Entre relations inconnues entre futurs hall of famer, ou relation quasi fraternelle depuis le plus jeune âge, la NBA a depuis longtemps connu cette relation familiale particulière.

Tracy McGrady et Vince Carter : les cousins Hall of Famer

En 1997, alors que Tracy McGrady se prépare pour la draft sans passer par la case NCAA, il s’entraîne à Chapel Hill avec des joueurs de North Carolina dont un certain Vince Carter, qui vient de finir sa deuxième saison. Et alors que TMac doit s’absenter pour réunion de famille, Vince reçoit un coup de fil de sa grand mère. A l’autre bout du fil c’est Tracy qui hurle qu’ils sont cousins.

T-Mac arrive donc en NBA en 1997, drafté par les Toronto Raptors. Après une saison rookie où son coach le décrit comme esseulé, il est rejoint par son cousin qui a déjà 22 ans et sera rookie de l’année. Devenus coéquipiers mais surtout inséparables, ils passent deux saisons ensemble.

L’histoire commune dure jusqu’en 2000, date du légendaire slam dunk contest. Car si tout le monde se rappelle du concours de Vince Carter, il ne faut pas oublier que Tracy McGrady était également de la partie cette année-là. Les deux cousins montrent alors au monde entier leurs qualités athlétiques

Vince Carter's 2000 NBA dunk contest masterpiece: 'I wanted to go out there  and give you a show' - The Athletic
Vince Carter et Tracy McGrady, les deux cousins, au slam dunk contest 2000 (Crédit : Andrew D Bernstein)

Rapidement, Vince Carter prend le lead de l’équipe en étant All-Star dès sa deuxième saison, et pour les 6 années suivantes. A cause de cette position de « numéro 2 », Tracy McGrady veut changer d’équipe et signe un nouveau contrat de 93 millions sur 7 ans avec le Magic d’Orlando, rejoignant une autre star de la ligue Grant Hill. Sauf que ce dernier se blesse dès le début de la saison, et TMac doit prendre les rennes de l’équipe. C’est le début de son éclosion.

Il remporte le trophée de MIP passant d’un 15-6-3 à un 27-8-5 et est sélectionné pour le All-Star Game. Véritable machine à highlights et incroyable scoreur, il fait grimper les scores, étant deux fois meilleur scoreur de la ligue dont une pic à 32 points en 2002-2003. Toutefois, lui et son équipe a du mal à enchainer en playoffs. Pire il n’a pas toujours pas dépassé le premier tour.

En 2003-2004, il est encore meilleur marqueur de la ligue mais le projet collectif est catastrophique avec seulement 21 victoires. C’est la fin du mariage et il est tradé durant l’été aux Rockets pour jouer avec un grand pivot, tant par la taille que par le talent : Yao Ming.

Ranking Tracy McGrady's Top 10 Games With Magic Photo Gallery
Trace McGrady quand il était au Magic d’Orlando (Crédit : Fernando Médina)

L’histoire est bien connue maintenant, mais bien que cette équipe des Rockets soit formidable en saison régulière, elle est incapable de passer un premier tour en playoffs. Cette fois ci, les raisons ne sont pas que sportives. Le sort semble s’acharner et les blessures s’enchaînent pour l’arrière et le pivot chinois. Pour TMac c’est le dos, l’épaule et le genou, pour Yao c’est ce fameux pied d’argile.

Et c’est malheureusement, ce que l’on retiendra de Tracy McGrady aux Rockets : un goût d’inachevé, pour ne pas dire de loser, maudit par les blessures. De manière similaire à l’ensemble de sa carrière, on retient également des actions d’éclats dont lui seul à le secret, comme la fois où il marque 13 points en 35 secondes.

En 2008-2009, il doit subir une opération dans son épaule et genou gauche, lui faisant stopper l’intégralité de la saison. Il ne reviendra jamais au niveau, après des passages rapides aux Knicks, aux Pistons, aux Hawks et même aux Spurs en 2013 avec qui il disputera ses seules minutes au-delà du premier tour de playoffs.

Revenons aux Raptors avec Vince Carter. La franchise est encore très jeune et n’a pas vraiment trouvé sa place en NBA. Mais Vince, par ses performances et ses highlights, va réussir à placer Toronto et le Canada sur la carte du basket, permettant à des générations de jeune canadiens de croire au rêve NBA.

Même s’il devient une icône, collectivement ça ne gagne pas, notamment à cause de ses blessures. Les Raptors ne sont présents en playoffs que deux fois sur ses sept saisons canadiennes. La fin de parcours entre les deux camps ne se terminent pas très bien, et après des changements dans le bureau, il est transféré aux Nets de Jason Kidd. A chaque retour dans la salle de Toronto, il est largement hué par le public, le motivant à réaliser des performances magiques dont ce buzzer-beater en 2006.

Avec les Nets, le résultat est un peu similaire : des performances et des distinctions individuelles, sans jamais vraiment s’approcher du titre. En playoffs, ils tombent deux fois d’affilée sur les futurs finalistes de l’est : Miami en 2006 et Cleveland en 2007. Après le départ de Kidd, Carter devient le capitaine de l’équipe mais c’est insuffisant pour espérer aller loin en playoffs. En 2009, il est tradé à Orlando pour donner un coup de main à Dwight Howard mais ça ne dure qu’un an, sans succès encore.

On ne va pas détailler la suite des évènements car durerait trop longtemps, et c’est là un des aspects impressionnants de la carrière de Vince Carter. Une longévité exceptionnelle avec 22 saisons et 1541 matchs de saison régulière. Il a su parfaitement s’adapter aux changements de style de jeu de la NBA et accepter assez facilement son nouveau rôle en sortie de banc et de vétéran. Il joue jusqu’à 42 ans, avec des passages plus ou moins marqués à Memphis, Dallas, Sacramento ou les Hawks avec qui il jouera son dernier match, au moment de la crise sanitaire de 2020.  

Vince Carter's No. 15 jersey retired by Toronto Raptors in mid-game ceremony
Vince Carter lorsque son maillot est retiré à Toronto (Crédit : Christopher Katsarov)

Sa relation avec les Raptors s’est bien calmée depuis une décennie, et il a vu l’honneur de voir son maillot retiré au maillot au plafond en novembre 2024, dans une soirée chargée en émotion. Les Nets lui ont également rendu cet hommage il y a quelques mois., lui qui détient quelques records dans la franchise. 

Un point commun entre les deux cousins, outre le fait de n’avoir jamais gagné un titre, est qu’ils appartiennent logiquement au Hall of Fame. Ils ont également acheté ensemble une part minoritaire des Buffalo Bills en NFL.

Shaï Gilgeous-Alexander et Nickeil Alexander-Walker : cousins du Canada

Seulement quelques mois d’écart, les deux étant de la génération 98. Leur lien est bien inscrit dans leur nom Alexander. Assez proches quand ils étaient plus jeunes, ils ont partagé des années lycée ensemble à la Hamilton Heights Academy avant de prendre des chemins séparés à l’université. Virginia Tech pour NAW, Kentucky pour SGA.

Le premier reste deux ans à la fac avant d’être sélectionné en 17ème position de la draft 2019 par les New Orleans Pelicans. Il gagne petit à petit du temps de jeu et la confiance du coach, mais à la trade deadline 2022, les Pels veulent accélérer les choses et montent un transfert pour CJ McCollum. L’arrière se retrouve finalement au Jazz mais ne restera pas longtemps. Le 9 février, il est encore impliqué dans un gros transfert, avec le départ de D-Lo aux Lakers et rejoint donc les Minnesota  Timberwolves, d’un jeune Anthony Edwards qui monte en puissance.

Bien présent avec l’équipe depuis 3 saisons, il est un élément important de la rotation. Aucun match de saison régulière loupé depuis 2 ans, il joue ses 25 minutes par match sur les postes d’ailier et d’arrière. La qualité principale de l’ailier est sa défense, tant dans le périmètre, dans les rotations que dans le contre en l’air. En attaque, il est principalement utilisé pour sa capacité à être efficace derrière l’arc.

Nickeil Alexander-Walker, balle en main avec l'équipe des Minnesota Timberwolves (crédit : Abbie Parr)
Nickeil Alexander-Walker, balle en main avec l’équipe des Minnesota Timberwolves (crédit : Abbie Parr)

Il est également capable de driver et de finir au cercle, bien que son handle et sa finition peuvent encore être largement améliorés. Initialement combo guard, il est capable de passer le ballon après pick and roll ou dans le mouvement du jeu.

En bref, il est un role player parfait pour n’importe quelle équipe NBA. Arrivé à la fin de son contrat de 9 millions sur 2 ans, il devrait recevoir de belles offres sur le marché des agents libres cet été.

Son cousin SGA, lui n’a rien d’un role player. Sorti rapidement de la fac et sélectionné en 11ème position à la draft 2018, il montre dès sa saison rookie ses talents aux Los Angeles Clippers. Mais dès son premier été, il est envoyé à OKC dans le trade ramenant Paul George à LA.

Et dans une équipe surprenante d’OKC que tout le monde annoncée perdante, SGA montre que le projet de reconstruction va potentiellement être plus rapide que prévu. Sélectionné pour le Rising Star de 2020, il joue dans la team World avec son cousin rookie.

Nickeil Alexander-Waker et Shaï Gilgeous-Alexander, les deux cousins canadiens (Crédit : NBA)

En 2022, il sort une belle saison mais dans un marasme collectif d’une équipe taillée pour le tanking, on attend de voir s’il peut porter une équipe. L’année d’après fait office d’une vraie explosion : 31.4 points, 5.5 passes, 4.8 rebonds couplé à une première sélection au All-Star Game et une place dans la All-NBA First team. Avec 40 victoires, on sent bien que cette jeune équipe du Thunder est l’avenir de la conférence ouest. Et ça ne loupe pas.

Deux fois premiers de la conférence ouest, et après avoir fini deuxième du MVP en 2024, Shaï est bien le MVP de cette saison 2024-2025, après une bataille historique avec Nikola Jokic. Quasiment 33 points de moyenne avec une efficacité impressionnante (57% d’eFG) pour un arrière avec ce volume de jeu. Le tout, toujours avec 6 passes et 5 rebonds, sans oublier qu’il fait toujours partie des excellents défenseurs extérieurs de NBA.

Portant son équipe à 68 victoires, puis en playoffs jusqu’au titre NBA, SGA a finalement réalisé une saison qui marque les esprits. Leader silencieux et toujours en contrôle, il se voit gratifier du MVP des finales après avoir battu les Pacers au bout d’un septième match, tronqué par la blessure d’Haliburton. Une année parfaite où il termine MVP et MVP des finales, un exploit historique, à 26 ans seulement.

Shai Gilgeous-Alexander avec le trophée de MVP des finales (Crédit : Jesse D. Garrabrant)

Avec plusieurs années de recul, le trade de Paul George est largement gagnant pour OKC qui a récupéré un MVP donc, mais également des picks de draft à foison qui sont devenus les lieutenants et les soldats de cette équipe. Parce que l’on parle tout de même d’une équipe qui laisse la même impression de domination sur ses adversaires que les Bulls 96 ou les Warriors 2016 … .

Le chemin des deux cousins se croisent donc souvent en NBA (potentiellement affrontement en playoffs ??), en tant qu’adversaire. Et outre le lycée et le Rising Star, les deux ont déjà joué ensemble avec l’équipe national du Canada. Souvent délaissé par les joueurs NBA, l’équipe du Canada a depuis quelques années réussie à convaincre de faire venir jouer ses stars NBA. En 2023, elle monte une grande équipe qui ne déçoit pas en allant chercher le bronze face aux américains lors de la petite finale.

Annoncé parmi les favoris pour les JO de Paris, ils sont malheureusement tombés face à une équipe qui n’avait plus grand chose à perdre en quart de finales : l’équipe de France. Ce noyau de joueurs n’est qu’au début de leur prime, et de plus en plus de jeunes canadiens débarquent en NBA, et cette équipe devrait continuer à se disputer des médailles pour quelques compétitions.

Team Canada
L’équipe du Canada avec SGA (numéro 2) et NWA (numéro 1) en bronze lors de la coupe du monde 2023 (Crédit : Ezra Acayan)

Angeel Reese et Jordan Hawkins

Après des années étincelantes au lycée, Angel Reese est attendue comme une figure du basket universitaire, et reçoit bon nombre d’offres. Elle finit par choisir Maryland avec qui les résultats collectifs ne sont pas présents. Après deux années, elle décide de rentrer dans le transfer portal et évidemment, elle est convoitée par un bon nombre de facs. C’est finalement LSU, l’université de Louisiane, les heureux gagnants, notamment grâce à la présence de la coach Kim Mulkey.

Pour sa première saison avec cette fac, elle est meilleure marqueuse et rebondeuse de sa conférence et se voit récompenser de la plupart des distinctions individuelles. Mieux, elle remporte le titre NCAAW et se permet, comme souvent, une pointe de trashtalking face à son adversaire du jour Caitlin Clark.

Angel Reese vs Caitlin Clark, lors de la finale NCAAW en 2023
Angel Reese vs Caitlin Clark, lors de la finale NCAAW en 2023 (Crédit : Zach Boyden-Holmes)

Après une dernière saison à la fac, elle est sélectionnée au 7ème choix de la draft WNBA au Chicago Sky. Avec 13 points et 13 rebonds de moyenne, elle termine deuxième de la course au ROY, derrière celle qu’elle avait battu il y a deux ans. Mais si elle prend autant de rebonds offensifs (5 par matchs), c’est avant tout grâce à son sens du placement et ses qualités athlétiques mais aussi car elle est encore très maladroite sous le cercle. Avec seulement 39% de réussite, c’est un vrai axe d’amélioration pour elle. Excellente en défense, elle est capable de défendre sur globalement tous les postes grâce à sa vitesse et sa longueur de bras.

Comme beaucoup de joueuses, cette nouvelle star du basket féminin, a rejoint la ligue Unrivaled et a même remporté la première édition avec son équipe de Rose BC. 

En 2023, si LSU remporte le tournoi féminin, c’est bien UConn qui le gagne chez les hommmes. Et dans l’équipe se trouve Jordan Hawkins, cousin d’Angel Reese. 2 trophées universitaires en 24 heures pour la famille. Avec une belle côte, Jordan se présente logiquement à la draft, et est sélectionné par les New Orleans Pelicans, en Louisiane, pas très loin de sa cousine donc.

Fort scoreur, principalement grâce à son adresse extérieure, il a su se montrer, bien que sa saison sophomore soit légèrement décevante au vu du contexte des Pelicans cette année. Il ne fait nul doute qu’il va retrouver son adresse pour pleinement s’intégrer au projet de cette équipe.

Nés la même année, les deux cousins ont expliqué qu’ils s’affrontaient régulièrement quand ils étaient petits, même si l’histoire ne raconte pas qui gagnait l’affrontement.

De Vince Carter et TMac, à la famille Alexander, les cousins de NBA ont souvent brillé dans la grande ligue américaine. Ce lien familial un peu particulier, montre que des relations presque fraternelles peuvent également exister au plus haut niveau professionnel. 

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