Auteur d’un début de saison remarquable avec les Charlotte Hornets, Tre Mann assume parfaitement son rôle de leader en sortie de banc. En l’absence de Brandon Miller, le meneur enchaîne les bonnes performances et confirme les quelques promesses aperçues lors de la saison passée.
Cet article a été écrit par Nollan Bercy.
En cette période d’Halloween, le fantôme d’Allen Iverson a-t-il pris possession de Tre Mann ? Avec son corps un peu frêle, ses tresses collées, son bandeau et son short baggy, le numéro 23 des Hornets a enfilé un costume qui a de quoi terrifier n’importe quel défenseur de la Ligue. Et si certains ne s’attendaient qu’à voir un hommage esthétique à « The Answer », le natif floridien a plutôt décidé de pousser le roleplay jusqu’au bout.
Depuis le début de saison, Tre Mann impressionne à Charlotte. Arrivé en Caroline du Nord au cours du dernier exercice, l’ancien meneur du Thunder a su trouver sa place au sein de l’effectif de Charles Lee. La saison passée, il avait été propulsé titulaire pour pallier l’absence de LaMelo Ball. En 28 matchs, le Frelon avait proposé son plus beau basket depuis son arrivée en NBA : 11,9 points, 5,2 passes, 4,5 rebonds et 1,7 interception en 31 minutes de jeu. Une belle période qui lui a permis de gagner la confiance de ses coéquipiers et de son staff technique.
Un apport considérable en sortie de banc
Mesurant 1m90 pour 80 kilos, Tre Mann est un meneur scoreur au profil dynamique. Doté d’un bon handle et d’une vitesse qui peut parfois laisser sur place son vis-à-vis, il est en mesure de se créer lui-même de l’espace pour un tir ou pour une pénétration dans la raquette. Sa capacité de tir en mouvement fait de lui une menace à mi-distance et lorsqu’il attaque le cercle, il compense son manque de taille par des flotteurs pour survoler les intérieurs. Son jeu sans ballon est également intéressant. Associé à un meneur d’élite comme LaMelo Ball, le 18e pick de la Draft 2021 vampirise moins la balle et se démarque pour prendre des tirs ouverts ou dégainer en catch-and-shoot.
Avec le retour de « Melo », Tre Mann a endossé le statut de sixième homme qu’on lui prédisait. Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’il allait exploser dans ce rôle-là. Sur ses quatre premiers matchs, le Frelon aligne une moyenne de 20,5 points par match à près de 45% au tir. Le tout accompagné de 3,8 rebonds et de 3,3 passes. Sa moyenne au scoring fait de lui le deuxième meilleur marqueur des Hornets derrière l’inévitable LaMelo Ball (28,5 points par match). Il possède aussi le quatrième plus gros temps de jeu de son équipe avec un peu moins de 30 minutes par match.
Une autre statistique est révélatrice de l’apport offensif de Tre Mann. Cette saison, aucun autre joueur n’a inscrit plus de points que lui (82) en sortie de banc. Il devance notamment Payton Pritchard (81), Bennedict Mathurin (79) et Buddy Hield (78) qui ont tous joué plus de minutes que lui. En grande forme, l’extérieur a inscrit 24 et 27 points (son record personnel avec les Hornets) lors des deux victoires de son équipe contre les Rockets et les Raptors. À l’issue de la rencontre contre les dinosaures, Charles Lee n’a pas manqué de souligner l’importance de Tre Mann dans sa stratégie offensive.
« Avoir un joueur comme Tre, capable de marquer en rafale, est quelque chose d’énorme pour nous. Si les équipes mettent la pression sur Melo et lui affectent leur meilleur défenseur, cela permet à Tre d’entrer en jeu en tant que ball handler secondaire. Qu’il soit en train d’orchestrer des systèmes ou positionné dans le corner, il ajoute une autre dynamique à notre attaque en étirant la défense. C’est un atout formidable pour notre stratégie. »
Charles Lee
Tre Mann 27 off the bench pic.twitter.com/VaupeBWL2K
— Brett Usher (@UsherNBA) October 31, 2024
Une présence de plus en plus décisive
Un bon sixième homme n’est pas qu’un joueur capable d’empiler les points lorsque les titulaires sont en repos. Le titre de Sixth Man of the Year (6MOY) revient au joueur qui fait de réelles différences au cours du match. À celui qui sait se montrer aussi crucial qu’un starter. Qui peut maintenir ou creuser l’écart, ou au contraire, entamer un come-back avant le retour des tauliers.
C’est dans ces aspects-là que Tre Mann a particulièrement brillé. Face à Houston, l’enfant de Gainesville a aidé ses coéquipiers à remonter un déficit de 18 points. À moins de 5 minutes du terme, le meneur va permettre à Charlotte de recoller au score par deux fois grâce à des initiatives personnelles. Contre Toronto, le génie n’a pas attendu bien longtemps avant de sortir de sa lampe. Après un contre sur Jamal Shead pour commencer la soirée, il inscrit 10 points dans le premier quart-temps pour donner une avance de 14 points à son équipe.
Durant la rencontre, il a également montré ses progrès dans deux secteurs qui lui faisaient défaut auparavant : la création pour autrui et la fiabilité à trois points. Lorsqu’il drive en direction du panier, il n’est pas rare qu’il attire un deuxième défenseur (qui vient en aide) sur lui en plus de son vis-à-vis. Il ouvre ainsi la voie à un partenaire laissé seul. Avec sa vision de jeu et sa qualité de passe, il peut trouver ses coéquipiers oubliés qui sanctionnent derrière l’arc.
Et quand ce ne sont pas les autres, Tre Mann se charge lui-même de faire tomber la pluie à trois points. Depuis le début de saison, il tourne à quasiment 43% à longue distance. Une nette amélioration si l’on regarde son pourcentage de la saison passée (36,4%). En confiance, il se sert, à son tour, de LaMelo Ball pour se détacher de son défenseur et prendre son tir.
La saison ne fait que commencer, et l’échantillon de matchs est pour l’instant trop faible pour tirer des conclusions. Néanmoins, une chose est sûre : Tre Mann aborde l’exercice 2024-2025 de la meilleure façon possible. Il possède encore une marge de progression, notamment en défense où il ne fait pas toujours le poids. Mais avec l’assurance qui l’entoure, il a les clés en main pour signer une grande saison, et pourquoi pas, viser les titres de 6MOY ou de MIP. À Charlotte, les fans des Hornets sont de nouveau prêts à placer leurs espoirs dans le numéro 23. Peut-être plus celui de Michael Jordan, mais bien celui de Tre Mann.