On sort de la Trade Deadline et on a vu trois gros mouvements du côté Hornets et c’est l’occasion de revenir, pour Le Roster, sur chacun d’entre eux et leur conséquence pour le présent comme le futur de Charlotte.
Nick Richards vs Josh Okogie : Profiter du malheur des autres
À Phoenix, les soucis sur le poste de pivot se font très fortement voir : Jusuf Nurkic ne fonctionne pas du tout et Bud l’a rangé au placard, Mason Plumlee (et les fans des Hornets le savent bien) est trop limité en titulaire, Oso est rookie et Bol Bol n’est pas tout à fait le deuxième Wembanyama. Du coup, les Hornets ont vu la situation et en ont profité pour lâcher Nick Richards et récupérer des assets (Jeff Peterson et son staff ont récupéré 3 seconds tours et en ont donné 1) et ce, pour plusieurs raisons :
- Les blessures ont donné l’occasion à Moussa Diabate de se montrer et de montrer qu’il est fort surtout. Dans des domaines différents à Mark Williams, il apporte énormément et la rotation trouve une belle complémentarité entre le pivot offensif freak qu’est Mark et le pivot très défensif mais raw offensivement.
- Nick Richards semblait avoir une petite côte sur le marché (on a vu des rumeurs le liant à Sacramento par exemple) et vu son niveau, les Hornets ne pouvaient pas se permettre de faire les gourmands. L’intérêt pour une équipe contender était d’apporter un profil clair (rim runner qui met des contres) pour pas cher (5 millions par an).
- Enfin, la dernière raison, c’est tout simplement le niveau individuel de Nick Richards qui est mauvais. Le joueur ne comprend pas bien le basketball, fait beaucoup d’erreurs bêtes sur le terrain (parmi les leaders de la ligue en goaltending et 3 secondes dans la raquette), n’a pas de mains donc limité offensivement. Sa seule véritable utilité c’est d’être un gros Pogo Stick que Charles Lee pouvait envoyer sur n’importe quel drive en sachant qu’il donnerait son max pour l’arrêter (même si il le fait mal)
Du coup, à ce moment-là, quand les fans des Hornets apprennent ce transfert, on se dit que ça y est, la rotation de pivot est définie : c’est Mark Williams backé par Moussa Diabate…
Le départ de l’enfant prodige
La surprise la plus totale. 6:13 du matin, Shams Charania annonce l’info suivant : les Charlotte Hornets ont envoyé Mark Williams aux Lakers en échange de Dalton Knecht, Cam Reddish, le premier tour de draft de 2031 des Lakers sans protection et un futur swap de pick en 2030.
Just In: The Los Angeles Lakers are trading Dalton Knecht, Cam Reddish, a 2031 unprotected first-round pick and a 2030 pick swap to the Charlotte Hornets for center Mark Williams, sources tell ESPN. pic.twitter.com/QGUwETssGd
— Shams Charania (@ShamsCharania) February 6, 2025
Beaucoup de choses ont été dites sur Mark Williams et on va devoir, humblement mais surement, remettre les points sur les i et les barres sur le t. Déjà, parlons des raisons présumées de ce transfert côté Hornets :
- Le facteur blessure joue beaucoup. Mark Williams, c’est un joueur qui n’a de cesse de traîner des problèmes physiques et pour un joueur de son physique (2m13, 109 kilos et galope comme rarement le font les joueurs de sa taille), c’est plutôt inquiétant. C’est une réalité et on sait que les sportifs qui abiment leur corps ne retrouveront pas la pleine santé donc on peut légitimement douter de la durabilité de Mark.
- La deuxième raison, c’est la question défensive autour de Mark Williams. En effet, si il était arrivé comme un prodige défensif, il s’est avéré avoir régresser dans ce secteur depuis quelques temps et c’est bien dommage. Surtout que malgré ça, les Hornets sont autour de la 15ème place au Defensive Rating.
- La dernière raison, qui elle n’est pas présumée mais officielle : Jeff Peterson voulait Dalton Knecht. Selon ce qui est sorti par les insiders, ce serait Peterson qui aurait cherché à gratter Knecht aux Lakers et le deal a été très vite trouvé dès lors que Jeff Peterson a fait comprendre que Mark serait dispo, ce qui est logique vu que Luka avait demandé son rim runner et que LA ne se voyait pas finir la saison avec Jaxson Hayes et Christian Wood au poste 5.
Ensuite, il faut préciser autre chose : le transfert, en terme de valeur pur, est honnête. On peut dire ce qu’on veut de Mark Williams mais obtenir un jeune rookie qui est bon, un pick non protégé et un swap (je compte pas Reddish, il n’a aucune valeur dans ce trade hormis financière), c’est à peu près ce que vaut Mark en réalité.
Tout ce qu’il vient d’être énoncé est vrai et valable. Et comme toujours : si un management ne veut pas d’un joueur et en veut un autre, le transfert restera bon car on ne construit pas autour d’un joueur dans lequel on ne croit pas (sauf si c’est Luka Doncic mais ça c’est autre chose). Cependant, il y a beaucoup de problèmes avec ce transfert.
Pour revenir aux points d’explications du transfert, elles sont quand même bizarre. Oui, Mark Williams se blesse beaucoup et sûrement trop. Cependant, c’est le cas de toute la franchise : les Hornets ont 3 joueurs avec des season-out injuries actuellement, LaMelo est la star la plus injury prone de la ligue avec Kawhi Leonard et Joel Embiid, on a vu passer des Gordon Hayward et autres Cody Martin ne pas tenir debout. Critiquer Mark Williams pour son manque de capacité à rester debout, c’est surtout refuser de voir le problème structurel des Hornets et créer un problème individuel Mark Williams (qui existe certes, mais qui est la conséquence de la structure). Depuis des années, l’équipe subit les absences et on ne peut pas dire que Mark est le seul dans ce cas.
Ensuite, la question de la défense. Déjà, il a les outils physiques pour défendre. Ensuite, il a montré, très tôt dans sa carrière, des performances défensives incroyables qui ont été l’objet du premier article sorti sur Le Roster. Mais alors pourquoi Mark ne défend plus? Il y a 2 raisons que l’on peut imaginer facilement :
- La première, c’est que sa défense est issus d’une motivation extrinsèque : Mark Williams défend pour gagner sa place/gagner des matchs, pas parce qu’il aime défendre. Du coup, quand sa place est assurée et que les Hornets ne jouent rien, il ne défend pas. Ca peut inquiéter des gens mais en réalité, ça concerne énormément de jeunes joueurs et notamment aux Hornets (PJ Washington par exemple) et donc (1) c’est encore un problème structurel, non individuel et (2) ça reviendra quand il sera dans une équipe qui gagne (PJ Washington défend bien à Dallas)
- La deuxième, c’est que, à la manière d’un Wembanyama qui prend un énorme volume à 3 points ou d’un Sochan qui est utilisé en point guard, il est fort possible que le management ait demandé à Mark de se concentrer sur ses progrès offensifs.
Enfin, le principal problème de ce transfert, ce n’est pas la contrepartie mais l’idée même de transférer Mark Williams. Cette saison, Mark a explosé son usage (de 14.9% d’usage et 46ème centile à son poste l’an dernier à 20.2% d’usage et 81ème centile) dans un contexte où il jouait avec le plus gros usage rate de la ligue (LaMelo Ball) et il a explosé ses statistiques à la passe : de 5.9% d’AST% et 12ème centile à son poste, Mark est, cette année, à 16.9% d’AST% et 82ème centile à son poste. Tout ça en faisant encore baisser son TOV%, le faisant passer de 9.6% à 8.3%. On en avait parlé sur Le Roster.
Sur le scoring, Mark Williams a toujours été un joueur super efficace et c’est normal : Mark est un pivot immense, athlétique, qui sait très bien roller, qui a des mains et qui montre du toucher sur du long-mid notamment (33% sur les long-mid cette saison). Ces mains se confirment avec son pourcentage aux lancers francs qui est au-dessus des 70% et en progression constante.
En bref, Mark était et est toujours le pivot idéal pour un LaMelo Ball et pour le projet. Peut être que Knecht sera super bon et peut être que le pick sera haut mais en l’état, ça sent pas bon et avec tout l’amour qu’on a pour Diabate, il est beaucoup trop raw en attaque pour un poste de titulaire.
Les Suns et les Hornets, les meilleurs copains du monde
Pour finir la trade deadline en beauté, les Hornets et les Suns, plusieurs semaines après le trade Richards, se sont mis d’accord sur un nouveau : Jusuf Nurkic et un futur premier tour de draft vont aux Hornets pendant que les copains de Mat Ishbia récupère Cody Martin, Vasilije Micic et un futur second tour de draft.
Pour les Hornets, l’intérêt est très clair de ce deal : profiter de la panique des Suns qui sont prêts à tout pour dégager Jusuf Nurkic pour récupérer un premier tour de draft à venir (qui a été récupéré dans le deal avec le Jazz) mais aussi se débarasser de Micic qui était un boulet. Au final, seul Cody Martin, présent dans l’équipe depuis presque 6 ans, a une vraie valeur sportive par sa défense sur le POA et son passing.
Aussi, il est possible que les Hornets se soient dit que finir la saison avec seulement Moussa Diabate et Taj Gibson sur le poste de pivot était too much et que Jusuf Nurkic peut tenir des minutes qu’on ne veut pas filer à Gibson qui a aura 40 ans cet été.
Lire entre les lignes : l’outil de compréhension des mouvements
Quand un management décide de transférer beaucoup de pièces, même importantes, pour récupérer un max de picks de draft, ça sent pas l’équipe qui cherche à être compétitive tout de suite. Et pour mieux comprendre la dynamique, il faut remonter aux origines de Jeff Peterson, le GM des Hornets : les Brooklyn Nets.
Quand Sean Marks, en 2016, reprend les Nets, c’est la catastrophe : aucun picks de draft, des gros contrats qui prennent la place (Brook Lopez, Joe Johnson) et un avenir qui sent mauvais. Très vite, il fait venir un coach du nom de Kenny Atkinson, il n’hésite pas à bazarder tous les joueurs de l’époque. Résultat : Thaddeus Young est envoyé pour le pick 19 des Pacers qui deviendra Caris LeVert, Bojan Bogdanovic est envoyé à Washington pour récupérer un pick futur qui deviendra Jarrett Allen et Brook Lopez, le meilleur marqueur de l’histoire de la franchise, est envoyé aux Lakers pour D’Angelo Russell. Au final, Sean Marks s’est retrouvé avec une équipe super compétitive dans les mains autour de Kevin Durant, Kyrie Irving et James Harden qui était, si il n’y avait pas eu de blessures, partie pour être une équipe capable d’aller au titre.
Cependant, cette décision aura un impact sur. Il est, en l’état, peu probable que la franchise soit compétitive d’ici. Si d’ici 18 mois la franchise n’est pas compétitive alors qu’on a enlevé à LaMelo son compère de P&R favori (désolé Moussa, Mason, Cody et Bismack), la demande de transfert serait (1) logique et (2) légitime. Aujourd’hui, difficile de savoir si le management pense avoir un plan à offrir à LaMelo ou si ils savent déjà qu’il partira et qu’ils attendent juste sa demande pour ne pas se faire incendier par les fans. Cependant, il y a un nouveau plan en marche à Charlotte : la question qui reste en suspens est de savoir qui est inclus dans ce plan. Est ce que LaMelo est dans le projet? Est ce que Brandon Miller fait parti de l’avenir? Miles Bridges a-t-il encore sa place à Charlotte? Autant de questions auxquelles les 18 prochains mois vont apporter des réponses.
A court terme, en tout cas, la ligne est clair : le tanking, gratter un maximum d’assets façon Sam Presti (Charlotte a déjà 24 picks jusqu’en 2031 dont 10 premiers tours) et faire progresser des jeunes pour gagner, un jour, à Charlotte. Pour des infos complémentaires, n’hésitez pas à aller écouter le dernier podcast de La Ruche.