« C’est vrai qu’aujourd’hui le basket est grave basé sur tous mes points forts ! Le jeu est beaucoup plus ouvert, ça va beaucoup plus vite, on shoote beaucoup plus. Je pense que j’aurais pu au moins faire la barre des 60… Je reste humble, 60 j’aurais pu le faire. »
Tony Parker
Cette affirmation faite par le meneur français au micro de First Team a beaucoup fait réagir. Elle a permis de montrer une nouvelle fois le manque de reconnaissance dont souffrent les anciennes gloires.
Présent en NBA de 2001 à 2019, Tony Parker a été un spectateur privilégié de l’évolution de la ligue. Il a vécu le jeu cadenassé des années 2000 et l’explosion du 3 points et du scoring. Il est difficile de comparer les statistiques brutes des différentes époques.
Le meneur préféré de ton meneur préféré
Stephen Curry a grandement influencé la nouvelle génération de meneurs NBA, mais Tony Parker a lui aussi apporté un style de jeu et des moovs. En 2018, Kyrie Irving rendait hommage à l’indéfendable Tony Parker :
« Le joueur le plus dur à défendre ? A un moment c’était Tony Parker. TP me bottait le cul. Quand tu as quelqu’un comme ça, qui a gagné le titre, qui a joué avec son pays. Je suis juste un grand fan. »
Kyrie Irving
En 2022, lors d’un match entre les Blazers et les Hawks, Trae Young a profité de la présence de Tony Parker dans la salle pour rendre hommage à l’une de ses idoles de jeunesse.
One of my idols🙏🏽❣️ https://t.co/LfJxuY6jS2
— Trae Young (@TheTraeYoung) March 15, 2022
À son arrivée dans la ligue, De’Aaron Fox a pu compter sur Tony Parker en tant que mentor et inspiration :
« Je voulais juste avoir son cerveau… Son prime est bien meilleur que ce que les gens en pensent. Il tournait en quelque chose comme 22 points, 8 passes (19/6.5 de moyenne entre 20025 et 2013 avec des pointes à 22 points et 8 passes), c’est dur à faire. »
De’Aaron Fox
De’Aaron Fox, l’un des joueurs qui pourraient ressembler à Tony Parker s’il jouait en 2024.
John Wall a rapidement cherché a étoffer son arsenal offensif au début des années 2010. Une quête qui l’a amené à travailler et à s’inspirer du flotteur légendaire de Tony Parker. Ce geste est considéré comme le go to moove du français :
« J’ai beaucoup regardé le flotteur de Tony Parker durant les playoffs et j’ai vu que Mike Conley l’a lui aussi ajouté le flotteur dans son jeu après l’avoir affronté sur deux séries. »
John Wall
TP, pas un shooter ?
Suite à sa déclaration, de nombreuses réactions ont émergé. Dépeignant Tony comme un non shooteur, bien loin donc du 3 points roi d’aujourd’hui. Tony Parker affiche une moyenne en carrière de 32% à 3 points. Toutefois, s’arrêter à ce simple chiffre serait une grave erreur.
Trois points = shoot mais shoot ≠ trois points.
Avant l’explosion du shoot à 3 points au milieu de la décennie 2010, l’arme létale du scoreur et du shooteur était le shoot à mi-distance. A la table des rois du mi-distance, Tony Parker avait sa place, particulièrement les longs deux. En carrière TP tourne à 41% sur les longs deux (entre 16 pieds du panier et la ligne à 3 points). Il compte plusieurs saisons à plus de 45% dans cette zone.
Des chiffres qui placent Tony Parker au niveau de joueurs reconnus pour leur propreté à mi-distance comme Kevin Durant (45%), Kawhi Leonard (43.9%) ou DeMar DeRozan (40.1%).
Sur la fin de sa carrière, le 3 points a remplacé le long deux, forçant le français a s’ajuster et à travailler son shoot long distance. Résultat, entre 2013 et 2017, Tony Parker shoote à 38.8% à 3 points. Bien en dessus de la moyenne de la ligue. Toutefois, Tony Parker ne prenait en moyenne qu’un tir à 3 points par match.
Qu’aurait donné Tony Parker en 2024 ?
En 2021, le célèbre youtubeur américain Jxmy Highroller utilisait l’exemple de TP pour faire la démonstration de l’explosion statistique du scoring et de la pace en NBA entre les années 2000 et 2020.
Jxmy arrive à la conclusion que Tony Parker aurait pu atteindre une moyenne de 25 points par match accompagné de 7 passes décisives et de 4 rebonds. Il passe son argumentaire sur l’évolution de la vitesse du jeu. La multiplication des tirs à 3 points est également prise en compte.
Une ligne de stat qu’il explique comme ceci :
« Dans son prime, Tony a été un top 4 scoreur parmi les arrières lors de 7 des 8 saisons (entre 2005 et 2013). Quand je pense à Tony je pense grand joueur, pas forcément grand scoreur, mais la ligue était bien différente à l’époque »
On obtient alors une ligne de stat de 28/7/4, quelques part entre De’Aaron Fox, Trae Young et Devin Booker.
À la question, Tony Parker aurait-il pu atteindre les 60 points un jour, la réponse est oui. Comme toute performance historique, cela nécessiterait un contexte particulier. Donovan Mitchell a atteint les 71 points lors de sa 6ème saison alors que son précédent record était de 46 points. Il a eu besoin d’une prolongation et de 25 lancers francs.
Tony a eu besoin de deux prolongations, de 36 shoots et de 50 minutes pour atteindre les 55 points (avec 10 passes décisives) en 2008 face aux Timberwolves. Pourtant le score final du match fut 129-125, un score devenu banal en 2024…