Tony Parker est une légende du basket français et une légende à San Antonio. 4 fois champion NBA et MVP des Finales en 2007. 6 fois All-Star et 4 sélections à une All-NBA Team. Sans surprises, ses 17 saisons dans le Texas ont résulté au retrait de son numéro 9. Et cette histoire a commencé à la Draft 2001 où il est sélectionné avec le dernier choix du premier tour par les Spurs. Pourtant, l’histoire aurait pu être très différente.
Un entraînement désastreux avec les Spurs
En 2001, Tony Parker n’avait alors que 19 ans, et cherchait à impressionner à l’approche de la Draft. Il s’est entraîné avec de nombreuses équipes, mais sa première séance fut avec San Antonio. Directement sorti de l’avion, Parker devait impressionner Popovich. Et selon l’intéressé, l’entraînement était cauchemardesque.
« C’était ma première séance d’entraînement avec une équipe de la NBA, pendant le processus de pré-draft en 2001, et ce fut un désastre. J’étais absolument nul. Et quand ça s’est terminé, j’ai pensé que mes rêves de NBA s’étaient aussi arrêtés », a écrit Tony Parker dans un article pour The Players’ Tribune.
Suite à cet échec cela dit, ses rêves de NBA ne furent pas éteints. Il s’est entraîné avec différentes équipes au cours des semaines qui ont suivi, dont notamment les Sacramento Kings, le Utah Jazz et enfin les Boston Celtics qu’il a particulièrement impressionné.
Tony Parker à la pré-draft avec Boston
En 2001, les Celtics venaient de rater les playoffs pour la sixième année consécutive. Mais, avec le nouvel entraîneur Jim O’Brien, les Celtics ont terminé à la neuvième place de la Conférence Est, avec un bilan de 24-24. Avec le 10e, 11e et 21e choix dans la Draft cette année, Boston avait une opportunité de continuer sur cette bonne dynamique. Tony Parker a fait 2 séances avec les Celtics, et le coach ainsi que le GM Chris Wallace l’aimaient beaucoup.
« Les Celtics m’ont fait faire une séance d’entraînement privée quelques jours avant la sélection et m’ont assuré qu’ils me prendraient avec le choix numéro 21 », a déclaré Tony Parker dans son autobiographie Au-delà de tous mes rêves.
Buford apprend que l’entraînement de Tony avec les Celtics s’est bien déroulé et il sait immédiatement qu’il doit organiser un deuxième entraînement pour Parker, car il a vu ce dont il est capable en Europe. Il veut juste que Popovich puisse le voir également. Cet entraînement se passe bien et les Spurs maintenant doivent se débrouiller pour obtenir Tony.
Tony Parker va à Boston… mais…
27 juin 2001, au Madison Square Garden. Les San Antonio Spurs ont tenté durant les jours précédents et le soir-même de s’inscrire dans le top 20 de la Draft, mais sans succès. Leur opportunité s’est envolée. Alors que le compte à rebours pour le 21e choix continuait, Parker se souvient d’avoir reçu une casquette des Celtics de la part d’une employée de la NBA qui lui a dit « Boston va te choisir. Commence à descendre ».
Alors qu’il se dirigeait vers la scène, casquette à la main, l’employée a arrêté Parker dans son élan. « Tony, je suis désolé. Boston a changé d’avis. Tu peux remonter », lui dit l’employée. Au lieu de tenter leur chance avec un meneur de jeu international, les Celtics ont décidé de recruter Joseph Forte, un meneur de jeu de l’UNC. San Antonio est soulagé et peut sélectionner Parker. Que s’est-il passé?
Le Boss ne veut pas d’un meneur européen
Si Tony Parker était inconnu du grand public, les cercles de la NBA étaient bien conscients de son potentiel. Il était la cible privilégiée du nouveau general manager des Celtics, Chris Wallace. Le general manager de longue date des Celtics, puis des Grizzlies, s’est ensuite forgé la réputation de trouver des choix de valeur plus tard dans la Draft, mais en 2001, il n’était lui-même qu’un débutant et devait rivaliser avec la voix institutionnelle la plus forte de toute la ligue : Red Auerbach. Le président des Celtics, aujourd’hui décédé, avait 84 ans et, bien qu’il ait cédé depuis longtemps la gestion des affaires courantes, il était toujours le vice-président de la franchise et disposait de l’autorité suprême.
En 2001, les joueurs européens étaient encore considérés par certains comme un risque, car ils étaient perçus comme incapables de supporter le caractère physique du basket-ball de la NBA. Il n’y avait pas beaucoup de gens prêts à prendre un petit meneur maigre de la ligue française, et Red était l’un d’entre eux.
Chris Wallace voulait Tony Parker au 21e rang de la Draft 2001 ; Red Auerbach a frappé sa canne sur le sol et a dit : « Je veux (Joe) Forte ». Wallace a écouté la légende. Si vous n’avez pas entendu parler de Forte, c’est parce qu’il n’a tenu qu’une saison à Boston et qu’il a quitté la NBA en 2003. Autant dire qu’il y a du regret du côté du Massachusetts.
L’après Draft pour Boston
En l’espace de deux saisons, Tony Parker était le meneur de jeu titulaire d’une équipe championne, tandis que Forte se faisait jeter par sa deuxième équipe. Forte, l’homme qui a été choisi au lieu d’un futur Hall of Famer, n’a joué que huit matchs pour les Celtics. Qu’aurait-il pu arriver à la franchise si Auerbach n’avait pas bloqué la décision de Wallace ? La saison suivante des Celtics s’est avérée être la meilleure de l’époque. Ils ont réalisé un bilan de 49-33 et ont réalisé un brillant parcours jusqu’en Finales de Conférence dont nous avons dédié un article précédemment.
Après les playoffs, Wallace a pris une décision audacieuse en échangeant le meneur de jeu Kenny Anderson, le pivot Vitaly Potapenko et Forte à Seattle contre Vin Baker, un ancien All-Star. Mais après un échange entre Milwaukee et Seattle, Baker a connu des difficultés.
Wallace était prêt à vivre avec Delk, Erick Strickland et le rookie non drafté J.R. Bremmer comme seules options pour le poste de meneur de jeu. Pierce et Walker ont souvent manier le ballon, c’était donc un pari raisonnable. Mais Baker était marginalisé dans le système d’O’Brien et il luttait simultanément contre l’alcoolisme et la dépression. En mars, il est suspendu par l’équipe et prend un congé pour suivre une cure de désintoxication. Il a manqué le reste de la saison. Boston est éliminé au deuxième tour par les Nets.
Et si Tony Parker avait joué à Boston?
Il est difficile d’imaginer ce qu’aurait été Parker à Boston. Il a passé sa carrière dans une équipe qui concevait constamment des schémas offensifs égalitaires, où un joueur pouvait passer le ballon et espérer qu’il reviendrait dans sa direction. D’autres joueurs ont eu du mal à développer leurs compétences offensives sous O’Brien parce que Pierce et Walker dominaient le ballon. Mais d’un autre côté, Tony Parker a toujours été efficace dans ses dribbles et ses mouvements, ne gâchant rarement ses gestes. De plus, Boston jouait avec un des tempos les plus élevés de la ligue cette saison. Il aurait pu s’épanouir dans ce genre de scénario.
Il est difficile d’imaginer un rookie Tony Parker être la force qui aurait amené les Celtics en Finales NBA. Encore plus d’imaginer Pierce, Walker et Parker battre les Lakers de Shaq et Kobe. Mais, si les Celtics avaient recruté Parker, ils auraient eu une bien meilleure chance de poursuivre leur croissance après 2002. Mais, on part ici du principe que Boston ne le transfère pas. Souvenez-vous que cette saison-là, le rookie Joe Johnson avait été échangé. Qui sait si Boston ne décide pas d’envoyer Parker ailleurs car il n’arriverait peut-être pas à déloger Kenny Anderson?
La perte d’Anderson lors de l’échange contre Baker n’a peut-être pas été une mauvaise décision, étant donné qu’Anderson ne jouait plus très bien et qu’il était en fin de carrière. Mais cela a laissé un vide que les Celtics n’ont comblé qu’une décennie plus tard, lorsque Rondo est devenu une star. Peut-être que Tony Parker aurait pu être la solution et qu’à long terme, lui et Pierce auraient formé la colonne vertébrale des C’s?
Retour à la réalité
Finalement, les Celtics retourneront dans la médiocrité jusqu’à l’arrivée du Big 3 à l’été 2007. Avec Pierce, Allen et Garnett, les Celtics iront à 2 Finales en 3 ans et remportent leur premier titre en 22 ans. Si les blessures n »avaient pas affecté autant que ça Boston pendant cette période, ils auraient pu devenir une dynastie.
Est-ce que Boston aurait fait un meilleur bilan si Parker avait été pris en 2001? Qui sait. Mais une chose est sûre, être drafté à San Antonio en 28ème position est la meilleure chose qui a pu arriver à la carrière de Tony Parker.