Du nouveau chez l’éditeur Talent Éditions avec la sortie au début de l’été de Three-Ring Circus, l’héritage des Lakers, une traduction française du maître ouvrage du journaliste New-Yorkais Jeff Pearlman.
Le livre original, paru sous le titre « Three-ring circus : Kobe, Shaq, Phil, and the crazy years of the Lakers dynasty » était sorti quelques mois après le décès de Kobe Bryant, en 2020, et s’était imposé comme ouvrage culte auprès du public anglophone. Jeff Pearlman avait déjà couvert les Lakers avec son best-seller Showtime, sur la décennie 80 de la franchise californienne, adapté plus tard en série télévision par HBO.
Pour ce livre ce coup-ci, Jeff Pearlman couvre les Lakers sur la période allant de 1995 à 2004, et ne cache rien sous le tapis, même les aspects les plus dérangeants : non, Kobe Bryant n’était pas un chic type. Oui, il était détestable avec la majorité de ses coéquipiers, voire odieux avec les petits nouveaux.
Oui, Shaq et Kobe se détestaient. Non, Shaq n’était pas un bourreau de travail et n’a jamais sérieusement travaillé ses lancers-francs. Oui, l’affaire de l’accusation de viol de Kobe en 2003 était plus que sérieuse, et c’est un petit miracle que le procès ne soit pas allé au bout (le cas échéant, il aurait été très probablement reconnu coupable et condamné à de la prison ferme).
Tout cela est étayé de manière magistrale par le journaliste du New York Times, allant à la rencontre des enquêteurs et juge de l’époque, allant également retrouver les anciens coéquipiers, même modestes, de ces Lakers du milieu des années 90 à début 2000.
Et pourtant, c’est bien avec Bryant et O’Neal que les Lakers gagneront trois titres d’affilée en 2000, 2001 et 2002, et feront les finales 2004, malgré leur tandem bancal, constamment au bord de l’implosion. Mais là où Del Harris s’est cassé les dents pendant presque cing saisons, Phil Jackson débloquera instantanément la situation, avec pourtant le même effectif. Trois bagues pour trois personnalités truculentes, pour ce qui constitue la dernière grande épopée des purple & gold.
Mais si ces trois têtes d’affiche suffisent à donner un livre riche et passionnant, c’est davantage les petites histoires dans la grande qui rendent croustillant l’ensemble : l’égo démesuré de Cedric Ceballos (décrétant son propre surnom ridicule), le talent incroyable mais instable de Nick Van Exel, la gentillesse et la naïveté d’Eddie Jones, le personnage à la fois fascinant et ennuyeux de Del Harris, le nez et la compétence de Jerry West pour récupérer le jeune Kobe, et son amour inconditionnel pour sa franchise de toujours.
Mais encore : l’année lock-out casse-tête en tant qu’entraîneur principal de Kurt Rambis, la comète apocalyptique Dennis Rodman, le retour éclair de Magic Johnson en 1996 et sa mauvaise entente avec la nouvelle génération, les humiliations en playoffs 97 et 98 (1-4 et 0-4) par le Jazz, la mauvaise volonté de Glen Rice, l’incapacité pour Gary Payton de saisir l’attaque en triangle, la passation de pouvoir entre Jerry West et Mitch Kupchak…
Tout autant d’anecdotes, d’histoires et de portraits (et il y en pleins d’autres!) sur ces presque dix années de vie de la franchise californienne.
La traduction est assurée par Mikaël Mauboussin (qui avait notamment travaillé sur celle de la biographie de Magic Johnson par Roland Lazenby chez le même éditeur). Pour avoir lu le livre d’abord en original, la traduction française peine à retranscrire certains termes et expressions propres au basket-ball, une relecture par un spécialiste du sport n’aurait pas été de trop. Le corpus photo a été quant à lui enrichi d’une demi-douzaine d’images par rapport à la version américaine (c’est au final une trentaine de photos couleurs au sein de l’ouvrage). Un incontournable.
Informations sur le livre Three-Ring Circus
- Three-Ring Circus, par Jeff Pearlman
- 512 pages
- Parution en juin 2024
- 23,90€ en format papier, 16,99€ en format numérique
- Disponible sur le site de l’éditeur