Cette année, les Français ont tellement la cote outre-Atlantique qu’on en oublierait presque de parler de ceux qui jouent ici, dans l’hexagone, et qui rayonnent sur la scène européenne. C’est le cas d’un certain Théo Maledon qui, après un passage plutôt compliqué en NBA, est en train de faire un retour exceptionnel chez son club formateur à l’ASVEL. À tel point qu’il fait figure de candidat sérieux pour le titre de MVP en EuroLeague.
Un Théo Maledon à son meilleur niveau cette année
Aujourd’hui, le jeune Théo Maledon qui galérait à se faire sa place durablement dans un Roster NBA semble bien loin. Car s’il est vrai que le meneur Français est toujours en début de carrière (23 ans), il semble avoir clairement franchi un cap dans son jeu et est en train d’entrer dans une nouvelle dimension depuis son retour à l’ASVEL. Et ce, surtout grâce à ses performances sur la scène européenne, sur laquelle personne ne donnait très cher de sa peau et de celle de ses coéquipiers avant le début de saison.
Et il y avait de quoi, puisque les Villeurbanais se sont habitués à traîner dans les bas-fonds du classement en EuroLeague ces dernières années. De retour dans son club formateur, Maledon est bien déterminé à faire inverser cette tendance, pour l’instant avec succès. Dans un rôle de meneur scoreur, par qui la quasi-totalité des ballons offensifs passent (28% d’usage rate), l’ancien d’OKC se fond à merveille au sein du collectif de Pierric Poupet et affiche le meilleur niveau individuel de toute sa carrière.
En EuroLeague, il porte l’attaque des siens en étant à la fois le meilleur scoreur et le meilleur passeur de son équipe. Excellent en pénétration, c’est dans ce registre qu’il inscrit la plupart de ses points. Que ça soit en ciblant les missmatchs quand un grand se retrouve sur lui ou en se servant des espaces générés par Joffrey Lauvergne et Neal Sako, qui sont des vraies menaces dans la raquette, pour driver tout seul et finir tranquillement.
Balle en main, le Français ne se précipite jamais, et attend la première ligne de pénétration ou le moindre espace offerts par ses adversaires pour les punir. Cette patience lui permet de ralentir son jeu aux meilleurs moments. Par exemple, lorsqu’il enclenche son drive, il n’hésite pas à ralentir lorsque le défenseur accélère, soit pour s’en débarrasser, soit pour provoquer des fautes.
Car oui, face à un arrière aussi adroit sur le drive, qui shoote à près de 56% de réussite dans la raquette, on peut être tenté de lui arracher les bras. Mais le Hack A Maledon ne s’est pas montré être une tactique efficace, puisque le Villeurbanais tourne à 88% de réussite sur la ligne des lancers francs. D’autant plus qu’il n’a pas besoin d’attendre que les défenseurs adverses resserrent l’étau pour se retrouver sur la ligne, car il y arrive très bien tout seul.
Intelligemment, il arrive à provoquer et initier le contact avec son vis-à-vis pour provoquer des fautes. Domaine dans lequel il est d’ailleurs le meilleur de toute la ligue, puisqu’il est le joueur qui tente le plus de lancers francs cette saison (7 tentatives par match). En effet, la patience dont il fait preuve en attaque lui permet de toujours analyser la situation et, par conséquent, de plonger ses bras dans ceux de ses adversaires pour obtenir des coups de sifflets.
Donc, on résume, Théo Maledon est quasiment indéfendable en pénétration, si vous décidez de faire faute ou qu’il la provoque lui-même, il va mettre ses deux lancers. Dans ce cas, pourquoi pas ne pas lui laisser de l’espace pour shooter ? Eh bien car il tourne à près de 40% de réussite derrière l’arc, bonjour l’enfer à défendre. D’autant plus qu’il n’a aucun mal à se créer ses propres tirs, en se servant ou non des écrans posés par ses coéquipiers ou en envoyant des gros step backs sur la truffe de ses adversaires directs. Une palette offensive bien fournie, qui lui permet de se classer quatrième meilleur scoreur du championnat, à quasiment 19 points de moyenne.
Certains coachs se sont alors dit qu’en envoyant une aide défensive, Maledon pourrait être perturbé. Mais là aussi, ils se fourrent le doigt dans l’œil car il n’a aucune peine à trouver ses coéquipiers démarqués. Et ce, que ça soit en changement de côté pour servir un shooter ouvert dans le corner, ou pour envoyer un caviar à son pivot sous le cercle. Des capacités qui lui permettent également d’être, comme évoqué plus tôt, le meilleur passeur de son équipe devant Nando De Colo, et de se classer au bord du top 10 en EuroLeague dans cette catégorie.
Avec tout ça, on en oublierait presque l’autre côté du terrain, où le jeune meneur est loin d’être une faiblesse pour son équipe. Car oui, si Théo Maledon est un des meilleurs attaquants du vieux continent, il n’oublie pas de défendre pour autant. En tournant à plus d’une interception par soir, il soulage les siens et leur permet d’inscrire des paniers faciles en transition. Épaulé par Shaquille Harrison et Andre Roberson, ils forment une ligne extérieure compacte, à laquelle peu d’attaquants aiment se frotter.
Dans son sillage, l’ASVEL a repris des couleurs
Justement, en parlant de faire du bien à son équipe, le niveau affiché par Théo Maledon depuis son retour permet à l’ASVEL de faire peur aux autres équipes européennes. Chose qui n’était pas arrivée depuis bien longtemps, puisque les Rhodaniens n’ont pas fait mieux qu’une quatorzième place depuis leur retour en EuroLeague en 2019. Cette année, les hommes de Pierric Poupet présentent un bilan quasiment à l’équilibre de 8 victoires pour 9 défaites, qui les place à une petite victoire du top 10, synonyme de qualification pour la play-in.
S’il est vrai que ce bilan n’est peut-être pas très impressionnant, c’est surtout la manière dont l’ASVEL joue qui est plus qu’encourageante. Et pourtant, tout n’avait pas bien démarré, avec des défaites assez moches sur les parquets du Maccabi Tel-Aviv puis de l’ALBA Berlin. Celles-ci ont ensuite été suivies par une série de cinq défaites qui a laissé penser que les Villeurbanais allaient une nouvelle fois devoir se contenter de jouer les seconds rôles.
Mais, c’est au moment de la réception de l’Étoile Rouge de Belgrade, tombeuse des deux autres clubs français cette saison, que le déclic a eu lieu. Dans une fin de match ultra serrée, c’est Maledon qui a pris les choses en main. Un gros step back à 3 points pour égaliser à une minute de la fin, une contre-attaque rondement menée en solo pour passer devant à treize secondes du buzzer, et les lancers francs décisifs pour assurer le succès des siens. « Comment faire taire des centaines de serbes survoltés et relancer son équipe en EuroLeague » un tuto signé Théo Maledon qui termine la rencontre à 26 points, 4 passes et surtout 36 d’évaluation.
À partir de là, la formation lyonnaise est métamorphosée, la défaite face à l’AS Monaco est vite oubliée. Maledon se mue en gestionnaire dans la victoire écrasante des siens face à l’Anadolu, et renfile son costume de superhéros face au Real Madrid. Encore une fois, il envoie un gros tir à 3 points pour faire revenir les siens à quarante secondes de la fin, et égalise sur un drive exceptionnel trente secondes plus tard. Les deux paniers ultra clutchs de l’ancien du Thunder permettent à l’ASVEL de recoller, puis de s’imposer avec le buzzer-beater de Paris Lee.
Sauf que Théo Maledon n’a pas prévu de s’arrêter là, et va mener ses coéquipiers à la victoire face au leader parisien. Le tout en mettant fin à la série historique de dix victoires des hommes de Tiago Splitter. Avant d’obtenir deux très beaux succès sur les parquets du Partizan Belgrade puis du Zalgiris Kaunas, dont il est une fois de plus le principal artisan. Une bonne forme qui fait que, sur ses neuf derniers matchs en EuroLeague, l’ASVEL affiche un bilan de six victoires pour trois défaites.
Une bonne série qui coïncide, comme par hasard, avec l’entrée de Théo Maledon dans une nouvelle dimension, celle d’un potentiel MVP de la compétition. Car oui, sur la série en question, le Français tourne à quasiment 23 points, 6 passes et 29 d’évaluation, la meilleure de toute la ligue sur cette période. C’est tout simplement monstrueux, surtout en prenant en compte qu’il n’a que 23 ans, et qu’il dispute sa première saison en tant que titulaire indiscutable en EuroLeague.
Grâce à une palette offensive sans limite, Théo Maledon porte l’ASVEL sur la scène européenne cette saison, et se place comme l’un des candidats sérieux à la course au MVP. Le tout à seulement 23 ans, pour sa première saison en tant que titulaire dans la compétition. Un niveau et une précocité qui lui valent déjà un intérêt plus que prononcé de la part du Real Madrid, qui aimerait bien faire de l’ancien Hornet le nouveau meneur de la Maison Blanche…