En octobre 2023, malgré l’arrivée de Frank Vogel et de Bradley Beal pour former un nouveau Big 3 avec Devin Booker et Kevin Durant, beaucoup restaient sceptiques quant à la capacité des Suns à jouer le haut du classement. Les préoccupations du début de saison étaient nombreuses : comment l’attaque s’organisera-t-elle sans un vrai meneur de jeu ? Qui défendra contre les meilleurs scoreurs adverses ? La second unit sera-t-elle suffisamment efficace ? L’équipe est-elle assez équilibrée ?
Cet article a été écrit par Romain Lorandel.
Finalement, l’équipe s’appuie sur son talent pour décrocher une 6e place avec un bilan de 49-33. Malgré quelques coups d’éclats par-ci par- là, de nombreuses questions restent en suspens, ce qui conduit logiquement à une déroute au premier tour des play-offs face aux Wolves, perdue 4-0. Une profonde remise en question s’est imposée au sein de la franchise de l’Arizona, touchant à la fois le front office et les joueurs, de Mat Ishbia jusqu’aux joueurs, tout le monde aura un rôle important à jouer.
Mike Budenholzer comme premier gros coup ?
Frank Vogel est le premier à en faire les frais. Bien qu’il ne soit pas le seul à blâmer compte tenu des circonstances, il reste l’un des principaux responsables de l’échec. Il n’a jamais réussi à souder le groupe ni même à diriger l’équipe au milieu de toutes ces personnalités Il a été remercié peu après le sweep infliger par Minnesota, cédant ainsi sa place à Mike Budenholzer, champion avec les Bucks en 2021.
Originaire de la région, Mike Budenholzer semble être un excellent choix pour Phoenix. Au cours de sa carrière d’entraîneur, il a toujours dû et su gérer les égos et les stars, que ce soit comme assistant de Gregg Popovich entre 1996 et 2013, ou lors de ses deux derniers mandats comme entraîneur principal des Bucks et des Hawks. Réputé pour son impact positif sur les équipes et le développement des joueurs, il ne fait aucun doute qu’il réussira à tirer le meilleur de chacun, des cadres aux joueurs de banc.
Bien que le style de jeu de Mike Budenholzer repose traditionnellement sur la vitesse, l’espacement et les tirs à trois points, cela marque un changement par rapport à l’approche plus lente des Suns depuis l’arrivée de Chris Paul en 2021. Les Suns se classaient alors parmi les équipes les plus lentes de la ligue, mais figuraient également dans le top 5 en termes de pourcentage de réussite à trois points, avec 38,2 % l’année dernière.
Ce renouveau pourrait parfaitement convenir à de nombreux joueurs et, combiné aux nouveaux venus et aux talents déjà en place, l’attaque des Suns pourrait devenir encore plus létale que par le passé. Toutefois, des incertitudes subsistent concernant le secteur intérieur. Coach Bud a toujours compté sur des duos d’intérieurs solides et polyvalents capables de tirer ou de marquer, comme Giannis et Lopez aux Bucks, ou Millsap et Horford aux Hawks. Si Kevin Durant ne pose aucun souci, l’utilisation et le développement potentiel de Jusuf Nurkić seront intéressants à observer.
Une Draft pleine de promesses ?
La saison passée nous a montré que l’équipe manquait cruellement de profils défensif et de polyvalence dans se secteur. En obtenant les picks 22 et 40, Mat Ishbia et James Jones sélectionnes tout d’abord Ryan Dunn, un ailier de 2m03 reconnu pour ses compétences défensives au dessus de la moyenne, ensuite au 2nd tour est sélectionné Oso Ighodaro, un intérieur réputé pour sa polyvalence défensives et offensives capables aussi bien de passer que de scorer de loin.
« Dunn et Ighodaro sont tous deux des joueurs durs et expérimentés qui aideront Phoenix en défense et pourraient émerger à un moment donné en tant que rôles player. La défense de Dunn est élite et si son tir commence à tomber, il pourrait devenir un joueur majeur pour les Suns. »
Kyle Boone via CBS Sports
« La capacité de Dunn à intercepter, contrer et à défendre plusieurs positions fait de lui le meilleur joueur disponible selon ce choix, tandis qu’Ighodaro s’est également distingué par sa capacité à défendre et à passer. Phoenix a encore besoin que les deux joueurs soient assez viables offensivement pour utiliser leurs outils défensifs – la raison pour laquelle ils étaient disponibles là où ils étaient – mais les meilleures versions de Dunn et Ighodaro s’accordent idéalement avec les stars offensives des Suns. »
Kevin Pelton via ESPN
Tous deux jouissent d’une excellente réputation, ce qui devrait faciliter leur intégration au sein de l’équipe. La priorité accordée à la défense lors de cette draft reflète un changement stratégique visant à renforcer l’équipe de manière cohérente. L’objectif est de soutenir le trio offensifs arizonien en ajoutant des joueurs capables de contribuer immédiatement, notamment dans les scénarios défensifs. Ils ont déjà démontré ces qualités lors de la Summer League en juillet dernier.
Une Free Agency dans la bonne continuité des choses
Au vu de la masse salariale de l’effectifs (la plus grosse masse salariale de toute la NBA, avec près de 231 millions…) les marges de manœuvres étaient assez restreinte, ce qui n’a pas empêcher le Front Office d’effectuer quelques bons coups (voir de très bons).
Highest #NBA Salaries Next Season (2024-2025) 👇
If #Suns were to even think about trading a member of their Big 3, they would have to make a one-player for one-player trade of roughly equal salary or reduce salary substantially to avoid "apron" penalties… pic.twitter.com/Gqsy0xi2ck
— ThePhoenixSuns.Com (Not The NBA Team) (@ThePhoenixSuns2) April 29, 2024
Commençons d’abord par voir qui s’en va et qui ne re-signera pas :
Udoka Azubuike, Saben Lee, Isaiah Thomas, Ish Wainright et Thaddeus Young sont pour le moment toujours FA et ne reviendront surement pas. Drew Eubanks rejoint l’Utah pour 10 millions sur 2 ans et Éric Gordon change de conférence et pose ses valises à Philadelphie pour 1 ans à 3,3 millions l’année.
Pas de pertes majeurs donc, surtout quand on voit les contrats demandés. Seul la perte de Gordon pourrait être amener à « regretter », il avait su apporter quelques bonnes choses cette saison, notamment avec ses 11 points en sortie de banc.
Ceux qui prolongent leur contrat :
La Free Agency a débuté avec le retour de Bol Bol pour un an. Il a su conquérir le cœur des supporters, et le front office le lui rend bien. En 43 matchs, le Soudanais a affiché des moyennes de 5,2 points et 3,2 rebonds en un peu moins de 11 minutes de jeu. Malgré certaines lacunes défensives, il s’est amélioré tout au long de la saison. Ses discussions avec Kevin Durant devraient l’aider à progresser encore offensivement. Cette saison, son objectif sera de confirmer son potentiel et de prouver qu’il mérite sa place en tant que joueur majeur du banc.
Juste avant, les Suns ont signé Royce O’Neal, ancien joueur des Nets et du Jazz, pour 4 ans et 42 millions de dollars, ce qui constitue une bonne affaire compte tenu de la situation salariale actuelle de l’équipe. Il continuera d’apporter sa défense et sa régularité à trois points. Selon Bobby Marks d’ESPN, « il fait notamment partie des quatre joueurs ayant enregistré 150 paniers à trois points, 50 interceptions, et 40 contres au cours de chacune des deux dernières saisons. » Avec 456 matchs joués depuis la saison 2018-2019, on peut s’attendre à ce qu’il soit un joueur disponible et fiable pour la saison prochaine.
On a ensuite la re-signature de Josh Okogie qui repique pour 2 ans à 8 millions la saison, habitué du banc et aimé par les fans pour son énergie et sa défense, cette prolongation montre la confiance qu’à la direction envers lui. Attention tout de même à ne pas trop se reposer sur cette confiance justement, certes important défensivement mais pas fiable du tout offensivement (cette saison il était à 41,7% dont 30,9% à 3pts). En fonction de l’évolution de Ryan Dunn, il se pourrait que ses minutes baissent au fil de l’année.
Malgré une saison blanche en raison d’une blessure au ménisque droit, Damion Lee a été prolongé pour un an et devrait être de retour pour les premiers trainings camps. « Je me sens bien. Je dis à tout le monde que c’est l’objectif numéro un. Mentalement, je me sens mieux, et physiquement, je suis dans une meilleure situation, » a-t-il déclaré. Son objectif sera de se réintégrer dans l’effectif et de se faire une place derrière Bradley Beal et Devin Booker dans la rotation. Son adresse à trois points sera un atout précieux pour l’équipe, avec une moyenne en carrière de 36% et une pointe à 41,7% lors de la saison 2022-23 avec les Suns.
Ceux qui rejoignent le groupe :
La saison passée, les Suns figuraient parmi les dix équipes perdant le plus de ballons, avec 15% de leurs attaques se terminant par une perte de balle. Sans véritable meneur, il n’est pas surprenant qu’ils dominent ce type de classement. Pour remédier à cette situation, la direction a recruté Tyus Jones pour un an. Il a affiché le meilleur ratio passes décisives/pertes de balle de toute la NBA la saison dernière (7,3) et se classe quatrième en termes de Pace (104,4). Avec ses 41,7 % de réussite à trois points l’année précédente avec les Wizards, il est évident que l’ancien joueur de Memphis peut résoudre bon nombre des problèmes rencontrés par les Suns la saison passée.
Les deux anciens coéquipiers, Mason Plumlee et Monte Morris, seront également de la partie l’année prochaine, pour un an au minimum vétéran. Leur intégration devrait permettre aux Suns de pallier certaines de leurs lacunes de la saison passée. Plumlee renforce l’intérieur et la défense, tandis que Morris apporte du leadership et de l’efficacité au poste de meneur. Malgré une saison 2023-24 en dessous de leurs standards, ils auront une contribution certaine dans leurs rôles respectifs. Avec leur arrivée, les Suns ont désormais un effectif plus équilibré et plus compétitif.
Le dernier arrivant est TyTy Washington Jr., qui arrive en provenance de Milwaukee. Depuis sa draft en 2022, il n’a jamais su s’imposer en NBA, mais il vient chercher quelques bonnes minutes en bout de banc. Il peut être intéressant sur certaines séquences, à lui de saisir sa chance lorsque Bud le lui donnera. On n’oublie pas non plus les arrivées de Colin Gillespie et de Jalen Bridges, tous les deux ont signés un 2-way contract.
Même avec des finances très limitées, on peut dire que leur Free Agency est une réussite. Ils ont réussi à prolonger de très bons role players et à cibler les problèmes de la saison passée.
Le front office a fait son travail : ils ont recruté un nouveau coach en adéquation avec le style de jeu des joueurs composant l’équipe et ajouté des éléments pour apporter profondeur, expérience et synergie. Maintenant il ne reste plus qu’aux cadres d’assumer leur statut de leader, que ce soit sur le terrain ou dans les vestiaires. À deux mois de la reprise, on ne peut qu’être optimiste quant au début de saison pour les Suns.
