Alex Toohey s’est annoncé à la draft. C’est officiel, le swingman des Sydney Kings est candidat à la draft NBA 2025 et il pourrait finir dans le premier tour. Un joueur qui pourrait être un vrai plus pour une équipe contender qui viendrait récupérer un joueur qui connaît le monde professionnel et ses qualités. Mais voyons ensemble, dans le cadre de ce nouveau scouting report, quelles sont ces qualités ?

Le parcours de Alex Toohey

Alex Toohey est né à Canberra, dans la capitale australienne. Cependant, c’est une personne qui a eu l’habitude des changements de lieux car, au-delà de jouer aujourd’hui aux Sydney Kings, il a vécu plusieurs années en Belgique dans sa jeunesse de par le travail de son père, qui bossait dans l’armée. Autour, c’était beaucoup de sportifs et de sportives. Sa mère était sa coach dans sa jeunesse et il a un frère et une soeur qui ont, eux aussi, joué au basketball dans l’arrière-cour du jardin. Au fil des années, Alex doit se décider entre 2 sports qu’il affectionne particulièrement : le basketball ou le cricket, un sport majeur en Australie.

Plusieurs éléments ont décidé Alex à suivre la voie du basketball : sa croissance est allée suffisamment haute pour prétendre devenir joueur de basketball professionnel au plus haut niveau et surtout il a été appelé pour jouer les Oceanian Games en U-15, ce qui a clôt le débat pour de bon.

Par la suite, il suit un cursus assez classique : en 2020, il rejoint la NBA Academy et le BA Centre of Excellence (une sorte d’équivalent de l’INSEP en Australie) puis joue dans les ligues semi-professionnelles australiennes pour se faire un nom tout en continuant de participer aux compétitions internationales avec l’Australie. C’est en 2022 que Gonzaga et Alex se mettent d’accord sur le fait que l’ailier jouera pour les Bulldogs à partir de la saison 2023-2024. Cependant, l’ailier décide de revenir sur cette décision et signe avec les Sydney Kings dans le cadre du NBL Next Stars Program.

Avec les Sydney Kings, il fera deux saisons. Exercices durant lesquels l’ailier de Canberra sera souvent titulaire et produira quelques bonnes performances mais reste dans le range d’un rôle player classique au sein d’une équipe compétitive qui atteint le play-in par 2 fois dans le sillage de la star Jaylen Adams et de joueurs comme Xavier Cooks, Cam Oliver ou l’illustre Denzel Valentine.

C’est récemment qu’il a annoncé, dans un post twitter, qu’il se présenterait à la draft 2025.

Le point qui fait la différence : les bras

L’énorme point positif de Alex Toohey et qui en fait un joueur très fort, ce sont ces bras et l’utilisation qu’il en fait. On observe ça dans le scoring déjà.

On le voit notamment sur drive (que ce soit transition, self-création, drive derrière un écran ou cut). Il utilise très bien ses bras pour protéger le ballon tout en continuant à avancer vers le cercle. On voit dans la compilation ci-dessus qu’il passe beaucoup de drive à lever le ballon pour le passer de l’autre côté tout en essayant de gratter de l’espace avec des euro-steps qu’il maitrise.

Pour rester sur sa capacité de finition, on peut parler de son toucher qui est exceptionnel. Près du cercle, Alex Toohey réussit des finitions très compliquées et défendues. Il gratte des espaces, il trouve les bonnes zones où aller chercher ses points et profite de son footwork pour conserver un bon équilibre.

Alex Toohey qui essaie de driver sur Izan Almansa

Ci-dessus (première action de la compilation), il tente un euro-step sur Izan Almansa. En levant les bras et en scorant sur le second step, il permet de créer un décalage de verticalité : Izan est en phase descendante pendant que Toohey est en phase ascendante. C’est un exemple de l’utilisation des bras qui est un point très positif de Alex.

Cependant, pour rester dans le drive de manière générale, on peut noter 2 défauts majeurs :

  • Le premier, c’est le manque clair d’accélération dont Toohey fait preuve. Si Alex a besoin d’user de son footwork, de son toucher et de son portée de balle pour scorer au près, c’est surtout car il n’est pas capable de juste driver en explosivité comme d’autres. On le voit autant dans les séquences de drive/euro-step où il ne passe jamais ses défenseurs mais aussi sur les dunks où il semble toujours passer mais de peu, pas rassurant pour un swingman de 2m01.
  • Le deuxième, c’est plutôt le contexte de la NBL. Que ce soit South East Melbourne, Illawarra, Melbourne ou Perth, aucune de ces équipes du haut du tableau n’a de 7-footers. On va même aller plus loin, hormis Samson Froling, on ne voit pas vraiment de joueur à 2m10. En plus de ne pas être grands, les intérieurs de NBL ne sont pas si athlétiques hormis quelques spécimens. Le problème est que la NBA n’est pas du tout le même monde. Comment un ailier comme Alex Toohey va faire pour ne pas se faire contrer par Giannis Antetokounmpo, par Anthony Davis ou encore par Victor Wembanyama en continuant ce style de jeu, limité par l’athlétisme ?

Et en défense alors ?

Voici un post qui a été fait sur les statistiques de Alex Toohey face aux 4 équipes qui ont fait les play-offs de la NBL cette saison (les Illawarra Hawks, le Melbourne United, les South East Melbourne Phoenix ainsi que les Perth Wildcats) :

Ce qu’on remarque, c’est le volume de stocks qui est extraordinaire. Au global, sur la saison, Toohey a produit 44 interceptions et 25 contres sur les 30 matchs qu’il a joué cette année, soit des moyennes de 1.47 interceptions et 0.83 contres.

Pour ce qui est des interceptions, Toohey montre autant de capacités à couper les lignes de passes que de capacité à profiter des petits espaces pour placer ses mains intelligemment et faire perdre le contrôle de l’action.

Tout l’intérêt défensif d’Alex Toohey, c’est la pertinence des placements et des mouvements qui en font un playmaker défensif de très haut niveau. Il a une vraie capacité à anticiper le mouvement offensif et à agir en conséquence. Ce qui en fait une menace défensive constante.

Sur l’homme, il se débrouille pas si mal non plus, toujours capable d’intercepter mais là encore, le manque de puissance physique et surtout d’explosivité le limite.

Playmaking défensif bien mais quid du playmaking offensif de Toohey ?

Toohey est un swing qui sait porter le ballon. On le voit à l’aise avec la balle, il maitrise son dribble même dans les zones défendues, il protège très bien son ballon comme on l’a dit et il se montre même capable de créativité avec des feintes de passes ou des changements de main qui permettent d’éviter/se séparer de la défense en faisant le show.

En terme de chiffres, on est à 1.3 assists pour 1.1 turnovers. C’est un chiffre en volume qui est biaisé car la présence d’un meneur comme Jaylen Adams et d’un point center comme Cam Oliver font que Toohey est assez peu utilisé en porteur de balle. On le voit surtout en finition d’action sur drive ou en mouvement off-ball pour shoot ou cut. Un rôle qu’il gère très bien grâce à des déplacements pertinents mais on a peu de création.

Cependant, on voit bien que Alex Toohey a les skills et la compréhension de jeu nécessaire pour être, au minimum, un super connecteur. Ce sera certainement son rôle à terme si il s’installe en NBA. C’est d’ailleurs un rôle fait pour lui. Toohey n’est pas fait pour être le point de gravitation, c’est beaucoup plus intéressant d’avoir Alex qui joue et gratte dans les espaces autour de joueurs à fortes gravités.

Le plus gros point d’interrogation : le tir

Un point très limitant de son potentiel est son tir.

Dans le positif, on peut noter 2 choses :

  • Déjà, ça progresse vraiment. Entre sa première année à Sydney et sa deuxième, on passe de 24.2% de loin et 68.5% aux lancers à 31% de loin et 72.6% aux lancers. C’est une progression significative qui donne envie de croire que, à terme, Toohey puisse shooter à minima si il continue comme ça.
  • Un élément plus technique, c’est son toucher au près, dont on a déjà parler. En effet, quand on voit son toucher en finition, on se dit que le problème de Toohey n’est pas là et c’est rassurant en un sens.

Cependant, le négatif est bien rempli :

  • Toohey est mauvais à 3 points mais aussi mauvais sur les longs mi-distances. Alors certes, ce ne sont pas des tirs très importants pour la NBA mais pour l’évaluation de la projection du tir extérieur en NBA, avoir ni 3 points efficaces ni être une menace sur mi-distance long est un problème.
  • L’autre point, c’est l’efficacité aux lancers francs. Si 72.6% est une progression, ça reste léger pour un joueur de son profil et avec son toucher. Le problème de tout ça est de savoir si c’est un soucis mécanique, psychologique ou de coordination. Dans tous les cas, ça risque de demander du temps.
  • Le dernier point, c’est le manque de variété de tir de Toohey. Concrètement, il n’y a quasiment rien d’autre que du spot-up shooting à 3 points. Alors c’est sûrement une demande tactique, car il est vrai que tu n’as pas besoin de pull-up de Toohey. Cependant, ça n’aide pas à juger positivement la question du tir pour Alex.

En bref, Alex Toohey est un joueur avec beaucoup de talent. C’est un joueur capable de faire beaucoup de choses et que les franchises vont aimer avoir si elles arrivent à trouver les bons leviers (notamment le shoot) et que les qualités en NBL se retranscrivent en NBA. C’est aussi la résultante d’un développement qui s’opère depuis des années pour le basketball australien et notamment avec le Next Stars Program de la NBL dont Toohey est l’un des, si ce n’est le, premier australien à en sortir.

Alex Toohey, c’est le symbole d’une nouvelle génération australienne qui est prête à prendre la place des mecs formés en NCAA (Dellavedova, Mills, Landale) pour la remplacer avec des phénomènes comme Josh Giddey, Dyson Daniels, Rocco Zikarsky ou encore les futurs Dash Daniels et Roman Siulepa, tous formés localement.

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