Scottie Barnes, le progrès via la simplicité

Après un début de saison catastrophique, les Toronto Raptors sont maintenant une des meilleures équipes de l’Est. Si beaucoup de personnes sont à créditer pour ce retournement de situation, la transformation de Scottie Barnes est un élément à ne pas négliger, surtout quand on prend en compte sa situation avant le début de saison.

Une pré-saison douteuse

Pendant la pré-saison, Scottie Barnes avait un régime de tirs consistants en beaucoup de tirs en suspension ratés, dans la continuité de ce qu’il a fait la saison précédente. Cela ne laissait pas beaucoup de place à de l’optimisme quant à son niveau cette saison, et ce n’était pas aidé par son utilisation en attaque.

Au début, il n’avait pratiquement aucune action prévue pour lui. La saison dernière, il était un initiateur principal très sollicité, et il était peut-être sous-qualifié pour ce rôle. Au début du match contre Boston, il fait des écrans et des coupes sans toucher le ballon, il reste dans le coin, il reste au-dessus de l’aile pendant que Brandon Ingram s’isole.

Vous savez qui nous n’avons pas encore mentionné ? », a demandé Brian Scalabrine, commentateur de Boston, à la fin du premier quart-temps. « Scottie Barnes. Est-il sur le terrain ? »

Scottie Barnes est ensuite revenu, a attaqué le panier, a trouvé Sandro Mamukelishvili pour un tir à 3 points ouvert, a réalisé un contre spectaculaire et a été remarquable même lorsque son espace dans l’attaque était remis en question. Mais dès qu’il allait sur le banc, la défense s’effondrait.

Ce manque de clarté sur son rôle en attaque et le manque d’identité défensive se sont retrouvés dans un très mauvais début de saison où les Raptors étaient à 1-4. Il y avait des prémices d’un changement dans l’utilisation de Scottie, mais afin de renverser la vapeur, il fallait que Darko Rajaković trouve une solution.

Le rôle défensif de Scottie Barnes

Pour parler du retournement de situation des Raptors, il faut parler de la défense, et plus précisément de la défense de Scottie Barnes. En ce début de saison, Scottie a dû faire face à beaucoup d’ailiers fort de qualité, et a répondu présent à chaque fois.

Je pense que j’ai défendu le ballon. Ces joueurs (les ailiers forts) ont beaucoup le ballon », a déclaré l’ailier des Raptors de Toronto. « Evan (Mobley) a eu le ballon. Giannis (Antetokounmpo) a eu le ballon. Qui avons-nous affronté avant cela ? Jaren Jackson a eu le ballon. J’ai été très présent sur le ballon, essayant simplement de défendre ces joueurs du mieux que je pouvais. »

Barnes parle depuis longtemps de son désir de devenir un grand défenseur. Il est indéniable que Scottie Barnes a un impact énorme à ce niveau, quel que soit le rôle qu’il occupe. Cela pourrait en fait représenter le sommet de la carrière individuelle de Scottie B, du moins au début de sa cinquième saison.

Malgré les lacunes défensives de Scottie Barnes sur le périmètre, une situation dans laquelle il est souvent contraint de se trouver car les Raptors n’ont pas d’autre option valable dans leur cinq majeur, c’est son travail sur le côté opposé de la balle qui permet aux Raptors de s’imposer. Ces interceptions et ces contres mènent souvent à des occasions dans l’autre sens. Les Raptors sont en tête de la ligue en termes de points marqués en contre-attaque par match. En plus de cela, son style assez polyvalent lui permet de switcher efficacement, ce qui est central dans le schéma défensif de Toronto.

Il fait cela depuis longtemps, il n’y a donc rien de nouveau en défense », a déclaré l’entraîneur Darko Rajaković. « Il acquiert simplement encore plus d’expérience. Il apprend à mieux connaître la ligue et les tendances des joueurs. Scottie joue un rôle important dans notre préparation en matière de scouting. »

La série de Barnes avec 10 matchs consécutifs avec au moins une interception et un contre a surpassé Vince Carter. Au cours de cette série, Scottie Barnes a été une force défensive. Les Raptors ont discrètement affiché une défense de haut niveau et Scottie B est au cœur de cette remontée.

Avec ses statistiques impressionnantes, Barnes est le seul joueur de la NBA à afficher une moyenne de plus de 1,5 interception et contre par match. Même Victor Wembanyama n’a pas réussi à faire aussi bien. S’il manque les 65 matchs requis, Scottie B pourrait devenir le favori pour remporter le titre de meilleur défenseur de l’année. Si Scottie Barnes est dans la continuité de son jeu défensif selon son entraîneur, ce n’est pas le cas en attaque, où le joueur des Raptors semble être arrivé à un nouveau niveau.

La sélection de tirs de Barnes

Le potentiel offensif de Scottie Barnes reste la grande inconnue. Il est certain que les talents de Brandon Ingram en un contre un ont permis à Barnes de ne pas avoir à porter tout le poids qu’il a porté pendant la dernière saison et demie. Scottie a également débuté l’année en réussissant 18 tirs à 3 points sur 37, ce qui lui a permis d’afficher un pourcentage de réussite réel de 60,3 %. Son taux de réussite a baissé, mais il reste à 41,2% à 3 points. Ce qui aide, c’est que sa sélection de tirs a changé.

L’année dernière, il a marqué 276 paniers entre 1 et 3 mètres du panier et 187 entre 3 et 5 mètres. Au total, ces tentatives représentaient 43,6 % de ses tirs. En ce début d’année, ce chiffre est tombé à 40,8 %. On pourrait s’attendre à ce que cela signifie qu’il tire plus de plus loin, mais non la proportion reste la pratiquement même que la saison dernière, avec cela dit un bond immense en efficacité sur les longs tirs à mi-distance et à 3 points.

Non, la différence est qu’il attaque plus souvent le panier, retrouvant la même proportion à tirer à moins d’1 mètre que lors de sa saison All-Star, mais avec une meilleure efficacité. Cette distribution de tirs mieux réparties en plus d’un progrès dans son tir en suspension aide à expliquer pourquoi Scottie Barnes fait sa meilleure saison au scoring jusqu’à présent.

Je commence tout juste à m’y mettre », a déclaré Scottie Barnes à propos de son jumper. « Je travaille mon tir, j’y vais avec confiance, surtout quand rien ne va et que c’est ce que la défense m’offre. … J’ai hâte de tirer. »

Performances décisives et impact complet

Une dose de tirs difficiles réussis par Brandon Ingram, associée à des tirs à trois points d’Immanuel Quickley, à la régularité de Jakob Pöltl, aux contributions des remplaçants, et surtout à Scottie Barnes qui a contribué à presque tous les aspects du jeu. Voici la recette qui explique le bilan de 9-5 des Raptors, et le bilan de 8-1 sur les 9 derniers matchs.

Jusqu’à récemment, Scottie Barnes était le seul joueur en NBA à afficher une moyenne d’au moins 20 points (maintenant il est à 19,7), 5 rebonds, 5 passes décisives, 1,5 interception et 1,5 contre par match. Il a réalisé plusieurs contres, notamment un clutch sur Collin Sexton contre les Hornets, s’est battu pour des rebonds défensifs difficiles, a sprinté en transition et effectué des passes exceptionnelles. Au troisième quart-temps contre les Cavaliers, il a contré une tentative de tir à trois points d’Evan Mobley et a sprinté vers l’autre bout du terrain pour aider la contre-attaque.

Quand on regarde ses 28 points, ses 8 passes décisives et ses performances offensives, il est facile de voir qu’il a fait un bon match », a déclaré l’entraîneur Darko Rajaković. « Il fait tellement plus pour nous : en défense, avec cinq contres, les déviations qu’il crée, ses rotations, la façon dont il nous couvre défensivement. Il fait un travail remarquable pour nous. »

Le changement dans ses responsabilités lui a fait un grand bien. Il n’a plus besoin de créer autant offensivement qu’avant, d’être un mix de Kawhi Leonard et Giannis Antetokounmpo comme les Raptors voulaient. Il fait moins, mais ce qu’il fait, il le fait mieux. Il est constamment présent des deux côtés du parquet, et est en train de redevenir un two-way All-Star. Scottie Barnes est pleinement conscient de l’impact qu’il peut avoir aux deux extrémités du terrain.

Je sais de quoi je suis capable, donc je dois juste le montrer tous les soirs », a-t-il déclaré. « Être agressif, attaquer vers le bas, être agressif aux deux extrémités et j’aidais beaucoup mes coéquipiers. Si quelqu’un se fait battre, j’essaie simplement de l’aider. Donc, je fais juste ces choses aux deux extrémités. Une fois que je suis agressif, j’attaque vers le bas et j’attire la défense sur moi pour pouvoir faire une passe. Vous savez, cela ouvre beaucoup de possibilités pour notre équipe. »

Scottie Barnes mène la danse avec le meilleur jeu de sa carrière, incarnant parfaitement le style rapide et intense que les Raptors veulent adopter. S’il est au meilleur de sa forme, il y a de fortes chances que son équipe suive, et qu’il va falloir l’inclure dans la liste des meilleurs joueurs de la ligue. Il ne sera peut-être jamais la superstar ultra complète, mais être une menace des deux côtés du terrain fait déjà de lui un joueur à surveiller.

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