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Run and Gun#1 Shotclock, l’objet qui a changé la NBA

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Run and Gun est une série d’articles dédiée à une des périodes les plus mythiques de l’histoire de NBA. Quand certains jugent cette époque comme celle des plombiers, d’autres y voient une ère où évolue de véritable dieu du basketball aux talents inégalables. Ces deux camps se trompent. Sortons des jugements péremptoires hâtifs, des mythes érigés sur des statistiques, pour découvrir ce que cache ces années au jeu complètement fou. Dans ce court épisode, on découvre comment est né le Run and Gun, à l’aide de la Shotclock, l’objet qui a changé la NBA.

Le méconnu Leo Ferris

Christian Figueroa, vous ne connaissez pas ce nom et c’est bien normal. En 2015 il observe son fils, le petit Charles, absorbé par le visionnage d’un match des Celtics. Il lui dit : « Tu vois l’horloge des 24 secondes, c’est l’oncle de ta grand-mère qui l’a inventé. » Cet homme c’est Leo Ferris, un nom aujourd’hui tombé dans l’oubli.

Il commence son parcours dans le monde de la balle orange en 1946 avec la NBL. Il fonde les Tri-Cities BlackHawks qui deviendront plus tard les Atlanta Hawks. En octobre 1946, il contribue à la signature de William « Pop » Gates, qui avec Dolly King fait partie des premiers athlètes noirs à prendre part au jeu dans une ligue de basketball professionnelle. Devenu vice-président de NBL, il permet aux joueurs de devenir propriétaire de leur franchise;  il fait ainsi venir les meilleurs joueurs de l’université de Kentucky en NBL avec les Indianapolis Olympians. Cette opération pousse alors la BAA à fusionner avec la NBL et de créer la NBA.

De gauche à droite, Ike Duffey, le vice-président de la NBL Leo Ferris, Ned Irish des New York Knicks et Walter Brown des Celtics de Boston. Au centre de l’image se trouve le commissaire de la NBA, Maurice Podolloff.
De gauche à droite, Ike Duffey, le vice-président de la NBL Leo Ferris, Ned Irish des New York Knicks et Walter Brown des Celtics de Boston. Au centre de l’image se trouve le commissaire de la NBA, Maurice Podolloff.

Après la fusion il prend poste chez les Syracuse Nationals en tant que directeur général. Il participe à la construction d’une équipe qui devient championne en 1955. C’est là-bas qu’il rencontre le propriétaire des Nationals, Danny Biasone. Leo Ferris a une envie, faire courir les joueurs. Cependant à cette époque c’est chose compliqué. Il n’est pas rare de voir les équipes en tête jouer la montre dans le dernier quart temps. Il en est persuadé, la ligue doit mettre en place un chronomètre.

Leo Ferris ne souhaite plus voir de rencontre comme celle du 22 novembre 1950. Les Fort Wayne Pistons affrontent les Minneapolis Lakers de l’injouable George Mikan. Pour contrer le géant la tactique est simple, ralentir le tempo du match en conservant un maximum le ballon. La partie est une purge qui se termine sur le score de 19 à 18 sous les sifflets du public. L’entraîneur à l’origine de cette stratégie est Murray Medenhall, qu’on surnommé pourtant à l’époque « Run and Gun ».

Murray Medenhall, aka "Run and Gun", est pourtant à l'origine de la rencontre au plus petit score de l'histoire de NBA.
Murray Medenhall, aka « Run and Gun », est pourtant à l’origine de la rencontre au plus petit score de l’histoire de NBA.

Leo Ferris est un passionné de mathématiques, il se casse la tête pour savoir comment mettre en application cette idée. Soutenu par son proprio, il parvient à créer l’horloge des 24 secondes. En partant du principe simple que lors d’un match équilibré chaque équipe prend selon lui 60 tirs, il divise le nombre de seconde contenu dans 48 minutes par 120 et obtient le chiffre 24.

Les joueurs de Syracuse n’aime pas Leo Ferris, son côté pingre et sa volonté de vouloir déplacer la franchise a fait de lui un mal-aimé. Il quitte les Nationals en 1956 et ne reviendra jamais en NBA. Son nom est oublié et la paternité de l’horloge des 24 secondes revient intégralement à Danny Biasone. Il faut attendre l’apparition des réseaux sociaux et la pugnacité de Christian Figueroa pour que le nom de Leo Ferris soit enfin associé à cette invention qui a changé à jamais le jeu et engendré une nouvelle ère. Actuellement, il n’est toujours pas intronisé au Hall of Fame, sa candidature passant à la trappe années après années.

Le premier modèle de l'horloge des 24 secondes. Un objet qui est indéniablement à l'origine de l'ère du Run and Gun.
Le premier modèle de l’horloge des 24 secondes. Un objet qui est indéniablement à l’origine de l’ère du Run and Gun.

Shotclock Era

L’horloge des 24 secondes de Ferris apporte un changement radical au jeu pratiqué à cette époque. Le Pace (nombre de possessions jouées) passe de 90 à 103 possessions entre la saison 1953/54 et 1954/55. Bien que l’accroissement du tempo soit spectaculaire, on est encore dans un rythme « normal ». Nous sommes à peine au-dessus du pace pratiqué de nos jours en 2023. Il faut attendre la saison 1956/57 pour voir le nombre de possessions s’envoler avec un pace général supérieur à 110, il en est ainsi 17 saisons durant. Par la suite, aucune autre ère ne joue au basketball sur un tempo aussi rapide.

Sur ce graphique on observe au combien le jeu de la Run and Gun Era était fou. Jusqu'à plus de 125 possessions en moyenne en 1961 alors que le Pace moyen depuis 1980 se situe aux alentours de 96 possessions.
Sur ce graphique on observe au combien le jeu de la Run and Gun Era était fou. Jusqu’à plus de 125 possessions en moyenne en 1961 alors que le Pace moyen depuis 1980 se situe aux alentours de 96 possessions.

De 1956 à 1973, la NBA pratique le Run and Gun. Un style de jeu frénétique, exigeant physiquement, ou seuls les athlètes les plus affûtés peuvent se permettre de rester plus de 40 minutes sur le terrain. Cela leur permet de poser des statistiques hors normes et quasiment impossible à égaler. Jouer aussi vite, c’est aussi prendre des tirs rapidement et souvent ce sont des mauvais tirs. Résultat, un nombre effarant de rebonds est généré, et moins de passes décisives.

L’ère du Run and Gun est suffisamment lointaine et particulière pour créer un floue artistique autour d’elle. Avec peu de match à se mettre sous la dent, il ne reste alors que les Highlights des stars et des box score souvent incomplets pour se faire une idée du jeu de l’époque. Certains décident alors de dire que c’est un autre sport, et d’autres nourrissent et perpétuent une mythologie autour des meilleurs athlètes de cette période.

Notre but est donc de vous présenter cette ère en prenant en compte le contexte de ce style de jeu si spécial. De remettre en perspective, les records, les carrières des stars, la domination de certaines équipes, en sortant de la narration habituelle. Des analyses, des anecdotes, des classements (par ce que vous aimez ça bande de coquins), mais surtout l’envie de faire découvrir sans concessions et sans glorifications cette époque unique du Run and Gun. 

43 ans - Rédacteur - Contrairement à ce qui se raconte, je n'ai pas côtoyé George Mikan. Mais je m'efforce de raconter du mieux que je peux l'histoire de la NBA. Avec un gros penchant pour les années 60 et 70. Le bon vieux temps des moustaches et des shorts courts.

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