2024 fut une année de hauts et de bas pour Rudy Gobert. Défenseur de l’année pour la 4e fois, il ne fut cependant retenu ni pour être All-Star, ni dans une All-NBA Team. Il a aidé les Wolves à atteindre les Finales de Conférence pour la deuxième fois de son histoire, mais fut traité comme un des responsables de l’élimination.
Il a par la suite remporté sa deuxième médaille d’argent aux JO de Paris, mais ce fut après avoir été placé dans un rôle marginal pour les derniers matchs. Cette saison devait donc être celle où Rudy prouvait à ses détracteurs qu’ils avaient tort. Au sein d’une équipe qui pouvait viser très haut, il devait être une pièce importante pour son succès. A-t-il réussi? Faisons un bilan ensemble.
La saison de Rudy Gobert
La saison a commencé avec un nouveau contrat pour le Français. Le 23 octobre 2024, Rudy Gobert a signé une prolongation sur trois ans pour 110 M$, confirmant son importance dans le projet des Wolves aux yeux du front office. Il était donc attendu que le natif de Saint-Quentin continue de jouer à un haut niveau. Mais cela ne s’est pas exactement passé comme prévu.
En saison régulière, Rudy Gobert a disputé 72 matchs, tous en tant que titulaire. En 33,2 minutes de moyenne par match, il inscrit 12 points à 66,9% au tir, 10,9 rebonds, 1,8 passes décisives, 0,8 interception et 1,4 contre cette saison. Sa production a été en baisse par rapport à la saison dernière, et ce fut illustré par le fait qu’il est passé du titre de meilleur défenseur à une place dans la All-Defensive 2nd Team.
Les rebonds et les contres sont tous deux à leur plus bas niveau depuis le début de sa carrière, les rebonds contestés ont chuté de manière spectaculaire, ses adversaires marquent plus de paniers que jamais près du panier et sont de moins en moins dissuadés de tenter des tirs près du panier.
Même s’il reste généralement doué pour dissuader ses adversaires de pénétrer dans la raquette, lorsqu’ils l’attaquent, il ne leur oppose pratiquement aucune résistance. Il ne saute pas avec les joueurs qui l’attaquent dans la raquette, il ne prend pas les rebonds au plus haut, il n’essaie plus vraiment de contester les tirs, ce qui contraste fortement avec la saison dernière.

Ce qui n’a certainement pas aidé Rudy Gobert, c’est le départ de Karl-Anthony Towns, avec qui il avait développé une bonne alchimie la saison dernière. Cette saison a été marquée par l’arrivée de Julius Randle, et un profil unique qui a complètement bouleversé le jeu des Wolves. Ainsi, Rudy comme le reste des joueurs, a eu du mal à trouver l’équilibre.
Cependant, il est resté important pour les Timberwolves. Ils ont fini 6e au defensive rating, encaissant seulement 64,2 % des tirs adverses au cercle, en grande partie grâce à Gobert, qui limite les tirs au panier avec seulement 51,9 % de réussite pour les adversaires.
Cela fait de lui le quatrième joueur le plus efficace dans ce domaine parmi ceux qui ont disputé au moins 49 matchs et défendu au moins quatre tirs au panier par match. Sa présence a transformé Minnesota en une forteresse dans laquelle il est difficile de pénétrer. Il a toujours eu ce rôle depuis sa montée en puissance dans l’Utah, mais avec les Wolves, Rudy Gobert bénéficie d’un soutien sur le périmètre et au point d’attaque qui lui facilite quelque peu la tâche à cet égard.
Mais le fait est que Rudy Gobert n’était pas le même homme qui avait été nommé le Défenseur de l’année la saison précédente. Et il devait faire beaucoup mieux en playoffs pour aider son équipe qui voulait passer un cap et enfin atteindre les Finales NBA.

Cette saison, il a affiché ses pires moyennes en playoffs en carrière. 7,9 points et 8,6 rebonds en 15 matchs, avec le moins de minutes en moyenne depuis sa première campagne en 2017. Il a quand même pu briller, notamment avec son Game 5 contre les Lakers a marqué les esprits. 27 points et 24 rebonds, un record en playoffs pour lui et première performance 20-20 dans l’histoire des Wolves depuis Kevin Garnett.
Mais encore une fois, son jeu a eu du mal à se transmettre en playoffs. Face au Thunder notamment, Rudy Gobert a laissé ses adversaires réussir 68,8 % de ses tirs près du panier. Ceci est combiné au fait que le manque de compétences offensives de Gobert, ses mains maladroites et son manque de toucher près du panier sont toujours autant un problème. Si votre pivot n’apporte pas de protection de raquette et ne peut pas produire offensivement, à quoi vous sert-il?
De plus, le manque de rapidité latérale et de polyvalence de Gobert lui a régulièrement porté préjudice lors des playoffs. Cela a une fois de plus nui à Rudy Gobert contre le Thunder. OKC le battait sur les switchs grâce à son attaque centrée sur le périmètre. Compte tenu de son style de défense en couverture, OKC attaquait facilement à mi-distance. L’attaque du Thunder a parfaitement neutralisé Gobert.
Une nouvelle élimination en 5 matchs en Finales de Conférence vient donc achever cette saison pour les Wolves, qui doivent encore une fois essayer de trouver la solution pour passer un cap. Et on est en droit de se demander si cela va se réaliser avec Rudy Gobert dans l’équipe.
Quel avenir pour Rudy Gobert?
La France a annoncé en juin une liste préliminaire de 58 joueurs couvrant l’EuroBasket 2025 et les Jeux olympiques de 2028, dans laquelle figure Rudy Gobert. Cela dit, il avait annoncé en février être incertain de vouloir participer, et nous n’avons pas eu de mise à jour depuis.
Je ne me suis pas encore positionné. Ça dépendra de la saison, de mon corps, de la santé et tout ça… On verra. Il y a beaucoup de facteurs en fait. C’est vrai que je viens aussi d’avoir un bébé qui a 9 mois maintenant. Il y a tout ça à prendre en compte. On verra d’ici la fin de saison. »
Concernant son avenir en NBA, Rudy Gobert est depuis quelques semaines au milieu de nombreuses rumeurs de transfert. Lors des finales de conférence, Gobert n’a pas seulement été exposé, il a été pris pour cible. Le Thunder est une équipe à laquelle les Wolves devront faire face pendant des années, et il n’est pas certain que Gobert soit la solution pour les battre.
Que ça soit chez les Suns contre Kevin Durant, les Bulls contre Nikola Vučević ou les Lakers contre Austin Reaves, Gabe Vincent et Maxi Kleber, de nombreux analystes ont essayé de proposer des solutions pour que les Wolves se séparent de Rudy Gobert et récupèrent des joueurs qui collent mieux à leurs besoins.
Mais dans les faits, échanger Rudy Gobert est très compliqué. Certes, son salaire sera plus bas la saison prochaine, mais il touchera quand même 35 millions en 2026 et 38 en 2028. Qui voudrait d’un pivot de plus en plus limité en attaque et dont l’impact défensif semble être en déclin à ce prix?

Ainsi, il est probable qu’il reste dans le Minnesota au futur proche. Les Wolves ne peuvent qu’espérer que cette saison était juste un passage à vide et qu’il reviendra à son meilleur niveau, mais s’il continue sur cette trajectoire, ne serait-ce pas logique de réduire son rôle? Cela va également dépendre de ce que compte faire Minnesota à propos de son secteur intérieur, avec des questions autour de l’avenir de Randle et Naz Reid.
Il est possible que le Français rebondisse. Il avait également eu une première saison compliquée avec les Wolves avant de revenir en forme pour la saison dernière. Mais est-ce que Rudy Gobert sera capable de trouver un nouveau souffle à 33 ans afin de rester un joueur majeur dans les plans de son équipe?
La fin de carrière de Rudy Gobert s’annonce triste. Un contrat qui pèse lourd sur sa franchise et un jeu qui vieillit très mal dans cette ligue, il va falloir que quelque chose de drastique se déroule s’il veut rester un facteur positif pour son équipe en saison régulière, et surtout en playoffs. Du moins, si les Wolves lui en laissent l’opportunité.