Les Toronto Raptors ont appuyé sur le bouton rouge la saison passée. Le Front Office a dit au revoir à des joueurs historiques de la franchise comme OG Anunoby et surtout Pascal Siakam. Depuis, le cap de l’équipe est clair : reconstruire. Pour cela, de nombreux jeunes joueurs ont faits leur arrivée dans l’Ontario au cours ces derniers mois. Parmi eux, Jamal Shead, un guard au profil intrigant.
Une défense NBA ready
Jamal Shead est un meneur de 22 ans qui a effectué la totalité de son cursus universitaire, soit 4 ans, chez les Cougars de Houston. Il y a gravi les échelons petit à petit pour devenir un titulaire indéboulonnable lors de son année 3. Dans le Texas, il a joué avec d’autres pensionnaires de NBA. Parmi eux, le forward des Pacers Jarace Walker ou encore le guard de Detroit Marcus Sasser. Les Cougars font partie de la Big 12, une conférence importante en NCAA où l’on retrouve notamment les facs de Texas Tech ou de Baylor.
En 2023, l’équipe termine deuxième de la saison régulière avant d’échouer face aux futurs vainqueurs de Duke lors de la March Madness. Une fois ses quatre années terminées, Shead décide d’inscrire son nom à la Draft. Les sites spécialisés étaient tous unanimes à son sujet : s’il est drafté, ce sera en fin de second tour. Comme prévu, en juin dernier, Jamal Shead a été drafté en 45ème position par les … Kings de Sacramento. Il a posé la casquette violette sur sa tête durant une journée à peine puisque le lendemain, il faisait partie d’un échange l’emmenant de l’autre côté du continent.
Shead pose ses valises chez les Raptors, franchise dans laquelle il signe son premier contrat NBA. L’équipe coachée par Darko accueille un meneur au profil atypique. Jamal Shead n’a pas le physique d’un joueur de basket-ball. Il mesure 1m85 pour une envergure d’1m92. Des mensurations classiques pour le commun des mortels, presque rédhibitoires pour jouer en NBA. Le natif d’Austin doit sa présence dans la grande ligue à autre chose que ses attributs génétiques, il le doit à son énergie.
Ce qui saute aux yeux lorsqu’on le regarde jouer, ce sont ses aptitudes défensives. Shead va défendre le plomb tous les soirs, il faut moins de cinq minutes pour s’en rendre compte. La vivacité de ses appuis liée à son centre de gravité bas lui permet de rester face à son attaquant, aussi rapide soit-il. De plus, le meneur est assez costaud. Sa robustesse peut lui permettre d’encaisser les coups d’épaule lors des drives notamment.
D’ailleurs, il lui arrivait de défendre sur des postes 3 lors de son parcours NCAA. Pour couronner le tout, Jamal Shead est un formidable navigateur d’écran. Sa taille lui offre une agilité très utile pour contourner d’imposants pivots de plus de 2M10. La preuve en image ci-dessous, il réussit même à provoquer une perte de balle avant de réveiller la salle. Sa défense du périmètre lui a permis de remporter de nombreux trophées individuels au niveau universitaire dont le Naismith Defensive Player of the Year.
L’interrogation offensive
Les doutes qui persistent au sujet de l’adaptation de Shead en NBA sont liés à ses capacités offensives. Le meneur possède un style plus proche du début de siècle que des années 2020. Pour commencer, ce n’est pas une menace derrière l’arc. Il tournait à 30 % à 3 points lors de son cursus universitaire. Un chiffre trop bas, surtout lorsqu’on sait que la distance universitaire est plus courte que celle de la grande ligue. S’il veut survivre en NBA, Shead devra progresser impérativement dans cet aspect du jeu. Les meneurs qui shootent mal durent rarement en NBA.
Une des sources d’inspiration pour l’américain peut être José Alvarado, le meneur des Pels. Les deux joueurs ont des qualités et des défauts assez similaires. Ils sont arrivés en NBA après un cursus complet, sont reconnus pour leur défense et ne sont pas des menaces à 3 points. Cependant, Alvarado a durement travaillé sur son shoot extérieur et ses progrès se voient match après match. Le portoricain en rentrait 30% lors de sa saison 1, puis 33 % et enfin 38% la saison dernière. Une source d’espoir pour Shead, d’autant que son 80% aux lancers francs permet de rester offensif.
Avec les Cougars d’Houston, Jamal était le porteur de balle principal. Il initiait le jeu en utilisant beaucoup de picks and rolls. C’est une phase de jeu qu’il connaît et à laquelle il est habitué. Très bon point quand on sait à quel point le PnR est prépondérant en NBA aujourd’hui. C’est donc un passeur fonctionnel qui ne sera pas perdu balle en main. La plus grande question réside dans son jeu sans ballon. Jamal Shead n’est pas un bon shooteur et n’a pas l’habitude d’être utilisé off-ball. Les défenses NBA risquent de vite le comprendre afin de s’adapter en conséquence. Il va devoir développer d’autres outils pour aller chercher des minutes.
Qu’attendre de lui cette saison ?
Jamal Shead a atterri au sein d’un effectif jeune et en reconstruction, une aubaine pour lui. Il va avoir le temps de s’acclimater au très haut niveau et de progresser sans la pression des résultats.
L’effectif possède deux autres meneurs avec qui il sera en concurrence. Immanuel Quickley, un feu follet en qui la franchise canadienne croit beaucoup et Davion Mitchell. Ce dernier est la copie conforme de Jamal Shead. Lui aussi est arrivé cet été au sein trade de Mac Daniels. Lui aussi a remporté le Naismith Defensive Player of the Year. Il sort de trois ans en dents de scie à Sacramento où il sortait du banc afin de montrer ses qualités de défenses sur l’homme évidentes. Nul doute qu’à un moment donné, coach Darko sera obligé de faire un choix entre les deux meneurs.
Lors des deux premiers matchs de la saison, les deux joueurs ont eu beaucoup de minutes. Jamal Shead a défendu le plomb, comme prévu. On l’a vu réalisé de superbes actions défensives et être acclamé, déjà, par la salle des Raptors. C’est incontestablement le type de joueur qui fait se lever les foules par son énergie et son envie. Les fans vont avoir envie de le voir plus.
Jamal Shead va désormais devoir faire face à son plus grand défi : s’imposer en NBA. La tâche sera ardue mais nul doute que le petit meneur en a les capacités. Défense, hustle et shoot seront les trois points clés pour le voir rester dans l’effectif canadien. En attendant le retour de Quickley, il devrait garder sa grosse quinzaine de minutes sur le parquet.