« Je voulais vraiment changer la culture en France, qu’on n’accepte pas la défaite. Mais pour moi, c’était étape par étape, je voulais gagner chaque match, chaque entrainement, chaque jour. Et c’est comme ça qu’on est arrivées jusqu’où on est arrivées ». Ces mots nous proviennent de la joueuse française Gabby Williams lors d’une interview après son match dantesque lors de la finale des derniers JO, perdue 66-67 face à Team USA.
Meilleure défenseure du tournoi olympique de 2024, désignée dans le 5 majeur du tournoi et véritable leadeuse de l’équipe de France durant ces JO, Gabby Williams a eu un parcours qui n’est pas anodin avant d’arriver à ce niveau. Mais qui est-elle ?
Les origines de Gabby Williams
Née le 9 septembre 1996 à Sparks dans le Nevada aux Etats-Unis, Gabrielle Lisa Williams a la double nationalité de par sa grand mère maternelle, née en France. Son père est malheureusement décédé en début d’année 2023. Sa mère vit désormais aux Etats-Unis, tout comme ses frères et soeurs.
Sportive dans l’âme, elle décide à l’âge de 16 ans de participer aux sélections de saut en hauteur pour les Jeux Olympiques de 2012. Elle parvient à être sélectionné en tant que remplaçante mais peu de temps après, elle se blesse et subit à deux reprises une rupture du ligament croisé au genou droit. Suite à ces événements, elle décide d’abandonner l’athlétisme et de pleinement se consacrer au basketball (discipline qu’elle a commencé a pratiquer à 6 ans), en débutant au lycée Edward C. Reed High School dans son Nevada natal.
Hauteur de performances impressionnantes, Gabby Williams mène son équipe au titre de champion du Nevada et est élue meilleure joueuse de l’année.
En 2014, elle intègre l’université de UConn. En quatre saisons, elle remporte 2 titres NCAA en 2015 et 2016 et se qualifie à quatre reprises pour le Final Four NCAA avec un bilan à 148 victoires pour 3 défaites. En 2017, elle participe à un training camp avec Team USA, en vain… Cette tentative n’aura fait que conforter son projet de représenter la France dans un futur proche.
Après ces performances plus qu’impressionnantes, elle décide de se présenter à la Draft WNBA 2018. Choisie en pick 4 par le Chicago Sky, le rêve devient réalité. Avec un mental d’acier, c’est la légende NBA Kobe Bryant qui décide de la prendre sous son aile. La joueuse, terriblement touché par le décès de la légende participe toujours aux oeuvres de la Mamba Academy, club fondé par Kobe et dont la fille Gigi, également décédée dans le crash d’hélicoptère de 2020, faisait partie.
Mais c’est en 2021 que sa carrière prend un autre tournant. En avril 2021, l’ancienne sélectionneuse de l’EDF Valérie Garnier décide de la convoquer pour préparer l’Euro qui aura lieu la même année. La joueuse profite de l’opportunité et parvient a se faire sa place, le tout renforcé par la blessure de l’arrière Bria Hartley.
Gabby Williams décide dès lors de participer à l’Euro 2021 mais également aux Jeux Olympiques de Tokyo avec l’équipe de France. C’est ainsi que le directeur sportif et entraîneur de son équipe de l’époque James Wade du Chicago Sky, en désaccord avec ses convictions, annonce son départ du club pour « avoir choisi de jouer avec l’équipe de France ».
La rédemption
Dans une interview en mars 2023, la joueuse évoquait la chose suivante :
« Cela va être un vrai problème pour des joueuses comme Breanna Stewart par exemple. Et la règle fait que si tu rates le premier jour du training camp en 2024, tu es suspendue pour toute la saison. Mais Breanna, Emma Meeseman, Jonquel Jones, Marine Johannès ou moi, qu’est ce qu’on va faire ? La WNBA va perdre beaucoup de grandes joueuses. »
La joueuse, doté d’un mental irréprochable, a su tirer profit de cette blessure par l’équipe qui l’avait drafté pour s’illustrer et se faire connaitre. Après avoir joué son premier match avec la France le 24 mai 2021 face à l’Espagne, Gabby doit faire face à des problèmes concernant son statut international. C’est ainsi que peu de temps après, la FIBA décida d’autoriser la joueuse à conserver le statut de naturalisée.
À peine arrivée chez les Bleues, Gabby Williams fait parler d’elle en étant un des facteurs majeurs de la médaille d’argent lors de l’Euro 2021 ainsi que pour la médaille de bronze lors des JO de Tokyo. Elle obtient la distinction de meilleure révélation du tournoi.
Début 2022, elle décide de se consacrer pleinement à l’Euroleague avec l’équipe hongroise de Sopron qui finira par remporter le titre en fin d’année. Elle terminera meilleure joueuse et défenseur du tournoi. Cependant, la France semble lui manquer au point qu’elle décide de retourner en France, plus précisément à l’ASVEL, deux années après son passage à Montpellier de 2019-20.
Dans une interview pour la revue fédérale Basketball, elle justifia son choix de retourner dans son pays d’origine :
« À Sopron, j’ai adoré mais j’avoue qu’il n’y a pas grand chose à faire. En plus, je ne parle pas hongrois donc j’étais parfois mal à l’aise en dehors du basket. Ça fait du bien de rentrer en France. Ma famille est à Paris et j’ai fait pas mal de fois l’aller-retour. Et parler français ! Parfois je cherche mes mots en anglais ! »
En 2022, elle décide de s’engager avec une nouvelle équipe de WNBA, les Seattle Storm. Gabby vient par ailleurs de signer un nouveau contrat au sein de cette même franchise. Elle disputera donc la fin de saison WNBA avec, lieu ou elle semble s’y plaire.
Sa volonté de jouer en France, cumulé aux progrès considérables dans la langue de sa grand mère en font une personne particulière. Et malgré les efforts mis en place, la joueuse a quand même du faire face aux critiques concernant un soit disant passeport de complaisance…
Lors des derniers Jeux Olympiques, Gabby aura définitivement fait taire les détracteurs. Meilleure joueuse des bleues, elle aura su se montrer régulière et décisive, de quoi être fière ! A travers cette compétition, nous avons pu observer une grande femme, leadeuse dans l’âme, notamment lors du dernier match face aux Etats-Unis, son pays natale, face à qui elle n’a pas tourné le regard.
Avec un match complet lors des trois premiers quarts temps, c’est lors du quatrième que Gabby Williams s’enflamma. De nombreuses contres attaques décisives, une défense irréprochable ainsi que deux tirs complexes dans la dernière minute du match. Le premier est un tir à 3 points. Le deuxième aurait pu l’être… mais quelques centimètres ont empêchés nos bleues d’une prolongation.
Après cette prestation, nombreuses ont été les joueuses de WNBA a démontrer leur admiration et leur volonté de jouer ensemble, bien que pour le cas d’Angele Reese (joueuse du Chicago Sky), ce soit davantage pour une question de franchise que d’affection l’une l’autre.
ok now that the game is over, would you like to be apart of the chicago sky again???@gabbywilliams15 😭🤔 (thought it wouldn’t hurt to try lmaoo)
— Angel Reese (@Reese10Angel) August 11, 2024
Gabby Williams a montré au monde entier de quoi elle était capable. Désormais il sera question d’observer attentivement ses prochaines performances avec le Seattle Storm en WNBA ainsi qu’au sein du Fenerbahçe en Euroleague. Déjà excités pour la suite, les fans français devront patienter jusqu’a l’EuroBasket en 2025 et à la Coupe du Monde 2026 en Allemagne où Gabby Williams et les Bleues tenteront, cette fois-ci, de ramener l’or.