Le Thunder domine la conférence ouest, porté par un SGA de calibre MVP. Crédit : OKC via X. Zach Beeker, Shot by Jojo

Que manque-t-il à OKC pour viser encore plus haut ?

Après plus d’un tiers de saison régulière, le Oklahoma City Thunder pointe en tête de la conférence ouest et affiche même le meilleur bilan de son histoire à ce stade de la compétition, devant la saison 2013-2014 qui avait vu l’équipe arriver jusqu’en finale de conf face aux Spurs. Dix ans après, OKC fait figure de favori pour le titre, si quelques réglages sont opérés. Alors, que manque-t-il au Thunder pour se rapprocher encore plus du titre qui lui semble promis ?

27-5. Après plus de trente matchs de saison régulière, le constat est sans appel : Oklahoma City domine la conférence ouest et affiche même le meilleur bilan de son histoire, devant la saison 2013-2014 (25-7). Dix ans plus tard, OKC fait office de grandissime favori dans une conférence pourtant ardue. Le groupe mené par Mark Daigneault continue sa croissance exponentielle, impressionne parfois même. Oklahoma conclut d’ailleurs son année 2024 par une série de 12 victoires, record de franchise égalé.

Mais à six mois des matchs « qui comptent vraiment », à savoir les play-offs, un sentiment persiste dans la communauté de fans comme chez les observateurs réguliers : le Thunder peut encore faire mieux. Comment ?

D’abord, en récupérant l’un de ses meilleurs joueurs depuis l’infirmerie. Car comme son ancestrale équipe de 2013-14, Oklahoma City doit faire sans l’un de ses 3 joueurs majeurs. À l’époque, Russell Westbrook avait manqué 36 matchs. Cette année, c’est Chet Holmgren qui a laissé ses coéquipiers après dix matchs joués. Le temps d’imprimer dans les esprits un sentiment de domination défensive, et un rôle très intéressant pour les attaques. Si l’intérieur semble être un véritable boost pour ses coéquipiers en les encourageant depuis les tribunes, son aptitude à créer du spacing manque à OKC, pour diversifier et faciliter les schémas offensifs de Mark Daigneault.

OKC pâtit de l’absence de Chet Holmgren, blessé jusqu’en février apriori. Son retour soulèvera la question du rôle à donner à Isaiah Hartenstein, qui performe en son absence. Crédit : NBA

Aujourd’hui, Isaiah Hartenstein donne satisfaction dans la raquette, en protecteur de cercle, gobeur de rebonds, mais aussi comme poseur d’écran. Blessé en pré-saison, Hartenstein a manqué les quinze premiers matchs et n’a donc pas joué avec Holmgren sur le début de saison. Les deux big men devront créer des automatismes, et Mark Daigneault devra quant à lui plancher sur une hiérarchie. Hartenstein retrouvera-t-il le banc et un rôle de sixième ou septième homme ; ou jouera-t-il aux côtés de Holmgren dans le cinq majeur ? En tout cas, le retour de Chet donnera sans doute davantage d’espace aux arrières et ailiers du Thunder, que l’on retrouve très régulièrement au dunking spot.

SOS, shooteurs en détresse

Des arrières et ailiers qui sont d’ailleurs un axe de progression au sein de l’équipe. Aujourd’hui, Shai Gilgeous-Alexander est trop seul en attaque, ou trop souvent. Il y a d’abord le cas Aaron Wiggins. Prolongé à un taro plutôt raisonnable après sa belle saison dernière (45 millions sur 5 ans), l’arrière drafté en 55ème position en 2021. Son impact offensif est clair, s’affirmant comme un boost à chaque entrée.

Mais son temps de jeu commence à diminuer. La faute à un investissement défensif qui pose question, et qui remet en cause la capacité de l’équipe à régulièrement restreindre son adversaire sous les 100 points lorsque Wiggins est aligné. Car le succès de OKC cette saison est très souvent basé sur sa défense, première au rating en NBA. Se priver de Wiggins est logique dans cette optique, mais à double tranchant : moins de possibilités offensives.

C’est une panne généralisée dans l’effectif : la défense est en place, mais l’attaque manque de possibilités. Autre satisfaction de la saison passée, qui lui a valu une prolongation méritée, Isaiah Joe vit un début de saison compliqué. Sur les dix derniers jours de décembre, Joe, qui était pourtant reconnu comme un excellent shooteur l’an dernier, tourne à environ 20 % à trois points. Il manque des tirs contestés, mais surtout des tirs ouverts qui faisait mouche il y a encore quelques mois.

Isaiah Joe peine encore à trouver son adresse au tir, lui qui bénéficiait l'an dernier d'un statut de shooteur fiable. Crédit : OKC sur X.
Isaiah Joe peine encore à trouver son adresse au tir, lui qui bénéficiait l’an dernier d’un statut de shooteur fiable. Crédit : OKC sur X.

Arrivé l’été dernier, Alex Caruso a la fibre Thunder. Fort défenseur, qui n’a pas peur de mettre la tête là où d’autres ne mettraient pas un orteil, le divin chauve a prolongé pour 81 millions sur quatre ans, dans des termes de contrat sans doute convenus dès sa signature. Entre temps, Caruso s’est bien adapté à l’effectif de OKC, mais il reste trop restreint sur la dimension offensive. Seulement 26 % à trois points, 37 % au tir : bien loin de ses standards aux Lakers ou chez les Bulls.

Nul doute donc que Caruso peut mieux faire, il faudra néanmoins que la correction ne tarde pas après ses pépins physiques. Sinon Caruso pourrait être laissé plutôt ouvert derrière l’arc pour préférer une prise à deux sur l’un de ses coéquipiers jugés plus dangereux que lui – un traitement qui rappellera malheureusement celui de Ben Simmons.

Alex Caruso n'a pas encore montré toutes ses capacités offensives à OKC. Crédit : Imagn
Alex Caruso n’a pas encore montré toutes ses capacités offensives à OKC. Crédit : Imagn

Même problème chez Cason Wallace. Très satisfaisant lors de sa saison rookie, Wallace ne parvient plus à trouver la mire. Wallace tente deux tirs de plus que l’an dernier (dont un à trois points) mais il n’a pas réussi à faire grossir les pourcentages : 42 % FG (contre 49 % l’an dernier) et un rude 30 % à trois points (contre 42 % l’an dernier). Il faudra retrouver de l’adresse pour ne pas que la solution à ce problème soit un trade. Des rumeurs – ou fantasmes – commencent à émaner autour d’un trade pour Cameron Johnson de Brooklyn, avec des montages de trade envoyant Wiggins ou Joe chez les Nets.

Quelle place pour Jalen Williams ?

Si les role players n’apportent pas pleine satisfaction, certains joueurs majeurs non plus. Malgré l’absence du numéro 3 ou numéro 2 bis dans la hiérarchie, Jalen Williams n’a pas encore pris ses pleins pouvoirs. Il manque à OKC l’impact d’un deuxième meilleur joueur derrière Shai, notamment lorsque le Canadien est un peu moins bien ou lorsqu’il va souffler sur le banc.

Au 28 décembre, l’offensive rating du Thunder lorsque Shai Gilgeous-Alexander est sur le terrain est de 120,42. C’est tout simplement le deuxième meilleur en NBA. Mais lorsque le candidat au titre de MVP n’est pas sur le parquet, le rating chute à 104,17 : soit le 29ème de NBA. Le constat est on ne peut plus clair : SGA n’a pas de relais offensif dans l’effectif.

Le premier à être pointé est logiquement Jalen Williams, érigé en candidat au MIP, qui enchaîne le bon et le beaucoup moins bon, match après match. Le match d’après Noël est assez symptomatique : Jalen Williams compile 20 points, 4 rebonds et 5 passes en 36 minutes. Convenable jusque là, mais ses pourcentages au tir sont très décevants : 8/22 au tir et 2/6 à trois points.

Jalen Williams doit encore montrer qu’il l’étoffe d’un numéro 2 fiable à OKC derrière Shai Gilgeous-Alexander. Voire plus si affinités… Crédit : Shot by Jojo

JDub ne parvient pas encore à se créer constamment des tirs de qualité et ses performances en pâtissent, jusqu’à attiser les critiques. Sa défense reste néanmoins une valeur sûre dans le collectif de OKC, mais il doit et peut faire beaucoup mieux, à l’aube de la prolongation max à laquelle il aimerait prétendre. Un axe de résolution du problème ressort : attaquer davantage le cercle, comme il pouvait le faire l’an dernier. Ses aptitudes physiques impressionnantes lui donnent un ascendant sur son défenseur, qu’il pourrait mieux exploiter en drivant et provoquant le call.

Des progrès à concevoir pour le bien de chacun, pour le bien de l’équipe, mais aussi pour le bien de son leader : Shai Gilgeous-Alexander. Le meneur canadien porte à bout de bras l’attaque du Thunder, qui n’a pas le même visage en son absence. Mais l’absence de relais pousse le candidat au titre de MVP à tenter des tirs parfois forcés, notamment à trois points. L’adresse ne suit pas toujours (20 % à trois points contre Orlando mais 80 % contre Indiana), et l’ampleur de ces ratés pourrait s’aggraver avec la saison qui avance, et l’enjeu qui grandit.

Sans réelle seconde option en attaque actuellement (en attendant Chet en février?), OKC est souvent prisonnier de la réussite de Shai qui se trouve littéralement dans la position du « valuable », alors qu’il doit encore tester certains spots derrière l’arc, qui pourraient s’avérer utiles pour la suite. Alléger la charge de Shai, pour qu’il joue encore plus décontracté et qu’il continue son récital dans son registre plutôt construit sous les 7m23, semble l’issue la plus viable pour conduire OKC au titre, et SGA au MVP.

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