Quand Alonzo Mourning crucifiait les Boston Celtics au buzzer

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Le 5 mai 1993, le rookie Alonzo Mourning envoie un buzzer-beater mythique face aux Celtics pour envoyer son équipe en demi-finales de conférence. Revenons sur ce moment iconique de l’histoire des Charlotte Hornets et qui mettra définitivement fin à une immense période des Boston Celtics, celle de Larry Bird-Kevin McHale-Robert Parish.

Une fin de cycle chez les Celtics

La saison 1992-1993 est particulière chez les Celtics. Danny Ainge a été transféré à la trade deadline de 1989 chez les Kings, Dennis Johnson a pris sa retraite à l’été 1990 et surtout, le monument qu’est Larry Bird, après quelques années compliquées pour cause de blessures et des JO de 1992 pesants physiquement, prend sa retraite à l’été 92. La saison 1992-1993 des Celtics est aussi la dernière de Kevin McHale qui a 35 ans et le grand Robert Parish, l’homme avec la longévité la plus incroyable de l’histoire, a 39 ans même s’il reste un joueur solide. De plus, Len Bias, l’homme qui était censé prendre la suite de tout ce beau monde, est décédé tragiquement le lendemain de sa draft en 1987.

Cependant, mené par le jeune Reggie Lewis, prodige vu comme une future star qui tourne à 20 points par match et avec des joueurs de qualités autour comme Kevin Gamble, le colérique Xavier McDaniel ou encore les meneurs Dee Brown et Sherman Douglas, les Celtics parviennent à remporter 48 de leur 82 matchs cette saison, leur offrant une belle quatrième place dans la conférence est et donc, en l’occurrence, un premier tour de Play-Offs contre les Charlotte Hornets

Les débuts des Hornets

Les Charlotte Hornets sont une très jeune franchise. Arrivée en 1988, la jeune équipe se construit petit à petit. Déjà, lors de l’expansion draft, les frelons font deux excellents choix qui seront déterminants dans l’avenir: ils utilisent leur premier choix pour récupérer Dell Curry des Cleveland Cavaliers et ils utilisent leur troisième choix pour prendre Tyrone « Muggsy » Bogues aux Washington Bullets.

Après trois saisons à se chercher autour de jeunes joueurs comme Rex Chapman, JR Reid ou Kendall Gill, les Hornets décident de faire venir Allan Bristow, légende de l’université de Virginia Tech, ancien joueur NBA et assistant des Nuggets sous Doug Moe. C’est durant ce même été d’ailleurs que les Hornets obtiennent, pour la première et jusqu’ici seule fois de leur histoire, le premier choix de la draft et sélectionnent le phénomène de UNLV: Larry Johnson. Sauf que, malgré une énorme saison de rookie pour LJ avec 19 points, 10 rebonds et 4 assists par match, les Hornets ne progressent pas tant et finissent avec seulement 31 victoires.

Heureusement, coup de chance pour la Caroline du Nord : les Hornets, prévu pour être 8ème à la draft, montent à la deuxième place grâce à la loterie et après une sélection évidente de Orlando qui choisit le géant de LSU Shaquille O’Neal, Charlotte se jette sur le pivot de Georgetown Alonzo Mourning et laisse passer Christian Laettner pour les Wolves.

L’effectif est enfin prêt: Muggsy à la mène, Kendall Gill et David Wingate sur les ailes et les deux jeunes monstrueux dans la raquette. Ajoutez à ça un beau banc avec du Dell Curry, Johnny Newman, Kenny Gattison ou encore Tony Bennett et vous avez tout ce qu’il faut pour aller vers vos premiers play-offs. Les Hornets finissent avec 44 victoires, Larry Johnson est élu all-star pour la première fois et Alonzo Mourning fait une énorme saison rookie sans pour autant être ROY, le trophée ayant été donné, logiquement, à Shaquille O’Neal.

Les deux prodiges de Caroline du Nord

Larry Johnson et Alonzo Mourning, en 1993, en Caroline du Nord, on appelait ça l’avenir. Les Hornets étaient à la fois une équipe kiffante car le jeu était spectaculaire grâce à, notamment, ces deux freaks de la nature mais aussi terrifiante car, dans une NBA où les équipes se construisent surtout autour d’intérieurs dominants, avoir deux monstres aussi jeunes et aussi forts ensemble faisait des Hornets une équipe qui pourrait dominer vers la fin des années 90 et le début des années 2000. Si l’histoire nous a montré que, pour diverses raisons, cela n’a jamais eu lieu et Charlotte ne s’est jamais vraiment approché de ce statut, la saison 1992-1993 donnait en effet des raisons de flipper en NBA.

Larry Johnson envoie 22 points, 10 rebonds et 4 assists à 52% aux tirs et avec, au passage, le plus gros nombre de minutes et de minutes par match de la ligue sur la saison. Larry est énorme et déjà respecté: le sophomore est élu all-star mais aussi dans la seconde All-NBA Team devant Scottie Pippen, Derrick Coleman ou encore Danny Manning. En plus, à l’époque, Grandmama n’a aucune blessure grave à son actif et personne ne voit vraiment ce qui pourrait l’arrêter. Avec une petite taille mais comblé par un physique ultra-tanké avec 113 kilos de muscles, Larry avait plus de mobilités que la majorité de ses vis-à-vis mais n’avait pas moins de puissance quand il fallait au cercle, même si un gros intérieur bien physique se met entre lui et le panier. Histoire de dire, LJ se permet de prendre quelques tirs de loins (0.9 tentatives par match, pas énorme en soit mais pour l’époque, c’est déjà vraiment beaucoup) et en met de temps à autre. Bref, Larry Johnson était juste injouable et clairement, le rookie qu’on lui apporte à ses côtés n’améliore pas la situation de ses défenseurs.

Ce rookie, c’est Alonzo Mourning. Déjà, la ligne de stat est folle pour un premier année: 21 points, 10 rebonds et 3.5 contres de moyenne. En envoyant une telle production, Zo rentre dans un club sur la saison 1992-1993 qui est celui des joueurs qui tournent en 21/10/3.5, un club de 3 personnes sur la saison: Hakeem Olajuwon prime, la saison rookie all-time de Shaquille O’Neal et… Alonzo Mourning. Le jeune pivot est un intérieur très mobile et rapide pour sa taille, défensivement très fort si on combine son physique avec sa mentalité de kamikaze du contre et son intelligence défensive développée à Georgetown sous le coach légendaire John Thompson. En attaque, Zo n’est pas en reste: près du cercle, il est déjà très fort avec une palette offensive plutôt complète pour un pivot qui profite à mort des systèmes offensives de Charlotte. En plus, Mourning se permet d’avoir un petit tir à mi-distance/tête de raquette, histoire de compléter sa panoplie offensive.

Déroulement de la série : une vraie dramaturgie

En arrivant en play-offs, les deux équipes sont très différentes: Boston arrive à 48 victoires avec une équipe complète, avec à la fois des joueurs d’expérience comme Kevin McHale, Robert Parish ou Xavier McDaniel et des jeunes de talent comme Reggie Lewis. Les Celtics sont bons des deux côtés du terrain (top 15 en attaque et en défense) mais excellent dans rien (pas top 10 en attaque et en défense). De plus, Boston arrive en Play-offs avec une dynamique moyenne : 6-1 sur les derniers matchs de la saison mais juste avant, c’était un bilan de 0-5.

Côté Hornets, on a une machine offensive avec une attaque dans le top 10, la deuxième pace de la ligue et des excellents pourcentages à 2 points et aux lancers francs. En revanche, la défense est pas incroyable malgré la protection de cercle de Zo Mourning et la défense tout-terrain de Muggsy Bogues. En termes de dynamique, les Hornets finissent la saison sur un gros run de 9-3 pour atteindre les Play-Offs.

Au premier match, ce sont les Celtics qui s’imposent à domicile avec 11 points d’écart malgré un énorme match du duo Kendall Gill-Alonzo Mourning. Cependant, Boston a de quoi être très inquiet: Après un énorme début de match, Reggie Lewis s’effondre au sol d’un coup. Les médecins sont clairs, Reggie souffre d’une grave pathologie cardiaque et doit arrêter le basket. Malgré une bataille interne entre les médecins des Celtics et Reggie Lewis, le joueur finit par accepter de ne plus jouer de la série. Pour info, ce match 1 des play-offs sera le dernier de Reggie Lewis qui décèdera dans l’été alors qu’il s’entraînait.

Même si Boston a eu un grand match du duo de vétéran McHale-Parish (McHale envoie 30 points et Parish un énorme double-double avec 19 points et 16 rebonds à 39 ans), ce sont bien les Hornets de Larry Johnson qui s’imposent lors du deuxième match d’un seul petit point au Boston Garden, malgré une tentative de buzzer-beater, malheureusement raté, à 2 secondes de la fin du match par le meneur des Celtics Dee Brown. Ce match est donc le premier match remporté en Play-Offs par les Hornets.

Le troisième match, au Charlotte Coliseum, est une démonstration des Hornets. L’équipe de Caroline du Nord remporte la victoire avec 30 points d’écart grâce à un duo Larry Johnson-Dell Curry inarrêtable et une attaque des Celtics en galère en l’absence de son patron offensif.

Le plus grand tir de l’histoire des Hornets ?

En 1993, les équipes n’avaient besoin que de 3 victoires pour passer au second tour, contre 4 aujourd’hui. Ce match est soit le dernier de la série, soit Boston se donne une chance de remporter la série dans un match 5. Sur les trois premiers quart-temps, c’est encore une fois une démonstration de Charlotte: le match démarre le quatrième quart sur un score de 88-70 en faveur des Hornets. Alonzo et Larry sont énormes mais contre toute attente, les Celtics font une remontée énorme dans le dernier quart temps : +19.

A 21 secondes de la fin, Boston mène de 1 point et Charlotte a la balle. Les Hornets tentent une première offensive avec un tir de Larry Johnson qui rate. Cependant, après une bataille aux rebonds musclée, la balle sort du terrain et Charlotte obtient une seconde chance. 3.3 secondes à jouer, Dell Curry fait la remise en jeu. L’arrière envoie une passe à Alonzo qui est libéré en tête de raquette grâce à un switch de Robert Parish. Un petit dribble sur la droite puis un léger pied en arrière, le tir est tenté par Mourning d’assez loin et c’est ficelle.

Alonzo, au sol, lève les bras en l’air en signe de victoires puis tout Charlotte fonce vers le pivot pour l’enlacer. Un grand moment dans l’histoire de Charlotte qui emmène la franchise en demi-finales de conférence face aux Knicks.

https://twitter.com/Ballislife/status/1390075160485638151

19 ans - Charlotte Hornets - rédactrice -
Je parle des frelons de Caroline du Nord à mon grand désarroi. Tu seras jamais la première dans mon coeur si tu ne t'appelles pas Kemba Walker ou Cody Zeller. Pratique l'hormonothérapie en club depuis 2007.

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